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Old December 27th, 2012 #21
alex revision
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« Où sont les juifs qui avaient disparu en 1945 ? »


On ne le sait pas toujours,
mais rien ne prouve qu’ils sont morts ou qu’ils ont été assassinés…



Soixante ans après, des juifs qui se croyaient mutuellement morts en déportation se retrouvent…



Vincent REYNOUARD


Tous les juifs qui ne sont pas revenus chez eux en 1945 n’étaient pas morts pour autant

L’avis de décès que nous reproduisons est paru dans le journal belge Le Soir. Des informations données, on déduit que, très probablement, cette juive a été déportée en 1943 à Auschwitz et y est restée plus de deux ans, c’est-à-dire jusqu’à la libération du camp fin janvier 1945. Elle n’a été ni gazée, ni exterminée lentement par la faim, le froid et les coups. Soulignons également qu’originaire de Pologne, elle est morte en Belgique laissant de la famille dans ce pays ainsi qu’en Israël, en Grande-Bretagne et aux USA, mais pas en… Pologne. Nouvelle preuve, que des juifs polonais déportés et pas revenus au pays en 1945 ne sont pas pour autant des juifs morts. Un certain nombre ne sont pas revenus parce qu’ils avaient émigré ailleurs…

Encore et toujours des « survivants »

Plus on lit la presse locale ou spécialisée, et plus on « rencontre » de juifs qui, comme Dewora Korenberg, ont survécu à leur déportation à Auschwitz. Une déportation dont ils n’auraient pourtant pas dû revenir.

Paul Chytelman

Le 14 et le 25 février 2003, ainsi, l’Est Éclair a consacré deux articles à Paul Chytelman, un « homme de 80 ans dynamique et alerte » qui témoigne aujourd’hui dans les établissements scolaires. Ce juif né en Pologne en 1922 et venu plus tard en France a pourtant été déporté le 3 février 1944 à Auschwitz. Notons que, comme beaucoup d’autres, il a été arrêté non parce qu’il était juif, mais, comme il le dit lui-même, « pour actes de résistance ». Lors de sa déportation, il a connu non seulement Auschwitz, mais aussi Dora et, finalement, Bergen-Belsen, d’où il est revenu. Son témoignage est paru sous le titre Le Courage d’Espérer. Lui non plus n’a pas été exterminé alors que, d’après la thèse officielle, les Allemands auraient disposé de neuf mois et de quatre chambres à gaz pour le faire.

Ruth Klüger

Deux mois plus tard, le mensuel Page (magazine des librairies) a annoncé la sortie du livre de Ruth Klüger : Refus de témoigner. R. Klüger est également une « miraculée ». A l’âge de douze ans, cette juive de Vienne a été déportée à Theresienstadt puis « au camp d’extermination d’Auschwitz ». Elle n’y a pourtant pas été exterminée puisqu’elle est revenue de déportation avant d’émigrer aux USA deux ans plus tard[1].

Madeleine et Israël Golstein

Mentionnons également Madeleine et Israël Goldsztejn. Un couple de juifs arrêté tout comme P. Chytelman pour faits de Résistance. Tous les deux ont été déportés par le même convoi à Auschwitz, fin avril 1944. Tous les deux y ont été mis au travail (elle dans une carrière, lui à Buna-Monowitz). Tous les deux ont connu l’évacuation du camp fin janvier 1945 vers Gleiwitz. Elle s’est retrouvée à Malkoff, Schoenfeld avant d’échouer à Ravensbrück. Lui s’est retrouvé à Buchenwald et à Flossenburg. Tous les deux ont survécu, sont revenus et se sont retrouvés fin juin 1945 à Paris. Le destin des Goldsztejn, est intéressant à plus d’un titre :

- durant l’occupation, ils sont allés vivre à Lyon. Israël Goldsztejn déclare : « Je vivais à Lyon en toute légalité avec ma femme et mon enfant ». Nouvelle preuve que, sous Vichy, les juifs français n’étaient pas des bêtes traquées. Tant qu’ils se tenaient tranquilles, ils pouvaient vivre quasi normalement.

- sur invitation, I. Goldsztejn a été se présenter, avec d’autres juifs, à la préfecture. Il a été arrêté et présenté devant une commission franco-allemande. L’a-t-on envoyé dans un camps « d’extermination » avec sa femme et son enfant ? Nullement. Il a été envoyé « travailler à la construction du Mur de l’Atlantique ». Nouvelle preuve que pendant la guerre, les Allemands avaient un besoin urgent de main-d’œuvre et préféraient voir les juifs vivants que morts.

- A son arrivée à Birkenau, I. Goldsztejn a été séparé de sa femme. Par chance, il l’a retrouvée en 1945. Mais à supposer que celle-ci soit morte en déportation, lors des évacuations par exemple, gageons qu’aujourd’hui, il prétendrait qu’elle est morte dès son arrivée à Birkenau, gazées avec les autres.

« Que sont devenus les juifs manquants en 1945 ? »

Cette dernière remarque appelle d’ailleurs un développement. Quant on remet en cause le chiffre des « six millions », il n’est pas rare de s’entendre dire : « Si les juifs ne sont pas morts, que sont-ils devenus ? Certes, M. X ou Mme Y ont survécu, mais où sont passés les membres de leur famille et les amis qu’ils pleurent encore aujourd’hui ? » A chaque fois, je réponds : « Je l’ignore, mais rien ne prouve qu’ils ont été exterminés, ni même qu’ils sont morts. Dans le tourbillon de la guerre, de la déportation, des évacuation, bien des survivants ont pu se perdre de vue et ne jamais se retrouver ». Certains lecteurs du livre de Serge Thion, Vérité politique ou Vérité historique? , se souviennent peut-être de la réunion de Los Angeles de 1978 où un grand nombre de survivants avaient eu la surprise de se retrouver, alors qu’ils se croyaient mutuellement mort.

En 2003, un ancien déporté retrouve sa sœur qu’il croyait morte, avec sa mère, en déportation

Bien que peu courant, ce genre d’événement heureux n’est pas exceptionnel. C'est le sujet d'un article publié le 1er décembre 2003 par Nice-Matin. Il évoque le cas d’un ancien Polonais déporté qui, soixante ans après, a retrouvé sa sœur et appris que sa mère était morte en 1986, alors qu’il les croyait mortes en déportation.

Une quarantaine de retrouvailles grâce aux banques de données

De son côté, l’AFP diffusa le communiqué suivant :

SEATTLE (AP) - Près de 60 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, d'émouvantes retrouvailles réunissent des survivants de la déportation nazie qui désespéraient de se retrouver un jour, grâce à l'aide déterminante de banques de données informatisées et à l'ouverture des archives soviétiques.

Ces quatre derniers mois, les efforts du centre de la Croix-Rouge de Baltimore (Maryland) chargé de la recherche des disparus de la Seconde Guerre mondiale ont permis une quarantaine de ces retrouvailles.

George Gordon, 77 ans, a vécu l'une de ces improbables réunions. Ce catholique né en Pologne sous l'identité de Jerzy Budzynski, survivant du camp de Buchenwald puis chasseur de nazis pour le procès de Nuremberg, avait été informé voilà de nombreuses années de la mort de ses parents, de sa sœur et de son frère encore bébé en 1944 à Varsovie. Cet été, le centre de Baltimore lui a appris que sa mère avait en fait vécu jusqu'en 1986 et que sa sœur était encore vivante et se trouvait en Pologne.

La Croix-Rouge polonaise a ensuite retrouvé le certificat de décès de sa mère et localisé sa sœur, Krystyna Budzynska, qu'il a revue en septembre au domicile de cette dernière à Wroclaw.

« Je ne pouvais y croire », a raconté George Gordon, qui réside désormais à Seattle (Etat de Washington). « Retrouver une personne qui vous manquait depuis 60 ans, c'est tout simplement incroyable. »

Le centre de recherche de Baltimore a été créé en 1990 pour passer au crible 47 millions de documents consultables après la chute du mur de Berlin. Il a ainsi aidé à éplucher les archives de l'ex-Union soviétique, d'anciens régimes d'Europe de l'Est et de l'administration nazie.

Un millier de personnes ont ainsi pu être retrouvées mais les retrouvailles comme celle de George Gordon et de sa sœur ne sont pas si courantes. Le plus souvent, explique Elise Babbitt, porte-parole du centre, les recherches débouchent sur « des dates de décès, des noms de camps, des matricules de trains pour déportés... »

Quand bien même ces efforts n'aboutissent qu'à la découverte de papiers jaunis, « ces gens sont heureux d'apprendre quelque chose », note Tammy Kaiser, volontaire de la Croix-Rouge à Seattle qui a travaillé sur le cas Gordon. « Cela leur donne le sentiment qu'ils sont vivants et qu'on pense à eux. »

Le temps commence toutefois à manquer pour ceux qui étaient adultes dans les années 1940. Au total l'an dernier, 34 000 personnes ont contacté le Musée américain de l'Holocauste à Washington qui échange ses informations avec le centre de la Croix-Rouge.

Internet est aussi d'une grande aide. Plusieurs personnes ont pu être retrouvées grâce au moteur de recherche anybirthday.com, indique Elise Babbitt […].

Un frère et une sœur se retrouvent

Une semaine plus tard, le 23 décembre, la Jewish Telegraphic Agency a annoncé d’autres retrouvailles, celles d’un frère et d’une sœur qui vivaient en Israël mais qui se croyaient mutuellement morts dans l’ « Holocauste ». Sous le titre : « Holocauste: d’émouvantes retrouvailles », on lit :

Deux enfants que l’Holocauste avait séparés et qui vivaient en Israël se sont retrouvés après plus de 65 ans. Beniamin Shilom et sa sœur Rozia November se sont rencontrés samedi grâce à la liaison établie entre eux par le Mémorial de l’Holocauste de Yad Vashem. Chacun était persuadé que l’autre avait péri dans l’Holocauste. B. Shilom avait survécu à la guerre et servi dans l’armée soviétique, tandis que R. November avait survécu à Auschwitz. « Je n’arrive pas à croire que j’ai un frère », a-t-elle déclaré lundi au New York Times après sa rencontre avec Shilom. « C’est impossible. »

Combien d’autres ?

Sachant que soixante an après les faits, des retrouvailles sont encore possibles, il n’est pas inepte de penser que de 1945 à aujourd’hui, un grand nombre de gens personnes sont mortes persuadées qu’elles étaient les seules survivantes d’une famille alors que d’autres membres vivaient ailleurs.


Par conséquent, la prudence s’impose lorsqu’un juif ou qu’une juive déclare, sans autre preuve, que tout sa famille a été exterminée


Quant à la thèse de l’ « Holocaute » et au chiffre des « six millions », plus le temps passe et plus ils paraissent absurdes…


[1] Voy. Page, n° 82, avril 2003, p. 28.
 
Old January 1st, 2013 #22
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Sur le « remède miracle » qui permit le relèvement économique de l’Allemagne sous Hitler



Question



Quel fut le remède miracle qui permit aux nationaux-socialistes de relever le pays en quelques années seulement ?



Réponse


Votre question est vaste ; elle mériterait une étude complète qu’il est impossible de mener ici. Je me contenterai de répondre en exposant le principe général et en donnant un exemple particulier.

Principe général : dans le IIIe Reich où l’économie était dirigée en vue du bien commun, quand il fallait résoudre un problème, toutes les énergies étaient rassemblées pour le solutionner.

Exemple : en mars 1937, à l’issue du premier Plan de quatre ans, Hermann Göring constata que, malgré les efforts fournis, une insuffisance de 17 % par rapport aux besoins de ravitaillement subsistait en Allemagne. Le gouvernement prit alors les mesures suivantes à réaliser pendant le deuxième Plan de quatre ans :

1. Déblocage d’un crédit d’un milliard de RM (200 millions en 1937, avec évolution progressive chaque année pour atteindre 300 millions en 1940) afin d’amender 2 millions d’hectares de terrains ; regroupement des terres ; subventions spéciales pour la transformation des prairies en terres de culture ;

2. Diminution forcée de 30 % des prix des engrais azotés, avec effet rétroactif au 1er janvier 1937 ; diminution de 25 % des prix de la potasse ; diminution prix du transport des engrais à base de chaux. Afin que l’industrie des engrais puisse supporter ces baisses forcées, mise en place d’une politique pour augmenter de 30 % l’utilisation des engrais. D’où :
a. subventions prévues pour la construction de silos et de fosses à fumier modernes dans les fermes.
b. encouragement à l’augmentation de la production des pommes de terre utilisées dans l’industrie de la viande, par la hausse du prix de la pomme de terre destinée aux animaux (17 à 20 pfennigs).

3. Afin que cette augmentation ne se répercute pas finalement sur la viande, déblocage de subventions d’État.

4. Contrôle des cultivateurs avec établissement d’un plan descriptif permettant de se rendre compte de la possibilité de production de chaque exploitation. Mesures contre les cultivateurs incapables d’augmenter la production allant du simple avertissement à l’affermage du domaine à un cultivateur expérimenté.

5. Construction de logements à loyers réduits pour la main-d’œuvre agricole. Crédit de 44 millions affecté à cette destination. Subvention de 1 800 RM à tout cultivateur faisant construire une maison.

6. Crédits très avantageux prévus pour l’achat de machines agricoles.

Les sommes promises pouvaient paraître folles. Mais l’État savait qu’en renforçant la production agricole, il allait favoriser non seulement le commerce, mais aussi le repeuplement des campagnes avec la venue de familles d’ouvriers. D’où la nécessité de nouvelles écoles, de nouveaux de commerces, de médecins, de garagistes supplémentaires etc. Voilà pourquoi dans son éditorial du 24 mars 1937, le Berliner Lokal-Anzeiger put se féliciter ainsi :

Les nouvelles mesures constituent un nouveau renforcement de la force économique de la classe paysanne et de la valeur qu’on lui attribue. Elles contribueront à arrêter la désertion des campagnes et à appuyer une politique saine de repopulation… Les prescriptions de Göring ne constituent pas seulement un important fondement de consolidation pour le Plan de quatre ans ; elles sont en outre un élément d’une politique économique d’équilibre et de justice [Voy. le Berliner Lokal-Anzeiger , 24 mars 1937.].

Une fois ces mesures connues, la National-Zeitung écrivit :

Ici également se rencontre l’avantage pratique d’un gouvernement national-socialiste. Le but est reconnu, et avec l’énergie habituelle, on emploie, sans hésiter longuement, les moyens et les forces nécessaires pour l’atteindre. C’est à cette résolution que l’Allemagne nationale-socialiste doit les succès de ces quatre premières années, qui, pour l’étranger, représentent un miracle [Voy. la National-Zeitung, 24 mars 1937.].

Finalement, la méthode nationale-socialiste n’avait rien d’extraordinaire : elle consistait à jeter par-dessus bord les droits l’homme avec leur liberté individuelle pour privilégier le bien commun.
 
Old January 1st, 2013 #23
alex revision
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Les mythes « résistancialistes »…


La « libération » de Cachan ne doit rien à la « Résistance »


Un monument « aux héros FFI de Cachan »


La ville de Cachan possède un monument dédié « aux héros FFI de Cachan tués en combat le 21 août 1944 ». Y sont gravés douze noms auxquels il faut en ajouter sept (« morts fusillés par les Allemands », « morts en déportation »).

Ce mémorial laisse croire que la ville a été libérée par la Résistance au terme d’engagements violents. Il apporte ainsi sa pierre à l’histoire qui veut qu’à l’été 1944, des combattants de l’ombre se soient levés par milliers, puissamment organisés et armés, pour bouter l’Occupant hors des agglomération (et du pays).

Cachan n’a jamais été « occupée » par les Allemands


Cette histoire est cependant fausse. Pour Cachan, la vérité a été rétablie par… le bulletin municipal de la ville. Dans la livraison de juillet-août 2004, sous le titre « Une adolescence au balcon de l’histoire », on trouve le témoignage de Rolan Quioudeneix, qui « a vécu toute la guerre rue du Parc, à Cachan »[1]. Que dit-il ?

Tout d’abord qu’en 1940, les Allemands n’ont occupé de Cachan que « le Foyer des PTT et un bâtiment réservé à l’armée». Et encore : « Cela n’a pas duré une semaine. Après, ils sont partis » ; « toute la guerre, on ne les verra plus beaucoup ». Bref, autant dire que Cachan n’a pas été occupée.

Notons d’ailleurs que R. Quioudeneix ne dit rien pour la période allant de l’Été 1940 jusqu’au 6 juin 1944, si ce n’est que ses parents avait leur TSF « réglée sur Radio-Londres». Preuve qu’il ne s’est rien passé dans la ville.

Juin-août 1944 : les « héros FFI » de Cachan… tournent les panneaux indicateurs


Puis vient le « Débarquement » : « à partir de là, les choses ont commencé à bouger». Quoi ? Des ponts qui sautent ? Des embuscades ? Des engagements ? Non. Notre témoin explique :

[Les Allemands] installaient des panneaux en ville pour aider les troupes à se repérer. Et nous, dès qu’ils étaient repartis, on allait les tourner.

19 août 1944 : un défilé pour la « frime » car les « héros FFI »… n’avaient pas d’armes


Plus bas, la journaliste qui a recueilli le témoignage écrit : « Le 19 août, enfin, la Libération pointe le bout du fusil». Enfin des combats contre l’Occupant qui bat en retraite ? Vous n’y êtes pas. R. Quioudeneix raconte :

On a vu le drapeau [français] qui flottait sur la mairie. Mais il ne s’est pas passé grand-chose. Les FFI patrouillaient en ville, un revolver à la ceinture, le V de la victoire peint sur les voitures.

Bref, un simple défilé pour la « frime ». Je souligne d’ailleurs que, plus bas, la journaliste précise :

Dans cet entre-deux de l’insurrection et de la Libération, la Résistance n’a rien. Des revolvers et un vieux Mauser ramené de Verdun par le père de Pierre Auclair.

On comprend donc pourquoi les « Résistants » de Cachan pouvaient uniquement peindre des V sur des voiture et défiler pour la « frime ».

Les « combats » du 21 août ? Même pas une escarmouche


Mais alors, qu’en est-il des combats du 21 août ? R. Quioudeneix déclare :

On a d’abord été alertés par un coup de feu avenue Vatier. A hauteur de la rue de Strasbourg, une voiture cellulaire allemande qui venait de Fresnes avec des soldats de l’Afrika Korps, a tiré sur une petite Simca arrêtée dans les champs, et tué son occupant. Juste après, deux voitures de FFI sont arrivées du centre ville. Elles se sont arrêtées vers la ferme Nissou […]. En surgissent 8 ou 9 jeunes gens. Ils avaient quoi ? Deux, trois revolvers. Ils se sont retrouvés face aux Allemands, qui ont tiré au fusil-mitrailleur : les jeunes se sont écroulés ; certains se sont réfugiés dans le champ de betteraves, à droite de l’avenue. Ils étaient blessés, les Allemands les ont achevés d’une balle dans la tête.

Telles furent les « combats » du 21 août 1944. En vérité, même pas une escarmouche.

Du 21 au 24, des habitants de Cachan dressèrent des barricades. Le 24, la 2ème DB arriva et avança jusqu’à la porte d’Italie. Vers 22 heures, « toutes les cloches des églises alentour se sont mises à sonner», « Paris et sa banlieue [étaient] enfin libres ». Le lendemain :

Toute la ville était dehors. Des tas de gars portaient un brassard FFI. On était si heureux.

De ce témoignage, on déduit que jamais les FFI n’ont libéré Cachan. Réduits à une simple poignée d’individus désarmés, il n’ont fait que retourner des panneaux et défiler pour la « frime ». Quant au « combat du 21 août 1944», il ne peut même pas être qualifié d’escarmouche. Quelques imprudents qui avaient peint des V sur deux voitures se sont fait tirer comme des lapins par des Allemands de passage. Tels sont les « héros FFI de Cachan ».

Les courageux Résistants de Mortagne

Mortagne, une ville à 99 % résistante


Venons-en au courageux Résistant de l’Orne. A Mortagne (Orne), prétend-on, la Résistance « était partout ». Un article publié pour le soixantième anniversaire de la « Libération » commence fort ; un ancien déclare : « Il y avait sûrement des collabos à Mortagne»[2]. On en déduit qu’ils étaient une infime minorité, et qu’ils ne se montraient pas, au point que l’Histoire a oublié leur nom. Mortagne devait donc être une ville à 99,9 % résistante. Voilà pourquoi elle a mené une « guerre de tous les instants» à l’Occupant.

Le réseau Hector


Mais de quoi s’agit-il ? De sabotages à la chaîne ? D’embuscades meurtrières ? De batailles rangées ? Non, car lorsqu’il est question du « grand réseau Hector », le journaliste ne cite aucune action retentissante ; il se contente d’évoquer, de façon extrêmement vague, des informations données aux Alliés, des aviateurs aidés dans leur fuite et des fuyards hébergés. De plus, il nous apprend que ce « grand réseau » a été « détruit » en 1943 et qu’une « grande partie de ses membres » s’en alla « mourir dans les geôles allemandes ». Bref, tout porte à croire qu’un petit réseau avait été constitué, que les Allemands n’ont eu aucun mal à effacer lorsqu’ils l’eurent découvert.

Les exploits des Mortagnais…


Dès lors, que reste-t-il ? Le journaliste écrit :

Mais la Résistance mortagnaise a aussi été incarnée par les citoyens français qui refusaient l’occupation et luttaient grâce à des petits gestes quotidiens.

Et de citer :
- une jeune fille (une seule !) qui tournait tous les panneaux allemands de direction dans le mauvais sens ;
- des jeunes qui donnaient de mauvaises directions aux Allemands ;
- un Mortagnais qui vola une tête en bronze que les Allemands voulaient emporter ;
- la libraire qui avait posé l’étiquette « Vendu » sur un livre du maréchal Pétain et « Épuisé » sur un livre de Pierre Laval ;
- la directrice de l’école qui « accrochait un bouquet de fleurs bleu-blanc-rouge à sa fenêtre tous les 11 novembre » ;
- et, surtout, une jeune institutrice « qui n’a jamais fait chanter “Maréchal nous voilà” dans [s]a classe».

…aussi importants que la « guerre des batailles »


Époustouflant ! Avec le plus grand sérieux, le journaliste déclare :

Ces petits actes souvent anodins rendent la vie plus difficile à l’envahisseur […].
Tous ces gestes n’ont pas été récompensés par des médailles mais ils ont sûrement été aussi importants que la guerre des batailles, parce qu’ils ont montré aux Allemands que tous les Français n’abandonnaient pas[3].

Je crois qu’il faudrait décerner, même à titre posthume, la médaille de la Résistance à tous ces « vrais Français ». Ainsi aura-t-on « démontré » qu’effectivement, 40 millions de Français ont résisté à l’Occupant.

Des « morts pour la France » fictifs

Gaston Audat à Cachan


Pour terminer, je note que le premier nom sur le monument commémoratif érigé à Cachan est celui de Gaston AUDAT. Or, lorsqu’il raconte la fusillade du 21 août 1944, R. Quioudeneix précise :

C’est là qu’est mort Gaston Audat, qui venait d’être nommé maire. Il habitait à l’angle de l’avenue Dumotel. Il est allé dans sa véranda voir ce qui se passait. Il a été tué par une balle perdue.

Les cas de quatre Sénégalais prisonniers de guerre


Le cas de Gaston Audat n’est pas unique. Toujours lors des commémorations du soixantième anniversaire de la « Libération », est paru un article intitulé « double hommage pour la libération ». L’un d’eux était rendu à quatre Français d’origine sénégalaise faits prisonniers par les Allemands en 1940 et employés dans « un dépôt de munition ». Trois d’entre eux moururent le 6 août 1944 ; le dernier quatre jours plus tard. Tués lors d’une tentative de soulèvement ? Pendus pour espionnage ? Fusillés pour sabotage ? Non, les trois premiers moururent « lors du bombardement allié du 6 août 1944 » au cours duquel le dépôt fut atteint et détruit ; le quatrième fut tué « lors d’un affrontement » entre Allemands et Alliés (auquel il ne participait visiblement pas, sans quoi cela aurait été dit). Le 24 août 2004, leurs noms ont été gravés sur une stèle, avec d’autres « morts pour la liberté de la France » [4].

Je n’ai rien contre les Sénégalais. Mais je rappelle que mourir pour une cause, c’est mourir des suites d’un acte volontairement posé pour la défense de cette cause. Si, demain, un policier qui se rendait tranquillement à la boulangerie pour acheter son pain meurt d’une balle perdue tirée par un autre policier à la poursuite d’un terroriste, on ne pourra pas dire qu’il est mort « pour la lutte anti-terroriste ». Tout au plus pourra-t-on le qualifier de « victime innocente de la lutte anti-terroriste », ce qui est très différent. Il en est de même pour ces quatre Sénégalais. Ils ne sont pas « morts pour la liberté de la France », ils sont morts victimes indirectes d’une lutte à laquelle, sauf preuve du contraire, ils ne participaient pas activement.

Le cas d’E. Bellin


Terminons cette rubrique avec Edmond Bellin. Une rue de Lion-sur-Mer (Calvados) porte son nom. Sur la plaque, on apprend qu’il s’agissait du maire de la commune, « mort pour la France » en 1944 dans sa soixante-neuvième année. On imagine un Résistant fusillé par les Allemands…
Mais lorsqu’on se rend sur la place du village, non loin de l’église, on découvre un panneau rappelant le souvenir des « victimes du 2 juillet 1944 », « tuées près de cette place dans le poste de secours de la Défense Passive ». E. Bellin figure sur la liste.

Tout s’éclaire : E. Bellin mourut le 2 juillet 1944 lors d’un bombardement ; des projectiles atteignirent le poste de secours de la défense Passive dans lequel il se trouvait avec d’autres…


Il serait temps que l’on cesse de créer un peu partout des « morts pour la France » fictifs.


[1] Voy. Cachan Municipal, n° 130, juillet-août 2004, pp. 18-19.

[2] Voy. Le Perche, 11 août 2004.

[3] Voy. Le Perche, 11 août 2004.

[4] Voy. Le Perche, 25 août 2004
 
Old January 1st, 2013 #24
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Le mythe de la Résistance



qui aurait permis le Débarquement allié en Normandie



L. Aubrac encense la Résistance


Le mythe des maquisards qui auraient joué un rôle très important dans la victoire des Alliés a la vie dure. Dans son ouvrage La Résistance expliquée à mes petits-enfants, Lucie Aubrac déclare :

Dans cette prison qu’était devenue la France, la Résistance a renseigné efficacement les Alliés, a contribué avec peu d’armes à vaincre l’occupant, a libéré seule une partie de notre pays, a aidé les Alliés sur le sol français, a poursuivi avec eux l’armée allemande jusqu’à sa totale défaite, a débarrassé la Patrie du régime de collaboration[1].

La Résistance aurait notamment permis aux Alliés de débarquer en Normandie le 6 juin 1944 en fournissant des renseignements primordiaux et, surtout, en harcelant les divisions allemandes qui accouraient, retardant leur arrivée et permettant ainsi l’établissement d’une solide tête de pont.

La « démonstration » de l’ancien commandant en chef des FTP

Quinze divisions FFI…


Dans son livre intitulé : Les F.T.P., l’ancien commandant en chef des Francs-Tireurs et Partisans Français, Charles Tillon va même plus loin : il attribue la réussite du Débarquement aux FFI qui, dans les premières heures du 6 juin 1944, auraient apporté à l’opération des moyens… deux fois supérieurs à ceux des Alliés. Sa démonstration vaut la peine d’être exposée. L’auteur s’appuie tout d’abord sur une note du QG allié en 1944 selon laquelle la force des FFI « représentait l’équivalent en hommes de quinze divisions » (notez le : « en hommes » ; il n’est pas question de matériel, alors que le matériel a joué un rôle capital dans la deuxième guerre mondiale)[2]. Puis, il déclare que si le Commandement allié à l’Ouest avait bénéficié de ces quinze divisions, « cet avantage ne lui aurait servi à rien pour la conquête de la tête de pont en Normandie » car tout au plus « auraient-elles pu servir de divisions en réserve loin du théâtre des opérations» (p. 559). Or, les quinze division FFI « étaient à pied d’œuvre, au contact de l’ennemi, partout engagées avant, pendant et après le débarquement » (Id.).

… pour appuyer le Débarquement au bon moment


Et voici l’estocade :

Dans la création d’une tête de pont, ce qui est essentiel, ce qui décide tout, c’est le volume des moyens que l’assaillant peut jeter d’un seul coup sur le rivage. Il faut que ces moyens soient assez puissants pour contenir l’inévitable contre-attaque de l’ennemi jusqu’à ce que les unités lourdes aient été à leur tour mises à terre en quantités suffisantes. Ce laps de temps durant lequel la première vague de débarquement est seule sur le rivage, représente le moment critique de l’opération. En Normandie, sept divisions de premier échelon furent ainsi jetées à terre (Américains, Anglais, Canadiens).
Donc, à cet instant décisif, selon les propres estimations d’Eisenhower, les moyens FFI étaient deux fois plus importants que les troupes de débarquement alliées. Ce fait essentiel devrait inciter à plus d’objectivité ceux qui voudraient considérer les FFI comme n’ayant joué qu’un rôle « d’appoint » aux unités débarquées [pp. 559-560].

CQFD !

Une « démonstration » entièrement fausse


L’auteur « oublie » toutefois :

- que les premières vagues d’assaut anglo-américaines n’étaient pas seules ; elles reçurent l’appui décisif de la marine et de l’aviation qui pilonnèrent les lignes allemandes ;

- que les « quinze divisions » FFI étaient non seulement peu armées — L. Aubrac avoue que la Résistance avait « peu d’armes » — mais surtout, qu’elles n’étaient pas regroupées en Normandie pour attaquer les forces allemandes présentes sur les lieux au moment où les premières vagues d’assaut arrivaient. Non, elles étaient loin, très loin même, éparpillées sur le territoire jusqu’à l’autre bout de la France.

Par conséquent :

- il n’y a pas eu de « laps de temps durant lequel la première vague de débarquement » auraient été « seule sur le rivage » (comprenez : sans aucune aide) ;

- même à supposer que c’eût été le cas, pendant ce laps de temps, cette première vague d’assaut n’aurait vu aucune division FFI lui prêter main forte. Notons d’ailleurs que sur une carte publiée lors du soixantième anniversaire du Débarquement, les seuls renforts qui arrivent sont… allemands. Des FFI, il n’est nullement question.

Le raisonnement de C. Tillon est donc faux de bout en bout.

Les mémoires d’Eisenhower contre la légende résistancialiste


Il est d’ailleurs intéressant de souligner que l’auteur ne fait aucune référence aux mémoires du général Eisenhower. Or, elles étaient parues en France dès 1949, soit treize ans avant la publication de son livre. Pourquoi cette lacune ?

Le satisfecit d’Eisenhower…


L’explication est simple : dans les milieux résistancialistes, on se plaît à citer encore et encore le fameux passage de ces mémoires lorsque Dwight D. Eisenhower écrit :

Pendant toute la compagne de France, les hommes de Forces Françaises Libres ont joué un rôle particulièrement important. Ils ont été extrêmement actifs en Bretagne, et en tous points du front, ils nous ont aidé de mille façons. Sans eux, la libération de la France et la défaite de l’ennemi en Europe occidentale auraient été bien plus longues et nous auraient coûté davantage de pertes[3].

… sans aucune valeur quand on regarde les faits


Seulement, pour bien apprécier la valeur de ce satisfecit, il faut tout d’abord avoir l’honnêteté de citer la suite immédiate.

La Libération de Paris


D. Eisenhower écrit :

Ainsi, lorsque les Forces Françaises Libres commencèrent leur insurrection de Paris, il fut nécessaire de se porter rapidement à leur secours. Les renseignements nous portaient à croire qu’il n’y aurait pas de combats sérieux, et l’on pensait que l’entrée d’une ou deux divisions alliées suffirait à la libération de Paris [p. 348].

Par conséquent, même si la résistance allemande promettait d’être faible (« il n’y aurait pas de combat sérieux »), les Alliés durent rapidement secourir les FFL qui, sans prévenir personne, avaient décidé de « libérer » Paris. Preuve que les Anglo-américains ne se faisaient aucune illusion sur la valeur réelle des Résistants au combat.

D. Eisenhower raconte ensuite que le commandement choisit d’envoyer à Paris la 2ème division blindée du général Leclerc. Il ajoute que le 25 août, ce dernier reçut en personne « la reddition du général allemand commandant la garnison de Paris » (p. 348). C’est certes très honorable. Mais là encore, lisons la suite immédiate. Le général américain déclare :

Cependant, avant que les Allemands ne soient complètement annihilés à Paris et la ville remise en ordre, il fallut faire entrer la 4ème division américaine. Heureusement, le combat ne devait causer aucun dommage important à la ville [Id.].

On en déduit qu’en vérité, les Français (FFL & soldats du général Leclerc) furent incapables de « libérer » seuls la ville. La résistance allemande, quoi que très faible, nécessita le renfort d’une division américaine. Quel aveu ! Ajoutons à cela qu’au moment de prendre le pouvoir en défilant triomphalement dans Paris, le général De Gaulle ne put compter sur ses « troupes » pour faire une démonstration de force. Il dut quémander auprès des Américains « le prêt, à titre temporaire, de deux divisions américaines afin de faire un étalage de force, comme il disait » (p. 349). Pitoyable !

Les Alliés ne voulaient pas l’aide de la Résistance pour débarquer


Mais il y a plus. Dans l’ouvrage, le satisfecit décerné à la Résistance arrive au seizième chapitre : « La poursuite et la bataille du ravitaillement ». Il correspond à la période qui commence à la fin du mois d’août 1944. La préparation du Débarquement, l’établissement de la tête de pont puis sa consolidation, les combats acharnés en Normandie et la percée d’Avranches font l’objet des chapitres XIII à XIV, qui s’étendent sur 74 pages (pp. 265 à 338). Eh bien, dans ces 74 pages, seules… onze lignes sont consacrées à l’appui que pourrait fournir la Résistance. Et voici ce que D. Eisenhower écrit :

[…] notre plan reposait sur l’appoint considérable que nous escomptions de la part des mouvements des maquis en France. On savait qu’ils étaient particulièrement nombreux en Bretagne, et dans les montagnes et les collines proches de la côte méditerranéenne.
[…] Nous désirions particulièrement que, le Jour J, le général De Gaulle s’adressât avec moi par radio à la population française afin qu’elle ne se soulève pas et ne s’expose pas à des sacrifices inutiles qui n’avaient pas encore d’intérêt, mais qu’elle se réservât pour le moment où nous lui demanderions son appui [pp. 299-300].

C’est net : pour débarquer, les Anglo-américains n’avaient nullement besoin de l’aide de la Résistance. Ils n’en voulaient pas. Ils considéraient que ce serait des « sacrifices inutiles ».

Les actions de harcèlement n’ont nullement pesé sur le cours des opérations


Les résistancialistes me répondront sans doute que si les Alliés ne souhaitaient pas un soulèvement général au moment du Débarquement, ils ont apprécié les renseignements primordiaux communiqués par les maquis et le harcèlement constant qui entraîna un retard salutaire dans l’arrivée des renforts allemands.

Or, je note que nulle part, dans ces 74 pages, D. Eisenhower n’évoque les opérations de harcèlement des maquis. Nulle part il ne déclare que la tête de pont alliée a pu être établie en Normandie puis consolidée en partie grâce à l’action des « quinze divisions » de la Résistance. De cette Résistance au combat, de ces « quinze divisions », il n’est jamais question. La raison est simple : tout au long de ces chapitres, on suit le combat titanesque entre d’immenses armées continentales très bien équipées : centaines de milliers d’hommes, divisions contre divisions, blindés contre blindés, bombardiers, pilonnages intensifs, pluies de bombes, ravitaillement par centaines milliers de tonnes[4]… Dans ce combat de géants, la guérilla ne pesait rien ; or les résistants n’étaient rien d’autres que des guérilleros très peu armés. Un exemple frappant peut d’ailleurs être trouvé dans l’affaire des quatre jours critiques de juin. D. Eisenhower raconte que le 19 juin, une tempête balaya les cotes normandes, détruisant le port artificiel d’Omaha Beach, coupant toutes les relations avec l’Angleterre et empêchant l’arrivée de troupes fraîches (pp. 309-310). Pendant quatre jours, les Allemands bénéficièrent de « conditions de contre-attaque idéales » (p. 310). Mais ils ne bougèrent pas. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient été pris au piège par les maquis ? Non. S’ils ne purent riposter, ce fut à cause, déclare D. Eisenhower, de « la campagne d’isolement menée préalablement par notre aviation » ; « Nous eûmes là, poursuit-il, un exemple de plus de l’influence décisive de l’aviation sur les combats terrestres » (Id.). C’est la confirmation que, dans une lutte titanesque, seuls les moyens modernes et massifs ont un effet sensible.

Les renforts allemands venus de Bretagne sont arrivés sans encombre


Plus révélateur encore : bien que D. Eisenhower ait parlé de maquis « particulièrement nombreux en Bretagne, et dans les montagnes et les collines proches de la côte méditerranéenne », bien qu’il ait parlé de Résistants « extrêmement actifs en Bretagne », il écrit qu’immédiatement après le Débarquement :

[…] l’ennemi amena d’abord toutes les troupes disponibles de Bretagne, puis des divisions venues, les unes du sud de la France, les autres des Pays-Bas [p. 306].

Là encore, c’est net : après les réserves du Pas-de-Calais, les premiers renforts qui arrivèrent venaient de la Bretagne. Aussi nombreux et actifs qu’ils aient été, les maquis n’avaient pu les freiner. Puis vinrent ceux du Midi, qui, eux non plus, n’avaient pas été retardés. C’est l’anéantissement définitif du mythe selon lequel la Résistance aurait eu, sur le plan militaire, une action capitale dans la réussite du Débarquement.

La Résistance n’a fourni aucun renseignement important


Reste le « renseignement ». Mais là encore, l’ouvrage de D. Eisenhower réduit à néant les prétentions des milieux résistancialistes. A aucun moment, l’auteur ne cite des informations données par les maquis. En revanche, il parle des « rapports les plus secrets » établis par des « officiers d’état-major de Washington» sur l’avancement des nouvelles armes allemandes (pp. 275-276), des « services de renseignement » qui durent attendre juin 1944 et le début de l’attaque pour pouvoir fournir « des évaluations d’une remarquable exactitude » sur ces nouvelles armes (p. 276, preuve que la Résistance ne fournissait rien, ou rien d’exploitable), des « missions de reconnaissance » effectuées par « les avions et les sous-marins » (p. 285), des « photographies de nos avions de reconnaissance » (p. 308)…

En une occurrence, à la page 285, il précise que le commandement organisait des missions de reconnaissances sans qu’il « négligeât pour cela les autres sources de renseignement ». C’est le seul moment où l’on peut tout au plus supposer que le général américain songeait aux services de renseignements des maquis. Mais même si cette supposition est vraie, les informations fournies n’ont dû être ni nombreuses et ni capitales, puisque l’auteur ne cite ni ces autres sources, ni une seule information qu’elles auraient apportées.

Telles sont les raisons pour lesquelles j’estime que le satisfecit de quelques lignes donné par le général Eisenhower à la Résistance française n’a aucune valeur. Il s’agit tout au plus d’une marque de politesse destinée à ne pas froisser quelques consciences amies. Le contenu de son ouvrage permet aisément de s’en rendre compte. C. Tillon le savait, voilà pourquoi il est resté très discret sur ces mémoires au moment de parler du Débarquement.

L’aveu d’un historien officiel


Mais peut-être m’accusera-t-on de partialité haineuse. Alors je citerai un historien de référence en Belgique, Jean Vanwelkenhuyzen. A l’occasion du soixantième anniversaire du Débarquement, la question suivante lui a été posée : « La résistance a-t-elle vraiment représenté un appoint pour les armées régulières ? » Il a répondu :

Il y a une légende dorée française qui a été une manière de gommer la défaite de 1940. Les maquis locaux ont pu fournir des renseignements qui échappaient à la reconnaissance aérienne et aussi jouer un rôle dans certains combats. Mais dire que cela a changé les opérations, non[5].

On ne saurait être plus clair.

Dès 1947, Maurice Bardèche avait détruit le mythe résisitancialiste


Il est intéressant de noter que dès 1947, soit deux ans avant la publication en France des mémoires d’Eisenhower, Maurice Bardèche avait déjà conclu dans ce sens. Dans sa Lettre à François Mauriac, il écrivit :


Cette résistance, qui a coûté si cher, a-t-elle eu au moins des résultats militaires ?Je sens tout ce qu'il y a de pénible pour certains dans les convictions que je vais énoncer. Ne croyez pas que ce soit avec joie ni pour une simple satisfaction de polémique que je me mette dans le cas de dire à des hommes qui ont parfois tragiquement souffert, que les résultats obtenus ne sont pas en rapport avec les souffrances, que ceux qui ont perdu dans cette lutte les camarades ou les enfants qui leur étaient les plus chers, que ces êtres qu'ils ont aimés sont morts inutilement. Ils ne sont pas morts inutilement, d'ailleurs. Ce n'est pas souffrir inutilement en vérité que de souffrir pour ses idées, ce n’est pas mourir inutilement que de mourir pour ses idées, même si cette souffrance et cette mort n'ont pas contribué, autant qu'on le pense, à la victoire collective. Même en pensant que la résistance a été une erreur, on peut se dire que cette faculté de souffrir et de se dévouer est une marque d'énergie et de désintéressement qui témoigne pour notre pays. Et je ne crois rien retirer, en parlant ainsi, à l'honneur, ni au respect auquel on droit ceux à propos desquels je suis fondé à m'exprimer ainsi. Mais nous ne pouvons transiger sur une question si grave. Il n'est pas de transaction avec la vérité.

Cette objection sur l'utilité de la résistance, elle a tant de poids que les plus perspicaces de vos amis ont décidé de ne pas la laisser naître. Ils ont compris que c’est là-dessus que se battraient les historiens et ils ont pris leurs précautions. Le passif leur paraissait trop lourd, il leur paraissait écrasant : il faut que la résistance ait servi à quelque chose. Ils ont donc pris soin de susciter des témoignages, ils ont demandé des certificats, ils se sont fait couvrir de décorations. Ce genre de preuves n'en impose pas à tout le monde. N'abusons pas de la politesse de nos Alliés et passons aux faits.

Je ne crois pas qu'on puisse refuser à la Résistance d’avoir constitué un réseau d’agents de renseignements. Je suis peu compétent pour juger de la valeur d’un pareil secours. Il faut s’entendre pourtant. L’emploi intensif de l’aviation pour le renseignement et l’usage d’un matériel de détection absolument inconnu avant cette guerre ont singulièrement limité l'importance de l'espion. Un général peut toujours être renseigné sur certains détails importants par des photos d'avions sur lesquelles ses spécialistes savent lire avec précision la présence d'un camp d'aviation, le déplacement et la composition d'un convoi, et même, comme la R.A.F. savait le faire dans les derniers mois, la trace l'une rampe de V2. L'importance prise à la fin des opérations par les méthodes scientifiques de « renseignement » n'exclut pas, bien entendu, les résultats obtenus par le renseignement empirique. Mais l'histoire vraie de cette guerre, à mesure qu'on la connaît mieux, prouve que les conceptions répandues dans le public sur le rôle de la Résistance comme organisme de renseignements s'apparentent singulièrement à l'image d'Épinal. On appréciera facilement par la constatation suivante la différence qui existe entre les deux modes de renseignements qui furent utilisés concuremment : l'action capitale de cette guerre, la « neutralisation » de la flotte sous-marine allemande, a été rendue possible par la découverte du radar, tandis que les renseignements donnés par les réseaux sur l'emplacement des bases sous-marines n’avaient jamais pu gêner sérieusement l'action sous-marine des Allemands. Les documents publiés par l'armée anglaise montrent qu'à la fin de la guerre, à partir de 1944, le radar donnait des renseignements si précis et si nombreux, et dans des domaines si divers, que toute une partie des anciens services de renseignements se trouvait remplacée de cette manière. Après le débarquement, les spécialistes anglais prétendent que les troupes au combat connaissaient en quelques heures l'emplacement des batteries, l'importance des renforts, la situation des parcs, des appareils de repérage, des organes de commandement, etc. Je ne suis pas bon juge de ces choses-là. Je reproduis simplement ce qu'on pouvait lire, il y a dix-huit mois, dans la revue britannique Cadran.

Ces précisions fournies par les pays combattants eux-mêmes, sont troublantes. On peut se demander, dans ces conditions, si les renseignements de valeur très inégale du reste, fournis par la Résistance ont pu être autre chose qu'un appoint. Je ne méconnais pas que plusieurs de ces renseignements ont pu être très utiles. Mais je ne vois pas qu'on en cite de décisifs. Selon un rapport du maréchal commandant en chef de l'aviation américaine en Europe, les renseignements qui déterminèrent le changement de tout le plan des attaques aériennes sur l'Allemagne au début de 1944 furent ceux qui signalaient la sortie en grande série des avions à réaction allemands dont l'apparition pouvait modifier le rapport des forces aériennes. Avez-vous l'impression que nos réseaux de résistance étaient capables de recueillir des indications de cette importance ? Il semble que les renseignements donnés par nos réseaux aient été constamment secondaires, complémentaires si vous préférez et, à ce titre, ils ne sont pas négligeables, mais n'ont-ils pas coûté bien cher en vies humaines ? N'y eut-il pas une certaine puérilité à confier à tant d'amateurs le métier le plus difficile, le moins romanesque et le plus ingrat, celui de comptable de l'arrière ? L'officier qui dirigea les services de renseignements de l'organisation gaulliste a admis lui-même que ces bénévoles avaient causé plus de dégâts qu'ils n'ont vraiment rendu de services. Je sais bien que des renseignements importants et exacts ont pu être quelquefois recueillis, mais ne croyez-vous pas qu’on porte souvent au crédit des organisations de résistance un travail classique qui a été exécuté par des spécialistes auprès des états-majors au cours de toutes les guerres, bien avant qu’on eût conçu la notion de résistance ? On affirme, par exemple, que la Résistance rendit impossible la percée d'Avranches en fournissant au commandement américain le dispositif des groupes armés de Normandie et de Bretagne. Je ne sais si cette affirmation est sûre : toutefois, ce genre de document ne traîne pas sur toutes les tables : c’est précisément le genre de travail qu’un réseau de résistance ne peut pas accomplir et qui a été réalisé, au contraire, dans tous les temps par des agents qui consacrent des mois à préparer une telle opération. Ne croyez-vous pas que, pour ce genre de travail, l’Intelligence Service n’a fait qu’amalgamer les meilleurs renseignements ou les meilleurs agents des réseaux de résistance aux moyens infiniment plus puissants qu’elle possédait par ailleurs
[6] ?

L’histoire de la « guerre secrète » entre 1940 et 1945 n’est pas faite encore. Et il n’est pas impossible qu'elle réserve des surprises. Ce qu’on commence à entrevoir fait penser que les services de renseignement anglo-saxons disposaient d'éléments d'information infiniment plus importants que les réseaux de résistance. Cette « guerre secrète » semble s'être faite, cette fois-ci, sur de toutes autres proportions qu'en 1914. Et il n'est pas impossible que nos modes empiriques de renseignement n’aient été aussi périmé que notre armement, et que sur ce point comme sur beaucoup d'autres, nous n'ayons perdu beaucoup de vies humaines en nous obstinant à nous servir des méthodes de la guerre de 1914 alors qu'elles étaient largement dépassées. C’est cette disproportion qui me paraît frappante. Il faut toujours en revenir là : si la Résistance n’avait pas existé en France, pensez-vous que l’offensive anglo-américaine eût été paralysée et le débarquement rendu impossible à cause de notre neutralité ? Pour moi, je ne le crois pas. Mais nous tenons à notre version romanesque de l’espionnage. Nous avons là-dessus une âme de midinette.

Quelle a été, ensuite, la part des groupes de résistance dans les opérations elles-mêmes ? Sur ce point, on attend encore le Livre Blanc de la résistance que le gouvernement issu de la résistance se devrait de publier. Les récits héroïques nous ont été prodigués. Nous avons appris que chaque forêt, chaque boqueteau de France recélait un essaim de soldats de l'an II, lesquels sortant de leur retraite sur un signal, ont balayé dans un élan irrésistible les divisions allemandes. De l'armée américaine, de l'armée anglaise, point de nouvelles. Les F.F.I. ont libéré la France. Les F.F.I., les F.F.I. seuls. Telle est la version officielle. Que des garçons courageux et très estimables se soient pris au jeu et qu'ils se soient fait tuer parfois à cette occasion, je le sais, hélas ! Comptez ces jeunes cadavres, c'est le travail de vos amis : vous savez aussi bien que moi qu'on pouvait entrer partout l'arme à la bretelle. Pour l’instant, nous avons peu de documents. Vous me permettrez de ne pas donner ce nom aux récits fantaisistes publiés dans la presse « issue de la. Résistance » : ce qui a été publié dans vos journaux ne compte pas aux yeux des gens honnêtes.

La monographie la plus documentée parue jusqu'à présent est la Libération de Paris de Dansette. Cette déposition est accablante pour vos prétentions. On voit très bien que vos coups de fusil n'ont servi à rien qu’à mettre en place certains organismes politiques. Quant à l'évacuation de Paris, elle se faisait très bien sans vous. Il y a tout lieu de craindre que les autres documents qui seront publiés sur la retraite allemande en France ne laissent apparaître ces mêmes vérités. Le petit livre de Montgomery sur la campagne de Normandie, paru récemment en Angleterre, ne laisse pas subsister d'illusions sur votre participation aux opérations. Et pourtant Montgomery ne cite pas le petit fait significatif révélé par les discours du Churchill, le geste de mauvaise humeur du général De Gaulle, refusant de mettre à la disposition du commandement anglais, au moment du débarquement, les quelques officiers de liaison qu’il s’était engagé à fournir et qui étaient la seule contribution qu’on lui demandât.

Et, après tout, comment voulez-vous qu’on vous croie ? Tout dépose contre vous, et d’abord votre propagande, ou du moins celle des Alliés. Quand on veut établir un mensonge, il faut une unité de doctrine. Mais vos revues et vos journaux ont abondamment commenté le gigantesque effort de guerre anglo-américain, vous nous avez montré un continent entier transformé en usine, des avions couvrant le ciel comme des sauterelles qui cachent le soleil, des plaines d’obus infinies comme les plaines de la mer, des tanks aussi nombreux que les morts qui se lèveront dans la vallée de Josaphat ; vous nous avez dévoilé des travaux plus grands que les travaux de Pharaon, vous nous avez enseigné le nom des magiciens du monde, vous nous avez conviés à nous asseoir et à regarder dans des salles obscures l’ordonnance de ces miracles, et nous avons vu sortir des eaux, comme sur ordre de Moïse, le port d’Arromanches, avec ses docks flottants, ses pontons, ses môles, comme s’il vous était donné de réduire en poudre et de susciter des cités. Dites-moi, Monsieur, avez-vous songé quelque fois à ce que pesaient vos exploits de patrouille dans cette balance à mesurer les continents ?

[…] J’ai beaucoup entendu parler d’un exploit de la Résistance qui avait consisté à empêcher la division Das Reich d’arriver sur le front de Normandie. C’est même le fait que les gens sérieux attestent le plus volontiers. Est-ce que vous croyez sincèrement que la présence ou l’absence de la division Das Reich a pu changer l’issue de la bataille du débarquement ? Le croyez-vous vraiment ? Quel argument vous donnez à ceux qui voudront défendre la nécessité de la collaboration ! Mais là aussi vous avez une version patriotique. Ce n’est pas la division Das Reich que vos amis ont arrêtée en chemin, c’est toute l’armée allemande. […] c’est vingt, cent divisions allemandes qui n’ont jamais pu rejoindre leur poste de combat. La France est devenue, grâce à la Résistance, un énorme piège, un bourbier d’où la botte allemande ne peut plus se lever. Les spectateurs qui ont pu apprécier, pendant ces semaines, la capacité de bombardement de la RAF et de l’aviation américaine savent à quoi s’en tenir sur cette explication inventée par notre chauvinisme. Il est entendu que la dynamite et le plastic furent les armes essentielles de cette guerre : voilà avec quoi nous avons triomphé de l’armée allemande. C’est le cinéma qui a bien établi cette vérité. Vous n’avez qu’à aller voir les films sur la Résistance. On fait sauter un viaduc dans chaque film.

Est-ce que vous ne pensez pas qu’il serait plus honnête, et par conséquent plus honorable de reconnaître que vous avez mis votre point d’honneur à participer, sans en avoir les moyens, à une guerre gigantesque, et que le rôle de la Résistance a été ce qu’il pouvait être, ce qu’il devait être nécessairement contre des troupes d’un matériel moderne, un simple rôle de harcèlement ? Dans les limites de cette définition, nul ne contesterait le courage de vos combattants et le mérite de certaines opérations. Mais ne comprenez-vous pas que les rodomontades de vos généraux et l’outrecuidance de notre gouvernement agacent tout le monde, et principalement ceux qui ont véritablement vaincu l’armée allemande et qui savent ce que cela veut dire ?


Ainsi M. Bardèche avait-il déjà tout vu dès 1947.

Aujourd’hui, les historiens lui donnent raison. Mais leurs voix sont couvertes par les vociférations des fanatiques de la Mémoire…


[1] Voy. L. Aubrac, La Résistance expliquée à mes petits-enfants (éd. du Seuil, 2000), p. 52.

[2] Voy. C. Tillon, Les F.T.P. (éd. René Julliard, 1962), p. 552.

[3] Voy. Dwight D. Eisenhower, Croisade en Europe. Mémoires sur la deuxième guerre mondiale (éd. Robert Laffont, 1949), pp. 346-348.

[4] « Au 2 juillet 1944, nous avions débarqué en Normandie environ un million d’hommes, comprenant 13 divisions américaines, 11 britanniques et 1 canadienne. Au cours de la même période, nous avions amené 566 648 tonnes d’approvisionnements et 171 532 véhicules » (voy. D. Eisenhower, op. cit., p. 319).

[5] Voy. La Libre Belgique, 5-6 juin 2004, p. 7.

[6] Sur l’échec de la percée d’Avranches, voy. D. Eisenhower, op. cit., pp. 324-326. L’auteur ne dit à aucun moment que le dispositif allemand était connu. Il raconte que la première contre-offensive allemande fut stoppée net par l’aviation américaine et la RAF : « La neuvième force aérienne américaine et la RAF détruisirent des centaines de chars et de véhicules ennemis » (p. 324). Par la suite, les Alliés fixèrent des lignes de défense efficaces.
 
Old January 3rd, 2013 #25
alex revision
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Les cheveux, les habits, les prothèses, les valises etc. visibles à Auschwitz




sont-elles la preuve d’une extermination de masse ?




Une vision qui marque les esprits

Des « preuves » nous dit-on


La plupart des jeunes qui visitent Auschwitz commencent par le musée. Là ils voient des cheveux, des valises, des chaussures, des habits, des lunettes, des effets de toilette, des prothèses etc. L’auteur d’un compte rendu écrit :

C’est avec effroi que les collégiens ont découvert, derrière les vitrines, des montagnes de cheveux, des monceaux de lunettes, des milliers de chaussures d’hommes, de femmes et d’enfants et toute une collection de valises avec le nom et la date de naissance de leurs propriétaires[1].

Bien plus que les ruines des crématoires de Birkenau ou la prétendue chambre à gaz d’Auschwitz I, ces « preuves de substitution » marquent les esprits. Dans Tribune Juive, Ruth Nabet écrit :

Vestiges les plus marquants ? Les cheveux. Derrière une vitrine, une montagne de cheveux autrefois blonds, roux, bruns… Aujourd’hui uniformément gris[2].

Ailleurs, un journaliste qui a suivi des jeunes au cours de leur visite écrit :

Au musée, derrière les vitrines, s’amoncellent des montagnes de cheveux, lunettes, chaussures, valises, casseroles, jouets d’enfants… Certains [jeunes] ont la nausée[3].

Les lycéens, d’ailleurs, ne le cachent pas, comme le démontrent ces quelques témoignages :

Lorsque vous voyez 1950 kg de cheveux, des chaussures aussi grandes que petites, des tétines, des prothèses, des valises, des photos montrant des corps gisant à terre... Cela vous glace le sang […][4].

Notre cœur s'est serré à la vue des tas de cheveux, de chaussures, de valises laissés pour toujours par des innocents[5].

Les pièces à conviction comme les cheveux, les valises avec les noms inscrits nous anéantissent [Id.].

« Quand j’ai vu les vêtements d’enfants et le tas de cheveux, ça m’a fait craquer », sanglote une collégienne du Mont Saint-Jean[6].

Ces « preuves choc » suffisent à convaincre que des centaines de milliers de personnes auraient été tuées à Auschwitz. Interrogées après leur visite, deux collégiennes ont déclaré :

Ce qui nous a le plus marquées, ce sont les cheveux, les chaussures et les vêtements d’enfants… tout ce qui appartenait aux déportés. C’est atroce, parce que derrière chacune de ces choses, il y a des êtres humains qui ont été tués. Ça donne l’idée de l’ampleur des massacres[7].

Mais personne ne relève la flagrante contradiction


Personne ne relève la grave contradiction entre l’affirmation selon laquelle les Allemands auraient tenté d’effacer méthodiquement toutes les traces de leurs forfaits en brûlant les corps puis, à la fin, en détruisant les crématoires[8] et le fait que, dans le même temps, ils auraient négligemment laissé subsister toutes ces « preuves » irrécusables[9].

De la valeur des « preuves de substitution »

Les stocks trouvés à Auschwitz en 1945 ne sont pas la preuve de l’existence d’un meurtre de masse


Disons-le tout de suite : la raison de la présence de tous ces stocks à Auschwitz (vêtements, chaussures, cheveux…) n’est pas difficile à comprendre et n’a aucune connotation criminelle (voilà d’ailleurs pourquoi les Allemands en ont abandonné). Elle ne relève ni de la barbarie ni de la soif de pillage, mais de la nécessité et des contraintes du moment. En période de guerre, dans un pays soumis à un blocus impitoyable et aux bombardements destructeurs, tout est récupéré, non seulement pour fournir de la matière première (cheveux, bois…), mais aussi :

a) pour les besoins économiques (récupération de meubles, d’outils, de machines…) ;
b) pour les besoins de l’armée et des travailleurs étrangers (vêtements chauds, rasoirs, montres…) ;
c) pour venir en aide aux sinistrés et aux réfugiés qui ont tout perdu (habits, chaussures, casseroles, jouets…).

Un témoignage oublié…


Lorsque, à partir de 1942, les Allemands organisèrent les grandes déportations, les juifs purent emmener avec eux 100 RM et jusqu’à 50 kg de bagages[10]. J’ignore si, au départ, les Allemands pensaient vraiment leur laisser leurs affaires, soit en les envoyant à l’Est avec les convois, soit en les gardant le temps que leurs propriétaires travailleraient dans les camps. Il est en effet faux de croire que les objets emmenés par les déportés étaient automatiquement volés. Certes, on les saisissait à l’arrivée au camp, mais ils n’étaient pas subtilisés pour autant.

L’ancien déporté A. Rogerie a connu Buchenwald, Dora, puis Auschwitz. Dans son témoignage, il raconte avec une louable honnêteté :

Un matin [à Auschwitz], on vient me chercher pour aller au camp voisin dans un bureau pour… y reconnaître mes affaires personnelles prises à Buchenwald et qui m’ont suivi à Auschwitz. Quelle organisation ! Je revois, avec quelle émotion, ma petite croix de la Légion d’honneur[11].

A. Rogerie ne les reverra cependant jamais plus, car elles seront définitivement perdues lors de la débâcle des dernières semaines. Mais à supposer qu’il ait été libéré dans des conditions « normales », on lui aurait certainement rendu ses affaires (puisque l’administration avait pris la peine de les faire suivre). Voilà pourquoi il est possible que, au départ, les autorités allemandes n’aient pas songé à voler les bagages des juifs déportés.

Les déportés à Auschwitz sont finalement contraints d’abandonner leurs affaires


Mais ce qui est certain, c’est qu’avec la dégradation de la situation (blocus, bombardements, afflux de travailleurs et de réfugiés ), elles décidèrent de s’approprier ce qui pouvait l’être pour tenter de faire face.

D’où ces déportés qui, arrivés à Auschwitz, devaient abandonner leurs affaires. Guy Kohen, par exemple, se souvient :

Le 10 mars, au petit matin, nous arrivâmes à destination. Des coups brutaux furent frappés aux portes des wagons. L’ordre : « Préparez-vous à descendre » nous fut donné. Puis les portes s’ouvrirent […].
Nous dûmes abandonner tous nos bagages[12].

J. Garlinski précise :

Arrachés des wagons, ils n’étaient autorisés à emporter que ce qu’ils avaient sur eux ou dans leurs poches[13].

Citons également Rudolf Höss qui déclare :

Les bagages restaient sur le quai de chargement d’où on les transportait à la baraque de triage, appelée « Canada », qui se trouvait entre les bâtiments de l’usine d’armements et l’entrepôt des matériaux de construction[14].

L’Allemagne recycle les affaires prises aux déportés


Là, les affaires étaient triées et soigneusement empaquetées par catégories (chaussures, vêtements d’hommes, vêtements de femmes, vêtements d’enfants, nourriture, bijoux, objets de valeur, objets sans valeurs, chiffons…[15].

Se fondant sur un document allemand, R. Hilberg écrit :

Les montres, pendulettes, stylos, stylomines, rasoirs, couteaux de poche, ciseaux, lampes de poche, portefeuilles et porte-monnaie devaient être envoyés aux ateliers de réparation du WVHA et de là expédiés à des centres postaux pour être vendus aux soldats[16].

Au sujet des montres, R. Höss précise :

On expédiait aussi des milliers de montres ordinaires à Sachsenhausen. On y avait créé […] un grand atelier d’horlogerie où des centaines de détenus triaient ces montres et les réparaient. On en mit la plus grande partie à la disposition du front, der Waffen SS et de l’armée, pour des besoins de service[17].

2 500 horloges furent en outre envoyées aux Berlinois sinistrés[18].

Avec les réfugiés, les sinistrés bénéficiaient naturellement de ce trafic. L’ancienne déportée K. Hart, qui travaillait au Canada, affirme que « des camions partaient tous les jours, pour livrer en Allemagne ces biens volés »[19]. Sans surprise, les vêtements constituaient une marchandise prioritaire. J. Garlinski déclare : « les vêtements [étaient envoyés] aux villes bombardées »[20] ; ce que confirme R. Höss lorsqu’il écrit :

Un grand nombre de vêtements était mis à la disposition de l’assistance sociale pour les réfugiés et plus tard aussi pour les victimes des bombardements[21].

(Afin de secourir les sinistrés, les dirigeants allemands expédièrent également dans le Reich du mobilier des habitations juives laissées vacantes notamment en France ; en 1945, ces expéditions furent présentées comme des opérations de pillage.)

Notons qu’il en allait de même au camp de transit de Chelmno. Un auteur exterminationniste écrit :

Les bagages et les vêtements ayant appartenu aux victimes [comprenez : aux transférés] étaient emmagasinés dans les églises environnantes ou bien dans des baraques construites à cette effet (1944). En 1942, les vêtements étaient expédiés dans des établissements ad hoc, à Dabrowa près de Pabianice, où ils étaient l’objet d’une vérification spéciale. […] ces vêtements étaient vendus au bénéfice de la NSV, WMW (Secours d’hiver) […][22].

L’organisme qui s’occupait des réfugiés venus de Pologne, de Roumanie etc. s’appelait le Volkdeutsche Mittelstelle (VOMI). Outre des vêtements, il reçut des édredons, des couvertures matelassées, des couvertures, des parapluies, des voitures d’enfants, des sacs à main, des ceintures en cuir, des sacs à provisions, des pipes, des lunettes de soleil, des miroirs, des valises, des tissus ainsi que du linge (serviettes, draps, oreillers, nappes etc.)[23].

Les lunettes et les lorgnons devaient pour leur part être envoyés au Referat médical qui les réutiliserait (Id.). Quant aux ciseaux, ils furent distribués aux Lebensborn ainsi qu’aux médecins et aux coiffeurs des camps (Ibid., p. 828).
Cette dernière information pourra surprendre. Mais il est incontestable que les Allemands de souche n’ont pas été les seuls à bénéficier de ce trafic. Les travailleurs étrangers et les déportés en profitèrent dans une plus ou moins large mesure. Concernant les premiers, R. Höss écrit :

Les grandes entreprises d’armement recevaient des envois importants pour les ouvriers étrangers qui y étaient employés[24].

Plus haut, il déclare :

[…] on les emmagasinait [les vêtements et les chaussures] ou bien on en expédiait une partie au camp pour compléter l’habillage des détenus. Plus tard, on en envoya aussi dans d’autres camps [Id.].

Par « plus tard », il faut très probablement comprendre durant la dernière année de la guerre, lorsque, acculé militairement, le Reich s’effondrait. Notons d’ailleurs qu’à Nuremberg, l’Accusation produisit un rapport du 15 août 1944. L’Office central de l’administration économique des SS (qui s’occupait des camps de concentration) appelait l’attention sur le manque d’habillement des détenus et formulait une demande pour que l’on remédiât à cette situation[25].

La raison de la présence de stocks importants à Auschwitz en 1945


Naturellement, certains pourront objecter : « Si, vraiment, les Allemands avaient un tel besoin de ces affaires (surtout à la fin), pourquoi en a-t-on retrouvé une telle quantité à Auschwitz ? »

La réponse, simple, se trouve dans un document capital. Il s’agir d’un compte rendu d’Oswald Pohl (ancien chef du WVHA) en date du 6 février 1943 sur la récupération « des matières textiles usagées » et, plus particulièrement, sur la difficulté de l’acheminement. L’auteur écrivait :

Les plus grandes difficultés furent causées par les transports par voie ferrée. Les interruptions continuelles de transports gênèrent l’évacuation des marchandises, qui s’accumulèrent parfois dans différents camps.
L’arrêt des transports à destination de l’Ukraine, depuis le mois de décembre 1942, s’est fait le plus durement sentir. En effet, il empêcha la livraison de vêtements usagés destinés aux Allemands établis là-bas. C’est pourquoi toute cette livraison fut détournée par la VOMI et déposée dans un grand camp de Lodz. La VOMI en effectuera la livraison dès que la situation des transports sera rétablie quelque peu[26].

Or, comme je l’ai démontré ailleurs, à partir de cette époque, la situation dans les transports au sein de l’Allemagne se détériora de plus en plus.

Si bien que loin de s’améliorer comme l’espérait O. Pohl, l’écoulement de la marchandise fut au contraire irrémédiablement entravé. Dès lors, on ne sera pas surpris que le 27 janvier 1945, les Soviétiques aient découvert de gros stocks inutilisés.

Les documents allemands ne parlent pas d’un meurtre de masse


Quant à prétendre que ces affaires appartenaient aux juifs gazés en masse, cette affirmation est insoutenable puisque :

a) la Shoah et ses chambres à gaz sont un seul et même mythe ;

b) la déportation des juifs vers l’Est est une réalité. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le compte rendu d’O. Pohl cité plus haut était intitulé (je souligne) : « Compte rendu sur l’utilisation faire à ce jour des matières textiles usagées, récupérées lors du transfert des juif ». Il débutait ainsi :

La liste ci-jointe indique les quantités de vieilles matières récupérées dans les camps d’Auschwitz et de Lublin [Majdanek], à la suite du transfert des juifs [Doc. NO-1257, déjà cité.].

L’auteur parlait donc d’un « transfert », pas d’une extermination. De façon évidente, les autorités allemandes dépouillaient les juifs avant de les expulser à l’Est. Ce n’est certes pas moral ; cependant, dépouiller n’est pas exterminer.

Le document PS-4045 doit être rejeté

Un document à priori accablant


Mais j’entends déjà la réponse qui me sera faite : vous oubliez, me dira-t-on, que les nazis utilisaient un langage codé afin de ne pas éveiller l’attention. La meilleure preuve est que dans une déclaration sous serment datée du 15 juillet 1946, O. Pohl a finalement avoué que toutes ces marchandises provenaient « des juifs morts » (der toten Juden), et plus précisément : « des juifs qui avaient été tués dans les camps d’extermination » (Juden, die in den Vernichtungslagern getoetet worden waren)[27]. N’est-ce pas clair ?

Cette objection pourra certes impressionner le néophyte. Mais elle n’impressionnera pas celui qui connaît les circonstances dans lesquelles la déclaration d’O. Pohl a été rédigée puis produite. Bien au contraire, elle révèle les procédés honteux qu’utilisèrent les vainqueurs à partir de 1945. Aussi vais-je m’y attarder un peu, car c’est très important.

L’histoire du document PS-4045


Tout a commencé au procès de Nuremberg. L’Accusation voulait démontrer qu’en tant qu’ancien président de la Reichsbank, Walter Funk aurait su que les juifs étaient exterminés et aurait lui-même été mêlé à cette extermination en recyclant les marchandises volées aux victimes (non seulement l’or, des dents en or, l’argent et les bijoux, mais aussi les effets personnels et les textiles). Mais le prévenu avait facilement repoussé les accusations portées contre lui. Bien qu’il ait admis sans difficulté que la Reichsbank avait reçu de l’or remis par les internés des camps (ce qui était normal puisque tout le monde en Allemagne avait dû donner son or[28]), il contesta catégoriquement :

a) avoir été informé d’autres (prétendus) dépôts concernant des bijoux, des montres, des étuis à cigarettes, voire des dents en or ;

b) avoir appris que ces objets auraient appartenu à des juifs exterminés. Voici ce que l’on put entendre le 7 mai 1946 dans la salle d’audience :

M. DODD [avocat général américain]. — Prétendez-vous avoir ignoré que la Reichsbank […] se soit occupée de ces questions ? Quelle est votre réponse ? Que […] vous n’en aviez pas du tout connaissance ?

ACCUSÉ FUNK. — Je ne me suis jamais occupé de ces questions.

M. DODD. — Enfin, vous étiez au courant ?

ACCUSÉ FUNK. — Non.

M. DOOD. — Vous n’en avez jamais entendu parler ?

ACCUSÉ FUNK. — Je n’ai pas su que la Reichsbank recevait des bijoux, des montres, des étuis à cigarettes et autres choses en provenance des camps de concentration. C’est nouveau pour moi.

M. DODD. — Saviez-vous au moins que des objets, quels qu’ils fussent, étaient transmis à la Reichsbank en provenance des camps de concentration ?

ACCUSÉ FUNK. — Oui, l’or naturellement. Je l’ai déjà dit.

M. DODD. — Des dents en or ?

ACCUSÉ FUNK. — J’ai déjà dit non.

M. DODD. — Quel or venant des camps de concentration ?

ACCUSÉ FUNK. — L’or dont Puhl m’avait parlé. J’ai supposé alors qu’il s’agissait de pièces d’or, de tout ce qui, de toutes façons, devait être remis à la Reichsbank et, qu’aux termes des dispositions légales, elle pouvait utiliser. Je ne sais rien d’autre.

M. DODD. — Qu’est-ce que Himmler vous a dit et que lui avez-vous répondu lors de votre entretien avec lui au sujet de cet or ayant appartenu aux victimes des camps de concentration […] ?

ACCUSÉ FUNK. — […] Je n’ai, ma foi, attaché à la question aucune importance. J’ai demandé, en passant, à Himmler : « Il y a un dépôt d’or à la Reichsbank en provenance de chez vous, des SS. Ces Messieurs du directoire de la Reichsbank m’ont demandé s’ils pouvaient l’utiliser. » Là-dessus, il a répondu : « Oui. » Je n’ai pas échangé un seul mot avec lui au sujet de bijoux et objets de ce genre, ni surtout au sujet de dents en or. La conversation a été, sur ce point, tout à fait brève [TMI, XIII, 188-9].

L’Accusation tente en vain de lui opposer les déclarations d’O. Pohl


Faute de documents probants qui auraient permis de confondre l’accusé (et pour cause !), Thomas Dodd n’insista pas. Soucieux, toutefois, de contre-attaquer, il évoqua O. Pohl qui était alors aux mains des Britanniques. Mais sans plus de succès. W. Funk reconnut l’avoir vu rapidement une fois :

Oui, je l’ai vu alors qu’il était en train de déjeuner avec M. Puhl et avec d’autres personnes du directoire. J’ai traversé la salle où ils se trouvaient et je l’ai vu. Mais M. Pohl ne m’a jamais parlé personnellement de ces choses. Les faits que j’apprends maintenant sont tout à fait nouveaux pour moi [Ibid., p. 189].

L’Accusation produit in extremis de nouvelles déclarations d’O. Pohl


Là encore, l’avocat général n’insista pas. Mais trois mois plus tard, alors que les débats touchaient à leur fin, l’Accusation produisit soudainement une déclaration sous serment d’O. Pohl. Une déclaration terrible dans laquelle l’ancien chef du WVHA prétendait que, sur ordres d’Himmler :

a) il s’était entretenu en privé avec W. Funk au sujet du recyclage « des vieux vêtements des juifs morts ». « Ce fut une conversation amicale », précisait-il ;

b) des négociations avaient eu lieu entre la SS et la Reichsbank, « c’est-à-dire Herr Funk», sur le dépôt « de grandes quantités d’objets de valeur, tels que bijouterie, bagues en or, plombages en or, lunettes, montres en or et autres [qui] se trouvaient alors massés dans les camps d’extermination ». « A la suite de cette conversation, aucun doute ne subsistait que les objets qui devaient être livrés (provenaient] des pensionnaires des camps de concentration, spécialement des juifs qui avaient été tués dans les camps d’extermination ».

O. Pohl affirmait en outre qu’un jour, il avait visité les caves de la Reichsbank en compagnie de W. Funk. A cette occasion, il avait pu voir « plusieurs coffres contenant des objets en provenance des camps de concentration ». Par la suite, un déjeuner avait été servi au cours duquel, étant assis à côté du président de la Reichsbank, il avait pu discuter avec lui : « il fut nettement établi qu’une partie des richesses que nous avions vues provenait des camps de concentration »[29].

L’ancien président de la Reichsbank démasque le faux témoin


Comme par hasard, cette déclaration obtenue en prison le 15 juillet venait « prouver » in extremis toutes les accusations portées vainement contre W. Funk. Ce simple fait était déjà très suspect.

Grâce à son avocat, W. Funk put répondre. Nullement déstabilisé, il expliqua pourquoi cette déclaration était mensongère et calomnieuse Je déclare que c’est un mensonge, une calomnie » ; TMI, XXI, 253). A propos de la prétendue conversation privée sur la livraison de vêtements usagés, il rappela des évidences, à savoir que ces questions de fripes n’intéressaient ni la Reichsbank, ni le ministère de l’Économie (qui avaient bien d’autres chats à fouetter, surtout pendant la guerre), mais le « Commissaire du Reich pour la mise en valeur du vieux matériel ». Avec bon sens, il ajouta : « Ces livraisons de vieux matériels jouèrent alors, en rapport avec toute la production, un rôle si minime qu’on ne m’en a même pas tenu au courant»[30]. S’appuyant sur le fait que, d’après la thèse officielle naissante (en laquelle il semblait croire), la prétendue extermination des juifs aurait été perpétré dans le plus grand secret et que seul un tout petit groupe de conjurés l’auraient su (Hitler, Himmler, Höss et quelques autres…), il déclara :

[…] l’affirmation de Pohl, à savoir qu’à ce propos il m’aurait dit quelque chose au sujet des juifs morts […], est mensongère. Le fait que Pohl m’eût livré, à moi qu’il voyait pour la première fois, un secret qui devait être jalousement gardé jusqu’à la fin, est déjà incroyable[31].

Interrogé peu après sur le repas durant lequel O. Pohl aurait révélé que les « objets qui devaient être livrés [provenaient] des pensionnaires des camps de concentration, spécialement des juifs qui avaient été tués dans les camps d’extermination », W. Funk reprit cette argumentation :

[…] il est complètement impossible que Pohl, en présence de toutes ces personnes — il y avait quatre ou cinq directeurs de la Reichsbank — ait déclaré devant le personnel de service que ces choses venaient des camps de concentration et provenaient des juifs tués [Ibid., p. 254].

C’était imparable, car les vainqueurs ne pouvaient pas d’un côté s’appuyer sur les « aveux » de R. Höss d’après lesquels toute divulgation du « secret » concernant l’extermination des juifs était punie de mort[32], et de l’autre invoquer les « aveux » d’O. Pohl selon lesquels cette question pouvait librement être abordée dans un repas d’affaires avec du personnel de service. Notons d’ailleurs que, de façon très révélatrice, l’Accusation ne demanda pas la comparution d’O. Pohl pour qu’il soit confronté à W. Funk et qu’il justifie ses dires. Elle savait parfaitement à quoi s’en tenir.

La mauvaise foi de l’Accusation


Pourtant, elle ne souhaitait pas abandonner cette déclaration sous serment acquise in extremis. T. Dodd eut alors recours à une manœuvre ingénieuse. Sachant que la Défense avait expliqué pourquoi les « aveux » de l’ancien chef du WVHA étaient mensongers, il demanda plus à l’accusé en lui lançant :

Vous avez vu naturellement cet affidavit [de Pohl] qui donne beaucoup de détails sur le jour où il vous a vu, l’endroit où il vous a vu, le nombre de gens même qui se trouvaient à votre déjeuner dans la salle à manger… Y a-t-il une raison pour laquelle Pohl aurait inventé de telles dépositions contre vous ? Est-ce que cela pourrait aider le Tribunal ou vous aider vous-même ? Pourquoi aurait-il menti de cette façon terrible à votre sujet ? Pouvez-vous donner une suggestion, un motif, une raison ? [Ibid., p. 259]

La Défense ne devait donc pas seulement expliquer pourquoi un témoignage à charge devait être rejeté, elle devait en plus donner les raisons qui auraient poussé le témoin à mentir ! Ubuesque. W. Funk ne put que répondre :

A mon avis, c’est un motif purement psychologique, parce qu’un homme qui se trouve dans une situation aussi terrible que Pohl, qui est accusé du meurtre de millions de gens, d’une façon générale a l’habitude de charger d’autres personnes. C’est une habitude que l’on connaît [Ibid., p. 260].

O. Pohl révèle qu’il avait été torturé par ses geôliers


Mais la vraie explication était ailleurs, et il fallut attendre deux ans pour la connaître. O. Pohl fut jugé et condamné à mort en 1948.

Mais il ne fut pas exécuté tout de suite. Si bien qu’après sa condamnation, il eut le temps de rédiger une déclaration sur ses conditions de détention. Il expliqua qu’à la prison de Nenndorf en 1946, il avait été roué de coups de pieds et battu à plusieurs reprises par le personnel britannique, à tel point qu’il en avait perdu deux dents[33]. Grâce à ces tortures, les vainqueurs avaient-ils obtenu de lui ce qu’ils voulaient, et notamment sa déposition terriblement accusatrice du 15 juillet 1946, présentée in extremis à Nuremberg pour charger W. Funk.

Conclusion : il faut rejeter le document PS-4045 et ne prendre en compte que le rapport du 6 février 1943


Par conséquent, loin de « prouver » que les Allemands auraient recyclé des objets volés à des Juifs massacrés, le document PS-4045 démontre au contraire la malhonnêteté des vainqueurs : ceux-ci formulaient des accusations mensongères, et lorsque les prévenus parvenaient à détruire leurs fondements, vite, ils extorquaient des « aveux » d’un prisonnier pour les « prouver »...

Dans cette affaire, je le répète, le document qu’il faut retenir est le rapport du 6 février 1943, rédigé par O. Pohl et destiné à Himmler. L’auteur parlait du « transfert des juifs », pas de leur extermination. Sachant qu’il s’adressait à Himmler, on ne voit pas pourquoi il aurait utilisé un prétendu langage codé… Notons de plus que cette expression confirme tous les autres documents et tous les autres faits qui attestent la réalité de la déportation des juifs à l’Est. Quant aux « aveux » du 15 juillet 1946, ils ont été obtenus sous la torture afin de charger W. Funk, donc ils sont sans valeur.

La malhonnêteté de R. Hilberg


En passant, je souligne qu’aujourd’hui encore, ces « aveux » sont pris comme argent comptant. Dans son livre monumental, R. Hilberg écrit :

En contrepartie de la contribution apportée par le WVHA au programme de récupération sous la forme de vieux chiffons et de vêtements, Pohl réclamait naturellement quelques avantages. C’est ainsi qu’il eut un « entretien amical(freundliches Gespräch) » avec le ministre de l’Économie Funk, au cours duquel il demanda que les textiles soient transformés en priorité en uniformes SS, « compte tenu de la livraison des vieux vêtements des juifs morts » (31)[34].

La note 31 est la suivante : « Déposition en cours d’instruction de Pohl du 15 juillet 1946, PS-4045 ». R. Hilberg ignore donc non seulement tout ce que W. Funk a pu dire à Nuremberg, mais aussi la déclaration dans laquelle O. Pohl affirmait avoir été maltraité. Il présente comme un fait établi un « entretien amical » qui n’a certainement jamais eu lieu. C’est ainsi que 60 ans plus tard, on continue à faire croire aux élèves que les vêtements et autres objets qu’ils contemplent à Auschwitz sont ceux des juifs massacrés dans le cadre de la « Solution finale ». Qui sont les véritables falsificateurs de l’Histoire ?

Les tonnes de cheveux et les centaines de prothèses trouvées à Auschwitz ne sont pas la preuve d’un meurtre de masse


Mais l’exterminationniste n’a pas encore épuisé ses arguments : admettons, dira-t-il, que les effets personnels et les vêtements saisis ne prouvent pas que leurs propriétaires aient été tués. Que faites-vous cependant des tonnes de cheveux et, surtout, des dentiers et des prothèses retrouvés à Auschwitz ?

Les Allemands récupéraient les cheveux des déportés tondus à leur arrivée


Ma réponse se fera en deux temps. En ce qui concerne les cheveux, tout d’abord, on sait que dans tous les camps, les détenus étaient entièrement rasés et désinfectés avant d’être immatriculés et affectés dans les commandos.

Voici quelques témoignages sur le sujet :

- Témoignage d’André Rogerie, déporté à Buchenwald ;

[…] je passe dans la salle contiguë ; une dizaine d’hommes sont là, armés de tondeuses électriques, et les poils tombent sur le ciment, les cheveux, le collier de barbe que j’avais laissé pousser à Compiègne, et tout le système pileux de mon individu[35].

- Témoignage de Georges Briquet, déporté à Dachau :

A la queue leu leu, dans la salle de douches, nous passons au coiffeur. C’est la tonte à ras, la tête d’abord, la figure ensuite, plus de moustache, plus de barbe, monsieur le curé ! Puis tous les poils superflus tombent sous la tondeuse, sous les bras, sur la poitrine, sur le bas-ventre, plus bas encore, entre les fesses…, on n’oublie rien ![36]

- Témoignage de Guy Kohen, déporté à Drancy puis à Auschwitz :

Ayant eu la tête rasée à Drancy, un travail était déjà épargné aux coiffeurs du camp[37].

- Témoignage de Pelagia Lewinska, déporté à Auschwitz :

[…] toutes nues, nous nous assîmes devant une des détenues chargée de nous tondre. Des centaines, des milliers de femmes passent sous ses ciseaux. Elle est éreintée, sa main faiblit[38].

- Témoignage de d’une autrichienne :

[…] j’ai été — moi et les 25 000 détenues politiques de mon « carré » d’Auschwitz — j’ai été rasée et tatouée[39].

- Témoignage de Paulette Apfelbaum :

[…] le crane rasé à double zéro, les pieds nus dans les sabots[40].

Tous ces anciens déportés que je viens de citer (et bien d’autres encore) sont revenus de déportation. Pourtant, leurs cheveux avaient été coupés et — n’en doutons pas — récupérés[41].

Quant aux déportés qui ne faisaient que transiter par Auschwitz (avant de repartir soit plus loin vers l’Est, soit dans d’autres camps de concentration), ils étaient également désinfectés, ce qui comprenait nécessairement le rasage et la récupération.

La présence de tous ces cheveux à Auschwitz (sept tonnes d’après les Soviétiques[42]) n’est donc nullement la preuve d’un assassinat de masse ; c’est uniquement la preuve que, pendant la guerre, les Allemands récupéraient tout ce qui pouvait l’être. Comme les habits, des stocks sont finalement restés en souffrance lorsque le système de communication allemand s’effondra définitivement (ou lorsque les usines qui les traitaient furent définitivement détruites).

Sur les prothèses


J’en termine avec les prothèses en général (qu’elles soient dentaires ou non). J’admets sans problème qu’elles ont été prélevées sur des morts. Mais « mort » ne veut pas dire « assassiné ». Les grandes déportations organisées à partir de 1942 ont touché — c’était fatal — des malades, des vieillards, des invalides et des éclopés. A ce sujet, le cas de Theresienstadt est intéressant. Le 20 janvier 1942 à Wannsee, Richard Heydrich déclara :

Pour les juifs âgés de plus de 65 ans, on se propose, non pas de les évacuer vers l’est, mais de les transférer dans un ghetto de vieillards — il est prévu que ce sera Theresienstadt[43].

Ce projet se réalisa, si bien qu’au cours de l’été 1942, ce ghetto se trouva peuplé à 57 % de juifs de plus de 65 ans[44]. Rapidement, toutefois, Theresienstadt fut surpeuplé, si bien qu’à l’automne 1942, près de 20 000 personnes âgées furent, malgré les projets initiaux, déportées vers les confins de la Pologne (Treblinka notamment)[45]. Puis durant l’hiver, une épidémie de typhus exanthématique toucha le ghetto, ne fut jugulée qu’en mars 1943 (Ibid., p. 23). C’est durant cette période que partirent les premiers convois pour Auschwitz. Cinq furent organisés entre le 20 janvier et le 1er février 1943, qui emmenèrent 7 001 personnes (Ibid., p. 242).

Après une pause de sept mois, les départs reprirent et intervinrent régulièrement pendant un an. De septembre 1943 à septembre 1944, ainsi, dix convois partirent pour Auschwitz, évacuant 21 569 personnes (Id.). En octobre 1944, enfin, neuf départs eurent lieu, concernant 14 403 déportés (Id.). Si l’on prend en compte le convoi du 26 octobre 1942, on arrive à un total de 44 839 personnes — dont une grande majorité de vieillards — qui furent finalement dirigées sur Auschwitz.

A ceux-là, il faut ajouter tous les autres, venus directement de Pologne, de France, de Belgique, des Pays-Bas, de la Roumanie etc. Sans compter les centaines de milliers de juifs hongrois déportés en 1944. Parmi ces pauvres gens figuraient nécessairement des vieillards, des invalides et des éclopés. Les clichés reproduits ci-contre et qui ont été pris par les Allemands à Auschwitz pendant mai-juin 1944 sont d’ailleurs très révélateurs.

Un homme qui a assisté aux premières évacuations du ghetto de Varsovie se souvient :

[…] tous les habitants du bâtiment devaient se regrouper dans la cour puis s’entasser au plus vite dans des chariots tirés par des chevaux, sans distinction de sexe ni d’âge, des nourrissons jusqu’aux vieillards […].
J’aperçus [sur la place du rassemblement] des vieillards étendus dans un coin, des hommes et des femmes qui avaient sans doute été raflés dans un hospice. D’une maigreur affreuse, ils paraissaient à bout de force, consumés par la chaleur et les privations[46].

Il est certain que même avant l’effondrement du Reich, beaucoup d’entre eux — moins résistants que les autres — ont dû mourir, soit pendant les terribles voyages, soit pendant les quarantaines, soit dans les camps, lorsqu’ils étaient en attente de transport (mort naturelle, maladie, accident, épuisement, suicide…).

Les Allemands se sont donc retrouvés avec des cadavres dont un certain nombre portaient des prothèses. Celles-ci ont été récupérées. Pourquoi ? Deux raisons me paraissent devoir être invoquées, qui se complètent :

a) la recherche effrénée de tout ce qui pouvait constituer de la matière première (bois et métaux — parfois précieux — des prothèses notamment) ;

b) les économies de combustible : sachant que les cadavres à Auschwitz était brûlés dans des fours et que, pendant la guerre, le combustible manquait, certaines prothèses en bois (jambes ou bras notamment) devaient être retirées afin d’alléger sensiblement les charges.

C’est sordide, j’en conviens, mais c’est sans rapport avec une extermination de masse.

Naturellement, certains pourront rejeter ces explications. Mais j’en reviens à ce que j’ai écrit au début de cette partie : à supposer que les Allemands aient massacré tous ces gens, pourquoi auraient-ils gardé (puis abandonné) toutes ces prothèses qui devaient plus tard constituer autant de preuves ? A-t-on déjà vu un assassin tenter d’effacer certaines traces de son crime et, en même temps, conserver soigneusement ce qui permettra de le condamner ? C’est absurde.


Voilà pourquoi je n’hésite pas à le dire : ces tonnes d’affaires retrouvées en 1945 par les Soviétiques (cheveux, vêtements, effets personnels, prothèses…) ne prouvent pas qu’Auschwitz aurait été un centre d’extermination... Elles prouvent uniquement que dans une guerre totale, certaines barrières morales s’effondrent.



[1] Voy. Nice-Matin, 20 décembre 2003, p. 2.

[2] Voy. Tribune Juive, 14 mars 2003, p. 19.

[3] Voy. le Journal du Dimanche, 7 décembre 2003.

[4] Voy. Plume, le journal de l’APEL, n° 24-26, édition spéciale consacrée à Auschwitz.

[5] http://pedagogie.ac-aix-marseille.fr/etablis/lycees/A_Briand/pologne/temoignage.htm.

[6] Voy. le Journal du Dimanche, art. cit.

[7] Voy. Nice-Matin, 14 février 2004, art. cit.

[8] Dans un compte rendu de voyage rédigé par des élèves du lycée Edgar-Quinet (Paris), sous une photographie des ruines d’un crématoire, on lit : « On est dans une sorte de cimetière sans tombes, sans cadavres. On y a brûlé des hommes 24 h sur 24, pour se débarrasser des cadavres. Les nazis veulent faire disparaître les traces de ce qu'ils ont fait » .

[9] Lorsqu’ils évacuèrent le camp, les Allemands brûlèrent les bâtiments où avaient été entreposés les ballots de cheveux, les habits, les chaussures etc. Mais six d’entre eux échappèrent à la destruction. Si, vraiment, ces derniers avaient renfermé les preuves d’un monstrueux crime à cacher, les autorités du camp auraient veillé de près à leur disparition. (Sur la destruction des bâtiments, voy. le document URSS-008 in TMI, XXXIX, pp. 260-261. Voy. également Le Choc. 1945. La presse révèle l’enfer des camps nazis [éd. de la FNDIRP, 1985], p. 70 ; J. Garlinski, Volontaire pour Auschwitz [éd. Elsevier Sequoia, 1976], p. 88).

[10] Voy. Raul Hilberg, La destruction des juifs d’Europe (éd. Fayard, 1988), p. 410. Les quantités autorisées varient parfois. Dans ses mémoires, Wladyslaw Szpilman parle de « vingt kilos de bagage par tête, des provision de bouche pour deux jours… et [les] bijoux » (voy. W. Szpilman, Le Pianiste [éd. Robert Laffont, 2001], p. 105). Benedikt Kautsky raconte : « les Juifs étaient incités à prendre avec eux non seulement des montagnes entières de vêtements, mais aussi des instruments médicaux, des pharmacies, des outils spéciaux » [Cité par Léon Poliakov dans Auschwitz (éd. Julliard, 1964), pp. 54-5. D’après Jozef Garlinski : « Les médecins devaient emporter leurs instruments, les dentistes leurs fauteuils, les musiciens leurs violons » (Voy. J. Garlinski, op. cit., p. 87).

[11] Voy. A. Rogerie, Vivre, c’est vaincre (Hérault-Éditions, 1990), p. 76.

[12] Voy. Guy Kohen, Retour d’Auschwitz (auto-édité, 1946), pp. 57-8.

[13] Voy. J. Garlinski, op. cit., p. 87.

[14] Voy. Auschwitz vu par les SS (éd. Interpress, Varsovie, 1981), p. 82.

[15] Voy. le témoignage de Kitty Hart cité par L. Poliakov dans Auschwitz (éd. René Jullair, 1964), pp. 53-54.

[16] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 825.

[17] Voy. Auschwitz vu…, op. cit., p. 94. J. Garlinski précise que les « montres étaient envoyées aux unités SS de première ligne» (Voy. J. Garlinski, op. cit., p. 88.). En mai 1943, Hans Frank annonça qu’il avait offert 1 500 montres à trois divisions de la Waffen SS (Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 828). Plus tard, il fut question d’offrir pour Noël des montres aux Waffen SS blessés et de récompenser les soldats qui avaient fait preuve « d’une bravoure exceptionnelle » en leur allouant des « montres de prix » (Id.). 15 000 montres de femmes furent en outre mises à la disposition des civils (Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 828.).

[18] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 828.

[19] Voy. L. Poliakov, op. cit., p. 54.

[20] Voy. J. Garlinsli, op. cit., p. 88.

[21] Voy. Auschwitz vu…, op. cit., p. 93.

[22] Voy. Ladislas Bednarz, Le camps d’extermination de Chelmno sur le Ner (éd. de l’Amitié Franco-Polonaise, 1955), p. 39.

[23] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 826.

[24] Voy. Auschwitz vu…, op. cit., p. 93.

[25] Voy. le document PS-1166 reproduit in TMI, XXVII, 46-9. J’écarte le document PS-4045, une déposition d’Oswald Pohl en date du 15 juillet 1946 sur laquelle je reviendrai plus loin.

[26] Voy. le document NO-1257. Reproduit notamment dans L. Poliakov, op. cit., p. 56, avec une erreur de date (1944 pour 1943).

[27] Voy. le document PS-4045, reproduit dans TMI, XXXIV, 110-113.

[28] « Personnellement, j’ai toujours admis qu’il s’agissait d’un dépôt d’or, que ce dépôt se composait de pièces d’or ou d’autres devises, de petites barres d’or ou d’autres choses semblables, livrées par les internés des camps de concentration, comme d’ailleurs quiconque en Allemagne devait le faire, et remises à la Reichsbank pour qu’elle en tirât partie » (Déposition de W. Funk à Nuremberg ; TMI, XIII, 177).

[29] Voy. doc. PS-4045, déjà cité. Voy. également TMI, XX, 339-340, audience du 5 août 1946.

[30] TMI, XXI, 252. Soucieux, probablement, de contrer cet argument, T. Dodd prétendit que les textiles récupérés avaient représenté « [un] million de wagons » (Ibid., p. 258). C’est grotesque : dans l’annexe joint au rapport du 6 février 1944 (doc. NO-1257), il était question de 781 wagons. S’appuyant sur un autre document (le PS 4024), R. Hilberg déclare toutefois que ce n’était « qu’un début » et parle de 3 900 wagons supplémentaires (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 827, n. 29). Mais même avec cela, on est encore loin du million…

[31] TMI., XXI, pp. 252-3.

[32] « Dr KAUFMANN [avocat d’Ernst Kaltenbrunner]. — Himmler vous a-t-il dit que tout cela devait être considéré comme “affaire secrète d’État” ?
TÉMOIN HÖSS. — Oui, il a insisté particulièrement sur ce point et m’a recommandé de ne pas en parler à mon supérieur direct, le Gruppenführer Glücks […]. Je devais observer à ce sujet le plus grand silence vis-à-vis de tout le monde […].
Dr KAUFMANN. — L’expression “affaire secrète d’État” signifiait-elle que celui qui y faisait la moindre allusion risquait sa vie ?
TÉMOIN HÖSS. — Oui […]» (TMI, XI, 410).

[33] Voy. Dis Six Million Really Die ? Report of the Evidence in the Canadian « False News » Trial of Ernst Zündel – 1988 (Samisdat Pulishers Ltd, Toronto, 1992), p. 252, col. A.

[34] Voy. R. Hilberg, op. cit., pp. 827-828.

[35] voy. A. Rogerie, Vivre c’est vaincre (Hérault-Éditions, 1990), p. 36.

[36] Voy. G. Briquet, Rescapé de l’enfer nazi (éd. France au Combat, sd [1945]), pp. 125-16.

[37] Voy. Guy Kohen, op. cit., p. 60.

[38] Voy. P. Lewinska, Vingt mois à Auschwitz (éd. Nagel, 1945), p. 48.

[39] Voy. Les Lettres Françaises, 27 avril 1945, article intitulé : « Comme du bétail… ».

[40] Voy. L’Humanité, 5 avril 1945, article intitulé : « Paulette, rescapée du “camp de la mort” accuse… ».

[41] On sait que les Allemands récupéraient les cheveux pour divers usages. A Nuremberg, un ancien déporté à Treblinka, Samuel Rajzman, déclara qu’ils servaient « à la fabrication de matelas » (TMI, VIII, 326). Dans ses « confessions » (où tout n’est assurément pas faux), Kurt Gerstein affirme qu’ils servaient au calfatage dans les sous-marins (voy. H. Roques, Quand Alain Decaux raconte l’histoire du SS Kurt Gerstein [éd. V. Reynouard, 1998], annexe II, pp. 68-71). Citons également R. Höss qui écrit : « Les cheveux coupés aux femmes étaient expédiés à une fabrique en Bavière qui les utilisait pour les besoins de l’armement » (voy. Auschwitz vu…, op. cit., p. 94). Dans une note page 82, les auteurs qui commentent ses mémoires parlent de quatre usines « qui s’occupaient de la transformation des cheveux humains » : l’entreprise Held à Friedland, l’entreprise Alex Zink près de Nuremberg, les teintureries de la société anonyme Forst à Lausitz et une usine de feutre à Katscher.

[42] Voy. le document URSS-008 in TMI, XXXIX, p. 260.

[43] Voy. le « protocole de Wannsee » (doc. NG-2586), p. 8, § 5. Ce protocole a été reproduit en fac-similé dans De Wannsee-Konferentie en de « Endlösung » (éd. VHO, 1992). Une traduction française intégrale peut être consultée dans l’ouvrage de Wilhelm Stäglich, Le Mythe d’Auschwitz (éd. La Vieille Taupe, 1986), pp. 43-52.

[44] Voy. Sabine Zeitoun et Dominique Foucher, Le masque de la barbarie. Le ghetto de Theresienstadt 1941-1945 (éd. du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, Lyon, 1998), p. 15.

[45] « les risques que représente la surpopulation du ghetto a pour conséquence, à l’automne 1942, la déportation vers l’Est de 17 870 personnes âgées (28 survivants) » (Ibid., p. 16. Voy. aussi p. 242, la liste des convois.

[46] Voy. W. Szpilman, op. cit., pp. 106 et 119.
 
Old January 3rd, 2013 #26
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Vincent Reynouard :

"6.000.000" : une estimation sans fondement


« 6 000 000 ou quelques centaine de milliers, qu’est-ce que ça change ? »


Lorsqu’on révise à la baisse le nombre des morts dans les camps, on s’entend souvent répondre : « 6 millions ou moins, qu’est-ce que ça change ? Le fait reste le même : des juifs ont été exterminés. »

Cette étude répond à cette question. Elle prend pour point de départ la façon dont les nouveaux manuels scolaires pour classe de troisième (éd. 2003) étudient l’histoire de l’ « Holocauste ».


La valse des estimations


Des écarts allant jusqu’à 300 %

Le « génocide » des Tziganes

Concernant le « génocide » des Tziganes, les manuels édités chez Nathan et chez Hatier parlent respectivement de 220 000 et 200 000 victimes (Nathan, 90 ; Hatier, 103). Cette différence de 10 % n’est pas choquante, car on admet bien volontiers que le nombre de victimes d’un massacre ne puisse être connu exactement. Mais ouvrons maintenant le Magnard ; page 85 le document 4 est intitulé : « Près de 500 000 tziganes exterminés ». Cette fois, la différence est de plus de 200 % !

Les victimes du camp d’Auschwitz

Même constat à propos des victimes du camp d’Auschwitz. L’élève qui consultera le Hachette apprendra qu’un million de personnes sont (prétendument) mortes dans ce camp (Hachette, 111, doc. 5). Mais celui qui ouvrira le Breal lira les « aveux » de R. Höss selon lesquels, de 1941 à 1943, plus de trois millions de déportés ont perdu la vie dans ce lieu[1]. Cette fois, l’écart se monte à plus de 300 % !

En 1945, les vainqueurs se moquaient de l’exactitude des estimations

De telles divergences, qui outrepassent de très loin les incertitudes des statistiques, suffisent pour contester la fiabilité des estimations données. Cette absence de crédibilité ne saurait surprendre. A partir de 1945, en effet, le seul souci des vainqueurs était de noircir le plus possible le vaincu. Aussi ont-ils avancé et accepté avec la plus grande légèreté les chiffres délirants.

4 millions de morts à Auschwitz selon les Soviétiques

A Nuremberg, par exemple, l’accusation soviétique estima le nombre de victimes d’Auschwitz à « plus de 4 millions »[2] (les trois millions de R. Höss plus un million pour 1944). Elle se fondait sur le rapport d’une Commission d’État extraordinaire qui avait honteusement surestimé les rendements et les durées de fonctionnement des fours crématoires et qui n’avait même pas expertisé l’arme du crime[3].

La déclaration écrite de W. Höttl

L’Accusation présenta aussi comme « preuve » une déclaration de l’ancien chef adjoint de l’AMT VI du RSHA, Wilhelm Höttl, dans laquelle l’auteur disait qu’Adolf Eichmann lui aurait dit que 6 millions de Juifs avaient été assassinés, parmi lesquels 4 millions l’avaient été dans les différents camps de concentration et 2 millions ailleurs[4]. Mais lorsque, par la suite, Hermann Göring souligna que le chiffre de 4 000 000 n’avait pas été prouvé, l’Accusation se garda bien de le contredire ; au contraire, le procureur général adjoint britannique, sir David Maxwell-Fyfe, lâcha :

Admettons que ces chiffres, dont l’un est russe [4 millions de morts à Auschwitz] et l’autre allemand [4 millions de juifs morts dans les camps, 2 millions ailleurs], ne soient exacts qu’à 50 % près. Il n’en reste pas moins qu’il s’agirait du massacre de respectivement 2 000 000 et 1 000 000 de Juifs[5].

A Nuremberg et après, le vainqueur jongla avec les millions…

C’est clair : à Nuremberg, l’Accusation se moquait totalement de l’exactitude des estimations ; elle jonglait avec les millions ; quatre millions, deux millions, un million, quelle importance ? Dans cette ambiance de folie, tout devenait possible. C’est ainsi qu’en 1955, dans son fameux documentaire intitulé Nuit et Brouillard, Alain Resnais parla de... 9 millions de morts à Auschwitz (« 9 millions de morts hantent ce paysage »).

Les révisions successives intervenues depuis 1989 et qui sont cachées aux élèves

1,5 million, 960 000, 630 000, 510 000… les révisions sensibles à partir de 1989

Il fallut attendre plus de 40 ans pour que, enfin, cette folie commence à cesser. En 1989, Jean-Claude Pressac, qui était présenté comme un spécialiste de la technique des chambres à gaz homicides d’Auschwitz, estima que, dans ce camp, le nombre de gazés oscillait entre 1 et 1,5 million[6]. L’année suivante, les autorités du musée d’Auschwitz annoncèrent le prochain remplacement des plaques commémoratives qui reprenaient l’estimation soviétique de 1945 ; elles précisaient que, d’après les dernières recherches, entre 1,1 et 1,5 million de personnes étaient mortes dans ce camp, dont environ 960 000 juifs [7]. En 1993, l’historienne antirévisionniste Deborah Lipstadt parla encore de « 1,5 à 2 millions » de victimes des chambres à gaz à Auschwitz[8].

Mais à partir de cette année-là, les baisses sensibles se succédèrent : en 1993, dans son ouvrage consacré aux crématoires d’Auschwitz, Jean-Claude Pressac parla de 775 000 victimes, dont 630 000 juifs gazés [9] ; un an plus tard, dans la version allemande de son livre, il revit ses chiffres à la baisse, évoquant 630 000 à 710 000 victimes, dont 470 000 à 550 000 gazées[10]. En 2002, enfin, Fritjof Meyer parla de 510 000 victimes.

Révisions que l’on cache aux élèves de troisième

Depuis plus de dix ans, ainsi, les évaluations du nombre de morts à Auschwitz ont sensiblement évolué, passant largement en dessous de la barre de 1 million. Mais ça, les classes de troisième en France n’ont pas le droit de le savoir : elles doivent encore retenir et considérer comme établies des estimations complètement dépassées (de 1 à 3 millions), dont une vieille de près de 60 ans.

Des révisions sensibles qui remettent en cause la thèse officielle

Sur Auschwitz, de nouvelles révisions sont à attendre

Certains pourront rétorquer : « 4 millions ou 500 000, quelle différence ? Le fait reste le même : des juifs ont été exterminés. ». Dans un premier temps, je répondrai : « S’il n’y a aucune différence entre 4 millions, 1 million ou quelques centaines de milliers, alors pourquoi cacher aux élèves les dernières révisions ? Pourquoi ne pas leur donner, pour Auschwitz, les derniers chiffres publiés ? »

La cause probable de silence observé autour des révisions à la baisse

Personnellement, je crois connaître la raison de cette occultation — et c’est là la deuxième partie de ma réponse. Sachant que depuis 1945, les historiens ne cessent de réviser à la baisse et que la dernière révision date de 2002, on peut penser que d’autres suivront. Aujourd’hui ainsi, je n’ai aucune raison de croire que le nombre de victimes à Auschwitz avoisine les 500 000. Je n’ai aucune raison de croire que Fritjof Meyer a davantage raison que les Soviétiques en 1945, qu’Alain Resnais en 1955, que les autorités du Musée d’Auschwitz en 1990, que D. Lipstadt en 1993 et que J.-C. Pressac en 1993-1994. Par conséquent, j’attends les prochaines révisions et rien ne m’interdit de supposer qu’un jour viendra où le nombre de morts reconnu sera trop faible pour pouvoir parler d’un « Holocauste ».

Le cas du « génocide » des Tziganes

200 000 à 500 000 : des estimations très différentes

Je fonde ma conviction sur l’affaire du (prétendu) génocide des Tziganes. Nous avons vu que, sur ce sujet, les manuels scolaires se contredisent gravement : deux parlent d’environ 200 000 victimes et un autre de 500 000. Certains pourront penser à une simple coquille (un « 5 » aurait accidentellement remplacé un « 2 » dans le Magnard). Il n’en est rien. En vérité, les auteurs ont tout simplement consulté des documents différents. Ceux qui parlent de 200 000 à 220 000 exterminés ont consulté l’ouvrage (ou un auteur qui se réfère à l’ouvrage) de Donald Kenrick et Grattan Puxon paru en 1972 et intitulé The Destiny of Europe’s Gypsies[11]. Les deux chercheurs prétendaient avoir découvert que 219 700 Sintés et Roms avaient été tués sous Hitler[12]. Les auteurs du Magnard, quant à eux, se sont référés (directement ou non) à l’estimation donnée par l’Union des Roms et l’Association des Sintés allemands. En 1980, elles ont adressé au gouvernement fédéral un mémorandum dans lequel on lisait : « Au moins un demi-million de Roms et de Sintés allemands a été victime de la politique raciste du IIIe Reich »[13]. Preuve que le « 5 » de « 500 000 » n’est nullement une coquille.

1990 : une inflation délirante, 1 000 000 de victimes !

Naturellement, certains pourront être surpris face à ces énormes variations alors qu’il s’agit d’un événement circonscrit dans le temps et dans l’espace. Ils ne sont cependant pas au bout de leurs surprises. Car en 1990, un activiste de la communauté rom, Jan F. Hancok, a écrit dans une lettre publiée par le New York Times :

Des recherches récentes viennent de montrer que plus d’un million de Tziganes ont été assassinés sous le IIIe Reich et que ces estimations vont encore augmenter au cours des recherches à venir[14].

De 200 000 en 1972, on passait donc à plus d’un million en 1990. Cette inflation démentielle ne saurait être due aux inévitables incertitudes des statistiques. Sa cause réside dans le fait que la thèse de l’extermination des Tziganes sous Hitler est un vulgaire mélange de rumeurs sans fondement et d’estimations fantaisistes.

1997 : la baudruche se dégonfle, on parle de 50 000 morts

Le 13 février 1997, d’ailleurs, Bettina Schulte a rapporté, à propos de conférences sur « l’ Holocauste » qui s’étaient tenues à l’université de Fribourg :

C’est uniquement par une étude patiente et exhaustive des archives qu’on a pu trouver que le nombre des Sintés et des Roms assassinés se situe manifestement bien en dessous des nombres qui ont cours dans les médias : 50 000 au lieu de 500 000 (Michael Zimmermann, Essen/Iéna)[15].

On ne peut plus parler d’ « Holocauste »

Maintenant, même à supposer que cette estimation soit exacte, la revendication de 50 000 victimes dans une guerre qui a causé plusieurs dizaines de millions de morts n’est nullement la preuve d’un « Holocauste ». Rappelons que les bombardement alliés sur la France ont fait officiellement plus de 60 000 morts ; or, personne ne prétend que les Anglo-américains ont voulu exterminer les Français. Je souligne d’ailleurs qu’en 1981, un spécialiste de l’histoire tzigane, M. Streck, a concédé : « Un plan conçu et appliqué pour un génocide des Tziganes n’a pu être reconstitué »[16]. A ma connaissance, rien n’a changé aujourd’hui. Or, si ce plan n’a pas pu être reconstitué malgré les centaines de tonnes d’archives allemandes tombées aux mains des Alliés en 1945, c’est qu’il n’a très vraisemblablement jamais existé.

Certains pourront répondre qu’après la guerre, le premier commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, a « avoué » qu’Himmler avait décidé l’extermination des Tziganes. C’est ce que certains manuels scolaires tendent à faire croire, mais c’est faux.

Hier les Tziganes, demains les juifs ?

Le cas des Tziganes est donc capital, car il démontre l’inanité de l’argument selon lequel, lorsqu’il s’agit des « crimes nazis », le total des morts ne change rien. Le cas des Tziganes prouve au contraire qu’une forte révision à la baisse du nombre des victimes peut entraîner une totale remise en cause de la version des faits. Avec plusieurs centaines de milliers (voir un million) de victimes, la thèse de l’ « Holocauste » des Tziganes s’imposait ; avec quelques dizaines de milliers morts, dans une guerre qui en a provoqué des millions et des millions lors de bombardement, d’épidémies, de famines etc., la thèse de l’ « Holocauste » devient inepte.

Il en est de même pour Auschwitz : avec 4 millions de morts (prétendus), la thèse du « camp d’extermination » s’imposait ; avec moins d’un million c’est déjà plus problématique ; avec 100 000 environ, la thèse du « camp d’extermination » apparaîtra comme inepte. Dès lors, on comprend pourquoi les rédacteurs de manuels scolaires (et les concepteurs d’émissions destinées au grand public) continuent d’évoquer les « millions de victimes juives » et cachent les révisions à la baisse concédées depuis dix ans. Ils veulent impérativement empêcher l’émergence de doutes chez certains.



[1] « Je dirigeai Auschwitz jusqu’au 1er décembre 1943 et estime qu’au moins deux millions cinq cent mille victimes furent exécutées et exterminées par le gaz, puis incinérées ; un demi-million au moins moururent de faim ou de maladie, soit un chiffre minimum de trois millions de morts » (Breal, 85, doc. 5).

[2] Voy. TMI, XXXIX, doc. URSS-008, pp. 260-261.

[3] Sur le rendement des fours d’après le rapport soviétique, voy. TMI, XXXIX, p. 261. Voy. également les Izvestia, 8 mai 1945 ; une traduction française de l’article est parue dans la brochure intitulée : Le Choc. 1945. La presse révèle l’enfer des camps nazis (éd. de la FNDIRP, 1985), pp. 63-71. Le rendement des fours crématoires se trouve à la page 71. Pour un rendement réaliste, voy. Le mensonge d’Auschwitz par l’illustration (éd. VHO, s.d.), document 185 bis. Voy. également la synthèse du premier Rapport Leuchter parue dans les Annales d’histoire révisionniste (n° 5, 1988), pp. 100-101.

[4] « COMMANDANT WALSH. — […] Le Ministère Public pourra présenter beaucoup de preuves concernant le nombre de juifs morts aux mains des nazis […]. Je vais vous présenter […] un document, une déclaration qui établit la mort de 4 000 000 de juifs dans les camps de la mort et de 2 000 000 de juifs par la Police d’État de l’Est, formant un total de 6 000 000. Document PS-2738 (USA-296). Les chiffres cités émanent d’une déclaration d’Adolf Eichmann, chef de la section juive de la Gestapo, faite [au] Dr Wilhelm Höttl, chef adjoint du groupe de la section étrangère de la section de sécurité, AMT VI du RSHA. Le Dr Wilhelm Höttl fit la déclaration suivante sous forme d’affidavit et je cite la page 2 : “[D’après ce qu’a dit Eichmann] Environ 4 000 000 de juifs ont été tués dans divers camps de concentration et 2 000 000 ont trouvé la mort autrement, la plus grande partie fusillée par des détachements de Police de sûreté pendant la campagne en Russie” » (TMI, III, 572).

[5] « SIR DAVID MAXWELL-FYFE. — Puis-je vous rappeler le témoignage qui a été donné ici même et selon lequel, rien qu’à Auschwitz, 4 000 000 de personnes ont été exterminées ? Vous en souvenez-vous ?

ACCUSÉ GÖRING. — Oui, on l’a affirmé ici, mais on n’a jamais pu prouver un tel chiffre.

SIR DAVID MAXWELL-FYFE. — Si vous considérez que ce fait n’a pas été prouvé, permettez-moi de vous rappeler la déclaration sous serment de Hötll […]. Il affirme qu’environ 4 000 000 de juifs ont été tués dans les camps de concentration, tandis que deux autres millions de juifs moururent d’une autre façon. Admettons que ces chiffres, dont l’un est russe et l’autre allemand, ne soient exacts qu’à 50 % près. Il n’en reste pas moins qu’il s’agirait du massacre de respectivement 2 000 000 et 1 000 000 de Juifs » (TMI, IX, 647).

[6] Voy. J.-C. Pressac, Auschwitz, Technique and Operation of the Gas Chambers (Beate Klarsfeld Foundation, 1989), p. 553.

[7] Voy. Le Monde, 19 juillet 1990, p. 17.

[8] « La recherche indique maintenant que le nombre de gens morts dans les chambres à gaz d’Auschwitz/Birkenau est compris entre 1,5 et 2 millions, parmi lesquels 85 à 90 % étaient des juifs » (voy. D. Lipstadt, Denying the Holocaust. The Growing Assault on Truth and Memory (Penguin Books, 1994), p. 188, note.

[9] Voy. Jean-Claude Pressac, Les Crématoires d’Auschwitz. La Machinerie du meurtre de masse (éd. du CNRS, 1993), p. 148.

[10] Voy. Die Krematorien von Auschwitz, Die Technik den Massenmordes, p. 202.

[11] Le destin des Tziganes d’Europe (Sussex University Press, 1972).

[12] Ibid., pp. 183 et suivantes. Signalons que, dans son livre paru en 1979 (éd. France-Empire) et intitulé L’Holocauste oublié, Christian Bernadac parle de 229 950 tués.

[13] Voy. D. Kenrick, G. Puxon, Timan Zülch, Die Zigeuner – verkannt – verachtet – verfolgt (Niedersächsische Landeszentrale für politische Bildung, Hanovre, 1980, p. 125.

[14] Voy. New York Times, 20 août 1990.

[15] Voy. Frankfurter Rundschau, 13 février 1997. Cité par Otward Müller, op. cit., p. 115.

[16] Voy. Zeitschrift für Kulturaustauch, 1981, cahier n° 4, p. 418. Cité par Otward Müller dans Études révisionnistes, vol. 2, p. 115, article intitulé : « Le mythe de l’extermination des Tziganes ».
 
Old January 4th, 2013 #27
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La situation dans les camps les derniers mois. Le cas de Bergen-Belsen



Pourquoi, en 1945, les Alliés ont-ils découvert d’horribles spectacles dans les camps : tas de cadavres, déportés squelettiques agonisant etc. ?



Un lien indéniable avec la situation générale du Reich en 1945


A Nuremberg, les principaux témoins allemands qui parlèrent de la déportation associèrent les conditions de la fin avec la situation apocalyptique des derniers mois et en particulier avec l’effondrement du système de communication et les difficultés de ravitaillement.

Le témoignage capital de R. Höss


Citons tout d’abord l’ancien commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, devenu inspecteur des camps et qui, le 15 avril 1946, déclara :

La situation catastrophique de la fin de la guerre eut pour cause les destructions des voies de chemin de fer, les bombardements quotidiens des usines. On ne pouvait plus assurer le ravitaillement régulier de ce grand nombre de détenus — à Auschwitz, il y en eut 140 000 — même lorsque le chef de camp essayait, par des mesures improvisées, d’améliorer les choses, en particulier par la mise sur pied de colonnes de camions de ravitaillement, ou autres mesures semblables. Ce n’était plus possible. Le nombre des malades s’était accru dans des proportions énormes et il n’y avait presque plus de médicaments, ce qui favorisait les épidémies ; les détenus capables de travailler étaient utilisés de plus en plus. Le Reichsführer avait même donné l’ordre d’utiliser là où ils pouvaient travailler les gens malades. De sorte que, dans les camps de concentration, qui étaient encombrés de malades et de mourants, nous n’avions pas assez de locaux [TMI, XI, 416].

Les précisions du juge Morgen


Quatre mois plus tard, le juge SS K. Morgen souligna que, sur la fin :

Beaucoup de camps étaient surpeuplés.
Les prisonniers arrivaient épuisés par une durée très longue, et qui n’avait pas été prévue, des transports, provoquée par les attaques aériennes. Puis, vers la fin de la guerre, il se produisit une désorganisation générale des communications ; les fournitures ne purent plus être faites en quantité nécessaire, les usines de produits chimiques et pharmaceutiques étaient bombardées systématiquement. On manquait de tous les médicaments nécessaires et, par suite des évacuations de l’Est, les camps furent surpeuplés d’une façon intolérable [TMI, XX, 535].

L’exposé de K. von Eberstein


Le 5 août 1946, enfin, K. von Eberstein, qui avait été abasourdi en découvrant les clichés pris par les Alliés à la libération des camps, lança :

Je ne puis personnellement expliquer les horreurs commises dans les camps de concentration et qui furent révélées par la catastrophe de la défaite et de la capitulation que par l’état général des choses au cours des derniers mois de la guerre. Les gens ont perdu la tête, on a déplacé des centaines de milliers de personnes ; des milliers de détenus ont été transférés des régions frontières dans les quelques camps qui restaient utilisables. Dans le Sud de l’Allemagne, à Dachau, il y avait un flot ininterrompu de gens qui arrivaient au cours de l’hiver. Il y avait aussi une épidémie de typhus qui fit de nombreuses victimes […]. De plus, le trafic ferroviaire fut interrompu au cours des dernières semaines ; le ravitaillement était bloqué. Lorsque je m’inquiétai de limiter cette épidémie, le commandant me répondit qu’il n’y avait plus de médicaments, les usines où on les fabriquait ayant été bombardées. Voilà comment je m’explique les images terribles que nous connaissons maintenant tous ici puisqu’on nous les a montrées [Ibid., p. 333].

Une ancienne gardienne de Bergen-Belsen confirme


A ces trois témoignages, on peut ajouter la déclaration sous serment d’une ancienne SS, Elisabeth Volkenrath, qui fut gardienne à Ravensbrück, à Auschwitz puis à Bergen-Belsen. Interrogée après la capitulation du Reich, elle ne parla ni de plan d’extermination, ni de tortures, ni de sadisme mais dit tout simplement :

Les nombreuses morts à Belsen furent causées par le manque de nourriture et le surpeuplement (lack of food and overcrowding). Les prisonniers avaient marché des autres camps jusqu’à Belsen avec peu ou pas de nourriture et ils arrivaient épuisés (arrived in an exhausted condition)[1].

La Croix-Rouge confirme


Dans les manuels d’Histoire officiels, ces témoignages ne sont jamais mentionnés. Et lorsqu’on les cite, on se voit immédiatement répondre : « Comment pouvez-vous croire des nazis ? Ne voyez-vous pas qu’ils tentaient de s’absoudre aux yeux du monde ? »

Pourtant, les faits sont là, têtus, qui donnent raison à ces témoins oubliés.

Prenons le cas du ravitaillement des camps. Les trois premiers témoins déclarent qu’il a été quasiment — voire totalement — interrompu sur la fin à cause de la destruction des voies de communication. Excuse fausse et malhonnête ? Pas du tout ! La meilleure preuve est que la Croix-Rouge internationale a connu le même problème. Dans un télégramme du 11 mai 1945 au secrétaire d’État américain M. Stettinius, le CICR écrivit (nous respectons le style télégraphique) :

[…] prisonniers guerre et internés civils alliés purent recevoir colis secours fournis par pays d’origine grâce efforts incessants CICR qui réussit malgré difficultés de transport résultant guerre maritime et terrestre à acheminer vers camps jusqu’au milieu année 1944 environ trois cent mille tonnes vivres et vêtements et médicament. Cette action fut sérieusement compromise dès octobre 1944 par destructions massives voies de communication ferroviaires Allemagne par suite bombardements et absence moyens transports routiers que CICR avait pourtant demandés instamment aux Puissances alliées dès début 1944[2].

Dans un exposé général sur la question rédigé plus tard, le CICR confirma ces propos et rappela :

Enfin, la destruction des voies de communication en Allemagne, due aux bombardements aériens qui s’intensifiaient, paralysa considérablement l’action de secours dès la fin de l’année 1944.
Ainsi, en février 1945, la situation était telle que le Comité international redoutait de devoir cesser toute activité en faveur des détenus civils dans les camps de concentration. Le réseau ferroviaire allemand était, en effet, en grande partie détruit et les camions mis à la disposition du Comité international […] ne pouvaient alors être affectés qu’à l’action de secours aux prisonniers de guerre [Voy. Documents sur…, p. 22].

C’est clair : la destruction des voies de communication fut à l’origine d’une grave crise du ravitaillement des camps. Le rappeler n’est pas tenter de s’absoudre, c’est décrire la réalité.

Certains déportés confirment également


J’ajoute que certains déportés eux-mêmes ont, volontairement ou non, confirmé ce fait. Citons par exemple Guy Kohen qui, après être revenu d’Auschwitz, écrivit :

En cette fin d’année 1944, le moral au camp était bas. Le front ne bougeait toujours pas. La nourriture ne s’était pas améliorée, bien au contraire. Il n’y avait presque plus de margarine. Le saucisson ne faisait plus qu’une apparition furtive sur notre pain du matin. La qualité de la soupe avait beaucoup baissé. Les bombardements, eux, prenaient de plus en plus d’ampleur[3].

Même si G. Kohen n’effectue aucun lien direct, ce parallèle fait entre la baisse du ravitaillement et l’intensification des bombardements fin 1944 est très révélateur.

Dès 1945, d’ailleurs, cette réalité pouvait être connue grâce à la presse des vainqueurs.

Le cas de Bergen-Belsen

Bergen-Belsen : pilier de la propagande alliée


Cela dit, et afin que personne ne puisse nous accuser de faux-fuyant, venons-en au cas de Bergen-Belsen. Les clichés pris dans ce camp en avril 1945 devinrent l’un des principaux piliers de la propagande alliée.

Aujourd’hui encore, ils sont présentés comme des « preuves » de la « barbarie nazie ».

Dans une brochure belge publiée en mai 1945, celui qui commandait le camp lorsque les troupes britanniques arrivèrent, J. Kramer, fut qualifié d’ « homme au cœur de pierre » et de « plus immonde des bourreaux » :

Le plus immonde des bourreaux, Joseph Kramer, peut inscrire à l’actif de son bilan, 400 VICTIMES PAR JOUR […]. Cet homme au cœur de pierre faisait brûler, tous ensemble, morts et vivants, et conviait les femmes du voisinage à venir danser autour des bûchers en lançant des cris hystériques[4].

La position des historiens officiels est d’autant plus forte qu’en 1945, une SS qui avait appartenu à l’équipe administrative du camp rendit le commandant responsable des conditions qui y régnaient sur la fin. Erta Ehlert, c’est son nom, raconta qu’un jour, alors qu’elle se plaignait de l’augmentation du taux de mortalité, J. Kramer lui aurait répondu : « Laissons les mourir ; qu’est-ce que cela peut vous faire ? »[5]. N’était-ce pas la preuve que cet individu était un « homme au cœur de pierre » ?

Or, nous allons voir que l’histoire de ce camp confirme amplement les dépositions des quatre témoins cités plus haut et que J. Kramer ne fut pas un immonde bourreau insensible à la douleur humaine.

Le cas du matériel de couchage


Dans un premier temps, rappelons que Bergen-Belsen fut établi en 1943 avec pour mission de « loger les prisonniers malades des autres C.C. [camps de concentration] »[6]. Il passa sous le commandement de J. Kramer le 1er décembre 1944, c’est-à-dire au moment où la situation allait gravement se détériorer.

Au procès de Belsen, le major Winwood, qui défendait J. Kramer, évoqua les problèmes de ravitaillement dus aux bombardements et les efforts — parfois vains — faits par son client pour les pallier. Il expliqua tout d’abord qu’en décembre 1944, le camp était déjà surpeuplé : il comptait 15 257 détenus[7] pour seulement 2 000 lits à trois étages[8]. En conséquence, J. Kramer commanda 3 000 lits à trois étages ; mais, bien que sa demande ait été prise en compte, aucune livraison ne fut effectuée, faute de moyens de transports. Le 1er mars 1945, il envoya à la Direction des camps de concentration une lettre sous forme de plainte dans laquelle il écrivait :

Récemment, des lits à trois étages ou des couchettes ont été à maintes reprises alloués au camp par l’Amt. B. III, mais toujours en provenance de régions qui n’ont plus de communication avec nous[9].

A son procès, il confirma ces propos en déclarant :

J’étais supposé recevoir 3 000 lits à trois étages de Tchécoslovaquie, mais ils n’étaient pas arrivés parce qu’aucun train ne roulait plus[10].

Des convois arrivent au camp sans être annoncés


Pour le couchage, donc, la situation n’était déjà pas très brillante. Toutefois, sur le plan de l’hygiène et de la nourriture, tout allait encore relativement bien : « les installations sanitaires étaient suffisantes, il y avait des toilettes dans chaque baraque» (p. 154) ; « la situation pour la nourriture était relativement bonne, car il n’y avait que 15 000 prisonniers » (p. 160).

L’ennui est que J. Kramer avait reçu l’ordre de recevoir dans son camp déjà comble tous les convois qui arriveraient[11]. Or, non seulement des transports arrivèrent en masse (puisque de nombreux camps étaient évacués devant l’avance ennemie) mais en outre, la pagaie des derniers mois fit que la plupart se présentaient subitement, pratiquement sans avoir été annoncés. Rapidement, donc, la situation se dégrada. A son procès, J. Kramer expliqua :

Des plus grands camps de concentration, je recevais un télégramme un ou deux jours à l’avance [pour m’annoncer l’arrivée d’un convoi], mais en ce qui concernait la grande majorité des transports, le seul avis que je recevais était lorsque quelqu’un à la gare de Belsen me téléphonait pour me dire que je devais m’attendre à recevoir un transport dans la demi-heure. C’est seulement une fois à la gare que j’apprenais d’où le transport venait, combien de personnes il comprenait et s’il s’agissait d’hommes ou de femmes. Parfois, le chef du transport à la gare ne pouvait même pas me dire combien de personnes il y avait. Lorsque je soulignais qu’il aurait dû le savoir, il disait : « Eh bien, on fuyait [l’avance ennemie] et soudainement, on a trouvé à la gare 10, 12 ou 15 wagons. On a poussé à l’intérieur le plus de personnes possible, on a démarré et c’est ainsi que nous sommes venus ici ». Je voulais vous donner cet exemple pour que vous connaissiez les conditions qui régnaient durant les mois de janvier, de février et de mars. Les prisonniers arrivaient aussi bien en train qu’à pied [Ibid., pp. 162-3].

Les nouveaux arrivants entrent au camp sans effets personnels


Alors que les conditions de couchage n’étaient déjà pas brillantes, la plupart des nouveaux arrivants entraient dans le camp sans aucun effet personnel. J. Kramer raconte :

Dans la plupart des transports, les gens arrivaient avec les vêtements qu’ils avaient sur eux. Tous ceux qui partaient d’Auschwitz avait un change et deux couvertures, mais en raison des grandes distances qu’ils avaient à marcher, ils s’en débarrassaient en les jetant près de la route. Les 100 ou 200 couvertures dont je disposais étaient absolument insuffisantes pour les milliers de prisonniers que je reçus [Id.].

La crise du ravitaillement


Mais un problème bien plus sérieux survint : le ravitaillement. Toujours à son procès, J. Kramer expliqua :

Plus tard [comprenez : après décembre 1944], quand les nouveaux transports arrivèrent, le ravitaillement en nourriture devint un problème grave. La nourriture venait de Celle et de Hambourg, et je dus en partie fournir moi-même les véhicules. Une firme à Hambourg, avec une petite succursale à Bergen, fournissait une partie de la nourriture ; le pain provenait de […] Bergen, mais quand les effectifs du camp augmentèrent, les autorités me dirent que je pouvais avoir seulement 10 000 miches de pain par semaine. Durant les mois d’hiver, il était à peine possible d’avoir des pommes de terre et des légumes, et bien que j’aie pu obtenir du pain de Celle et de Hanovre, les raids aériens détruisirent une partie des boulangeries, les routes et les voies ferrées. C’est avec le début des raids aériens que, pour la première fois, le pain ne parvint pas au camp. J’entrai en contact avec une boulangerie à Saltau et j’obtins un petit millier de miches par semaine, mais avec l’accroissement du nombre de détenus, les fournitures en pain furent assurément insuffisantes. Alors que l’effectif du camp se situait entre 30 000 et 40 000 personnes, j’ai essayé de me procurer du ravitaillement à Hambourg en envoyant nuit et jour la totalité des cinq véhicules dont je disposais. A cause du temps froid, ce ravitaillement fut encore plus difficile à obtenir ; mon équipe administrative se vit dire que les villes et les agglomérations devaient être servies en premier [Ibid., p. 161].

Cette situation n’était pas particulière à Bergen-Belsen. Un ancien déporté à Blumenthal (un commando de Neuengamme) écrit :

L’hiver approchant, la maladie fait de grands ravages […] Nous ne recevons plus à présent que 250 grammes de pain par jour et 1 litre de soupe. La population passe avant, nous dit-on ![12]

Pénurie complète de matières grasses


Revenons à Belsen. En février, la situation alimentaire se dégrada encore suite au manque soudain de matières grasses. Encore une fois, les bombardements étaient en cause. Lors du procès intenté à l’équipe du camp, une ancienne SS, Herta Ehlert, expliqua :

Je suis allée à la cuisine et j’ai parlé avec le responsable et l’intendant ; ils me dirent qu’ils n’avaient pas reçu de matière grasse de la réserve. Je suis allée voir le Unterscharführer Müller, qui était le responsable de la réserve ; il me dit que tous les wagons du train avaient été détruits lors d’un bombardement et qu’il n’y pouvait rien [Ibid., p. 229].

Loin, toutefois, de baisser les bras, J. Kramer donna des ordres pour pallier ce manque. H. Ehlert poursuit :

A ce moment, j’ai rencontré Kramer ; je lui ai parlé du problème, lui ai dit que la mortalité augmentait et que les prisonniers ne pourraient pas être gardés en vie avec cette soupe claire. Il fit ramasser des pommes de terre par des commandos de prisonniers ; celles-ci furent écrasées puis mélangées à la soupe, et c’est ainsi que les prisonniers eurent l’impression d’avoir reçu quelque chose dans leur estomac [Ibid., p. 229].

Le wagon de fournitures médicales détruit lors d’un bombardement


Mais les conséquences des bombardements se révélèrent parfois irréparables. Ainsi en fut-il pour les vêtements et fournitures médicales que J. Kramer avaient commandés. Appelée à témoigner lors du procès de Belsen, Rosina Kramer, son épouse, raconta :

Un soir, juste après une alerte aérienne, [mon époux] faisait les cent pas, et il dit : « Maintenant le wagon ou le camion que j’espérais depuis trois mois ; je viens d’entendre qu’il a été réduit en pièces à Hanovre lors du bombardement ; je n’ai plus le moindre matériel de bandage et d’habillement » [Ibid., p. 183].

J. Kramer se retrouvait donc démuni de tout : lits, couvertures, vêtements, matériel médical de première urgence, matières grasses… Comble de malheur, un très grave événement survint lors de ce mois de février 1945 : l’apparition du typhus et de la fièvre éruptive. L’ancien commandant raconte :

Les transports venus du camp de travail de Natzwiller apportèrent la fièvre éruptive et ceux venus de l’Est de l’Allemagne le typhus. Après que le docteur Horstmann m’ait rapporté les cas de fièvre éruptive, j’ai ordonné la fermeture du camp avant d’en avertir Berlin. En guise de réponse, on me dit que le camp devait être réouvert, que je devais accueillir tous les transports à venir et que 2 500 femmes de Ravensbrück allaient devoir être reçues [Ibid., p. 163].

J. Kramer en appelle aux autorités


Sans attendre, J. Kramer manifesta son mécontentement et son inquiétude pour l’avenir. Dans une lettre du 1er mars, adressée à la Direction des camps de concentration, il décrivit les conditions terribles qui régnaient à Bergen-Belsen. Il rappela que, faute de stocks disponibles dans la région et de moyens de transport, les réserves d’hiver à Bergen Belsen avaient été prévues pour assurer la subsistance jusqu’au 20 février. Une politique de grandes économies avait permis de tenir plus longtemps ; il y avait encore des réserves de navets pour six jours et des réserves de pommes de terre pour huit, mais pas plus. Quant au pain, il n’y en avait plus depuis quatre jours suite à l’interruption des communications avec Hanovre. Aussi demandait-il qu’une solution soit impérativement trouvée dans les prochains jours (Ibid., p. 164).

J. Kramer demandait aussi d’urgence de nouvelles bouilloires pour les cuisines. « Toutes les bouilloires du camp fonctionnent jour et nuit. Nous devrons faire face à de grosses difficultés si l’une des bouilloires tombe en panne » (Ibid., p. 165).

En outre, il poussait un cri d’alarme à propos des conditions sanitaires du camp. En un mois, précisait-il, la mortalité avait plus que quadruplé, passant de 60-70 décès quotidiens début février à 250-300 début mars (Ibid., pp. 164 et 165). Il ajoutait :

L’appareil de désinfection à air chaud fonctionnant sans cesse, il fonctionne maintenant mal et parfois tombe en panne pour plusieurs jours. Lorsque le SS Stabsarztführer Lolling visita le camp, il me promit une « machine de désinfection à ondes courtes ».
Pour l’utiliser, j’ai besoin d’un transformateur plus puissant, lequel, d’après les informations que j’ai reçues […], est disponible à Berlin. Bien que j’aie un besoin si urgent de cet appareil, il est impossible présentement d’aller le chercher à Berlin [Ibid., p. 165].

Enfin, il demandait « avant toute chose » « des lits, des couvertures, des instruments de cuisine — le tout pour 20 000 internés » (Ibid., p. 166).

Bergen-Belsen n’était pas un « camp de la mort »


Cette lettre du 1er mars est capitale. Car elle démontre que le commandant du camp se débattait — en vain, vu les conditions générales de l’époque — pour améliorer la situation des détenus. Or, si, vraiment, le camp de Bergen-Belsen avait été prévu pour être une usine de la mort lente commandé par un sadique, jamais J. Kramer n’aurait écrit cette missive alarmiste. Au contraire, il aurait été satisfait de la situation…

Dix-huit jours plus tard, sur ordre de ses supérieurs, R. Höss vint inspecter Bergen-Belsen afin de se rendre compte de la situation. J. Kramer se souvient : « Il vit tout le camp et me dit que ce qu’il venait de voir aujourd’hui, il ne l’avait jamais vu nulle part auparavant » (Ibid., p. 167). Là encore, à supposer que Bergen-Belsen ait été une usine de la mort lente, R. Höss aurait dû être satisfait ; il aurait même dû féliciter le commandant pour être parvenu à organiser un tel centre d’extermination. Mais ce n’est pas ce qui arriva, bien au contraire. J. Kramer poursuit :

Nous retournâmes au bureau et eûmes une conversation pour essayer de réfléchir et de trouver des moyens d’améliorer la situation. Mes propositions furent de cesser [l’arrivée] de tous les nouveaux convois […]. Nous discutâmes de l’utilisation du matériel qui était là pour l’érection de nouvelles baraques. L’idée était de construire 40 baraques et d’y loger dans chacune 100 détenus. L’Obergruppenführer décida d’envoyer ici et sur-le-champ un télégramme […] [Ibid., p. 167].

C’est bien la preuve que les autorités se souciaient de la situation et souhaitaient prendre des mesures urgentes.

La crise du ravitaillement s’aggrave…


Mais la situation s’aggrava encore. Lors du procès de Belsen, celui qui, du 12 au 28 mars 1945, s’était occupé des cuisines et des magasins de ravitaillement au camp, expliqua : « A partir du 23 mars, le ravitaillement en pain devint très irrégulier, à cause des raids aériens » (Ibid., p. 475). Contre-interrogé par l’Accusation, il précisa : « Nous eûmes assez de pain jusqu’à la mi-mars [J. Kramer était parvenu à s’en procurer à Hambourg, voy. plus haut], mais alors le problème du ravitaillement devint plus aigu, et à partir du 22 ou de 23 mars, pratiquement plus de pain du tout n’arriva (practically no bread arrived at all) » (Ibid., p. 477).

… alors que le camp est de plus en plus surpeuplé


Dans la première semaine d’avril, J. Kramer demanda à ses supérieurs s’il devrait évacuer le camp au cas où le front se rapprocherait. Un adjoint d’Himmler, Glücks, lui répondit que les autorités « ne comprenaient pas [ses] messages puisque Himmler avait donné des ordres selon lesquels 30 000 prisonniers allaient être transférés à Belsen » (Ibid., p. 167). On imagine aisément quelle fut la réaction du commandant du camp. A son procès, il déclara :

J’eus un entretien avec un commandant de l’Air, le général Boyneburg., qui me demanda quels étaient mes plans en cas d’évacuation ; je lui dis qu’il n’était pas question d’évacuation parce que des ordres nouveaux m’imposaient de me tenir prêt à recevoir plus de prisonniers. Je lui dis que mon camp était déjà surpeuplé et, qu’en tant que général, il aurait peut-être plus d’autorité et pourrait m’aider. En ma présence, il téléphona aux autorités supérieures à Hanovre et parla à un général qui était là-bas, l’entretenant de ces 30 000 prisonniers additionnels. Hanovre lui répondit qu’il connaissait l’ordre d’Himmler à propos de ces nouveaux prisonniers, et que si mon camp n’offrait pas assez de place, il aurait à s’occuper de les loger dans des baraques à Bergen, et que si c’était encore insuffisant, alors le camp de Münster, à environ 20 km de là, devrait être utilisé. Le général Boyneburg dit à Hanovre qu’il y avait encore des soldats dans les baraques ; il reçut l’ordre d’évacuer les baraques et des les apprêter [Ibid., p. 167].

Une solution semblait donc avoir été trouvée. Mais la suite vaut la peine d’être racontée. J. Kramer poursuivit ainsi :

Une fois la communication avec Hanovre terminée, le général Boyneburg me demanda si je connaissais la date d’arrivée de ces transports. Cette conversation eut lieu le 2 ou le 3 avril et le 4, le premier transport arriva. Jusqu’au 13 avril, les transports arrivèrent nuit et jour. En plus de ces 30 000 prisonniers, je devais recevoir les commandos de travail venus de plusieurs autres endroits, si bien que tout compris, le total devrait atteindre environ 45 000 [personnes]. Jusqu’au 13 avril, 28 000 personnes arrivèrent. Quand le premier transport arriva, les baraques [de Bergen] n’étaient pas libres et le commandant me demanda d’accueillir le premier convoi pendant qu’il s’occuperait de libérer les baraques le plus vite possible. Au lieu d’être capable de diminuer l’effectif de mon camp selon mon plan, je fus contraint d’accueillir toujours plus de le surcharger. Ces transports venaient du camp de Dora, et Hoessler, qui s’occupait du camp n° 2 [un petit camp aménagé comme une annexe de Bergen-Belsen] prit les 15 000 derniers [arrivants] [Ibid., pp. 167-8].

Interrogé pour savoir ce qu’il fit afin de nourrir ces déportés du camp n° 2, J. Kramer répondit :

Je ne pouvais rien leur donner du tout parce que les réserves dont je disposais étaient des réserves pour une certaine période et qu’elles étaient destinées aux prisonniers de mon propre camp [Ibid., p. 168].

Les attaques aériennes empêchent tout ravitaillement


Certains pourront répondre qu’avec ses cinq camions, il pouvait se débrouiller pour obtenir du ravitaillement dans les environs. Mais c’est oublier qu’à l’époque, les avions alliés attaquaient et détruisaient tout ce qui se déplaçait. Le 22 mars, J. Goebbels écrivit :

Impossible d’emprunter les routes de campagne, à l’ouest, sans être attaqué par des chasseurs-bombardiers. La supériorité aérienne de l’ennemi est telle que nous ne pouvons même plus nous déplacer en auto sur nos propres routes[13].

De son côté, un fonctionnaire du CICR écrivit dans un rapport :

Les derniers jours furent marqués par des attaques constantes d’avions sur les petites villes et les routes […]. Des centaines de voitures carbonisées, des cadavres de chevaux et des douzaines de cadavres humains, pour la plupart des réfugiés allemands, gisaient à droite et à gauche de la route. J’ai vu et pansé des détenus qui avaient été blessés par des attaques en piqué [Voy. Documents sur…, p. 128].

Citons également le Grand-Amiral Dönitz qui, dans ses mémoires, relate :

Des colonnes de réfugiés obstruaient les routes à partir de Plön, avec des véhicules militaires surchargés de blessés, de soldats et de civils. Les chasseurs anglo-américains les mitraillaient, causant des morts et des blessés. A leur apparition les paysans quittaient leurs champs pour s’abriter[14].

Dès lors, ce qui devait arriver arriva : les camions du camp de Bergen-Belsen furent eux aussi détruits lors d’un trajet. A son procès, J. Kramer expliqua :

Obtenir de la nourriture [début avril 1945] était quasiment impossible parce que le front était rompu, et en plus de cela, le transport était très difficile. Mes propres camions furent réduits en pièces lors d’attaques en piqué juste avant l’arrivée des Alliés, donc tout ce qui me restait était un simple camion[15].

Une situation d’apocalypse


Il n’y avait donc plus rien à faire pour le camp n° 2 et ses milliers de prisonniers. Et même au camp principal, la situation était apocalyptique. L’eau manquait à tel point que, la dernière semaine, on l’utilisa uniquement pour la cuisine . il n’était plus question de se laver dans un camps où séjournaient de nombreux malades du typhus[16]. On ne sera donc pas surpris qu’une SS qui avait travaillé à Bergen-Belsen ait déclaré plus tard : « Lorsque je revins au camp pour la troisième fois [sur la fin], je ne me suis pas sentie bien, à cause de l’horrible odeur »[17].

Comme nourriture, il n’y avait plus qu’un peu de soupe. Un accusé, Karl Francioh, qui travailla dans les cuisines du camp des femmes en avril 1945, raconta :

Au cours de ma période d’activité, [les prisonnières recevaient] un litre de café le matin, mais pas toujours ; pour déjeuner, un litre de soupe ; et pour le dîner la même chose. Parfois, il y avait du pain deux fois la semaine, parfois pas du tout, et dans la dernière période, il n’y avait plus de pain [Ibid., p. 295].

La situation était telle que la cuisine dut être gardée par plusieurs hommes[18] afin d’empêcher le vol du peu qu’il y restait.

Au camp des hommes, c’était pis Interrogé pour savoir si, dans les derniers jours, la nourriture avait été suffisante, un ancien déporté, Josef Trzos, répondit : « Non. On reçut seulement 300 litres de soupe pour 800 personnes dans notre block» (Ibid., p. 465). Propos qui furent confirmés par un autre ancien déporté, Antoni Aurdzieg, celui ayant déclaré : « A Belsen, il n’y avait pas de pain, et nous recevions un demi-litre de soupe par jour» (Ibid., p. 469).

Là aussi, la situation était telle que des mesures exceptionnelles durent être prises : ainsi, lors de la distribution de nourriture dans un block de malades, chaque fenêtre et chaque porte devait être gardée afin d’empêcher l’intrusion d’autres déportés affamés cherchant à voler la maigre pitance[19]. Paroxysme de l’horreur : même la morgue dut être gardée, parce qu’un cas de cannibalisme y avait été enregistré. Un déporté avait pénétré de nuit dans le bâtiment et prélevé « les parties d’un corps »[20].

J. Kramer baisse les bras


Face à cette situation devenue totalement ingérable, J. Kramer baissa les bras. C’est à cette époque qu’il eut une conversation avec H. Ehlert sur l’augmentation du taux de mortalité dans le camp. Nous avons vu que dans une déposition préliminaire, H. Ehrlet accusa le commandant de lui avoir dit : « Laissons-les mourir ; qu’est-ce que ça peut vous faire ?». Lors des audiences, toutefois, elle se ravisa ; J. Kramer, déclara-t-elle, lui avait répondu : « Laissons-les mourir ; on n’y peut rien ; mes mains sont entravées »[21], ce qui est, vous en conviendrez, très différent. Ce revirement de l’accusée était conforme à la justice. En vérité, J. Kramer ne fut ni un sadique, ni un criminel, ni même un homme qui considérait la mort des prisonniers avec désinvolture ; il fut le commandant d’un camp-hôpital surpeuplé dans un pays où régnaient des conditions apocalyptiques, où les lits, les couvertures, les vêtements, le matériel médical, les médicaments et la nourriture faisaient défaut. Totalement impuissant, il resta jusqu’à la fin conformément aux ordres qui lui avaient été donnés et livra finalement son camp aux Anglais.

Les Alliés saisissent l’occasion d’alimenter leur propagande à base d’ « atrocités »


Lorsque, après avoir visité les lieux et vu la crasse, la misère, les cadavres…, l’un d’entre eux lui lança : « Vous avez bâti un bel enfer ici » (You’ve made a fine hell here), J. Kramer répondit : « C’en est devenu un dans les derniers jours » (It has become one in the last few days)[22]. Mais cette vérité n’intéressait pas le vainqueur. Les Anglais avaient promis la liberté au commandant de Bergen-Belsen ; toutefois, lorsqu’ils virent l’état du camp, et qu’ils comprirent le parti que leur propagande de guerre pouvait en tirer, tout changea. J. Kramer fut appréhendé, enchaîné, contraint, avec d’autres, de poser au milieu des cadavres.

C’est ainsi que de simple commandant dépassé et impuissant, dont le nom aurait rapidement dû être oublié, il devint l’ « homme au cœur de pierre », le « plus immonde des bourreaux », celui qui conviait les femmes allemandes à danser autour des bûchers…

Et un demi-siècle plus tard, la même propagande continue : les clichés de Bergen-Belsen sont toujours montrés hors contexte afin de « prouver » la « barbarie nazie ».



[1] Déposition préliminaire d’Elisabeth Volkenrath ; voy. The Belsen trial…, p. 718. Lors du procès de Belsen, un membre de la Cour — au moins — parut admettre que la situation des derniers temps avait pu être terrible. S’adressant à J. Kramer, il lui demanda quelle avait été « le système de rationnement normal dans les camps de concentration, si l’on ne tenait pas compte de la situation critique qui aurait pu surgir en mars et avril » (Can you telle us what was the normal system of rationning au concentration camps, apart altogather from any emergency that may have arisen in March and April ? ; Ibid., p. 182). Cette restriction dans la question posée est très révélatrice.

[2] Voy. CICR, Documents sur…, pp. 86-7.

[3] Voy. G. Kohen, Retour d’Auschwitz. Souvenirs du déporté 174 949 (auto-édité, 1945), pp. 96-7.

[4] Voy. Les horreurs des camps de torture nazis. Reportages photographiques, 2ème année, n° 5, mai 1945, numéro spécial : « Buchenwald », p. 10.

[5] « Je dis que Kramer [le dernier commandant de Bergen-Belsen] fut responsable des conditions [qui régnaient dans le camp sur la fin], entre autres raisons, parce qu’en une occasion, alors que je me plaignais de l’augmentation du taux de mortalité à Kramer, il répondit : “Laissons les mourir ; qu’est-ce que cela peut vous faire ?” » (voy. la déposition d’Herta Ehlert, publié dans The Belsen Trial…, appendice III, p. 709).

[6] Voy. le Catalogue alphabétique…, p. 42.

[7] Voy. The Belsen trial…, p. 152.

[8] « Quand il [Kramer] arriva là, environ la moitié des gens avaient un lit, c’est-à-dire qu’il y avait 2 000 lits à trois étages » (Ibid., p. 154).

[9] « Three-tier beds or bunks have been repeatedly alloted to the camp in recent time by Amt. B. III, but always from areas with which there is no transport connection » (Ibid., p. 164).

[10] « I was supposed to receive 3 000 three-tier beds from Czechosovakia, but they had not come as there were no trains running » (Ibid., p. 162).

[11] « When transports arrived […]. He [Kramer] had instructions to take them into the camps » (Ibid., p. 154).

[12] Voy. Henri Désirotte, La tragédie de Lubeck (L’Édition Universelle, Bruxelles, 1946) pp. 53 et 62.

[13] Voy. J. Goebbels, op. cit., p. 233.

[14] Voy. Grand-Amiral Dönitz, Dix ans et vingt jours (éd. Plon, 1959), p. 349.

[15] The Belsen Trial…, p. 168.

[16] « Dans la dernière semaine, nous utilisâmes l’eau […] pour la cuisine, mais il n’y avait plus d’eau pour se laver » (déclaration de J. Kramer à son procès ; Ibid., p. 162).

[17] Déclaration de Herta Ehlert au procès de Belsen ; Ibid., p. 229.

[18] « several [guards] stood round the kitchen », déposition de K. Francioh (Ibid., p. 296).

[19] « — Quelles étaient vos devoirs pendant la distribution de nourriture ? — D’empêcher les prisonniers de percevoir une deuxième ration et d’empêcher les hommes des autres blocks de pénétrer dans notre block pour percevoir de la nourriture […]. Je gardais les fenêtres et les portes […]. Je n’étais pas seul ; il y avait 15 ou 20 [gardes], parce qu’un homme devait se tenir à chaque fenêtre. — Est-ce que beaucoup de gens tentèrent d’entrer dans le block ? — Bien sûr. » (déposition de Medislaw Burgraf, Ibid., pp. 460-1 et 463).

[20] Voy. la déclaration que J. Kramer rédigea après sa capture. Il écrit : « Je me rappelle relativement bien un cas de cannibalisme On m’a averti qu’un prisonnier était entré dans la morgue et que les parties d’un corps manquaient. J’ai posté un garde près des cadavres durant la nuit et, cette même nuit, le garde arrêta un homme qui s’approchait d’un corps. L’homme fut arrêté, mais avant que je n’aie pu l’interroger le matin suivant, il se pendit. Je ne pourrais pas dire s’il y eut d’autres cas de cannibalisme, mais les nuits qui suivirent, j’ai posté un garde devant la morgue » (Voy. la déclaration de J. Kramer, reproduite dans The Belsen Trial…, appendice III, p. 735.).

[21] « Let them die ; we cannot do anything about it ; my hands are tied ». Ibid., p. 229.

[22] Voy. Derrick Sington, Belsen Uncovered (Duckworth, Londres, 1945), p. 18.
 
Old January 4th, 2013 #28
alex revision
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Les Alliés ont-ils su qu’un génocide se perpétrait ?



D’après la thèse officielle, les Alliés savaient dès 1942

Ce que disent les historiens


Les historiens officiels prétendent que dès 1942, les Alliés et les neutres savaient qu’un génocide se perpétrait à l’Est.

Voici, par exemple, ce qu’on peut lire dans leurs publications :

On sait aujourd’hui grâce à des travaux récents que les Alliés ont reçu à partir de 1941-1942 quantité d’informations tant sur l’extermination des juifs que sur les massacres des populations slaves[1].

Il n’empêche qu’à la fin de 1943 et au début de 1944 les informations s’accumulent sur […] les camps de Majdanek, de Treblinka, de Rawa-Ruska. Depuis janvier 1944, l’OSS dispose d’un rapport très complet sur Auschwitz, avec des chiffres précis, une description des méthodes de sélection et de gazage […]. Bref, le stade des rumeurs et des supputations est franchi. Les vérifications ont été faites. Qui veut savoir sait[2].,

Ce mêmes historiens prétendent que, malgré ces informations certaines, les Alliés n’ont pas voulu agir, pour des raisons plus ou moins avouables. F. Bédarida écrit :

En fait, plusieurs facteurs ont concouru au comportement des Alliés : la priorité absolue donnée aux objectifs militaires en vue de détruire les forces armées du Reich et de contraindre l’Allemagne à la capitulation sans condition ; le souvenir tout proche de la Première Guerre mondiale avec sa propagande et son “bourrage de crâne” […] ; la crainte de tomber dans le piège de la propagande nazie qui présentait régulièrement le conflit comme une “guerre juive”, provoquée par les juifs et conduite en fonction de leurs intérêts […] ; la méconnaissance, fréquente chez les Alliés, de la nature spécifique du national-socialisme […] ; la confusion alors si répandue dans les esprits (et qui ne s’est dissipée que peu à peu après la guerre) entre le génocide (crime contre l’humanité) et les “atrocités” allemandes (crime de guerre) ; mais peut-être plus que tout l’incapacité à imaginer la perversité exterminatrice d’un système de tueries industriel et planifié[3].

Dans cette affaire, le principal accusé reste le pape Pie XII qui aurait gardé le silence malgré les révélations très précises du SS Kurt Gerstein.

Une thèse qui permet de pallier l’absence de preuves


Cette thèse est capitale pour les exterminationnistes : car elle permet non seulement de rendre tout le monde responsable[4], mais aussi, et surtout, de pallier l’absence de documents allemands : « Même si les nazis ont effacé toutes les traces, dit-on, même si l’on ne peut retrouver des écrits allemands qui parlent explicitement du génocide, de nombreux documents sans ambiguïté sont conservés dans les archives alliées. Considérez par exemple le mémorandum d’une vingtaine de pages sur “l’extermination” remis le 8 décembre 1942 à la Maison blanche par le président du Congrès juif mondial, Stephen Wise. Il y était, entre autres, question demassacre par trains entiers d’enfants et d’adultes juifs dans des grands crématoriums à Ozwiecim [Auschwitz] près de Cracovie[5]. Déjà en décembre 1942 ! Comment aurait-on pu inventer tout cela s’il n’y avait rien eu ? C’est bien la preuve qu’un génocide se perpétrait. Ajoutons à cela les révélations du SS K. Gerstein qui, en 1945, raconta comment il avait voulu, mais en vain, alerter les autorités dès 1942 ».

Une nouvelle fois, cette argumentation impressionnera. Car elle s’appuie non seulement sur des documents dont ni l’existence ni le sens ne sauraient être discutés, mais aussi sur une logique apparemment parfaite (« Des gens l’ont révélé dès le début ; ils n’avaient pas pu l’inventer ; donc c’est vrai »).

Toutes les sources d’information n’avaient pas la même valeur

Le cas de K. Gerstein


Je passerai rapidement sur les « confessions » du SS K. Gerstein, dont il a beaucoup été question en 2002 avec le film Amen de Costa-Gavras. Dans une annexe à ce dossier, le spécialiste de la question, Henri Roques, nous dit ce qu’il faut penser de cette œuvre cinématographique et de son personnage central.

F. Bédarida cite en vrac les différentes sources d’information


Au sujet des informations diffusées à partir de 1942, la malhonnêteté consiste à prétendre que toutes les sources dont disposaient les Alliés avaient la même valeur et qu’elles auraient toutes donné des indications concordantes, parlant par exemple de gazages à Auschwitz. Dans sa brochure, F. Bédarida cite à la suite et sans aucune distinction les « organisations juives (Congrès juif mondial, Agence juive pour la Palestine, Joint Distribution Commitee) », les « services de renseignements (Intelligence Service et OSS) », des « informateurs et des émissaires du gouvernement polonais en exil » et les « quelques rescapés de ces camps […] en particulier deux jeunes juifs slovaques, membres d’un Sonderkommando, Vrba et Wetzler, échappés d’Auschwitz en avril 1944 » (voy. F. Bédarida, op. cit., p. 43). C’est grâce à tout ce petit monde, dit-il, que, dès 1941-1942, les Alliés auraient su. Le néophyte s’imaginera donc que les dirigeants alliés reçurent presque simultanément de toutes ces sources des renseignements analogues les uns aux autres.

Des précédents qui rendaient suspectes les informations d’origine juive


Toutefois, lorsqu’on étudie la question de plus près, on s’aperçoit qu’il n’en est rien. En vérité, les premières « informations » sur une prétendue extermination furent divulguées par des juifs. Ce fait est très important, car personne ne conteste que les personnalités juives engagées et les organisations juives ont toujours eu tendance à grossir démesurément les faits (au point de verser dans le mensonge pur et simple).

L’ouvrage de B. Lecache en 1927


A ce sujet, un exemple moderne, bien qu’oublié, mérite d’être mentionné. En 1927, celui qui allait plus tard participer à la fondation de la LICA (Ligue internationale contre l’antisémitisme), Bernard Lecache, publia un ouvrage intitulé : Quand Israël meurt…[6]. Il y était question des pogroms en Ukraine. Sur la bande de couverture, on lisait :

300 000 personnes assassinées à 600 lieues de la France…
Pour qu’un crime aussi effroyable ne s’oublie pas, Bernard Lecache est allé enquêter sur place. Les témoignages qu’il a rapportés reflètent l’épouvante des atrocités dont les survivants furent les témoins et souvent les victimes.

A la page 6, l’auteur « récapitulait » ainsi :

Quinze mille kilomètres parcourus, plus de trois cents témoignages personnellement recueillis, des documents à foison, un contact quotidien et libre avec les survivants m’ont amené à la connaissance véridique d’une époque à la fois héroïque et basse, pleine de gloire et de sang.

Or, malgré cette belle envolée du début, cet ouvrage est tout sauf une enquête sérieuse :
- On n’y trouve aucun rapport consultable, aucune bibliographie, aucune référence précise à un quelconque document de synthèse.
- Les affirmations sans preuve succèdent aux « témoignages d’atrocités » non vérifiés et invérifiables. Voyez notamment les chapitres intitulés : « Chapelet d’atrocités » (pp. 152-161) et « Broutilles » (pp. 173-181). L’auteur prétend qu’à Makarov, on a « décimé les juifs, éventré les juives, porté [l]es petits juifs au bout des piques » (p. 158), qu’une délégation de 17 vieillard juifs « fut littéralement hachée en morceaux » (pp. 158-9), que l’assassin Petlura arrivait partout en déclarant : « Je veux que le sang juif coule jusqu’au Dniepr » (p. 159), qu’à Rejychev, « les juifs étaient mis sur la croix, ou bien enterrés vivants, ou brûlés à petit feu, la tête en bas» (p. 160), qu’à Tripollie, « Zelyoni comblait les puits avec des juifs vivants […] coupait les seins des femmes, et, quand elles étaient enceintes, les accouchait à grands coups de sabre. Aux hommes, il coupait les parties sexuelles et crevait les yeux » (Id.) ; qu’à Kagarlyk, des juifs « suspendus par les bras, furent ensuite empalés » (p. 180). On retrouvait-là quelques-uns des thèmes principaux de la propagande anti-allemande des années 1914-1919 : personnes crucifiées, femmes éventrées, seins coupés[7], bébés embrochés.

- Les rares notes de bas de page n’apportent absolument rien.

- Les quelques photographies qui montrent des cadavres attestent bien l’existence de tueries locales, mais pas des abominables tortures décrites au long des pages sur la foi de « témoignages » et de « documents » que l’auteur prétend résumer sans « rien inventer », sans « exagérer […] d’une virgule »[8].

- Quant au décompte final, « trois cent mille morts» (p. 3), « Trois cent mille juifs martyrisés » (p. 254), il n’est fondé sur rien. L’ouvrage ne contient aucune étude statistique. On n’y trouve bien, ici et là, quelques estimations, mais elles sont très souvent vagues et n’ont aucun fondement[9]. Je note d’ailleurs que d’après B. Lecache, le pogrom de Proskouroff (ou Proskurov) le 15 février 1919 aurait fait 3 000 victimes. Or, dans son Livre de la mémoire juive, Simon Wiesenthal — dont on connaît également la propension à mentir et à exagérer — parle de « 1 500 juifs » égorgés[10], soit une différence de 100 % entre les deux. En outre, l’addition de ces estimations locales (même à les supposer vraies) ne justifie nullement, et de très loin, le nombre global (300 000).
Mais qu’importait à l’auteur. L’important était de présenter les juifs comme les victimes innocentes d’une campagne d’extermination unique dans l’Histoire. Ainsi B. Lecache n’hésitait-il pas à parler du pogrom de Proskouroff comme d’un crime sans comparaison possible, unique de par son ampleur et son organisation méthodique. Aux pages 216-7, on lit :

A quoi bon tenter des comparaisons, peser tel ou tel massacre dans la balance de l’Histoire ? Le plus grand crime des temps modernes fut commis à Proskouroff.
Aucun n’est pareil à celui-ci, aucun n’est aussi vaste que celui-ci. Jamais on ne vit pareille hécatombe. Jamais on ne vit contre des gens innocents, pacifiques et sans défense, férocité pareille, atrocité aussi nombreuses et aussi ordonnées, organisation aussi formelle et systématique d’un ensemble de tortures et de meurtres dont le détail relève de la pathologie.

On le voit, bien avant 1942, la dialectique était en place : certains juifs, comme Bernard Lecache, hurlaient déjà que des bandes organisées tentaient (ou avaient tenté) de les exterminer.

Dès mars 1932, des juifs hurlent que Hitler et d’autres veulent exterminer les juifs


Cinq ans plus tard, Hitler était aux portes du pouvoir. Immédiatement, la campagne d’intoxication commença. Dans son deuxième numéro de mars 1932, l’organe de la LICA, Le Droit de Vivre, titra : « Hitler menace la vie des juifs » (p. 1). En guise d’illustration, on voyait un vieillard juif, blessé au visage et à la main droite (pouce sectionné). La légende portait : « Non content de l’avoir grièvement blessé les bandes de Petlioura lui ont sectionné les doigts de la main droite ».

Le lecteur inattentif ou peu au courant s’imaginait ainsi que des scènes d’une grave violence avaient déjà commencé en Allemagne. Or, il faut savoir que les « petliouristes » étaient les partisans de Simon Petlura (ou Petlioura), un socialiste ukrainien dont le nom fut associé à de terribles violences anti-juives commises en Ukraine (notamment dans la région de Jitomir) fin 1918-début 1919[11]. Par conséquent, le cliché n’avait aucun rapport, même lointain, avec l’Allemagne et Hitler.
Dans cette même livraison, le droit de vivre allait jusqu’à prétendre qu’un danger d’ « extermination » planait dans six pays d’Europe. On lisait :

Resterions-nous insensibles au fait que six nations européennes abritent, sans les châtier, des organisations qui ont pour premier but le triomphe de l’antisémitisme ? Ce n’est pas seulement la ruine des minorités juives qu’elles poursuivent. C’est leur extermination [Voy. le droit de vivre, mars 1932, p. 1].

Neuf mois plus tard, Bernard Lecache avertissait le monde que « les hitlériens polonais » (sic) avaient « tenté de […] massacrer » la population juive de Lwow et que « si l’on en cro[yait] les informations de dernière heure», ces violences étaient « le prodrome d’une action concertée et généralisée contre les juifs » (voy. le droit de vivre, décembre 1932, p. 1). Bref, nous étions invités à croire que les juifs de Pologne étaient menacés d’extermination. L’article de B. Lecache était rédigé sous forme d’un appel à participer à une manifestation, le 7 décembre 1932, à Paris. Le titre était : « Pour sauver les juifs de Pologne / tous, mercredi 7 décembre, à Wagram ! ». L’avenir démontra que ces cris d’alarme n’étaient nullement justifiés… Bien que les juifs polonais aient toujours été victimes d’un antisémitisme « traditionnel », ils ne furent jamais menacés d’extermination par le pouvoir.

Mais les propagandistes professionnels se moquent de tous les démentis apportés par le temps. B. Lecache et ses comparses vivaient de l’indignation et de la dénonciation de menaces fantômes. Par conséquent, ils n’allaient pas cesser.
Le 30 janvier 1933, Hitler arriva au pouvoir. Sans surprise, le droit de vivre se déchaîna. Dans sa livraison de mars 1933, il titra en première page et sur six colonnes : « Rassemblement ! Hitler est au pouvoir. 700 0000 juifs sont menacés de mort. Il faut les sauver ! Tous autour de la LICA ».

Un mois plus tard, ce mensuel écrivit : « Tous les juifs d’Allemagne sont menacés de mort, officiellement voués au pillage, à la torture, au massacre» (voy. Le Droit du Vivre, mai 1933, p. 1). Puis ce furent les tracts annonçant que le national-socialisme avait « juré l’extermination du judaïsme allemand » et demandant de boycotter les produits allemands.

Les instances officielles ne prennent pas ces appels au sérieux


Quand on sait que B. Lecache était le fondateur de cet organe de presse, ces manchettes ne surprennent pas. Ces appels restèrent d’ailleurs l’apanage de quelques excités ; ni la presse nationale, ni les gouvernements n’y apportèrent leur soutien actif. Dans les hautes sphères, on connaissait B. Lecache ; on se souvenait de son ouvrage publié en 1927 ; on se souvenait de ses appels pour les juifs polonais fin 1932 ; on savait qu’il ne faisait que reprendre la même rhétorique, en l’appliquant cette fois à l’Allemagne.

On savait en outre qu’il ne reculait pas devant certains procédés malhonnêtes, comme l’utilisation abusive de clichés. J’ai déjà mentionné le cas du vieillard juif victime des « petliouristes » et 1919 et réutilisé pour dénoncer les violences en Allemagne en 1932. Un autre exemple mérite d’être cité. Dans sa livraison du 1er février 1936, le droit de vivre consacra à long article à une Suédoise, Eva Manberg, qui avait été emprisonnée en Allemagne. A l’hôpital de la prison de Moabit, elle aurait vu des détenues affreusement torturées. En guise d’illustration, on pouvait voir le cliché montrant une personne dont le postérieur était sévèrement blessé. La légende portait : « Après le supplice dans la prison » (voy. le droit de vivre, 1er février 1936, p. 3). Étrangement, alors que l’article évoquait le quartier les tortures dont des femmes auraient été les victimes[12], la personne montrée était un homme. En vérité, ce cliché avait déjà été publié trois ans auparavant par le même magazine, dans sa livraison de mai 1933 (p. 3). A l’époque, cependant, il n’était question ni d’Eva Manberg, ni de la prison de Moabit ; l’article dénonçait les violences antisémites en Allemagne et la légende portait : « A la suite des mauvais traitements infligés par les S.A., un dirigeant du Reichsbanner a été obligé de s’aliter et il est dans l’incapacité de travailler ».

On le voit, le droit vivre adoptait les pratiques les plus malhonnêtes de la basse propagande…

La guerre favorise l’apparition et la circulation de nouvelles rumeurs


La guerre et les premières déportations allaient fournir à de tels individus un terrain plus propice encore. Toutes les époques troublées connaissent une augmentation sensibles des rumeurs les plus diverses. La deuxième guerre mondiale n’allait pas échapper à la règle. Pour s’en convaincre, il suffit de relire la presse de l’époque. Disgrâce et même mort de hauts personnages pourtant toujours bien vivants et bien en place, scènes de révolution chez l’ennemi où, après vérification, tout est calme, prétendus débarquements sur des plages qui se révèlent désertes… tout y passe. Certaines rumeurs naissaient seules, d’autres étaient lancées par des officines de propagande dans un but bien précis (affoler ou rassurer les populations ou les soldats…).

Dans un ouvrage de 268 pages paru fin 1940 et intitulé La guerre du mensonge, Paul Allard rappela comment, d’août 1939 à juin 1940, les Français avaient subi un odieux « bourrage de crâne » : la victoire de l’armée polonaise (septembre 1939), le discours désespéré d’un Hitler aux abois (6 octobre 1939), la révolution qui grondait en Allemagne (septembre 1939-mai 1940), le folle offensive du 10 mai 1940 et son échec (mai-juin 1940), la « victoire » de Dunkerque (juin 1940), les pannes d’essence chez les Allemands (mai-juin 1940), le « dernier quart d’heure » où la victoire allait changer de camp (juin 1940)[13]… Deux ans plus tard, ce même auteur dénonça une série de rumeurs qui avaient été véhiculées (sinon inventées) par Radio-Londres : promesse d’Hitler à Pétain et à Darlan de les nommer respectivement maréchal d’Europe et amiral d’Europe, microbes déversés sur Paris, rupture imminente des relations diplomatiques entre la France et les USA, assassinat de M. de Brinon, bonbons vitaminés destinés à stériliser les jeunes Français, Allemands organisant des messes où les hosties portent des croix gammées, avions allemands déguisés en avions de la RAF allant bombarder des objectifs civils…[14]

La « Libération » en 1944 ne changea rien. Le 19 septembre 1944, ainsi, sous le titre « Hitler et ses lieutenants se réfugieraient au Japon », le quotidien français Libres écrivit :

A en croire une source particulièrement bien informée de Berne, Hitler et ses lieutenants auraient choisi comme lieu de refuge le Japon.
De récentes entrevues entre Hitler et l’ambassadeur nippon Oshima, au Grand Quartier général allemand, auraient porté essentiellement sur ce point.
Au Japon, Hitler qui conserverait l’espoir de revenir, un jour, dans son pays, dirigerait la lutte clandestine en Allemagne[15].

Cette rumeur perdura, puisque le 28 octobre 1944, ce même quotidien annonça en première page : « Hitler aurait organisé lui-même l’attentat du 20 juillet pour faire arrêter les généraux qui s’opposaient à sa fuite au Japon ». Quel machiavélisme !
Le 26 décembre 1944, la presse française annonça la mort d’Otto Skorzeny, « abattu par Nicolas Horthy qu’il voulait arrêter »[16]. Or, rappelons qu’O. Skorzeny est mort à Madrid le 7 juillet 1975…

De nombreuses rumeurs circulent à propos des camps et dans les camps


Quant aux rumeurs sur les camps, elles se répandirent d’autant plus vite que ces lieux étaient entourés d’un grand secret par des Allemands soucieux de cacher leurs activités industrielles. Dans son témoignage, l’ancienne déportée P. Lewinska écrit que la déportation « était l’inquiétante plongée dans un véritable brouillard rendu plus menaçant et plus terrible par les bruits qui couraient parmi les hommes en liberté » ; « on parlait d’une chambre à gaz, d’un four crématoire d’où l’on pouvait retirer les cendres »[17].

A l’intérieur même des camps, de nombreuses histoires circulaient. Dans son témoignage, ainsi, A. Rogerie se souvient qu’en janvier 1944, ils apprirent le… débarquement américain ; « puis après, poursuit-il, nous avons su aussitôt que c’était un bobard, un de ces affreux bobards qui courent dans les camps»[18]. Certaines rumeurs étaient beaucoup plus morbides. Rappelons par exemple celle du savon que l’on disait fait à partir de la graisse de juifs[19]. De son côté, un ancien déporté rapporta que la gelée vinaigrée qu’on leur donnait à manger était appelée « du Russe » parce qu’elle était « censée avoir été fabriquée avec les cadavres » de Soviétiques[20].

Les bruits concernant le « génocide » : une simple rumeur parmi tant d’autres


Dans cette ambiance de folie, et quand on connaît les appels lancés depuis 1932 par des individus comme B. Lecache, il n’est pas surprenant que des bruits aient commencé à courir sur les juifs. La rumeur du « génocide » naquit probablement vers la fin 1941 dans certains milieux juifs slovaques ou polonais[21]. En mai 1942, elle courait déjà dans le ghetto de Varsovie.

Le fait qu’il se soit agi de simples bruits se révèle nettement à la lecture des mémoires d’un ancien habitant du ghetto, Wladyslaw Szpilman. Il écrit :

C’est à peu près vers cette époque que des bruits de plus en plus inquiétants ont commencé à circuler dans le ghetto avec une régularité grandissante, même s’ils ne s’appuyaient sur aucune preuve, comme d’habitude. Personne ne trouvait jamais leur source directe, ni la plus infime confirmation qu’ils étaient fondés sur une tangible réalité, et pourtant ils revenaient sans cesse[22].

Peu après, grâce aux militants sionistes très actifs en Europe, la rumeur avait atteint les Alliés, notamment leurs représentants dans les pays neutres. Mais les bruits colportés par les agences suives étaient les plus contradictoires et les plus invraisemblables. Le 26 septembre 1942, ainsi, le représentant américain au Vatican écrivit au cardinal Maglione pour l’informer que, d’après un rapport de l’Agence juive pour la Palestine, les corps des juifs fusillés étaient utilisés pour fabriquer de la graisse et des engrais, certains ayant même été exhumés dans ce but[23]. Un mois plus tard, l’ « Organe de liaison des Forces françaises contre la barbarie raciste » prétendit que sur les « milliers de femmes et d’enfants juifs déportés de France », de nombreux avaient été « brûlés vifs dans des wagons plombés »[24]. Le 24 novembre, en page 10, le New York Times allégua que les juifs étaient exterminés par noyade dans la rivière Bug. Le lendemain, le président du Congrès juif mondial, Stephen Wise, déclara que « Hitler avait ordonné l’extermination des tous les juifs avant la fin de l’année dans l’Europe occupée». L’homme prétendait tenir ses informations d’un « émissaire européen non identifié du Président [américain] » qui, interrogé sur ce programme d’extermination, aurait répondu : « Les pires de vos craintes sont justes ». Il ajoutait que « des renseignements en sa possession » — « probablement des dépositions », écrivait le journaliste — « l’avaient amené à croire que 2 500 000 des 5 000 000 de juifs dans les territoires de l’Europe occupée avaient déjà été exterminés ». Il terminait en affirmant que « plusieurs méthodes de mise à mort avaient été employées », parmi lesquelles « le poison, l’asphyxie et l’injection d’une bulle d’air dans le flot sanguin des victimes » ; cette dernière « était devenue commune » et elle permettait de traiter « plus de 100 hommes à l’heure »[25]. Le 20 décembre 1942, en page 23, le New York Times parla des chambres d’électrocution de Chelmno et de Belzec. Sept mois plus tard, J’Accuse dénonça les « nazis [qui] tu[ai]ent des milliers d’êtres humains dans les chambres à gaz, par électrocution au contact des fils à haute tension » et qui donnaient aux internés d’Auschwitz des vêtements « faits de papier » (voy. la livraison de juillet 1943, pp. 1 et 2). Peu auparavant, ce même organe avait parlé de « 6 000 juifs enterrés vivants » à Vitebsk ainsi que des « villes de la Russie blanche» dans lesquelles, d’après des « témoins oculaires », les bourreaux ouvraient le ventre des femmes et leur coupaient les seins (voy. J’Accuse, février 1943).

Ainsi, d’après ces informations issues de sources juives, les juifs auraient été : fusillé, brûlés vifs, éventrés, noyés, enterrés vivants, empoisonnés, tués par bulle d’air, électrocutés soit dans des chambres, soit contre des fils à haute tension, asphyxiés ou gazés. Cette disparité dans l’information démontre qu’il s’agissait de simples rumeurs sans aucun fondement et se développant dans la plus totale anarchie. Ces rumeurs venaient s’ajouter aux milliers d’autres qui circulaient depuis septembre 1939.

Les Alliés n’accordent aucun crédit à ces rumeurs


Ce fait apparaissait d’autant plus nettement que les Alliés n’avaient pas la mémoire courte : ils se souvenaient que le 22 mars 1916, déjà, le Daily Telegraph (de Londres) avait — faussement — accusé les Allemands d’avoir assassiné des centaines de milliers de Serbes en les passant à la baïonnette ou en les étouffant « au moyen de gaz asphyxiants »[26].
Ils se souvenaient en outre des allégations du sieur Lecache en 1927 sur les juives ukrainiennes au ventre ouvert et aux seins coupés et sur les enterrés vivants. Il se souvenaient enfin des campagnes d’excitation orchestrées à partir de 1932 par le droit de vivre. Par conséquent, tous ces rapports et toutes ces déclarations issues des organisations juives étaient prises pour ce qu’elles étaient : de la basse propagande recyclée et véhiculée par des individus sans imagination.

Même des juifs n’y accordaient aucun crédit et faisaient davantage confiance aux démentis allemands


Fait extrêmement révélateur : de nombreux juifs n’accordaient aucun crédit à ces récits. W. Szpilman écrit :

Certains prenaient ces informations très au sérieux alors que, chez d’autres, elles entraient par une oreille et ressortaient par l’autre[27].

Plus loin, l’auteur raconte qu’un jour, le bruit courut qu’à Lublin et Tarnow « les juifs avaient apparemment été asphyxiés avec du gaz » ; mais, poursuit-il, l’ « affirmation [était] tellement incroyable que personne ne voulait lui accorder le moindre crédit » (Id.).

Ajoutons que certains juifs haut placés semblaient faire davantage confiance aux Allemands qu’aux rumeurs. C’est ainsi par exemple qu’en 1943, le directeur de la communauté israélite de Vienne, Josef Löwenherz, demanda aux autorités allemandes si le bruit selon lequel « les juifs étaient mis à mort » correspondait à la réalité. Le directeur de la Gestapo de Vienne, Franz Huber, téléphona au RSHA sur la ligne directe d’Heinrich Müller afin de s’informer. D’après un Allemand qui était présent :

Quand nous rentrâmes [avec J. Löwenherz dans le bureau], Huber nous dit que Müller avait écarté toutes ces allégations qui n’étaient que des rumeurs malveillantes. Löwenherz fut visiblement soulagé[28].

On le voit : même dans les milieux juifs vivant sous domination allemande, le scepticisme régnait…


Le cas du War Refugee Board Report

Un document qui se voulait exceptionnel


En novembre 1944, le War Refugee Board (une officine américaine chargée de secourir les réfugiés) publia un rapport fondé sur les allégations de deux juifs, Rudolf Vrba et Fred Wetzler, qui affirmaient s’être échappés de Birkenau sept mois auparavant. Les auteurs donnaient un plan schématique des quatre crématoires du camp et expliquaient ainsi le processus de gazage :

Les crématoires du type I et II se composent de trois parties : a) la salle des fours ; b) le grand hall ; c) la chambre à gaz. Une cheminée gigantesque s’élève du milieu de la salle des fours ; il y a là neuf fours, ayant quatre orifices chacun […].

A côté se trouve un grand hall de préparation, aménagé de façon à faire croire qu’on se trouve dans le hall d’une installation de bains. Il peut contenir 2 000 personnes et on dit qu’en dessous se trouve une salle d’attente de la même dimension. Derrière une porte, quelques marches conduisent dans la chambre à gaz, étroite et très longue, qui est située un peu plus bas. Des installations de douches sont peintes sur le mur, de manière à créer l’apparence d’une immense salle de bains. Le toit plat porte trois fenêtres qu’on peut fermer hermétiquement de l’extérieur au moyen de volets. Une paire de rails va de la chambre à gaz à la salle des fours, en passant par le grand hall.

L’opération de gazage se déroule de la manière suivante : les victimes sont conduites dans le hall B, où on leur dit qu’on les mènera aux bains. On les oblige à se déshabiller et, afin de renforcer leur conviction qu’en effet on les conduit aux bains, des hommes en blouses blanches remettent à chaque personne une serviette et un petit morceau de savon. Ensuite, on les presse dans la chambre à gaz C. 2 000 personnes s’y entassent de telle façon que, par la force des choses, tout le monde reste debout […]. Quand tout le monde est enfin entré dans la chambre, on ferme la lourde porte. Puis on attend un peu, probablement pour faire monter la température à l’intérieur de la chambre à un certain degré. Ensuite, des SS munis de masques à gaz et portant des boîtes en fer blanc montent sur le toit, ouvrent les volets et versent le contenu des boîtes, un produit poussiéreux, dans la chambre. Ces boîtes portent l’inscription « Cyclon – insecticide » […]. Au bout de trois minutes, toute vie dans la chambre a cessé […]. Puis on ouvre la chambre, on l’aère et, sur des wagonnets plats, le commando spécial transporte les corps à la salle des fours, où on procède à l’incinération[29].

Les Alliés n’ont pas utilisé le War Refugee Board Report…


Pour la première fois, donc, le monde était vraiment informé. Or, il est intéressant de voir que ce document ne fit pas grand bruit. En particulier, les dirigeants alliés n’en profitèrent pas pour rédiger une nouvelle déclaration commune sur les « atrocités nazies » du type de celles qu’ils avaient diffusées en décembre 1942, en novembre 1943 et, dans une moindre mesure, en octobre 1944. Pourtant, je rappelle qu’en novembre 1943, les Alliés avaient failli parler des « chambres à gaz » homicides, mais qu’ils s’en étaient abstenu au tout dernier moment à la suggestion du gouvernement britannique qui arguait — avec raison — l’absence de « preuve suffisante »[30]; je rappelle également qu’en octobre 1944, après que les radios anglaises et américaines eurent accusé les Allemands d’avoir « des plans [en vue de] l’exécution massive des populations des camps de concentration», le Service télégraphique allemand avaient immédiatement répliqué : « ces rumeurs sont fausses d’un bout à l’autre »[31]. Par conséquent, c’était l’occasion de river le clou aux « nazis menteurs » ; c’était l’occasion de dire : « Cette fois, on détient la preuve, et vos démentis ne serviront à rien ». Or, les Alliés n’en ont pas profité. Ils n’ont fait aucune déclaration commune…

Signalons également qu’en France, le rapport du « War Refugee Board » ne fit même pas l’objet d’une publication officielle. Une version française parut en 1945, mais dans une brochure publiée à compte d’auteur par un certain L. Simon et intitulée : Souvenirs de la maison des morts. Le massacre des juifs.

Soulignons enfin qu’à Nuremberg, ce document ne fut même pas lu. Il ne fut mentionné qu’une seule fois par l’Accusation, et très rapidement, le 14 décembre 1945, afin de « prouver » qu’à Birkenau, 1 765 000 juifs avaient été massacrés[32]. A aucun autre moment, il ne fut produit lors des débats pour expliquer, par exemple, le processus de gazage. Dans les tomes réservés aux documents, seule une page est reproduite, la page 33 sur laquelle on lisait le décompte qui permettait d’arriver à ce total de 1 765 000 morts.

… parce qu’ils savaient qu’il était mensonger


Pourquoi cette discrétion ? Tout simplement parce que les auteurs de ce rapport étaient des menteurs évidents. Par exemple, les crématoires tels qu’ils les dessinaient sur leur plan de Birkenau n’avaient aucun rapport avec les crématoires qui existaient dans la réalité. Or, depuis l’été 1944, grâce aux clichés aériens pris par leurs avions de reconnaissance, les Américains connaissaient la forme de ces bâtiments (j’y reviendrai). La complète différence apparaissait au moindre coup d’œil, surtout pour les crématoires 2 et 3.

J’ajoute qu’en janvier 1945, les Soviétiques investirent le camp d’Auschwitz et qu’en mars, une commission d’enquête commença son travail. Grâce aux archives saisies, elle put rapidement connaître le plan des crématoires, la disposition des pièces, le nombre de fours etc. Dès lors, il apparut :

- que les deux évadés avaient donné des renseignements erronés au sujet des fours crématoires : les Krema II et III étaient dotés de cinq fours trimoufles et non de neuf fours à quatre moufles ;

- que le processus de gazage expliqué par les deux évadés était faux ; en particulier l’histoire des rails qui auraient permis le transport des victimes sur des wagonnets jusqu’à la salle des fours était complètement fantaisiste, puisque d’après la version soviétique (qui, elle, se fondait au moins sur les plans exacts), la chambre à gaz était au sous-sol et les fours au rez-de-chaussée.

Le « War Refugee Board Report » était donc le fruit de l’imagination maladive de deux menteurs. R. Vrba fut d’ailleurs démasqué en 1985 à Toronto, lors du premier procès Zündel. Contraint de battre en retraite face aux questions que lui posait l’avocat de l’accusé, il finit par s’effondrer et n’osa pas revenir déposer trois ans plus tard, lors du deuxième procès Zündel[33].

Conclusion sur les sources d’information juives


Ces quelques rappels démontrent que les « informations » divulguées pendant la guerre par les juifs étaient issues de rumeurs sans fondement, de mensonges éhontés et d’une propagande conçue à l’aide d’anciens bobards recyclés. Voilà pourquoi de 1942 à 1945, malgré les rapports et les mémorandums d’origine juive qui ne cessaient de leur parvenir, les gouvernements anglais et américains n’ont réagi que par de vagues déclarations.

Le manque de crédit à accorder aux information juives apparaissait d’autant plus aux Alliés que ceux-ci avaient d’autres sources d’informations : les publications du Gouvernement polonais en exil et, surtout, les rapports de leurs propres services de renseignements. Or, nous allons voir que ni les uns ni les autres ne permettaient de conclure qu’un génocide se perpétrait, bien au contraire.

Les informations données par le Gouvernement polonais en exil

La Résistance polonaise avait infiltré Auschwitz…


Fait encore relativement méconnu, dès 1941, la Résistance polonaise avait infiltré Auschwitz, grâce à un homme répondant au nom de Witold Pilecki[34]. Celui-ci avait créé des groupes à l’intérieur du camp ; il était même parvenu à entretenir des relations permanentes avec l’extérieur, ce qui lui permettait d’envoyer « des nouvelles à Cracovie sur la situation et les possibilités d’action » (Ibid., p. 52). Ces relations furent telles que dans « les derniers mois de 1941, le quartier général de la Section de Cracovie de la ZWZ [Union de la lutte armée] créa […] une cellule spéciale de liaison avec le camp d’Auschwitz» (Id.).

… et informait Londres


La Résistance polonaise était de plus en contact permanent avec Londres par l’intermédiaire de messagers ou grâce à la centaine de postes émetteurs clandestins qu’elle possédait[35]. C’est ainsi que le Gouvernement polonais en exil (GPE) put être tenu informé et publier un bimensuel : la Polish Fortnightlt Review.

La Résistance polonaise ne parle jamais d’Auschwitz comme d’un centre d’extermination des juifs


Comme on pouvait s’y attendre, dès 1942, le GPE fit allusion à l’extermination des juifs. Le 23 décembre 1942, ainsi, le ministère de l’Intérieur de ce gouvernement, publia un rapport de 82 pages dont 20 traitaient de la liquidation du ghetto de Varsovie (pp. 34-36, 42-69). L’auteur affirmait que les juifs étaient anéantis dans les « camps de la mort de Belzec, de Sobibor et de Treblinka II» et « depuis peu » dans les chambres à gaz d’Auschwitz[36]. Il s’agissait toutefois d’informations encore très vagues, ce qui peut certes se comprendre puisque le rapport s’arrêtait au 1er juin 1942 (Id.). Mais toujours en décembre 1942, le ministère des Affaires étrangères du GPE publia un rapport intitulé : « L’extermination en masse des juifs dans la Pologne occupée ». L’auteur disait bénéficier des « plus récentes informations » reçues de Pologne « au cours des dernières semaines » (Id.). Il citait une vingtaine de lieux où, prétendait-il, les juifs étaient liquidés, en mentionnant tout particulièrement le ghetto de Varsovie. A aucun moment le nom d’Auschwitz n’apparaissait ! Or, il faut savoir que d’après la thèse officielle, la première « sélection » dans ce camp, avec envoi des « inaptes » à la mort, avait eu lieu le 4 juillet 1942[37]. Par conséquent, l’ « oubli » surprend.

Mais il y a plus. E. Aynat a étudié tous les numéros de la Polish Fortnightly Review. Il écrit :

Depuis le premier numéro de cette revue, en juillet 1940, jusqu’au 1er mai 1945, l’on ne trouve pas la moindre trace d’une extermination des juifs à Auschwitz. Avec cette particularité que, bien que le camp d’Auschwitz soit continuellement mentionné, il n’est nulle part indiqué qu’il s’agissait d’un lieu où l’on exterminait des juifs, et, parallèlement, bien que l’extermination des juifs soit mentionnée fréquemment, rien n’indique qu’elle était réalisée à Auschwitz[38].

Ce fait est d’autant plus extraordinaire que, dans sa livraison du 1er juillet 1942, cette revue mentionna un gazage occasionnel qui avait — « aurait » serait plus exact — été perpétré à Auschwitz dans la nuit du 5 au 6 septembre 1941 sur 700 prisonniers de guerre soviétiques et 300 Polonais[39].

Et E. Aynat de souligner :

Ainsi il se serait produit là quelque chose de paradoxal : la PFR [Polish Fortnightly Review] aurait appris — et publié — des renseignements sur l’extermination occasionnelle d’un millier de personnes à l’aide d’un gaz toxique et, en même temps, elle aurait complètement ignoré l’extermination massive et régulière de centaines de milliers de juifs tout au long de 1942, de 1943 et de 1944 [Id.].

Conclusions à tirer des informations données par la Résistance polonaise


Avec raison, l’auteur conclut son étude en affirmant que, selon toute probabilité, aucune extermination massive de juifs n’a eu lieu à Auschwitz. Il écrit :

a) La PFR pouvait et devait savoir qu’on anéantissait massivement les juifs à Auschwitz ; et

b) Elle aurait dû rapporter le fait, puisque le sujet de l’extermination des juifs constituait l’un des points centraux de sa propagande.
Et si elle ne l’a pas raconté, alors qu’elle le devait, c’est qu’en toute probabilité ladite extermination massive de juifs ne s’est jamais produite. Telle est, en conséquence, l’unique explication satisfaisante du silence sur ce point de la Polish Fortnightly Review [Ibid., p. 65].

Sachant que les Alliés étaient en contact avec la Résistance polonaise et qu’ils ont dû lire les publications de GPE, ils en auront tiré les mêmes conclusions qu’E. Aynat.

Les propres services de renseignements des Alliés n’ont pas confirmé les rumeurs juives sur l’ « Holocauste »

Les clichés aériens pris au-dessus d’Auschwitz


Mais leur conviction se fondait avant tout sur les rapports de leurs propres services de renseignements. Ceux-ci disposaient d’un outil très efficace pour l’espionnage : les avions de reconnaissance qui prenaient des photographies du Reich et des territoires qu’il occupait[40]. De 1940 à 1945, des centaines de milliers de clichés furent pris, qui sont conservés dans les archives américaines. Un certain nombre l’ont été au-dessus de Birkenau, notamment lors des missions du 31 mai, du 25 août et du 13 septembre 1944[41]. L’ensemble du camp y est parfaitement visible, y compris les quatre crématoires.

Des clichés soigneusement analysés


Or, il faut savoir que les Alliés ne se contentaient pas de prendre des clichés et d’y jeter un coup d’œil rapide. Non, des spécialistes les analysaient minutieusement à l’aide d’appareils spéciaux qui recréaient la troisième dimension (Ibid., p. 2). Dans les deux rapports concernant des photos prises au-dessus d’Auschwitz III les 26 juin et 20 août 1944. On découvre que :

1°) les Alliés connaissaient parfaitement Auschwitz. Il en avaient dressé des plans où chaque bâtiment était numéroté et sa destination connue. Ils connaissaient même la nature des produits chimiques contenus dans les différents réservoirs ;

2°) L’analyse des clichés était si minutieuse que les spécialistes pouvaient faire la différence entre la fumée et la vapeur ;

3°) les analystes étaient capables d’évaluer le taux d’activité dans les différentes usines, au point de dire si elle était ou non « normale ».

Des clichés qui n’ont pas confirmé les rumeurs juives sur l’ « Holocauste »


Cela dit, on se souvient qu’en 1943, dans leur déclaration commune, les Alliés avaient failli parler des « chambres à gaz », mais qu’ils s’en étaient abstenus à la suggestion du gouvernement britannique qui invoquait l’absence de « preuve suffisante ». Quand on sait qu’en mai, août et septembre 1944, des clichés ont été pris au-dessus de Birkenau, qui montraient les crématoires, on ne peut croire que les Américains n’en aient pas profité pour rechercher activement cette preuve qui manquait. Et on ne peut croire que, s’ils l’avaient trouvée, ils ne se soient empressés de la montrer aux Britanniques en disant : « Prêts pour parler des chambres à gaz maintenant ? » Or, je le répète, jusqu’à la fin du conflit, aucune déclaration commune alliée n’a mentionné ces abattoirs chimiques. C’est la preuve que, sur les photographies, les analystes n’avaient rien trouvé.

Voilà d’ailleurs pourquoi à Nuremberg, l’Accusation s’est abstenue de publier ces images, même quand l’accusé Julius Streicher déclara que, pour de simples raisons techniques, il ne croyait pas en la thèse de l’ « Holocauste »[42].

Les autorités américaines réduites à la falsification 35 ans après


Pendant plus de trente ans, elles ont dormi dans les archives américaines. Il a fallu attendre 1979 pour que, sous la poussée des révisionnistes, ces clichés soient enfin mis à la disposition du public[43]. Sachant qu’on n’y trouvait aucun indice d’un quelconque génocide, les deux membres de la CIA qui les analysèrent truquèrent les négatifs afin d’y faire apparaître des traces suspectes. Mais ils travaillèrent trop vite et trop mal, si bien que la supercherie fut découverte et dénoncée par l’expert canadien J. Ball[44]. C’était en 1992 : onze ans plus tard, les conclusions de J. Ball n’ont toujours pas été réfutées.

Des clichés aériens qui gênent énormément les propagateurs de la thèse officielle


Je note d’ailleurs qu’aujourd’hui, ces clichés gênent terriblement les propagateurs de la thèse officielle. Ainsi, l’ouvrage de S. Bruchfeld et P. Levine qui contient 59 illustrations ne renferme-t-il aucune photographie aérienne. De son côté, l’historienne A. Wieviorka s’embrouille et ment pour tenter d’écarter ces clichés malvenus.

Quant au catalogue de l’exposition intitulée Mémoire des camps. Photographies des camps de concentration et d’extermination nazis (1933-1999), ilmontre 269 clichés repartis sur 246 pages. On n’y trouve qu’une seule photographie aérienne (p. 99) qu’accompagne un petit texte d’une trentaine de lignes (sur une demie page ; p. 98). La photographie montre le camp de Birkenau, ses environs et une partie du camp d’Auschwitz I. Elle est prise de si haut qu’aucun détail n’est visible. Fait extrêmement révélateur, les auteurs n’ont même pas pris la peine d’indiquer les crématoires, si bien que le néophyte ne verra rien.

Quant aux explications, elles sont savoureuses. L’auteur, Clément Chéroux tente maladroitement d’expliquer pourquoi les analystes de l’époque n’ont rien vu alors que certaines photographies étaient pourtant très riches en détails. Après avoir déclaré qu’aujourd’hui, l’analyse de ces documents permet de « distinguer le nombre de wagons des convois, les files de prisonniers et les chambres à gaz elle-même (dont c’est là l’une des rares représentations photographiques contemporaines des massacres)» — pourquoi, alors, ne les montre-t-il pas sur la photo ? — il écrit :

Mais cette analyse n’était, selon eux [les historiens d’aujourd’hui], possible que a posteriori grâce aux recoupements des divers informations et témoignages sur le camp. L’interprète de l’époque, les yeux rivés sur les usines IG Farben, ne pouvait guère imaginer que se pratiquait à côté une autre forme d’industrie… une industrie de mort[45].

C’est vraiment se moquer du monde ! Car c’est oublier, entre autres, la publication du « War Refugee Board Report » en novembre 1944, avec le plan de Birkenau qui indiquait précisément l’emplacement des quatre crématoires. Par conséquent, les analystes étaient en possession de tous les éléments ; ils n’avaient plus qu’à reprendre les clichés et à regarder aux endroits mentionnés par R. Vrba et F. Wetzler. Je suis persuadé qu’ils l’ont fait et que, comme J. Ball 45 ans plus tard, ils n’ont rien vu : pas de foules en attente d’être tuées, pas d’activité aux abords des crématoires, pas de cheminées fumantes, pas de tas de coke (pour l’alimentation des fours), pas de fosses de crémation en plein air.

Les renseignements obtenus par les Alliés expliquent pourquoi ils n’ont jamais bombardé les voies ferrées qui menaient à Auschwitz


Voilà pourquoi ni les camp de Birkenau ni les voies ferrées qui y menaient n’ont été bombardés par les Alliés ; malgré les demandes répétées des juifs[46] Ceux-ci savaient parfaitement que, malgré les rumeurs persistantes, aucun massacre de masse ne s’y déroulait. Les silences du Gouvernement polonais en exil à propos d’Auschwitz centre d’extermination pour juifs et les clichés aériens pris au-dessus de Birkenau suffisaient pour les convaincre que les « informations » étaient un affreux mélange de rumeurs infondées, de mensonges éhontés et de bobards recyclés.

La malhonnêteté des propagateurs du mythe de l’ « Holocauste »


Aujourd’hui, cependant, les propagateurs de la thèse officielle agissent avec malhonnêteté :

- ils occultent les silences du GPE et les rapports d’analyse des clichés aériens ;

- ils falsifient les négatifs afin d’y faire apparaître des indices suspects ;

- ils cachent l’immense majorité des vraies photographies aériennes prise en 1944 au-dessus de Birkenau et qui ne montrent rien (pas de foule, pas de cheminées crachant de la fumée, pas de fosses de crémation, pas de tas de cadavres, pas de tas de coke pour alimenter les fours etc.) ;

- ils se focalisent sur les informations d’origine juive en ne prenant que celles qui, finalement, s’accorderont avec la thèse plus tard imposée (gazages et fusillades ; oubliées les chambres électriques, les chambres à vapeur, les crémations dans les wagons plombés, les machines à briser les têtes, les noyades en masse, la bombe atomique d’Auschwitz, les transformations en savon etc.).

Puis il clament : « Vous voyez bien que les Alliés savaient dès 1942, que toutes les informations recueillies étaient concordantes et qu’elle seront vérifiées en 1945. C’est donc que le génocide des juifs a eu lieu… »

On ne saurait être plus malhonnête.



[1] Voy. François Bédarida, op. cit., p. 43.

[2] Voy. André Kaspi, L’Allemagne de Hitler [éd. du Seuil, 1991], p. 280. Voy. également l’article paru en décembre 1999 dans le mensuel Historia sous le titre : « Auschwitz : les Alliés savaient dès 1942 » (p. 22).

[3] Voy. F. Bédarida, op. cit., p. 44. Sur cette question, voy. également S. Bruchfeld et P. Levine, op. cit., pp. 169 à 174.

[4] « De mai à juillet 1944, le monde regarda sans bouger les Allemands déporter des centaines de milliers de juifs hongrois, à travers la Slovaquie, vers Auschwitz-Birkenau. » (voy. S. Bruchfeld et P. Levine, op. cit., p. 172).

[5] Voy, Historia, déjà cité. Une analyse de l’article est parue sous le titre : Les véritables falsificateurs de l’Histoire (éd. du VHO, sans date).

[6] Paru aux éditions du « Progrès Civique », Paris, sans date.

[7] Voy., par exemple, E. Lavisse et Ch. Andler, Pratique et doctrine allemandes de la guerre (Librairie Armand Colin, 1915), p. 11. Il y est question de « Mme X » (toujours pratique l’anonymat !), de Sommeilles (Meuse), qui aurait été retrouvée avec d’autres « dans une mare de sang », avec « le sein et le bras droit coupés ».

[8] « Je jure que je ne vais rien inventer, que je n’exagérerai pas d’une virgule. Ce qui va suivre sera le résumé rigoureux et fidèle des témoignages et des documents » (p. 185).

[9] « Une trentaine de tués », « Cinq cent tués » (p. 174) ; « Une vingtaine de juifs fusillés » (p. 176) ; « Quelques centaines de juifs tués, d’aucuns disent trois mille» (p. 180) ; « 158 juifs furent massacrés » (p. 181) ; « Je rapporte près de trois cents noms de martyrisés » (p. 192) ; « Il y a déjà près de 3 000 tués» (p. 221)…

[10] Voy. S. Wiesenthal. Le livre de la mémoire juive. Calendrier d’un martyrologe (éd. Robert Laffont, 1986), p. 66, col. A-B.

[11] Après la victoire des bolcheviks, S. Petlioura se réfugia en France. Il fut assassiné en 1926 par un jeune juif ukrainien qui, dit-on, voulait venger les pogroms.

[12] « Des prisonnières y étaient entassées. On en faisait sortir la nuit pour les mettre à la question. C’étaient des tortures abjectes et terribles. Eva Manberg me conta qu’elle avait vu sept femmes qui ne revinrent jamais du supplice » (Id.).

[13] Voy. Paul Allard, La guerre du mensonge (Les Éditions de France, 1940).

[14] Voy. Paul Allard, « Ici Londres » (Les Éditions de France, 1942).

[15] Voy. Libres, 19 septembre 1944, p. 2.

[16] Voy. Libres, 26 décembre 1944, p. 1 : « Skorzeny l’officier parachutiste nazi qui libéra Mussolini est abattu par Nicolas Horthy qu’il voulait arrêter ».

[17] Voy. P. Lewinska, op. cit., pp. 27 et 24.

[18] Voy. A. Rogerie, op. cit., p. 51.

[19] Dans son monumental ouvrage, R. Hilberg concède qu’il s’agir d’une simple « rumeur » apparue en août 1942 (voy. R. Hilberg, La destruction des juifs d’Europe, déjà cité, p. 966, note 22).

[20] Voy. Libres, 30 août 1944, p. 2, article d’André Chassaignon intitulé : « Le convoi de misère » et racontant le destin d’évadés repris étaient menées à Rawa-Ruska. On lit que lors du transport, il reçurent : « Un pain moisi, une peu de tremblante gelée vinaigrée qu’on appelle “du Russe” parce qu’elle est censée avoir été fabriquée avec les cadavres des martyrs qu’on a vu charrier par tombereaux vers la fosse commune ».

[21] Voy. R. Faurisson, Écrits révisionnistes, t. I, p. 301.

[22] Voy. W. Szpilman, op. cit., p. 96.

[23]La liquidation du ghetto de Varsovie se poursuit. Sans aucune distinction de sexe ou d’âge, tous les juifs sont retirés du ghetto par groupes et fusillés. Leurs corps sont utilisés pour faire des graisses et leurs os pour faire des engrais » (voy. la lettre de Taylor au cardinal Maglione, datée du 26 septembre 1942 et reproduite dans Foreign Relations of the United States. Diplomatic Papers. 1942, vol. III [US Government Printing Office, 1961], p. 775.

[24] voy. J’Accuse, n° 2, 20 octobre 1942, p. 1, col. A

[25] voy. P.M., 25 novembre 1942, article intitulé : « Millions Jews Dead ».

[26] On trouvera une traduction de cet article du 22 mars 1916 dans la Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, pp. 166-72 et dans le troisième tome des Écrits révisionnistes, pp. 1355-7.

[27] Voy. W. Szpilman, op. cit., p. 96.

[28] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 394.

[29] Voy. L. Simon, Souvenirs de la maison des morts. Le massacre des juifs (auto-édité, 1945), pp. 52-3.

[30] Voy. le télégramme de Cordell Hull à l’ambassadeur américain à Moscou, 30 août 1943, dans Foreign Relations…, op. cit., 1943, vol. 1, pp. 416-7 : « A la suggestion du Gouvernement britannique qui dit qu’il n’y a pas de preuve suffisante pour justifier la déclaration concernant les exécutions en chambres à gaz[…] ».

[31] Voy. A. Butz, « Contexte historique et perspective d’ensemble dans la controverse sur l’ “Holocauste” », paru dans la Revue d’histoire révisionniste, n° 2, août 1990, p. 120.

[32] « COMMANDANT WALSH. — […] Je présente maintenant comme preuve le document L-22, (USA-294). C’est un rapport officiel du Gouvernement des Etats-Unis […] concernant les camps de concentration allemands d’Auschwitz et de Birkenau, daté 1944. A la page 33 de ce compte rendu on montre que beaucoup de juifs furent tués par les gaz à Birkenau en 2 ans, d’avril 1942 à avril 1944. On m’a affirmé que le chiffre figurant ici n’est pas une erreur : il est de 1 765 000 » (TMI, III, 571).

[33] Sur l’effondrement de R. Vrba lors du premier procès Zündel, voy. les Annales d’histoire révisionniste, n° 8 (pp. 34-38) et 5 (pp. 35-37). Sur le fait qu’en 1988, R. Vrba ne revint pas témoigner, voy. les Annales…, n° 5, p. 43.

[34] Voy. Jozef Garlinski, Volontaire pour Auschwitz. La Résistance organisée à l’intérieur du camp (éd. Elsevier Séquoia, 1976), p. 13, 73 et 74.

[35] Voy. E. Aynat, « Le Gouvernement polonais en exil et Auschwitz. D’après le périodique Polish Fortnightlt Review, 1940-1945 », paru en français dans la Revue d’histoire révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 44.

[36] Voy. E. Aynat, Considérations sur…, art. cit., p. 31.

[37] « 4 juillet [1942] : A Auschwitz, première “sélection” par des médecins nazis sur la “rampe” d’arrivée. Les “inaptes au travail” sont envoyés aux chambres à gaz. Le convoi transporte des juifs de Slovaquie. » (voy. S. Bruchfeld et P. Levine, op. cit., p. 75).

[38] Voy. E. Aynat, « Considérations sur… », art. cit., p. 32. Dans une autre étude, E. Aynat explique comment Auschwitz fut mentionné sans qu’il soit question d’extermination de juifs et comment l’extermination des juifs fut mentionnée sans qu’il soit question d’Auschwitz : voy. « Le gouvernement polonais en exil… », art. cit., pp. 49-58.

[39] Voy. E. Aynat, « Le gouvernement polonais en exil… », art. cit., p. 52.

[40] Cette technique avait été mise au point dès la première guerre mondiale. Voy. par exemple L’Image de guerre, n° 109, décembre 1916. Deux clichés montrant deux villages substantiellement détruits étaient publiés. L’auteur écrivait : « On se demandera sans doute de quelle façon on procède pour obtenir de tels clichés ? Rien n’et plus simple cependant. L’avion qui survole la région à photographier est percé à sa base d’une ouverture assez large pour permettre au pilote d’embrasser son sujet. Il est muni d’un appareil photographe qui joue et escamote lui-même sa plaque au moyen d’un ingénieux déclic commandé par une simple ficelle. »

[41] Voy. J. Ball, op. cit., pp. 39 et suivantes.

[42] J. Streicher fut l’un des premiers révisionnistes sur la question de l’ « Holocauste ». Quarante ans avant R. Faurisson, il affirma que, techniquement, un tel meurtre de masse était impossible. Face à ses juges, il lança : « Aujourd’hui encore, je ne puis croire que 5 000 000 de juifs aient été tués. Du point de vue technique, je considère la chose comme impossible. Je n’y crois pas. Je n’en ai, jusqu’ici, aucune preuve » (TMI, XII, 381).

[43] Voy. Dino A. Brugioni et Robert G. Poirier. The Holocaust Revisited. A retrospective analysis of the Auschwitz-Birkenau extermination complex (CIA, Washington D.C., février 1979).

[44] Voy. J. Ball, op. cit., pp. 42-47.

[45] Voy. Mémoire des camps…, p. 98.

[46] Le 9 août 1944, le secrétaire général de Congrès juif mondial demanda au secrétaire adjoint américain à la Défense, McCloy, de bombarder les voies ferrées aboutissant à Auschwitz (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 196). En vain.
 
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Auschwitz, également camp de transit


Certains pourront être surpris que des juifs « inaptes » soient passés par un camp dit « d’extermination » sans être assassinés. Mais il existe d’autres cas attestés. Dans son étude, E. Aynat évoque par exemple la déportation des juifs slovaques qui a eu lieu quelques mois avant la rafle du Vel’ d’Hiv’. Il écrit :

Il est intéressant également d’observer ce qui est arrivé aux juifs slovaques déportés au printemps 1942. Du 27 mars au 14 juin 1942, autour de 38 000 personnes, dans 38 trains, furent déplacées. Sur ces trains, 4 allèrent au camp de concentration de Majdanek (Lublin, Pologne) ; les 34 autres transportèrent leurs membres dans différentes localités de la région de Lublin (Lubartów, Opole, Luków, Chelm, Pulawy, Sobibor…). La majorité de ces convois étaient composés de familles. Plusieurs trains furent soumis à un processus de « sélection » en passant par Lublin. Ceux qui furent considérés aptes au travail furent internés à Majdanek. Les autres poursuivirent leur voyage. Une proportion considérable des déplacés échouèrent dans des « ghettos de transit » (Durchgangsghettos). Après un séjour dans ces ghettos , qui peut varier entre quelques jours ou semaines et de nombreux mois, les juifs furent déportés de nouveau. Cette seconde déportation s’effectua, dit-on, vers les « camps de la mort »(99) [note 99 : « Yehoshua Büchler, “The Deportation of Slovakian Jews to the Lublin District of Poland in 1942”, Holocaust and the Genocide Studies, vol. 6, n° 2, 1991. »][31].

Or, il faut savoir que d’après la version officielle, Majdanek aurait été un camp d’extermination jusqu’en novembre 1943[32], avec chambres à gaz et crématoires. Par conséquent, et si l’on en croit la version officielle, les juifs slovaques déclarés inaptes auraient dû être exterminés là-bas, immédiatement après les « sélections ». Et pourtant, on admet qu’il « poursuivirent leur voyage ».

C’est bien la preuve que des juifs pouvaient passer par un camp dit « d’extermination », ne pas être retenus comme ouvriers, et repartir.
E. Aynat poursuit ainsi :

Par analogie, il y a lieu de penser que les trains de juifs venant de France et de Belgique suivaient un parcours similaire, à ceci près que le voyage durait plus longtemps. Il existe également une autre raison. Comme cela été signalé, les Allemands avaient prévu de déporter des milliers de travailleurs juifs à Auschwitz pour les employer dans l’industrie […]. Il est alors logique que, devant évacuer les enfants et, d’une manière générale, les personnes inaptes au travail, ils l’ont fait dans les mêmes convois que ceux des travailleurs. De cette manière, tous arrivèrent ensemble à Auschwitz. Les vieillards, les femmes et les enfants attendaient à Auschwitz jusqu’à ce qu’on organise de nouveaux convois ou que l’on prenne les dispositions en vue de les accueillir dans les zones d’installation à l’Est [Ibid., p. 45].

Des enfants ont vécu à Auschwitz


Le fait que des enfants (jeunes ou adolescents) aient vécu assez longtemps à Auschwitz est indéniable. Certains petits déportés étaient d’ailleurs tatoués, ce qui gêne manifestement les tenants de la thèses officielle. Dans son édition de 2003, un manuel d’Histoire pour classes de troisième, le Bréal, publie un dessin exécuté par un enfant interné à Auschwitz ; il montre un appel à Birkenau (probablement au camp des femmes)[33]. De nombreux autres dessins de ce genre existent. Trente-deux d’entre eux ont été publiés en 1965 dans l’ouvrage d’Inge Deutschkron intitulé dans sa version française : Tel était leur enfer (éd. La Jeune Parque). P. Marais les a soigneusement étudiés. Fait révélateur : il n’y pas trouvé le moindre début de représentation d’une quelconque chambre à gaz ou d’un quelconque meurtre de masse. Il écrit :

L’examen attentif de ces trente-deux dessins du livre d’I. Deutschkron nous révèle qu’ils dépeignent le monde concentrationnaire qu’ont pu vivre des enfants internés tels qu’il a été maintes fois décrit par des témoins dignes de foi et tel qu’il peut être aisément imaginé par ceux qui ne l’ont pas connu. Rien dans ce qu’ils représentent avec précision ou évoquent ne heurte la vraisemblance et n’a jamais été contesté : arrestations, déportation, travaux forcé, mauvais traitements, exécution par pendaison et arme à feu, l’épouvante et la maladie, visible sur les visages, incinérations en four crématoire. […] ces enfants connaissaient parfaitement l’existence d’installations de désinfection (voy. le dessin n° 16 : bâtiment portant l’inscription ENTWESUNG). Mais, et c’est là le point important, aucun de leurs dessins, pas même ceux (n° 5, 12, 25 et 32) attribués à Jehuda Bacon, déporté à Auschwitz [à l’âge de 14 ans], ne décrit ou n’évoque une chambre à gaz homicide d’exécutions collectives. Or, il nous paraît évident que, s’il existait des dessins d’époque décrivant ou évoquant les « chambres à gaz », des auteurs, et notamment I. Deutschkron, n’auraient pas manqué de les faire publier, ce qui eût constitué un argument en faveur de la thèse de la réalité historique de ces chambres ; de tels dessins, manifestement, n’existent pas. On peut alors se poser les questions suivantes : comment des enfants déportés à Auschwitz-Birkenau ayant connu l’existence — qui n’était nullement tenue secrète — des fours crématoires — puisqu’ils les ont représentés — auraient-ils pu ignorer, si cela était vrai, que l’on y gazait continuellement des trains entiers de déportés ? Comment n’auraient-ils pas trouvé un mode de représentation quelconque de telles horreurs ? Et comment ne pas conclure, devant cette collection que nous considérons comme édifiante, que si les enfants déportés n’ont pas dessiné de chambres à gaz homicides, c’est tout simplement parce qu’ils n’en ont jamais vu ni entendu parler ? [Voy. article reproduit en annexe].

Sans être des preuves définitives, ces dessins renforcent la version selon laquelle des inaptes au travail (ici, des enfants) arrivèrent à Birkenau et y vécurent sans être exterminés et sans même entendre parler d’exterminations…

Sobibor, Treblinka, Belzec et Chelmno : camps d’extermination ?


Dans son ouvrage, Arthur R. Butz rappelle qu’en décembre 1943, 5 000 juifs du ghetto de Thersienstadt arrivèrent à Auschwitz et que, six mois plus tard, environ 2 000 d’entre eux avaient été mis au travail, 1 452 étaient encore en quarantaine et 1 575 étaient considérés comme « prêts pour le transport » (Vorbareitung zum Transport)[34]. J’y vois la preuve que des juifs passaient uniquement par Auschwitz, le temps d’une quarantaine, avant de repartir.

Mais repartir pour où ? Certains me répondront : « Pour les camps de la mort, c’est-à-dire à Sobibor, Treblinka, Belzec ou Chelmno. Là, il n’existait aucun commando de travail, tous les juifs qui arrivaient étaient immédiatement gazés ».

Une thèse qui se heurte à deux faits


Avant même d’aller plus loin, j’affirme que cette thèse se heurte à deux faits :

1°) Puisque, d’après l’histoire officielle, Auschwitz et Majdanek étaient des « camps mixtes », c’est-à-dire prévus pour la mise au travail et pour l’extermination rapide (chambres à gaz)[35], on ne voit pas pourquoi les Allemands auraient transféré ailleurs les inaptes au travail afin de les gazer. Cette façon d’agir aurait entraîné des pertes de temps, une mobilisation inutile de trains, des pertes de carburant etc. dans une période où l’on cherchait précisément à minimiser les gaspillages ;

2°) A supposer que, depuis le début, les inaptes au travail aient été promis à la chambre à gaz, pourquoi les Allemands les auraient-ils mis six mois (ou plus) en quarantaine, période pendant laquelle il aurait fallu — au minimum — leur allouer des baraques et les nourrir ?

Les clichés aériens confirment qu’il ne s’agissait pas de camps d’extermination


Cependant, allons maintenant plus loin. Oublions ces deux obstacles logiques. La thèse officielle n’en sera pas sauvée pour autant. Car on sait aujourd’hui que ni Sobibor, ni Treblinka, ni Belzec n’ont été des camps d’extermination. Les clichés aériens de ces lieux pris par les Alliés pendant la guerre et analysés dans les années 90 le démontrent amplement ; on n’y voit ni chambres à gaz homicides, ni fosses communes, ni bûchers d’incinération[36].

Les « camions à gaz » de Chelmno n’ont jamais existé


Quant à Chelmno (Kulmhof), l’histoire des gazages homicides qui auraient été perpétrés dans des camions spécialement aménagés à cet effet (les « camions à gaz ») a été réfutée par Pierre Marais[37].

De simples camps de transit


Mais alors, à quoi servaient-ils ? Répondre à cette question nécessite un petit retour dans le passé.

Les Allemands voulaient expulser les juifs hors de leur sphère d’influence


Depuis 1938, les Allemands souhaitaient ardemment se débarrasser des juifs. A l’époque, il s’agissait de les envoyer soit en Pologne — et dans ce cas, il serait plus exact de parler de renvoi, car étaient concernés les ressortissants polonais établis dans le Reich[38] — soit dans d’autres pays susceptibles de les accueillir[39]. Afin de coordonner cette action, le 24 janvier 1939, H. Göring créa le Centre d’émigration juive dont le chef serait R. Heydrich (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 341).

Sans surprise, le déclenchement de la guerre vint tout bouleverser. Mais si, un moment, la question juive fut reléguée à l’arrière-plan, elle ne fut jamais oubliée. Après la défaite de la France, un service du ministère des Affaires étrangères allemand proposa que, lors du futur traité de paix, l’île de Madagascar soit cédée aux Allemands qui pourraient alors y envoyer « des millions de juifs ». Ce projet enthousiasma Heydrich[40], preuve qu’en 1940/1941, les dirigeants nationaux-socialistes envisageaient toujours l’évacuation des juifs. Mais il fut abandonné au début de 1941, car il ne pouvait être question de transporter tous les juifs par bateau en pleine guerre[41].

La fameuse lettre du H. Göring à R. Heydrich en date du 31 juillet 1941


Une période d’attente suivit, où rien d’important ne se passa. Les juifs étaient concentrés dans des ghettos. Le 24 juin 1941, R. Heydrich informa le ministre des Affaires étrangères du Reich que la solution d’ensemble de la question juive concernait 3,25 millions de juifs disséminés dans toute la sphère d’influence allemande, donc qu’on ne pouvait plus espérer la résoudre par la voie de l’émigration ; une solution territoriale s’imposait[42]. Quelques semaines plus tard, les victoires fulgurantes sur l’Armée rouge et la certitude que l’URSS serait écrasée vers la fin du mois d’août[43] firent germer dans l’esprit de certains un nouveau plan : l’évacuation des juifs à l’Est, au-delà du Gouvernement général, dans les territoires devenus accessibles suite au recul de l’armée soviétique (Ukraine, Biélorussie, Lituanie, Lettonie, voire même de l’Estonie). C’est ainsi que le 31 juillet 1941, H. Göring écrivit une lettre capitale à R. Heydrich. Après lui avoir rappelé que, par décret du 24 janvier 1939, il avait été chargé d’obtenir une solution à la question juive « par la voie de l’émigration ou de l’évacuation » (in Form der Auswanderung oder Evakuierung), il lui demandait, en tant que personne compétente, « de procéder à tous les préparatifs nécessaires sur le plan de l’organisation et des question concrètes pour aboutir à une solution totale de la question juive dans la zone d’influence allemande en Europe » (Gesamtlösung der Judenfrage im deutschen Einfluβgebiet in Europa)[44].

La « Solution totale » de la question juive signifiait l’évacuation des juifs à l’Est


Dans un manuel d’Histoire pour classes de terminale paru en 1983, les auteurs présentent cette lettre comme une « proclamation » de l’ « extermination totale et planifiée». Sous le titre, « Les étapes du génocide », on lit : « 30 [sic] juillet 1941 : proclamation de la “solution définitive” (ou “solution finale”) par Göring dans une lettre à Himmler [sic] : extermination totale et planifiée »[45]. C’est une absurdité. Quand on lit correctement la missive et qu’on la replace dans son contexte, il apparaît clairement que la « solution totale » envisagée était l’expulsion des juifs et leur installation loin à l’Est. Face à ses juges, d’ailleurs, H. Göring en confirma le contenu et rappela qu’à sa connaissance, la politique allemande envers les juifs étaient restée la même jusqu’à la fin. Au procureur général adjoint britannique qui lui demandait : « vous saviez qu’il existait une politique qui visait à l’extermination des juifs ? », il répondit sans détour : « Non, une politique d’émigration et non pas d’extermination des juifs » (TMI, IX, 655). Il ne fut pas le seul à parler ainsi : convoqué comme témoin, l’ancien chef de la Chancellerie du Reich, Hans Lammers, certifia qu’H. Himmler ne lui avait jamais parlé d’une extermination des juifs, mais juste d’un programme d’expulsion et qu’il avait fallu attendre la fin de la guerre pour qu’il entende parler de 5 millions d’exterminés[46].

De multiples confirmations


A une exception près (pour A. Seyss-Inquart), je ne perdrai toutefois pas mon temps à citer tous les autres dirigeants nationaux-socialistes qui, après 1945, confirmèrent l’existence de cette politique d’évacuation vers l’Est à partir de l’automne 1941, car il est toujours aisé de répondre qu’ils mentaient pour tenter de sauver leur tête. Je préfère donc mentionner des faits ou des documents qui l’attestent. Ils sont nombreux. En voici quelques-uns dans l’ordre chronologique :

- 10 octobre 1941 : « lors d’une conférence sur la “Solution finale” du RSHA, Heydrich déclara que Hitler désirait vider le Reich de ses juifs, dans toute la mesure du possible, d’ici à la fin de l’année. Après quoi le chef du RSHA évoqua les déportations imminentes en direction de Lodz et mentionna Riga et Minsk » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 757). ). Je rappelle que Minsk se trouve en Biélorussie (un ghetto y avait été édifié le 12 juillet 1941[47]), Riga en Lettonie ;

- 13 novembre 1941 : « la communauté juive de Cologne adressa une lettre à tous les juifs de sa juridiction pour leur annoncer “un autre transport de 1 000 personnes, à destination de Minsk” le 8 décembre » (Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 391). Dès l’automne 1941, donc, des juifs étaient envoyés là-bas ;
- Dans une publication du Service international de recherches de la Croix-Rouge, on apprend qu’« à partir de novembre 1941 », « un grand nombre de “juifs du Reich” […] furent envoyés dans des ghettos, tels ceux de Kovno et Riga »[48]. Kovno s’appelle aujourd’hui Kaunas et se trouve en Lituanie ;
un ghetto y avait été établi le 9 juillet 1941 (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 169) ;

- Jusqu’au 6 février 1942 « 25 103 juifs ont été évacués en 25 convois vers Riga et installés dans des camps ou plus exactement dans des ghettos »[49] ;

- 9 janvier 1942 : « Début de la déportation vers l’est des internés du ghetto de Theresienstadt. 1 000 hommes, femmes et enfants sont déportés à Riga (Lettonie) et 400 juifs environ au camp de concentration voisin de Salaspils, où ils sont assassinés [pourquoi les avoir emmenés si loin rien que pour ça ?] » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 45) ;

- 11 janvier 1942 : « 1 000 juifs de Vienne sont déportés vers le ghetto de Riga (Lettonie) » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 46) ;

- 15 janvier 1942 : « 1 000 juifs sont déportés du camp de concentration de Theresienstadt au ghetto de Riga (RSS de Lettonie). » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 49) ;

- En 1942, un témoin oculaire, I. Hertz, signala dans un témoignage présenté au Comité antifasciste d’Union soviétique la présence de juifs français et belges en Ukraine : « Des convois de juifs sont arrivés dans la station de chemin de fer de Lvov depuis Tarnopol, Sambor et Brzeziny, et le chargement humain est arrivé à Belzec. En outre, des trains contenant des juifs de Bruxelles, d’Amsterdam et de Paris ont traversé Lvov ; ils ont été envoyés dans le même centre d’extermination [sic] »[50]. Sachant que jamais Belzec n’a été un « centre d’extermination », je ne m’attarderai pas sur les allégations des témoins à ce propos. Je retiendrai juste qu’en 1942, des juifs de l’Ouest se trouvaient en Ukraine et passaient par Lvov ;

- 6 mai 1942 : un train de 1 000 juifs partit de Vienne et arriva deux jours plus tard à Volkovysk, une ville frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Là, les juifs furent transbordés et emmenés dans un autre train jusqu’à Minsk où il arrivèrent le 11 mai (Voy. R. Hilberg, op. cit., pp. 400-1 ; S. Wiesenthal, op. cit., p. 122) ;

- 9 mai 1942 : « Un transport de 1 000 juifs quitte le camp de concentration de Theresiendstadt […] pour le ghetto d’Ossovo (RSS d’Ukraine)» (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 123) ;

- 20 mai 1942 : « 986 juifs sont déportés de Vienne (Autriche) à Minsk (capitale de la RSS de Biélorussie)» (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 129) ;

- 14 juillet 1942 : « Un convoi de 1 000 hommes, femmes et enfants juifs quitte le ghetto de Theresienstadt en direction de Minsk. » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 174) ;

- 13 août 1942 : alors que, depuis la fin juillet, 5 000 juifs partaient quotidiennement en train de Varsovie vers Treblinka, l’Obergruppenführer Wolff, chef de l’état-major de Himmler, écrivit à M. Ganzenmülller, du ministère des Transports : « C’est avec une joie toute particulière que j’ai lu que depuis deux semaines aujourd’hui, un train acheminait, chaque jour, 5 000 membres du peuple élu à Treblinka, de sorte que nous sommes maintenant en mesure de procéder à ce mouvement de population (Bevölkerungsbewegung) [souligné par moi] à un rythme accéléré » (Cité par R. Hilberg, op. cit., p. 422). Preuve que les déportations vers Treblinka s’inscrivaient dans le cadre d’une vaste opération d’expulsions (à moins de prétendre que les Allemands auraient employé un langage codé, « mouvement de population » signifiant « extermination » ; mais cette thèse est inepte, pour savoir pourquoi, ;

- 28 août 1942 : une conférence sur les « questions juives » (Judenfragen) eut lieu à Berlin. De façon extrêmement révélatrice, on y parla du « problème actuel de l’évacuation » (Evakuierungsproblem) et il y fut convenu d’acheter immédiatement (sofort) des baraquements pour l’installation d’un camp… en Russie. Dans un compte rendu rédigé quatre jours plus tard, on lit : « Le SS-Oberstrumbannführer Eichmann fit savoir, au cours de la réunion, que le problème actuel de l’évacuation (déportation des juifs apatrides) doit être réglé avant la fin de l’année civile. Pour la déportation des autres juifs étrangers restants, le terme est prévu fin juin 1943 […]. e) Achat de baraquement. Le SS Obersturmbannführer Eichmann a demandé que l’on procède immédiatement à l’achat de baraquements commandés par le chef de la police de sécurité de La Haye. Le camp doit être installé en Russie. L’envoi des baraquements peut se faire de manière à ce que chaque train emporte 3 à 5 baraquement»[51]. C’est la preuve que des juifs étaient évacués très loin vers l’Est ;

- 1er septembre 1942 : « Un convoi de 1 000 hommes, femmes et enfants juifs quitte le ghetto de Theresienstadt pour Rasika (Estonie)» (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 215) ;

- 19 septembre 1942 : « Un convoi de 1 000 juifs du camp de concentration de Theresienstadt est envoyé à Minsk-Trostinets (RSS de Biélorussie) » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 232) ;

- 2 octobre 1942 : un message envoyé de Berlin à Auschwitz autorisa un camion de cinq tonnes à effectuer un voyage aller-retour à Dessau « dans le but d’aller chercher des matériaux pour le transfert de la population juive »[52]. Sachant que la thèse du langage codé est une aberration, on en déduit qu’à Auschwitz se trouvaient des juifs en transit ;

- 16 octobre 1942 : comme s’il voulait confirmer le compte rendu du 1er septembre 1942, l’Israelitisches Wochenblatt, organe suisse d’information, écrivit : « Depuis quelque temps, la tendance est à la dissolution des ghettos en Pologne. Ce fut le cas de Lublin, puis ce fut le tour de Varsovie. On ne connaît pas l’ampleur qu’a déjà pris l’exécution de ce plan. Les anciens habitants du ghetto vont plus à l’Est dans les territoires russes occupés [souligné par moi], ils sont partiellement remplacés par des juifs d’Allemagne. […] Un témoin, qui était à Riga il y a peu de temps et qui est parvenu à s’enfuir, rapporte qu’il y aurait encore, actuellement, 32 000 juifs dans le ghetto de Riga. Depuis l’occupation, des milliers de juifs seraient morts. Maintenant, les juifs doivent, le matin, partir en rangs, pour le travail forcé à l’extérieur de la ville. […] Dans les derniers temps, on a remarqué à Riga des convois de juifs de Belgique et d’autres pays d’Europe de l’Ouest qui continuaient cependant leur voyage vers une destination inconnue[souligné par moi] » (Voy. J. Graf, art. cit., pp. 210-1) ;

- 5 décembre 1942 : Himmler fut avisé qu’en raison d’une interruption des transports « toute possibilité de transport destiné à la réinstallation des juifs [serait] suspendue du 15 décembre 1942 au 15 janvier 1943 » (Cité par R. Hilberg, op. cit., p. 422). Là encore, c’est clair : il n’est pas question d’extermination, mais de « réinstallation ».

- Dans le courant de l’année 1943, A. Seyss-Inquart eut des conversations avec Hitler au sujet des juifs. A Nuremberg, cet accusé qui ne recula pas devant ses responsabilités déclara : « [Hitler] m’a assuré de la manière si persuasive qui était la sienne et il a tout de même admis en même temps qu’il songeait à une évacuation définitive des juifs, si possible, de tous les pays de l’Europe avec lesquels l’Allemagne voulait rester en relation amicale. Il avait l’intention de veiller à ce qu les juifs fussent établis à la frontière orientale des zones d’intérêt allemandes, dans la mesure où l’on ne pourrait pas les faire émigrer dans d’autres parties du monde » (TMI, XVI, 8)[53] ;

- Août-septembre 1943 : le ghetto de Vilnius (au sud de la Lituanie) fut dissout. Où les juifs furent-ils envoyés ? A Auschwitz ? A Treblinka ? Non : « Les Allemands envoyèrent la plupart des habitants [plus haut encore] en Estonie ou en Lituanie» (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 33 ; voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 236).

- 19 mars 1944 : en Russie blanche, les troupes de l’Armée rouge découvrirent, près de Ozaritschi, « trois camps de concentration où se trouvaient plus de 33 000 enfants, femmes, malades et vieillards » : « 15 960 enfants de moins de 13 ans, 13 072 femmes malades et 4 448 vieillards » (Doc. URSS-004 ; TMI, VII, 579) ;

- Avril 1944 : un journal communiste clandestin, Notre Voix, annonça que, d’après Radio-Moscou, « huit mille juifs de Paris [venaient] d’être sauvés par la glorieuse Armée rouge. Ils se trouvaient tous en Ukraine au moment de la dernière offensive soviétique et les bandits SS devaient les fusiller avant de quitter le pays »[54]. Là encore, passons sur les prétendus plans sinistres de SS pour ne retenir que le fait brut : en avril 1944, des milliers de juifs français se trouvaient encore en Ukraine ;

- 15 mai 1944 : un convoi partit de Drancy avec environ 900 juifs. Une partie des prisonniers descendit à Kaunas, en Lituanie, l’autre fut acheminée jusqu’à Reval (Tallin) en Estonie[55] ;

- 1er octobre 1944 : le quotidien Libres parle du camp de Kloga, près de Reval, où, juste avant de partir, les All auraient massacré 3 000 détenus « parmi lesquels se trouvaient de nombreuses femmes et enfants » (p. 1).

- 8 février 1946 : à Nuremberg, le procureur général soviétique, le général R. A. Rudenko, confirma que les Allemands avaient créé un vaste complexe de camps à l’Est. Dans son exposé introductif, il déclara :

Les enquêtes menées par la Commission extraordinaire d’État de l’Union soviétique ont établi qu’au front, derrière leurs premières lignes de défense, les hitlériens créaient systématiquement des camps de concentration spéciaux, dans lesquels se trouvaient internés des dizaines de milliers d’enfants, de femmes et de vieillards inaptes au travail. Les abords de ces camps étaient minés […]. Dans ces camps, on a découvert des milliers de malades atteints de typhus […].

On a déjà cité les camps de Majdanek et d’Auschwitz, avec leurs chambres à gaz [sic] où furent exécutés plus de 5 500 000 citoyens [sic] totalement innocents […]. Je dois citer les camps de concentration de Smolensk, de Stavropol, de Kharkov, de Kiev, de Lvov, de Poltava, de Novgorod, d’Orel, de Rovno, de Dniepropetrovsk, d’Odessa, de Kamenetz-Podolsk, de Gomel, de Kertch, de la région de Stalingrad, de Kaunas, de Riga, de Mariampos (RSS de Lituanie), de Klooga (RSS d’Estonie) ainsi que de nombreux autres camps […] [TMI, VII, 180-1].

Certains pourront répondre qu’aucune carte publiée dans les ouvrages sur la déportation ne mentionne ces camps. Outre que ce n’est pas une preuve de leur inexistence, je souligne qu’une carte en mentionne bien quelques-uns. On la trouve dans l’ouvrage déjà cité de S. Wiesenthal : Le livre de la mémoire juive, à la page 40. Quatre camps de concentration sont mentionnés : deux en Estonie (Klooga et Vaivara), un en Lettonie (Kaiserwald) et un en Lituanie (Pravieniskis). Au fil des pages, on en trouve d’autres : « camp de concentration […] de Salaspils » en Lettonie (p. 45) ; « le camp de concentration de Domanevka (RSS d’Ukraine) » (p. 56) ; « camps de Narva, Tallin» (p. 212).

Tous ces faits démontrent que la déportation à l’Est fut bel et bien une réalité. Ils viennent ainsi confirmer que la « solution totale » (ou « solution d’ensemble ») de la question juive ne fut pas une vaste entreprise d’extermination, mais une vaste entreprise d’expulsion. Certes, ces déportations restent encore entourés d’un épais mystère. En particulier, on ne peut ni formuler de conclusions chiffrées (combien de juifs ont été envoyés là-bas, combien sont morts, combien sont revenus…) ni connaître les conditions de vie dans les camps, les éventuels emplois et le destin de ces déportés après 1945.

Les juifs n’ont pas été exterminés à l’Est

Aucune preuve matérielle d’une extermination



Mais on ne saurait nier que cette chronologie ouvre des brèches mortelles dans l’édifice exterminationniste ; elle détruit notamment la thèse selon laquelle Auschwitz, Majdanek ou l’un des trois « camps de la mort » auraient été des destinations finales pour les juifs déportés. Voilà d’ailleurs pourquoi les informations qu’elle contient sont la plupart du temps cachées au grand public. Dans son monumental ouvrage, par exemple, R. Hilberg évoque, certes, ces déportations à l’Est, mais très rapidement, et à aucun moment, il ne se réfère au document URSS-004 ni ne s’intéresse à tous les camps cités par R.A. Rudenko à Nuremberg. Soucieux de sauver sa thèse, il profite du mystère qui les entoure encore pour prétendre que les « juifs déportés vers l’Ostland furent fusillés à Kaunas, Riga et Minsk » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 402). Il en est de même pour S. Wiesenthal ; tout au long de son Livre de la mémoire juive, il est question d’abominables tueries de milliers de juifs à Minsk, à Kovno et ailleurs[56]. Ainsi nous demande-t-il de croire que les Allemands, dont on connaît pourtant l’efficacité, auraient affrété des centaines de trains pour emmener des juifs de France, de Belgique, des Pays-Bas, d’Autriche, de Slovaquie etc. loin, très loin, jusqu’en Biélorussie, en Lituanie, en Lettonie voire en Estonie, uniquement pour les tuer ? Cette thèse est totalement absurde. En outre, à supposer qu’à l’Est, les Allemands aient fusillé les juifs par dizaines de milliers avant des les enterrer ou de les brûler, de très nombreuses traces devraient subsister : « corps ou parties de corps non brûlés, millions d’os et de dents, masse de cendres »[57]. Or, comme le souligne G. Rudolf :

Si l’on avait découvert de telles choses, les communistes staliniens, dont on connaît l’appareil efficace de propagande, leur aurait fait une large publicité en présence de commissions d’enquête internationales. Ils auraient ainsi rattrapé leur impair de Katyn et rendu la pareille aux Allemands, qui, précisément à cette époque, révélaient à l’aide de commissions d’enquête internationales le massacre commis par les Soviétiques sur des officiers polonais. Mais non, [et même] aujourd’hui, alors qu’après 50 ou 60 ans on découvre souvent par hasard des charniers contenant des centaines de milliers de victimes de Staline, il n’y a toujours aucune trace des charniers ou des bûchers allemands et on évite soigneusement de se demander en public si les méthodes les plus modernes ne permettraient pas de les retrouver [Id.].

Des enquêtes sans valeur


On pourra nous répondre qu’en 2006, un communiqué de presse émanant du Vatican a déclaré qu’à la tête d’une équipe de chercheurs, un religieux était en train de recenser les charniers de juifs massacrés par les « nazis » en Ukraine lors de la deuxième guerre mondiale et que, déjà, plus de mille charniers avaient étaient découverts, contenant chacun entre quelques dizaines une centaine de milliers de corps. Nous avons cependant expliqué pourquoi les enquêtes de ce religieux sont sans aucune valeur.

La fonction de Treblinka, Sobibor et Belzec


Revenons cependant à notre question de départ : à quoi servaient les camps de Treblinka, de Belzec et de Sobibor ? Quand on connaît la chronologie établie plus haut, tout s’éclaire : Treblinka, Sobibor et Belzec ont servi de camps de transit pour les juifs qui étaient déportés plus à l’Est afin d’y être réinstallés[58]. Voilà pourquoi ils étaient situés à la frontière polonaise, là où commençaient les territoires soviétiques récemment conquis, à la jonction de deux systèmes ferroviaires autonomes. Car comme le rappelle, J.-M. Boisdefeu à la suite de Stefen Werner :

Treblinka, Sobibor et Belzec constituaient des gares-relais entre deux réseaux de chemins de fer : le GEDOB dans le Gouvernement général et la GVD-Osten dans les territoires occupés. Certes, ces deux réseaux étaient compatibles (écartement des voies par exemple) et couplés, mais ils étaient autonomes et il fallait parfois un mois pour obtenir un plan de transport de sorte que ces gares constituaient des points d’interruption du trafic et de tri tout indiqués[59].

Et J.-M. Boisdefeu d’écrire : « Je ne sais pas si cela est entièrement vrai, mail il est remarquable que les historiens n’arrivent pas à justifier le choix des ces localités à cheval sur la frontière avec l’URSS » (Id.)

Cette remarque est exacte. Dans son ouvrage, R. Hilberg déclare simplement : « On choisit ces sites [Treblinka, Sobibor et Belzec] en fonction de leur isolement et de leur proximité des voies ferrées » (op. cit., p. 758). Mais en écrivant cela, il n’explique rien : des usines, des entrepôts, des terrains militaires étaient construits sur de tels sites. Ce qu’il fallait expliquer, c’était :

1°) pourquoi trois camps et non pas un seul, plus grand, ce qui aurait permis une meilleure centralisation et évité des dispersions ?
2°) pourquoi des camps tous établis sur la frontière (on ne peut y voir un hasard) ?
3°) pourquoi un camp construit sur une artère menant aux pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie), un autre sur une artère menant soit au nord de l’Ukraine, soit au sud de la Biélorussie et un dernier sur une artère menant au cœur de l’Ukraine ?

R. Hilberg a soigneusement évité de poser ces trois questions parce que les poser, c’est presque y répondre : des camps près de la frontière parce qu’ils étaient à la jonction des réseaux ferroviaires ; trois camps sur trois artères différentes afin de ventiler les juifs lors de leur réinstallation à l’Est. Tout concorde.

De nouvelles confirmations


Dans ces camps passèrent de nombreux juifs de l’Ouest, qui étaient ensuite acheminés plus loin. Certains convois (sans doute la majorité) étaient composés d’inaptes au travail qui allaient être réinstallés à l’Est ; d’autres convois emmenaient des juifs pour qu’ils travaillent, sans doute dans le cadre de la réinstallation ou pour satisfaire les besoins de l’armée près du front[60].

Notons que certains documents allemands d’époque confirment cette version. Dans son ouvrage, ainsi, R. Hilberg, mentionne un mémorandum du 17 mars 1942 dans lequel on lisait qu’une fois partis pour Belzec :

Ces juifs passeraient la frontière et ne retourneraient jamais plus dans le Gouvernement général [Voy. R. Hiberg, op. cit., p. 761].

Mentionnons aussi quelques faits troublants :

- par deux fois (dont une le 29 mai 1942) 3 000 juifs d’Opole furent déportés à Sobibor (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 134). D’après la thèse officielle, c’était pour y être exterminés. Or, Opole, ville du sud-ouest de la Pologne, est à environ 400 km à l’Ouest de Sobibor et a seulement 120 km d’Auschwitz. Pourquoi les Allemands ont-ils choisi de les emmener loin, au fin fond de la Pologne, puisqu’ils disposaient, dit-on, d’un camp d’extermination relativement près, où depuis février les juifs étaient gazés par convois entiers ? C’est inexplicable, sauf si l’on considère que ces juifs n’étaient pas destinés à la mort, mais à la déportation à l’Est, via le camp de transit de Sobibor ;

- les 1er et 6 juin 1942, respectivement 2 000 et 6 000 juifs de Cracovie furent déportés à Belzec (voy. S. Wiesenthal, op. cit., pp. 137 et 140). Même remarque que précédemment : Cracovie était à environ 300 km de Belzec, mais à 50 km d’Auschwitz ;


Conclusion : les sélections à Auschwitz ne s’inscrivaient pas dans le cadre d’une extermination


Quand on sait tout cela, la thèse selon laquelle les « sélections » des nouveaux arrivés à Auschwitz s’inscrivaient dans le cadre d’un processus d’extermination s’effondre complètement.

En vérité, ces « sélections » s’inscrivaient dans le cadre de recrutement de la main d’œuvre et de l’évacuation de juifs hors de la sphère d’influence allemande.

Les déportés les plus robustes étaient retenus pour le travail dans les différents commandos, les autres étaient mis en quarantaine et repartaient un peu plus tard, soit vers le Gouvernement général, soit vers l’Est (souvent via Treblinka, Sobibor et Belzec).

Par conséquent, les manuels scolaires mentent lorsque, soixante ans après, ils osent encore présenter les « sélections » comme une étape dans le processus d’extermination.




[1] Voy. la traduction du discours paru dans La Documentation Catholique, n° 895, 20 avril 1939, col. 502.

[2] Hilberg, p. 225.

[3] Voy. R. Hilberg, La destruction…, p. 217.

[4] En voici quelques exemples avec, entre parenthèses, leur durée d’existence et leur effectif lorsqu’ils sont indiqués : Babitz, Breslau-Wroclaw, Dabrowice (1942-1944 ; 300 personnes), Dabrowka Wiekla (mars-septembre 1942, 300 personnes), Dzieczyna (avril-septembre 1943 ; 150 personnes), Frysztak (juille-novembre 1941 ; 2 000 personnes), Glogow (juillet-octobre 1942 ; 120 personnes), Katowice, Kotlicki-Trebin (évacué en février 1945, 1 700 personnes), Kreuzsee-lez-Reppen (3 à 4 000 personnes), Lesiow (1942-1945 ; 700 personnes), Lesna-Podlaska (1940-1941 ; 400 personnes), Kaczwowice (1941-1944 ; 5 000 personnes), Libau libéré en mai 1945), Limanowa (août-novembre 1942 ; 190 personnes), Lipie (1942-1943 ; 100 personnes), Markuszow (mai-septembre 1942 ; 100 personnes), Mogila (1944-1945 ; 300 personnes), Pawlowo (1941-1943 ; 120 personnes), Posen (1942-1943 : 1 000 à 1200 personnes), Przylek (1942-1943 ; 300 personnes) ; Pulawy (1942-1943 ; 200 personnes), Radymno (1942-1943 ; 200 personnes), Sandomierz (1942-1944 ; 350 juifs), Skarzysko-Kamienka (1942-1944 ; 8 000 personnes), Spytkowice (1942-1943 ; 360 personnes) ; Starachowice (1942-1944, 3 à 5 000 personnes)Stawiszyn (1941-1942 ; 100 personnes) Strzeszyn (1942-1944 ; 500 personnes).

[5] Voy. W. Szpilman, Le pianiste (éd. Robert Laffont, 1998), p. 76. W. Szpilman habitait le ghetto et assista à cette conversation.

[6] Voy. TMI, XXXVII, 411-425. L’Accusation a produit ce document, qui contient une liasse de télégrammes, comme « preuve » qu’en Galicie, les Juifs auraient finalement été exterminés.

[7] Doc. R-91 à Nuremberg produit sous la cote RF-347.

[8] Voy. Eugene Kulischer, The Displacement of Population in Europe (1943), p. 110. Cette brochure est consultable à la BDIC sous la cote O 380008. Enrique Aynat cite ce passage dans une étude intitulée : « Considérations sur la déportation des juifs de France et de Belgique à l’est de l’Europe en 1942 », publiée en langue française dans Akribeia, n° 2, mars 1998, p. 34.

[9] Doc. R-124 présenté à Nuremberg sous la cote USA-179 ; TMI, III, 475.

[10] Voy. J. Graf, « Qu’advint-il des juifs déportés à Auschwitz mais qui ne furent pas enregistrés ? », publié en langue française dans Études révisionnistes, vol. 1, pp. 220-1.

[11] Doc. PS-1166, déposé à Nuremberg sous la cote USA-458 ; TMI, IV, 206-7.

[12] Voy. E. Aynat, « Considérations… », art. cit., p. 16.

[13] TMI, XXXVII, 125-6.

[14] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 454.

[15] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 446.

[16] Voy. Les atrocités allemandes pendant la Guerre 1914-1918. Rapports officiels (Imprimerie J. Cussac, Paris, sans date), p. 54.

[17] A l’époque, naturellement, on prétendait que l’Allemagne voulait rayer la France de la carte. Dans le neuvième rapport, ainsi, on prétend que le 31 août 1914, un officier supérieur allemand aurait déclaré a deux habitants de Lassigny : « Nous voulons anéantir la France. Il faut qu’elle disparaisse. Dans trois jours nous serons à Paris, nous nous en emparerons, nous enlèverons toutes ses richesses artistiques et commerciales, nous le pillerons et nous le dévasterons : il n’en restera que cendres et ruines, Paris ne doit plus exister. » (Ibid., p. 76).

[18] Sur les différents syllogismes, voy. par exemple Fr. Maximin-Louis, Précis de Logique (Imprimerie J. Duclot, Gembloux, 1938), pp. 38 et suivantes. Le cas de l’enthymème est traité pp. 30-40 et 43. Cet ouvrage, qui s’adressait aux élèves de l’enseignement normal et secondaire, a le mérite d’être clair et concis.

[19] Voy. par exemple le Catalogue alphabétique…, p. 17, rubrique « Auschwitz ». On lit : « les prisonniers désignés pour l’extermination par la chambre à gaz, n’étaient pas immatriculés ».

[20] Voy. l’Anthologie d’Auschwitz (t. II, 2ème partie, Varsovie, 1969), pp. 159 et suivantes.

[21] Voy. P. Lewinska, op. cit., pp. 122-3 : « on a annoncé que les femmes grosses seraient libérées ».

[22] Voy. I. Deutschkron, Tel était leur enfer (éd. La Jeune Parque, 1965), p. 37 : témoignage d’Erich Kulka, ancien déporté, au procès d’Auschwitz le 16 avril 1964.

[23] Voy. I. Deutschkron, op. cit., pp. 30-33.

[24] Témoignant en 1964, R. Iliav prétendra que, sur les conseils d’une autre détenue, elle a tué sa fille au bout du huitième jours d’une piqûre de morphine. Pourquoi ? Parce que si cette dernière avait survécu, le docteur Mengele les auraient envoyées toutes les deux au crématoire (« Huit jours plus tard, il [Mengele] ordonne : “Demain, tenez-vous prête avec votre enfant. Je viendrai vous chercher !” Oui, mon enfant, enfin nous serons débarrassées de nos souffrances. La chambre à gaz va nous en délivrer. Je pleure. Je crie. Je sais que demain nous allons mourir. Une étrangère vient près de mon lit […] une seringue à injection à la main. “Administre cette piqûre à ton enfant. C’est une forte dose de morphine. Il en mourra […]”. Après deux heures de résistance, j’ai commis l’acte […]. Il est cinq heures du matin […]. Le docteur Mengele arrive ponctuellement. Je suis prête. “Où est votre enfant ? » — Avec lassitude, je réponds : “Il est mort cette nuit.” […] Il dit simplement : “Vous avez de la chance encore une fois. Vous partirez au travail avec le prochain transport. » ; Ibid., p. 33). On nous demande donc de croire qu’à Auschwitz, on gardait une femme dix jours avant son accouchement, qu’on la faisait mettre au monde à l’aide d’une sage-femme, puis qu’on la gardait encore huit jours juste pour l’envoyer avec son enfant à la chambre à gaz. C’est grotesque !

[25] TMI, XXXVII, 164. Notons que plus loin, l’auteur oublie ces faits et répète la version officielle selon laquelle « les femmes enceintes […] ne sont jamais entré[e]s au camp d’Auschwitz, mais allaient directement vers la chambre à gaz » (Ibid., p. 177).

[26] Le 29 septembre 1944, le quotidien Libres informa ses lecteurs que parmi les femmes rapatriées de Ravensbrück, figuraient quatre Belges et une Française — Violette Rambaud — qui étaient enceintes (« Elles sont cinq dans le cas de Violette Rambaud, dont 4 Belges. 5 femmes libérées parce qu’elles étaient enceintes. L’une d’elles, Belge, était à quinze jours de son accouchement » ; p. 2). Interrogée, V. Rambaud déclara : « Chaque jour, une partie du camp allait travailler. Moi, il faut le dire, je n’y allais pas parce que j’étais enceinte » (p. 1). Elle fut libérée en septembre 1944 parce qu’elle est enceinte de six mois (Id.). Notons toutefois que cette ancienne déportée croyait en l’existence de chambres à gaz. Elle déclara qu’à Ravenbrück, on gazait les juives : « On venait les prendre en autobus, les chambres étaient un peu plus loin derrière le camp... Oh ! les pauvres, les pauvres... A pleines chambres, on le passait au gaz...». (p. 2). Naturellement, elle-même n’avait rien vu… Cette histoire de chambre à gaz à Ravensbrück est mensongère.

[27] Voy. Auschwitz. Ces documents occultés parce qu’ils contredisent l’histoire officielle (éd. du VHO, 1997), pp. 23-4.

[28] Voy. « Considérations… », art. cit., p. 17 ; E. Aynat s’appuie sur le document CDJC, XXVI-46, 21 juillet 1942.

[29] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 455.

[30] Voy. « Considérations… », art. cit., p. 18 ; E. Aynat s’appuie sur le document CDJC, XXb-126 ; 21 juillet 1942.

[31] V Voy. E. Aynat, art. cit., pp. 44-5.

[32] Voy. J. Graf, art. cit., p. 223, note 52.

[33] La légende porte : « Dessin de Claude Martin, 18 ans, déportée au camp d’Auschwitz-Birkenau». Ce dessin est conservé au musée d’Auschwitz. En 1965, il a été publié dans l’ouvrage d’Inge Deutschkron intitulé : Tel était leur enfer (éd. La Jeune Parque). La légende portait : « Dessinateur inconnu – avec l’autorisation du musée d’Auschwitz » (voy. la sixième planche entre les pages 144 et 145). Publié une nouvelle fois en 1983 dans le manuel d’Histoire paru aux éditions Scodel : Histoire. De 1939 à nos jours, aucun nom d’auteur n’apparaissait encore ; la légende portait simplement : « une condition infra-humaine : le camp d’Auschwitz-Birkenau (dessin exécuté par une jeune déportée juive) » (p. 34). J’ignore sur quelle source s’appuient les auteurs du Bréal de 2003 pour attribuer ce dessin à une certaine C. Martin…

[34] Voy. Arthur R. Butz, The Hoax of the Twentieth Century (Institute for Historical Review, 1976), p. 109.

[35] Voy. François Bédarida, Le nazisme et le génocide. Histoire et enjeux (éd ; Nathan, 1989), p. 13.

[36] Voy. John C. Ball, La preuve par la photographie aérienne (éd. du VHO, 2000), chapitres 6 à 8.

[37] Voy. Pierre Marais, Les camions à gaz en question (éd. Polémiques, 1994). L’auteur ayant publié son ouvrage après la promulgation en France de la loi anti-révisionniste dite loi Fabius-Gayssot, (juillet 1990), il reste très prudent dans sa conclusion. Il termine son étude par cette phrase : « Qu’il nous soit au moins permis de douter [de l’existence des camions à gaz] » (p. 118). Mais ce qu’il écrit avant est suffisamment clair : il déclare que les témoignages selon lesquels la caisse des camions était « étanche » et « hermétique » se heurtent à une impossibilité technique ; que « La preuve de leur existence [celle des camions à gaz] ne ressort pas de l’étude théorique que nous avons faite » ; qu’aucun « camion à gaz », même à l’état de vestige n’a pu être retrouvé, malgré les démarches effectuées auprès de l’ambassade de Pologne à Paris, de l’administration de la ville de Konin (où, disait-on, un camion à gaz était exposé en guise de monument commémoratif) et de l’administration de la ville de Chelmno (pp. 117-8). Bref, l’auteur a cherché partout des camions à gaz, et il n’a trouvé que du vent…

[38] « En octobre 1938, le ministère des Affaires étrangères se pencha sur les statistiques relatives à la population juive et s’aperçut qu’environ 10 % des Juifs placés sous juridiction allemande étaient des ressortissants polonais. Mais le gouvernement polonais ne manifestait guère d’empressement à récupérer ses citoyens » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 339).

[39] « Tandis que la Pologne refusait d’accepter ses ressortissants juifs, quelques pays occidentaux ouvraient généreusement leurs portes à des juifs de nationalité allemande » (Ibid., p. 340).

[40] « Ce dernier [Heydrich] fut enthousiasmé par l’idée » (R. Hilberg, op. cit., p. 342).

[41] Sur ce projet, sa vie et sa mort, voy. R. Hilberg, op. cit., pp. 342-343.

[42] Voy. le mémoire de Martin Luther en date du 21 août 1942 ; doc. NG-2586-J, cité intégralement par Arthur R. Butz dans son ouvrage The Hoax…, p. 206.

[43] Dans le compte rendu d’un entretien qui eut lieu le 14 juillet 1941 entre le Führer et le comte Oshima, on lit : « Il [Hitler] ne croit pas que la résistance, en Russie d’Europe, puisse encore se prolonger au-delà de six semaines. Où les Russes iraient, il l’ignorait. Peut-être dans l’Oural ou au-delà de l’Oural. mais nous les poursuivrons et lui, le Führer, ne reculerait pas devant la perspective de pousser au-delà de l’Oural» (voy. A. Hillgruber, pp. 607-8.

[44] Doc PS-710, produit à Nuremberg sous la cote USA-509 ; voy. TMI, XXVI, 267.

[45] Voy. Histoire. 1939 à nos jours (éd. Scodel, 1983), p. 34.

[46] « Dr THOMA. — […] Et maintenant, je vous pose cette question : Himmler vous a-t-il jamais dit que la solution finale du problème juif consistait à exterminer les juifs ?
TÉMOIN LAMMERS. — Il n’en a jamais été question. Il a seulement parlé d’expulsion.
Dr THOMA. — Il a seulement parlé d’expulsion.
TÉMOIN LAMMERS. — Oui, seulement d’expulsion.
Dr THOMA. — Quand avez-vous entendu dire que 5 000 000 de juifs avaient été tués ?
TÉMOIN LAMMERS. — C’est seulement ici que je l’ai entendu dire, il y a peu de temps » (TMI, XI, 59).

[47] voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 171.

[48] Voy. Répertoire des lieux de détention SS (1933-1945) (S.I.R., Arolsen, 1977), p. CXCV.

[49] Voy. le rapport n° 10 des territoires occupés de l’Est, cité dans le Répertoire des lieux…, p. CXCV.

[50] Cité par E. Aynat, art. cit., p. 36.

[51] Doc. CDJC XXVI-59, 1er septembre 1942 ; reproduit par Jean-Marie Boisdefeu, La Controverse…, t. II, op. cit., pp. 78-9.

[52] Voy. J.-C. Pressac, Auschwitz. Technique ans Operation of the Gas Chambers (Beate Klarsfelf Foundation, New York, 1989), p. 567. Voy. également E. Aynat, art. cit., pp. 45-6.

[53] Dans son ouvrage, R. Hilberg prétend que les juifs étaient exterminés, qu’ils connaissaient leur inexorable destin (même s’ils tentaient d’éviter la mort) mais que les aptes au travail se montrèrent dociles jusqu’à la fin. Il écrit : « Leur soumission ne laissait pas d’étonner le Reichsminister Syess-Inquart, ancien adjoint de Frank. “Je ne pouvais pas m’imaginer, disait-il, que, d’une part, les juifs capables de travailler travaillent et que, d’autre part, leurs parents fussent exterminés. Je croyais que dans un pareil cas, on ne pouvait qu’imaginer que chaque juif sauterait à la gorge d’un allemand pour l’étrangler » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 463). Présentée ainsi, cette citation laisse croire qu’A. Seyss-Inquart aurait été au courant de l’extermination. En vérité, l’ancien administrateur des Pays-Bas a tenu ces propos très peu de temps après avoir rappelé ce que lui avait dit Hitler en 1943 et immédiatement après avoir expliqué qu’au début 1944, Himmler lui-même lui avait certifié : « Ce sont là [comprenez : les juifs qui travaillent] mes meilleurs ouvriers » (TMI, XVI, 9). Replacés ainsi dans leur contexte, les propos d’A. Seyss-Inquart s’éclairent : l’accusé voulait dire : « Comment aurais-je pu croire que les juifs inaptes étaient exterminés puisque leurs parents travaillaient correctement pour l’Allemagne ? » R. Hilberg se révèle donc une fois de plus être un tricheur…

[54] Document reproduit par Jean-Marie Boisdefeu dans La controverse sur l’extermination des juifs par les Allemands, tome II, déjà cité, pp. 86.

[55] Voy. le Doc. F-274 : « […] le 15 mai 1944 est parti de Drancy un convoi de 900 israélites auxquels on avait promis qu’ils allaient travailler à Bordeaux pour l’organisation Todt […]. En réalité, le convoi fut acheminé en deux tronçons ; nul ne sait ce que sont devenus les 600 déportés laissés à Kaunas. Des 300 laissés à Revel, 40 au plus sont revenus ». Voy. également J. Graf, art. cit., p. 213 : l’auteur s’appuie sur le Mémorial de la déportation des Juifs de France de Serge Klarsfeld.

[56] Voy., par exemple, p. 186. D’après l’auteur, le 28 juillet, 10 000 juifs du ghetto de Minsk auraient été assassinés par les SS, parmi lesquels 3 500 venaient d’Allemagne. Le même jour, 1 000 juifs venus du ghetto de Varsovie auraient été fusillés « dans la région de Minsk ». Le lendemain, 3 000 juifs allemands ayant eux aussi été parqués dans le ghetto de Minsk auraient été fusillés « dans des fossés creusés hors de la ville ». Je pourrais citer au moins une quarantaine d’autres exemples.

[57] Voy. G. Rudolf, Combien de juifs ont effectivement disparu ? (éd. du VHO, 1997), p. 46.

[58] Ces camps ont également pu servir « dans l’autre sens », c’est à dire pour des juifs de l’Est qui, déclarés aptes au travail, étaient amenés à Auschwitz ou ailleurs afin d’y être employés. R. Hilberg écrit par exemple qu’en 1943, le ghetto de Vilnius fut dissout, que « beaucoup [de juifs] furent rassemblés et fusillés sur place » et que « des milliers d’autres » furent expédiés à Sobibor. Bien qu’il prétende que ce camp servait à l’ « anéantissement », il précise que ces déportations furent « présentées par les Allemands comme une redistribution de la main-d’œuvre » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 333). La version allemande est beaucoup plus crédible, car on ne voit pas pourquoi les nationaux-socialistes auraient perdu leur temps et leur énergie à transporter relativement loin des juifs qui auraient pu être exterminés tout près, avec les autres. Sur leur fonctionnement « dans l’autre sens », voy. également J.M. Boisdefeu, La controverse sur l’extermination des juifs par les Allemands, tome II : « Réalités de la “Solution finale” » (éd. du VHO, s.d.), p. 81, note 50.

[59] Voy. J.-M. Boidefeu, La controverse…, t. II, op. cit., p. 81.

[60] Il est probable que Chelmno était un petit camp de triage. Un juif qui y travailla se souvient qu’un jour, les Allemands ont répondu à un garçonnet qui s’interrogeait : « à Chelmno, on ne fait que trier les juif et les plus robustes [sont] envoyés dans les régions de l’Est pour y travailler » (voy. Ladislas Bednarz, Le camp d’extermination de Chelmno sur le Ner [Éditions de l’Amitié franco-polonaise, 1955], p. 43). La même personne raconte avoir entendu un Allemand dire à des arrivants : « Vous irez dans la région de l’Est, où il y a de grands terrains, pour y travailler, mais il faut seulement revêtir des vêtements propres, qui vous seront donnés, et aussi prendre un bain » (Ibid., p. 45). Un autre juif déclare que dans les vestiaires, « il y avait des inscriptions : “direction des bains”, “direction du médecin” » et qu’ « on donnait une serviette et un morceau de savon » aux arrivants (Ibid., p. 65), ce qui ne surprend guère si Chelmno était un camp où l’on triait les plus robustes. Il est intéressant de noter que, tant qu’ils décrivent le camp dans son fonctionnement « normal » (ici le triage et la désinfection avant le grand départ), tous les témoins sont d’une grande précision et leurs récits apparaissent sans exagération. Mais dès qu’il en viennent aux prétendus meurtres de masse, les exagérations et les impossibilités foisonnent. Ainsi le juif qui a décrit les vestiaire prétend-il que sur les bûchers de Chelmno : « Les cadavres se consumaient rapidement. En quinze minutes environ, ils étaient consumés» (Ibid., p. 66), ce qui est une impossibilité physique.
 
Old January 8th, 2013 #30
alex revision
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Les « sélections » à Auschwitz : une étape dans un processus d’extermination de masse ?


Abordons le cas des « sélections » opérées à l’entrée du camp d’Auschwitz-Birkenau. La question est : « Peut-on dire que ces sélections s’inscrivaient dans un processus d’extermination global : extermination lente pour les juifs reconnus aptes au travail, extermination rapide pour les autres (vieillards, enfants, infirmes, femmes enceintes) ? »


Personnellement, j’estime que la démonstration apportée dans d’autres textes permet de répondre sans hésiter par la négative.

1°) Sachant que les Allemands avaient un besoin primordial de main-d’œuvre productive, il n’y a aucune raison pour que les juifs reconnus aptes au travail n’aient pas été traités comme les non-juifs, afin qu’ils donnent un rendement maximum;

2°) Sachant qu’à Auschwitz, il n’y a pas eu de chambres à gaz homicides, les juifs reconnus inaptes au travail n’ont pas pu y être exterminés.

La thèse officielle


Mais je sais qu’un esprit pétri par 50 ans de propagande alliée ne se satisfera pas de cette réponse. « Les nazis, dira-t-il, en voulaient à mort aux juifs. Ils les prenaient pour des parasites, incapables de produire, et des adversaires qu’il fallait éliminer. Dès le 30 janvier 1939, Hitler lui-même, dans un discours public, déclara qu’une nouvelle guerre en Europe signifierait « la destruction de la race juive d’Europe » (Doc. PS-2663 à Nuremberg). L’extermination était donc déjà envisagée ; Hitler n’attendait plus que le prétexte. La haine des nazis était telle qu’ils ont traité cette catégorie d’hommes et de femmes hors de toute considération économique. A Partir de 1942, les nazis ont décidé de se débarrasser des Juifs. Ils les ont déportés vers l’Est. Là, ils étaient sélectionnés : le plus forts étaient employés à des travaux durs (mines, terrassement, carrières…) qui provoquaient rapidement la mort des forçats. Les plus faibles étaient exterminés, que ce soit à Auschwitz ou un peu plus loin, à Treblinka, à Belzec ou à Sobibor… Telle fut la conséquence de la logique folle des nazis ».

Cette thèse est d’autant plus impressionnante qu’elle s’appuie sur deux réalités historiques indéniables :
- le fameux discours de Hitler prononcé le 30 janvier 1939 ;
- le fait qu’à partir de 1942, les juifs d’Europe occupée ont été massivement déportés vers la Pologne.

Le discours d’Hitler du 30 janvier 1939


Dans un premier temps, intéressons-nous au discours du 30 janvier 1939. Nous allons démontrer qu’il ne contient nulle annonce d’une quelconque extermination. Pour saisir le sens exact du passage si souvent cité, il suffit de le replacer dans le contexte. Voici ce qu’a déclaré Hitler le 30 janvier 1939 :

Au cas où la finance judéo-internationale des pays européens et extra-européens réussirait encore à précipiter les nations dans une guerre mondiale, celle-ci se terminerait non par la bolchévisation, et, en conséquence, par la victoire du judaïsme, mais bien par l’anéantissement de la race juive en Europe (die Vernichtung der jüdischen Rasse in Europa).
En effet, le temps n’est plus où les peuples non juifs étaient sans défense dans le domaine de la propagande. L’Allemagne nationale-socialiste et l’Italie fasciste possèdent à présent des institutions qui leur permettent, le cas échéant, d’éclairer le monde sur la nature d’une question dont bien des peuples ont une notion instinctive, mais qui leur paraît obscure au point de vue scientifique. Pour le moment, la juiverie peut, dans certains États, mener sa campagne avec le concours d’une presse qui est entre ses mains, du cinéma, de la radiophonie, du théâtre, de la littérature etc. Cependant, pour le cas où les juifs réussiraient à nouveau à inciter des millions d’êtres humains à une lutte insensée en ce qui les concerne, et ayant pour unique objet la défense des intérêts juifs, on verra se manifester l’efficacité d’une propagande éducatrice qui, en Allemagne même, a réussi en quelques années à terrasser la juiverie[1].

La dernière phrase, notamment, est capitale. Elle démontre que dans l’esprit du Führer, il n’était pas question d’un anéantissement physique par l’assassinat systématique, mais d’un anéantissement social (expulsion de la vie économique) grâce à une propagande éducatrice orchestrée en direction des goyim. C’est effectivement ce qui s’était passé en Allemagne à partir de 1935, avec les lois de Nuremberg.

Poursuivons cependant.

Les juifs « aptes au travail » sont utilisés comme main-d’œuvre au même titre que les non-juifs

Les juifs contribuent à l’effort de guerre allemand


Contrairement à ce que l’on serait tenté de croire, les Allemands ne considéraient pas les juifs comme des parasites incapables de produire. La meilleure preuve est qu’il en utilisèrent pour… l’industrie de guerre. Dans son ouvrage, R. Hilberg évoque les ghettos dans lesquels les autorités du Reich « favorisaient les productions à fort taux de main-d’œuvre » :

En conséquence, les articles les plus courants furent les uniformes, caisses à munitions, chaussures de cuir, de paille tressée et de bois, petite quincaillerie (parfois seulement pour le stade de la finition), brosses, balais, matelas, récipients divers, jouets ; à quoi s’ajoutaient la réparation des meubles et le ravaudage des vieux vêtements[2].

Les articles produits firent que « l’armée [allemande] devint rapidement le premier acheteur, et tendit même à évincer les autres » (Id.). R. Hilberg conclut : « Ainsi les ghettos devinrent-ils partie intégrante de l’économie de guerre » (Id.). Plus loin, il précise : « En 1941, des dizaines de milliers de juifs étaient profondément intégrés à l’industrie de l’armement » (Ibid., p. 378).

Certains juifs sont utilisés comme ouvriers spécialisés


On aurait en outre tort d’imaginer que ces travailleurs étaient utilisés à des travaux de force, très durs et ne nécessitant aucune qualification. Lorsque, en 1941, des premières vagues de déportations survinrent, un chef d’entreprise qui travaillait dans l’armement envoya à Berlin un télégramme dans lequel on lisait :

Comme chacun sait, on procède actuellement à une nouvelle déportation de juifs qui touche nos ouvriers juifs laborieusement formés en vue de leur spécialisation. Ils ont été dressés à la soudure et au blindage en zinc, et leur départ entraînerait une diminution de la production, peut-être égale à un tiers [Ibid., pp. 377-8].

J’y vois une preuve que des juifs ont été utilisés dans l’armement en tant qu’ouvriers spécialisés.
Même après les grandes déportations vers l’Est, en 1942, de nombreux juifs restèrent employés dans ce secteur. Dans le Gouvernement général, ainsi, le nombre d’ouvriers juifs qui travaillaient pour la machine de guerre du Reich ne cessa d’augmenter : de 15 091 en janvier 1943, il passa progressivement à 27 439 en mai 1944 (Ibid., p. 461).

Dès 1939, les juifs avaient été utilisés comme main-d’œuvre


Certains pourront me répondre que l’utilisation de quelques « dizaines de milliers de juifs » sur plusieurs millions ne prouve rien. C’est vrai. Mais de très nombreux juifs furent également employés dans d’autres branches. R. Hilberg explique que dès la fin de l’année 1939 :

A Varsovie, le Judenrat […] constitua un « bataillon de travail » dont les Allemands disposeraient selon leurs besoins. Krüger, haut chef des SS et de la Police pour le Gouvernement général, officialisa la mesure par un décret du 2 décembre 1939, autorisant tous les Judenräte du territoire à organiser des détachements de travail forcé[3].

Ces détachements furent utilisés « à des tâches urgentes effectuées au jour le jour ou à certains chantiers » (Ibid., pp. 219-220). D’après Hilberg, les Allemands semblèrent « avoir été très satisfaits de ce système » :

Désormais, toute administration qui avait besoin de main-d’œuvre pouvait présenter ses demandes au Judenrat […] . Sur les bureaux des responsables juifs s’étalaient des graphiques où des lignes régulièrement ascendantes montraient l’activité croissante des détachements. Un journaliste allemand, témoin oculaire, écrivait à l’époque [août 1940] : « Dans le Gouvernement général, on peut aujourd’hui voir des troupes juives se déplacer dans les campagnes, la pelle sur l’épaule, sans aucune escorte allemande. Et c’est aussi un juif qui marche en tête » [Ibid., pp. 217-8].

De très nombreux camps de travail pour juifs ont été recensés


Les mois passant, la main-d’œuvre juive fut utilisée toujours plus largement :

L’administration du district de Lublin lança un grand programme d’aménagement fluvial et de construction de canaux, pour lequel elle requit 10 000 juifs répartis en quarante-cinq camps sous la direction générale du Regierungsbaurat Haller. En 1941, le district de Varsovie mit en œuvre un projet similaire, qui exigea environ 25 000 juifs. Vers le milieu de l’année 1941, en Haute-Silésie, le plénipotentiaire Schmelt employait 5 000 juifs, pour 50 pfennigs par jour, à des travaux de force sur l’axe routier Gleiwitz-Oppeln (Opole). Le territoire finit par être parsemé de camps. Le plus important, Markstädt, comptait 3 000 travailleurs juifs […].
Dans les premiers temps, on n’utilisa toute cette main-d’œuvre que sur les chantiers de fossés antichars, d’aménagement hydraulique, de voies ferrées ou autres. Par la suite, des entreprises industrielles vinrent installer des ateliers dans certains camps ; corrélativement, on créa d’autres camps à proximité des grandes usines. Cessant ainsi de correspondre à tel ou tel projet limité, ces aspects du travail forcé devinrent une institution réellement permanente [Ibid., p. 220].

L’auteur poursuit en affirmant que ces camps « prirent rapidement beaucoup plus d’importance » qu’au début, lorsqu’ils avaient été créés pour abriter tel ou tel détachement (Ibid., p. 222). A plusieurs reprises, il rappelle l’utilisation de la main-d’œuvre juive sur une vaste échelle. On lit par exemple :

En Haute-Silésie, des dizaines de milliers de juifs avaient été sortis des ghettos pour être dirigés vers des camps par l’Organisation Schmelt, un bureau responsable des réquisitions de main-d’œuvre dans la région de la Silésie [Ibid., p. 450].
Dans les ghettos qui subsistaient dans le Gouvernement général, la SS et la Police s’emparaient des ouvriers les plus forts et les plus qualifiés pour constituer un réservoir de main-d’œuvre forcée industrielle qui serait préservé pendant deux ans environ.
Les « juifs au travail » étaient dirigés sur les camps de travail SS (SS Arbeitslager) et sur les camps des grandes sociétés (Firmenlager). Les camps SS abritaient des entreprises détenues par la SS, un projet galicien de l’Ostbahn et quelques entreprises d’armement [Ibid., p. 455].

Le Catalogue alphabétique confirme ces allégations : il mentionne plusieurs dizaines de camps de travaux forcés pour juifs qui, de 1940 à 1945, employèrent de quelques centaines à quelques milliers d’ouvriers[4]. A cela, il faut ajouter les juifs qui travaillaient dans les camps principaux, dans leurs commandos et dans les ghettos. Dès lors, on ne saurait prétendre que les Allemands n’ont pas utilisé la main-d’œuvre juive.

Un document capital


Enfin, quand on sait combien le Reich manquait de main-d’œuvre, on ne peut croire que ce potentiel ait été gaspillé ; on ne peut croire que ces juifs aient été entassés dans des camps insalubres sans aucun confort, réduits à la famine, roués de coups, pas soignés etc. Je note d’ailleurs que lors de l’évacuation de ghetto de Varsovie, beaucoup de juifs s’interrogèrent sur le destin qui leur était réservé. Certains croyaient qu’ils allaient à la mort ; mais l’ancien directeur d’un important magasin n’était pas d’accord et expliqua :

Les Allemands ne pouvaient pas être assez stupides pour dilapider l’énorme force de travail que les Juifs représentaient potentiellement. D’après lui, nous [les juifs] étions destinés à des usines, à de grands chantiers où la discipline serait de fer, mais non à la mort[5].

C’était le bon sens même.
Certains me répondront que, bon sens ou pas, cet homme pouvait se tromper. J’en conviens. Mais je souligne qu’à Nuremberg, l’Accusation a produit un document très important : un rapport du chef de la Police et des SS du district de Galicie datée du 30 juin 1943 (Doc. L-018). On y trouve plusieurs photographies qui montrent les « conditions d’habitation et du travail des juifs ». Nous le reproduisons ci-après ; à notre connaissance, il s’agit des seuls clichés publiés d’un camp de travaux forcés pour juifs. J’appelle l’attention du lecteur sur l’apparente propreté du camp, l’état physique des travailleurs (ils ne sont ni squelettiques, ni revêtus de haillons, ils ont au contraire de gros manteaux), la salle de bain (avec douches et lavabos communs) et les dortoirs[6].

Les dirigeants allemands réclament toujours plus d’ouvriers juifs


Avec la prolongation de la guerre et la crise grandissante de la main-d’œuvre, les dirigeants allemands réclamèrent toujours plus de juifs. Le 16 décembre 1942, ainsi, l’état-major d’Himmler exigea la déportation à Auschwitz de 10 à 15 000 juifs aptes au travail qui devraient provenir soit du ghetto de Theresienstadt, soit du district de Bialystok[7]. Il est très possible que pour beaucoup d’entre eux, Auschwitz n’ait constitué qu’une étape, car de nombreux travailleurs étaient ensuite envoyés — ou renvoyés — plus à l’Est, dans des camps de travaux forcés établis près du front afin de travailler pour l’Armée. En 1943, dans une étude sur les mouvements de population en Europe, un démographe américain affirma que la déportation des juifs à l’Est était « l’équivalent du recrutement pour le travail dans le Reich auquel était soumis le reste de la population de l’Europe contrôlée par les Allemands, et son déplacement chaque fois plus loin à l’Est était sans doute liée à la nécessité de satisfaire les besoins de l’armée près du front »[8].
En avril 1944, Hitler promit à A. Speer d’entrer si nécessaire en contact avec Himmler pour lui demander la déportation de 100 000 juifs hongrois afin qu’ils travaillent à la construction d’usines aéronautiques souterraines[9]. Un document, confirme que le Führer contacta le Reichsführer des SS et lui demanda non 100 000 juifs, mais le double. Dans une étude, Jürgen Graf écrit :

Les archives allemandes de l’époque nous ont révélé, en toute clarté, la raison de ces déportations massives : l’Allemagne avait un besoin urgent de main-d’œuvre pour son industrie d’armement. Le 9 mai 1944, Heinrich Himmler informa par lettre le chef de Bureau central des la SS ainsi que le chef de la SS-WVHA que 10 000 hommes seraient affectés à la SS, pour la garde de la main-d’œuvre nécessaire au programme de construction Jäger, sinon « le rassemblement, la garde, et l’exploitation rentable d’environ 200 000 juifs » seraient impossibles (47) [note 47 : NO-5689]. Deux jours plus tard, Himmler ajoutait [Ibid.] : « Le Führer a ordonné que 10 000 hommes, avec leurs officiers et sous-officiers, soient affectés à la SS pour la garde des 200 000 juifs que le Reichsführer-SS a fait transférer dans les camps de concentration du Reich pour les employer aux grands travaux de l’O.T. (Organisation Todt) et autres missions militaires importantes »[10].

Le 15 août 1945, le bureau D du WVHA confirma que plus de 500 000 prisonniers étaient comptabilisés et qu’on attendait encore 90 000 juifs de Hongrie, 60 000 juifs de Lodz et environ 460 000 autres (Polonais de Gouvernement général ou de Varsovie, condamnés de droit commun des territoires de l’Est, anciens officiers polonais, « arrivages français » [?][11]).

Conclusion provisoire


Ces documents sont très important car ils confirment :

1°) que de nombreux juifs hongrois ont été déportés pour être mis au travail (alors que la thèse officielle prétend qu’ils ont été exterminés à Auschwitz) ;
2°) que les juifs hongrois n’ont pas été déportés pour en remplacer d’autres qui auraient été exterminés. En effet, s’il en avait été ainsi, il n’aurait pas été utile d’embaucher de nouveaux gardiens ; ceux qui surveillaient les anciens auraient suffi. L’embauche de nouveaux gardes démontre que ces juifs hongrois arrivaient en surnombre ;
3°) que la main-d’œuvre juive était réclamée en même temps que la main-d’œuvre non juive, très probablement pour les mêmes travaux. Dès lors, on ne voit pas pourquoi les juifs auraient été maltraités, contrairement aux autres.

Le cas des juifs « inaptes au travail »


Parvenu à ce stade de notre exposé, les tenants de la thèse officielle répondront : « Si, vraiment, les Allemands réclamaient de la main-d’œuvre juive pour soutenir leur production de guerre, comment expliquez-vous qu’ils aient également déporté les enfants, les femmes enceintes et les vieillards, qui ne leur servaient à rien ? Il y a là une contradiction insurmontable ».

Au début, les « inaptes » ne sont pas destinés à la déportation


Encore une objection qui pourra impressionner le néophyte. Mais, avant de conclure précipitamment, il faut rappeler une évidence : si, vraiment, la déportation des juifs s’était inscrite dans le cadre d’une opération d’extermination totale, les Allemands auraient, dès le début, raflé tout le monde : hommes et femmes, enfants et vieillards, malades et bien portants, sans considération ni d’âge, ni d’aptitude à travailler. Cela posé, il est nécessaire de répondre à une simple question : dans les pays occupés, et notamment dans les pays de l’Ouest (Pays-Bas, France, Belgique), les Allemands ont-ils, dès le début, réclamé tout le monde ? Assurément non.

Les documents archivés au Centre de documentation juive contemporaine


Dans son étude déjà cité, E. Aynat écrit :

[…] lors de conversations entre Allemands et Français destinées à organiser une grande rafle à Paris de juifs étrangers et apatrides, on déclara que, parmi la population juive objet de la rafle, il fallait déduire « les juifs malades, inaptes au transport et trop vieux ». On décida également que les enfants dont les parents seraient arrêtés resteraient en France à la charge des organisations juives (25) [note 25 : CDJC, XXVb-55, 8 juillet 1942 ].
Au cours d’une réunion postérieure, on fixa la limite d’âge pour être arrêté lors de la prochaine rafle, qui était imminente, à 55 ans pour les femmes et à 60 pour les hommes (26) [note : CDJC, XXVb-60, 11 juillet 1942][12].

Avec raison, l’auteur y voit la confirmation que les grandes opérations de déportation commencées en 1942 à l’Ouest répondaient à un objectif premier : le recrutement de main-d’œuvre. Il écrit :

Il ressort, à la lecture des documents allemands, que l’objectif des occupants était avant tout de fournir de la main-d’œuvre juive à l’industrie de guerre allemande et, plus précisément, à celle qui était située à Auschwitz. Il s’ensuit que les Allemands n’avaient pas intérêt, à ce moment-là [1942], à arrêter des gens qui ne servaient pas leurs desseins [Id.].

Le document F-274 à Nuremberg


Mais peut-être certains rejetteront-ils les affirmations d’E. Aynat au motif qu’elles émanent d’un révisionniste ? Je leur soumets donc une autre pièce qui vient les confirmer. Il s’agit du document F-274 — déjà cité —, rédigé en 1945 par un fonctionnaire du gouvernement français et présenté par l’Accusation à Nuremberg. On lit :

A partir du moment où les arrestations en France s’intensifient, la déportation doit être organisée rationnellement dans des buts immédiats, définis :
[…]
3°) Augmenter la main-d’œuvre en Allemagne.
[…] L’organisation du convoi elle-même était une première sélection, éliminant les éléments faibles et inaptes au travail[13].

Ce document confirme que les Allemands voulaient des ouvriers, donc pas d’inaptes (malades, vieillards, femmes enceintes, enfants…). J’ajoute que, dans son ouvrage, R. Hilberg évoque un accord conclu entre la SS et l’armée pour la fourniture d’une main-d’œuvre juive. Là encore, on découvre que seuls les travailleurs devaient être déportés. L’auteur écrit : « Il n’y avait même pas de place pour la proche famille dans l’accord conclu entre la SS et l’armée »[14].

Les déclarations de Seyss-Inquart


Cette séparation inévitable des familles fut cause de scrupules chez A. Seyss-Inquart, qui gouvernait les Pays-Bas occupés. A Nuremberg, il déclara, à propos des déportations : « je pensais aussi à l’arrachement dont les familles allaient inévitablement être les victimes, tout au moins jusqu’à un certain point, en cas d’utilisation de la main-d’œuvre » (TMI, XVI, 8).

Toutes ces pièces confirment que longtemps, les Allemands n’ont pas voulu déporter les juifs inaptes au travail. Certes, il avait été décidé que tous les juifs quitteraient l’Allemagne et, plus tard, la sphère d’influence allemande en Europe. Mais pendant la guerre, il est manifeste que, dans les pays occupés de l’Ouest, les inaptes furent au départ exclus des déportations. Or, si vraiment les Allemands avaient voulu déporter les juifs tombés entre leurs mains pour tous les exterminer, ils n’auraient pas hésité : dès le commencement, ils se seraient emparés de tout le monde — et notamment des enfants ! — qui se trouvaient en France, en Belgique, aux Pays-Bas etc.

Les Allemands ont agi de la même façon avec la main-d’œuvre non juive

Pendant la deuxième guerre mondiale


Notons d’ailleurs que les Allemands ont fait de même avec la main-d’œuvre non juive. A Nuremberg, F. Sauckel rappela qu’il s’était toujours opposé à l’envoi en Allemagne de personnes trop faibles ou malades. Face aux juges, il déclara « Je dois attirer votre attention sur le fait que j’avais formellement interdit, de mon côté, l’envoi en Allemagne de malades ou de gens incapables de travailler. C’eût été un crime et une impossibilité au point de vue économique » (TMI, XV, 26). Même constat concernant les enfants. Le 1er octobre 1942, une rafle fut organisée dans les quartiers nord de Lublin : « Tous les habitants furent convoqués et rassemblés en un endroit précis. On vérifia tous les certificats de travail, et tous les Polonais, hommes ou femmes, qui ne pouvaient justifier d’un emploi furent emmenés dans un camp [de travail], tandis que les enfants de moins de quinze ans étaient envoyés à l’orphelinat »[15]. Citons enfin l’avocat général à Nuremberg, Thomas J. Dodd, qui, le 12 décembre 1945, lança : « Les conspirateurs nazis ne se sont pas contentés d’arracher quelque 5 millions de personnes [les « travailleurs étrangers »] à leurs enfants, à leur maison, à leur patrie » (TMI, III, 444).
Ces documents démontrent que les juifs furent traités comme les autres : recrutement des valides, mise à l’écart des inaptes. Nouvelle preuve que les déportations s’inscrivaient dans un plan général de recrutement de main-d’œuvre.

Dès la première guerre mondiale


Allant plus loin, je rappellerai que les Allemands avaient agi de la même façon durant la première guerre mondiale. En France, notamment, dans les zones occupées, les individus valides ayant entre 16 et 60 ans (ou 18 et 55 ans) furent déportés pour y être mis au travail. Le 8 octobre 1916, ainsi, l’auteur d’un rapport intitulé : « Comment l’Allemagne a traité les populations qu’elle avait à charge d’administrer et de ravitailler » parla de :

la violence dont furent victimes les habitants du département du Nord, arrachés en grand nombre à leur foyer et à leur famille, et transportés dans des régions plus ou moins éloignées pour y être contraints au travail[16].

Plus loin, il précisa que les « personnes déportées […] étaient âgées de dix-huit à cinquante-cinq ans » (Ibid., p. 56). Quelques mois plus tard, un rapport sur les « violations du droit des gens commises par l’ennemi pendant l’occupation des territoires libérés en mars 1917 » déclarait :

Il avait été déjà procédé antérieurement à la déportation de nombreux habitants, que l’envahisseur, séparant sans pitié les familles, envoyait travailler en Allemagne ou dans le nord de la France. Cette mesure est devenue générale et a frappé toute la partie valide de la population des deux sexes, de seize à soixante ans, à l’exception des femmes ayant des jeunes enfants [Ibid., p. 59].

Or, personne ne prétend qu’en 1916 et 1917, les Allemands auraient voulu exterminer les Français du Nord[17]. Tout le monde est d’accord pour affirmer que s’ils déportaient les plus valides, c’était parce qu’ils avaient un besoin urgent de main-d’œuvre. Dès lors, on ne voit pas pourquoi vingt-cinq ans plus tard, les mêmes agissements se seraient cette fois inscrits dans un vaste programme d’anéantissement…

Déportation des « inaptes » : les malhonnêtetés de l’exterminationniste


Là, l’exterminationniste rétorquera que les juifs inaptes au travail furent finalement déportés vers la Pologne. Et profitant de ce que les révisionnistes l’admettent sans difficulté, il lancera : « Puisque les inaptes ont finalement été déportés, votre thèse s’effondre. De plus, je rappelle que les femmes enceintes, les enfants et les vieillards déportés avaient disparu en 1945. Où étaient-ils passés ? Vous êtes bien incapables de me le dire et vous gardez un silence gêné. Eh bien moi, je vous le dis : ils avaient été réduits en cendres dans les crématoires. »

L’exterminationniste utilise l’enthymème et inverse la charge de la preuve


Dans un premier temps, je répondrai que l’exterminationniste utilise un procédé logique très pernicieux, l’enthymème, et qu’il inverse la charge de la preuve.

L’enthymème est un syllogisme dont on sous-entend une des prémisses. Exemple : « Paul est magnanime, donc Paul doit être respecté ». Le syllogisme complet est : « Paul est magnanime ; or, une personne magnanime doit être respectée, donc Paul doit être respecté ». Dans cet enthymème, j’ai omis la deuxième prémisse (une personne magnanime peut être respectée) parce qu’elle est évidente. Mais parfois, certains ont recours à ce procédé parce que la prémisse omise n’exprime pas une vérité absolue et qu’il est prudent de l’escamoter. C’est précisément le cas de l’exterminationniste. Il déclare : « Les juifs avaient disparu en 1945, donc les juifs ont été tués ». Le syllogisme complet est : « Des personnes disparues ont été tuées ; or, les juifs avaient disparu en 1945, donc les juif ont été tués ». Mais il est bien évident que l’affirmation : « Des personnes disparues ont été tuées » n’est pas toujours vraie, loin de là. Ceux dont on est sans nouvelles ne sont pas forcément morts, et s’ils le sont, ils n’ont pas forcément été assassinés (ou peut mourir d’accident, de maladie…). Cette vérité s’applique parfaitement aux juifs déportés : beaucoup d’entre eux (inaptes ou non) ont disparu ; mais on ne saurait en déduire qu’ils ont été assassinés. Nous avons vu que dans les derniers mois du conflit, les conditions apocalyptiques qui régnèrent en Allemagne furent la cause de nombreuses morts (typhus et autres maladies, froid, dénutrition…) qui ne peuvent en aucun cas être qualifiées d’assassinats. En outre, il faut ajouter tous les juifs qui, « libérés » par les Soviétiques, sont restés bloqués à l’Est (donc ne sont pas revenus) et tous les survivants qui, après 1945, sont partis d’Europe sans laisser d’adresse. Par conséquent, l’enthymème de l’exterminationniste est un syllogisme erroné, au motif qu’il qualifie de certaine une prémisse seulement possible. Dès lors, la conclusion ne saurait être acceptée[18].

Non content de recourir à un procédé logique pernicieux, l’exterminationniste inverse la charge de la preuve. C’est à lui de démontrer que les inaptes au travail ont été exterminés. En ce qui concerne plus particulièrement Auschwitz, c’est à lui de démontrer que les enfants, les femmes enceintes et les vieillards étaient immédiatement gazés. Ces preuves, nous les attendons toujours, et ce ne sont pas les manuels scolaires qui peuvent nous satisfaire.

De nombreux documents confirment que les « inaptes » n’étaient pas exterminés


Mais encore une fois, je sais que la personne pétrie par plus de cinquante ans de propagande refusera cette réponse. Cette personne est en effet contaminée par l’esprit de Nuremberg selon lequel un « nazi » est automatiquement un coupable, sans même qu’il soit nécessaire de prouver ses « crimes ». Je rappelle que l’article 21 du statut du TMI déclarait : « Le Tribunal n’exigera pas que soit apportée la preuve de faits de notoriété publique, mais les tiendra pour acquis » (TMI, I, 17). Aujourd’hui, ainsi, l’égalité « 1 juif disparu = 1 juif assassiné » est universellement admise, ou presque, donnant la fameuse réplique tant de fois entendue : « Les trains arrivaient pleins et repartaient vides, que répondez-vous à cela ? »
Je réponds que si, vraiment, les inaptes au travail avaient été exterminés immédiatement après la « sélection », sans même entrer dans le camp, aucun document ne devrait exister, qui en parlerait ensuite. Or, nous allons voir qu’il n’en est rien.

Le cas des prisonniers non immatriculés à Auschwitz


Prenons l’exemple des prisonniers non immatriculés d’Auschwitz. D’après la thèse officielle, seuls les déportés qui, lors de la « sélection », avaient été déclarés aptes au travail entraient dans le camps pour se faire immatriculer ; cette immatriculation leur était tatouée sur le bras. Les autres allaient directement aux crématoires sans entrer dans le camp et donc sans être immatriculés[19]. Or, l’ancienne déportée P. Lewinska écrit : « Il y avait également à cette époque [août 1944] dans une enceinte spéciale du camp 14 000 juives qui n’étaient pas tatouées ».
14 000 ! Ce n’est pas rien. Sachant qu’à cette époque, la grande déportation des juifs hongrois s’achevait, tout laisse penser qu’il s’agissait de juives hongroises. Elles avaient été admises au camp sans être immatriculées... Certes, je ne sais rien du destin qui leur a été réservé, mais l’ouvrage de P. Lewinska s’inscrit en faux contre la thèse selon laquelle les déportés non immatriculés n’entraient même pas au camp.

Le cas des femmes enceintes


Autre exemple : celui des femmes enceintes. Incapables de travailler, elles étaient gazées à l’arrivée nous dit-on. Mais alors, comment expliquer qu’une sage-femme polonaise, ancienne déportée à Auschwitz, ait déclaré plus tard :

Parmi les nombreux convois qui arrivaient sans cesse au camp, les femmes enceintes ne manquaient pas. J’ai exercé mes fonctions d’accoucheuse dans trois blocs successivement […]. J’ai pratiqué de la sorte plus de 3 000 accouchements[20].

Mensonges d’une femme en mal de reconnaissance ? Nullement. Une autre ancienne déportée à Auschwitz, P. Lewinska, raconte que « Au début, on se débarrassait d’elles [les femmes enceintes] par des moyens très rapides » — sans dire lesquels — mais qu’ensuite, tout changea et qu’il fut même question de les libérer[21]. Elle termine en écrivant :

J’ignore si les femmes enceintes ont réellement été libérées, mais je sais que jusqu’à la fin, elles accouchaient au camp [Ibid., p. 123].

Parmi ces déportées juives qui accouchèrent figure une certaine Mme Hanzel. Non seulement son bébé ne fut pas tué mais elle parvint même — par ruse et afin de ne pas en être séparée — à l’introduire dans la section réservée au femmes à Birkenau. « La surveillante SS ignorait qu’il était défendu d’amener des enfants lors d’un transport. Elle joua avec la petite. » Mais un responsable SS, Buntrock (qui s’occupait vraisemblablement de l’hôpital), s’aperçut de la disparition de l’enfant. Il convoqua la mère qui dut lui révéler la vérité. Fut-elle punie et son bébé tué comme le voudrait la thèse officielle ? Non :

Après l’avoir interrogée, [Buntrock] lui dit finalement qu’en vertu de son courage et de son amour maternel, elle pourrait rester avec son enfant au camp des femmes. Il n’y avait aucun doute : le SS Buntrock avait été ému[22].

Mentionnons également Ruth Iliav qui arriva à Auschwitz en décembre 1943. Alors qu’elle en était à son septième mois de grossesse, elle fut sélectionnée et partit à Hambourg pour y effectuer des travaux de déblaiements. Mais son état ayant été déclaré par la chef de chambre, un médecin SS l’envoya, ainsi qu’une autre, à Ravensbrück Nous recevons des vivres pour le voyage et quittons Hambourg pour […] Ravensbrück »). Là, on s’aperçut que leur numéro ne faisait pas partie du camp et on les renvoya à Auschwitz. Elle déclare : « La nouvelle arrive jusqu’aux oreilles du docteur Mengele. Et nous recevons bientôt sa visite ». Va-t-il les envoyer au crématoire comme le veut la thèse officielle ? Non :

Il nous ordonne d’aller au quartier réservé pour les malades et d’attendre là l’accouchement. J’attends pendant dix jours, pendant dix jours le docteur Mengele vient me voir. Les douleurs commencent. Une sage-femme détenue me met sur le sol et l’aide à accoucher. Mon premier enfant. Une petite fille. J’aurai bientôt vingt-et-un ans. Malgré la misère, j’éprouve pour la première fois le bonheur d’être mère[23].

R. Iliav n’eut toutefois pas la chance de Mme Hanzel : son enfant décéda au bout de huit jours[24].

Quoi qu’il en soit, j’y vois une confirmation qu’à Auschwitz, les femmes enceintes furent admises au camp et qu’elles y accouchèrent. Mais peut-être m’accusera-t-on de généraliser à partir de quelques témoignages personnels. Je soumets donc au lecteur le document F-274, qui se veut de portée plus générale. On lit :

A Ravensbrück et à Auschwitz, l’inhumanité des Allemands s’exerçait surtout sur les femmes enceintes. Beaucoup d’avortements par piqûre furent pratiqués. Celles auxquelles leurs enfants furent laissés durent travailler normalement (c’est-à-dire à des terrassements ou divers travaux de force) durant les premiers mois de leur grossesse. L’accouchement était pratiqué dans des conditions convenables par des sages-femmes détenues, mais une heure après, la mère devait elle-même regagner son block habituel. L’enfant ne recevait aucun soin, et nous avons le témoignage d’une jeune mère qui fit la toilette de son enfant, le lendemain de sa naissance, avec l’ersatz de café qu’elle avait reçu à son premier déjeuner (Doc RAV. M.D.)[25].

Bien que le document dépeigne la vie au camp sous un jour sombre, on y trouve une nouvelle confirmation que les femmes enceintes étaient admises à non seulement à Ravensbrück[26] mais aussi à Auschwitz, que certaines gardèrent leur enfant, qu’elles accouchèrent « dans des conditions convenables » et que, visiblement, leur enfant survécut.
Lorsqu’on sait cela, on n’est pas surpris d’apprendre qu’en 1983, un « Rassemblement américain des survivants juifs de l’Holocauste » fut organisé à Washington D.C., et qu’un des organisateurs brandissait l’écriteau suivant : « Les survivants qui sont nés ou ont vécu à Auschwitz (Oswiecim) se rencontreront à… »[27]. Ce fait confirme que des juifs sont nés à Auschwitz et qu’ils ont vécu et même survécu au camp. Dès lors, que reste-t-il de la thèse officielle ?

Le cas des enfants déportés


Venons-en maintenant aux enfants déportés. Le cas le plus intéressant reste de celui des petits juifs et des petites juives arrêtés lors de la rafle du Vel’ d’Hiv’ en juillet 1942. Comme nous l’avons vu, les Allemands n’en voulaient pas. Dans son étude déjà citée, E. Aynat écrit :

Eichmann avait décidé, en fin de compte, que l’on déporterait les enfants juifs arrêtés lors de la grande rafle des 16 et 17 juillet. Ceci étant dit, il est important de souligner que, d’après le document, les enfants juifs allaient être déportés dans le Gouvernement général, non à Auschwitz. Auschwitz fut en effet incorporé au territoire du Reich en septembre 1939 et ne fit jamais partie du Gouvernement général. Ce détail mérite d’être souligné car il montre qu’au moins jusqu’au 20 juillet 1942, A. Eichmann, le responsable le plus élevé de la déportation des juifs, n’avait pas envisagé d’exterminer les enfants juifs français à Auschwitz[28].

Dans son ouvrage, R. Hilberg confirme indirectement cette assertion lorsqu’il écrit :

Le programme de Himmler prévoyait que tous les juifs non productifs seraient déportés dans le Gouvernement général avant la fin de 1942[29].

Toutefois, les enfants juifs de France connurent un sort un peu différent de celui qui était prévu. Dans son étude, E. Aynat explique que le 11 août 1942, la police allemande de Paris envoya un télétype au RSHA afin de savoir comment la déportation aurait lieu. Il poursuit :

Deux jours après, le RSHA répondait par un autre télétype qui ordonnait d’envoyer les enfants juifs « progressivement » (nach und nach) avec les convois d’adultes prévus à Auschwitz. En « aucun cas » (keinesfalls) ne pouvaient être mis en route des convois composés exclusivement d’enfants. Ce télétype porte un en-tête semblable au premier : « Concerne : déportation de juifs à Auschwitz, là-bas évacuation des enfants juifs »[30].

Et Aynat d’expliquer :

A notre avis, il faut interpréter ces documents de la manière suivante : il était prévu au départ de déporter les enfants juifs dans le Gouvernement général, mais, comme il n’était pas conseillable — certainement pour des raisons de propagande — de faire rouler des convois composés en totalité d’enfants, on décida de les envoyer petit à petit, mêlés aux juifs adultes, dans les convois destinés à Auschwitz ? Une fois là-bas (dort hier), à Auschwitz, les enfants seraient déportés de nouveau, probablement vers le Gouvernement général. Cette interprétation respecte le texte des en-têtes des télétypes en même temps qu’elle est cohérente avec le contexte.
En somme, ce qui ressort de l’examen de ces documents est que le but principal des Allemands était de fournir de la main-d’œuvre juive à l’industrie de guerre située à Auschwitz. En ce qui concerne la déportation des enfants et des personnes inaptes au travail, l’intention était de les déporter vers le Gouvernement général. Néanmoins, en raison des circonstances, il furent également déportés à Auschwitz, même s’ils n’y furent probablement qu’en transit.
Cette version semble pouvoir s’accorder avec la thèse généralement acceptée de la déportation en vue de l’extermination. Si les Allemands avaient vraiment voulu anéantir tous les juifs, ils n’auraient pas pris la peine de réaliser de longs mémorandums sur les conditions que devaient réunir ceux qui étaient envoyés en déportation, ni n’auraient hésité à y inclure les enfants. La logique aurait voulu que, dès le départ, ils déportent tous les enfants qu’ils arrêtent [Ibid., pp. 18-9].

Le cas des enfants juifs raflés à Paris atteste qu’Auschwitz servit également de camp de transit, y compris pour les inaptes au travail. Ils y passaient mais n’y restaient qu’un temps, avant de partir ailleurs. Ce fait est capital, aussi vais-je y consacrer quelques développements.
 
Old January 20th, 2013 #34
alex revision
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Les évacuations des camps :



preuve de la « barbarie nazie » ?



Les évacuations des camps en 1945 fournissent-elles la preuve que les Allemands voulaient massacrer les déportés et qu’ils auraient cherché jusqu’au bout à atteindre cet objectif ?


Les Allemands n’ont pas assassiné les déportés malades qui ne pouvaient pas être évacués

Des faibles et des malades trouvés en 1945 dans de nombreux camps et sous-camps


Dans un premier temps, je souligne que si, vraiment, des ordres supérieurs avaient été donnés, prescrivant l’assassinat des détenus qui ne pouvaient être évacués, les Alliés n’auraient dû trouver aucun survivant dans les camps abandonnés. Or, ce ne fut pas le cas, bien au contraire. On sait par exemple qu’à Auschwitz — évacué quelques jours auparavant — les Soviétiques découvrirent environ 3 000 personnes : des hommes, des femmes et des enfants[1]. Le cas de ce camp n’est pas unique :

- A Oranienburg, l’hôpital ne fut pas évacué et la Croix-Rouge fut avertie du « danger menaçant d’épidémies parmi les détenus » et du « manque absolu de médicaments »[2]. Preuve qu’il n’était pas question de laisser les plus faibles mourir…

- A Dora, « environ 900 à 1 100 [déportés] restèrent au camp parce qu’ils étaient trop faibles » pour supporter un transport[3].

- A Ravensbrück, les Allemands avaient laissé « au grand camp 2 000 femmes malades et au petit camp 800 hommes ».

- A Sachsenhausen, « 3 000 malades avaient été abandonnés à l’infirmerie du camp. Ils furent libérés par les Russes le 22.4.45 » (Ibid., p. 350).

Citons également le cas de commandos moins connus :

- Alorf (un commando de Neuengamme) : les libérateurs trouvèrent seulement « les prisonnières malades », « les autres ayant été évacuées le 10.4.45 vers Bergen-Belsen » (Ibid., p. 3) ;

- Belzig (commando de Ravensbrück) : « 72 femmes incapables de marcher restèrent au camp» (Ibid., p. 39) ;

- Bunzlau-Boleslawiec (commando de Gross-Rosen) : « Les prisonniers malades restés au camp furent également libérés par les Russes le 11.2.45 » (Ibid., p. 74) ;

- Kittlit-Treben (commando de Gross-Rosen) : « Les malades restèrent dans le camp et furent libérés par les Russes » (Ibid., p. 206) ;

- Lieberose (commando de Sachsenhausen) : « Une quarantaine de juifs et un Belge […] restèrent au camp » (Ibid., p. 239) ;

Cette abondance de cas démontre qu’aucun ordre n’avait été donné qui aurait prescrit l’extermination des déportés.

Histoires de massacres : prudence !


Naturellement, il est possible que dans certains commandos, des massacres aient été commis. Mais même s’ils sont avérés, il s’agit d’actes isolés, sans portée générale.
De plus, la prudence doit être de mise face aux récits de massacres, car certains sont d’une véracité douteuse, voir manifestement faux.

L’affaire de Gardelegen


On prétend par exemple que 1 016 déportés (ou 150, c’est selon) évacués des camps de Neuengamme et de Dora, ont été finalement brûlés vifs à Gardelegen, dans une grange « pleine de paille arrosée d’essence»[4]. Mais quand on examine le cliché publié par la FNDIRP, on voit nettement :

- que les corps ne sont pas carbonisés (les habits, les cheveux et les extrémités sont intacts),

- que la paille au sol n’est pas brûlée et ;

- que le bâtiment ne porte aucune trace d’incendie.

De façon évidente, ces déportés ne sont pas morts brûlés vifs. J’ajoute que ce cliché semble avoir été « retouché » : la tête et le bout de bras portant une trace de brûlure au premier plan paraissent avoir été rajoutés sur l’original (l’éclairage est très différent, il n’y a pas d’ombre au sol).

L’affaire de Thekla


Pour Thekla, des clichés montrent deux corps d’hommes carbonisés tout près de barbelés. D’après la thèse officielle, ces déportés ont été assassinés, avec une centaine d’autres, le 16 avril 1945 : trop faibles pour être évacués, les SS les auraient enfermés dans l’infirmerie avant de jeter « des grenades incendiaires par les fenêtres ». La plupart seraient morts carbonisés dans le bâtiment. Quelques-uns, transformés en torches humaines, seraient parvenus à fuir, mais ils auraient soit terminé leur course devant les barbelés, soit été tués par un peloton de la Jeunesse hitlérienne qui « tirat à vue »[5].

Pourtant, le 5 mai 1945, l’organe du « Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés », Libres, publia en première page une photographie qui montraient quatre déportés « manifest[a]nt leur joie de se retrouver ». Plus tard, on devait apprendre que ce cliché avait été pris à Thekla[6]. Cette photographie pose deux questions :

1°) Pourquoi ces déportés, qui n’avaient pas été évacués, n’ont-ils pas, eux aussi, été tués ?

2°) Comment croire que les Allemands, qui se seraient rendus coupables d’un horrible massacre, auraient laissé ces témoins si compromettants ? Quand on sait la façon dont les vainqueurs ont honteusement utilisé les drames d’Oradour-sur-Glane, de Nordhausen et — nous venons de le voir — de Gardelegen, on est en droit de s’interroger.

Cela dit, venons-en aux évacuations.

La vraie raison pour laquelle les autorités allemandes ont ordonné l’évacuation des camps

La thèse officielle


Aujourd’hui, elles sont décrites comme des marches sans but défini, des marches dont l’unique objectif aurait finalement été l’extermination des derniers survivants. Dans une brochure intitulée : C’était il y a 20 ans. La libérations des camps de la mort, un cliché montre des cadavres de déportés abandonnés dans la campagne. La légende porte :

Une hallucinante marche forcée qui ne menait nulle part…
Pour d’autres déportés, ce furent les routes sans fin, l’hallucinante marche forcée qui ne menait nulle part. Des centaines de kilomètres le ventre vide, les pieds sanglants, serrés dans le rang par les chiens et les SS. La balle dans la nuque à celui qui tombait. Le monstrueux pointillé des cadavres sur le chemin[7].

Au sujet des évacuations par train, une photographie reste très souvent montrée : elle présente des déportés morts, abandonnés dans un wagon à proximité de Dachau et découverts par les Américains. Dès 1945, elle fut abondamment publiée[8]. En 1965, on la vit dans la brochure anniversaire diffusée par la FNDIRP[9]. Elle figurait encore dans l’exposition Mémoire des camps organisée à Paris en 2001 à l’Hôtel Sully.

De tels documents pourront convaincre le néophyte. Mais ils n’impressionneront pas celui qui connaît l’état de l’Allemagne dans les derniers mois du conflit. Dans cette affaire, deux périodes me semblent devoir être distinguées. La première allant jusqu’au début de l’année 1945 (février ou mars) ; la deuxième s’achevant le 8 mai 1945.

Au début, les autorités allemandes ne donnent pas d’ordre précis concernant les évacuations


Témoignant à Nuremberg le 15 avril 1946, R. Höss déclara :

Au début de l’année 1945, lorsque divers camps se trouvèrent dans la zone d’opérations, le Reichsführer chargea les hauts fonctionnaires SS et la Police de décider en cas d’urgence qu’il fallait les évacuer [comprenez : les camps] ou les laisser à l’ennemi. Auschwitz, Gross-Rosen ont été évacués [TMI, XI, 418].

Ces propos n’étaient pas mensongers. Dès la fin 1944, avec l’avance ennemie, de nombreux commandos furent fermés et évacués[10]. Les déportés furent transférés dans d’autres camps, situés dans des régions qui étaient encore sous contrôle allemand (les « quelques camps qui restaient utilisables » dixit K. von Eberstein). En agissant ainsi, les autorités du Reich faisaient d’une pierre deux coups : elles évitaient que des hommes en état de combattre ne tombent aux mains des Alliés et — surtout — elles gardaient une main-d’œuvre vitale pour le Reich. Même la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes, dont on connaît l’antinazisme exacerbé, avoue que les évacuations furent décidées en premier lieu pour garder la main-d’œuvre. Dans L’impossible oubli…, on lit :

Les dirigeants les plus fanatiques du IIIe Reich crurent jusqu’à la fin que le sort des armes leur serait en définitive favorable. Ils attendaient un « miracle » qui leur permettrait de se maintenir au pouvoir : armes secrètes, renversement des alliances, etc. […]. Ainsi s’explique pourquoi les SS essayèrent jusqu’au bout de garder les esclaves qu’ils détenaient. Dans la mesure du possible, ils s’efforcèrent d’évacuer à temps les détenus des camps menacés par l’avance alliée sans se soucier des pertes et se réservant toujours la possibilité, si cela s’avérait nécessaire, de liquider les survivants[11].

Les premiers drames liés aux évacuations


Bien que la situation générale n’ait pas encore été chaotique, ces premières évacuations, par train, s’accompagnèrent déjà de drames, surtout lorsque la gare était loin du camp. Un évacué d’Auschwitz, A. Rogerie, qui marchera deux jours avant d’atteindre la gare, raconte par exemple :

Le soir, après une station debout de tout l’après-midi, la colonne s’ébranle sur une petite route secondaire […]. Depuis déjà vingt-quatre heures, la route est parcourue par d’immenses colonnes venues de tous les camps de la région. Dans la neige sale qui recouvre le sol, nombreux sont les cadavres d’hommes et de femmes qui sont tombés là, exténués ou abattus, mais toujours achevés. Personne ne doit tomber vivant aux mains de l’ennemi. La nuit est affreusement noire et froide. Oh ! comme il fait froid ! Sans ordre, tel un troupeau, nous avançons, traînant des pieds, fatigués, assoiffés par la fièvre. Il n’est que minuit ! Le jour ne paraîtra donc jamais ! Nous sommes presque encerclés par les Russes […].
Les hommes tombent et, tout à coup, on trébuche sur un cadavre que l’on a pas vu. On avance par habitude. La couverture est lourde. On essaie de dormir en marchant, mais il faut s’arrêter brusquement, puis repartir en courant pour rattraper […]. Les maisons sont rares et les mirages de fatigue nous poursuivent. A chaque instant, il nous semble apercevoir des baraques, un village, un endroit enfin ou peut-être on s’arrêtera. Puis, en approchant, on se rend compte que c’est un bouquet d’arbres. Peu à peu, la nuit se dissipe et pourtant on ne s’arrête pas. Il y a dix-huit heures que nous avons quitté Birkenau. La colonne de prisonniers s’allonge démesurément sur la route[12].

Dans la mesure du possible, toutefois, les déportés partaient avec des effets personnels (même réduits au strict minimum) et une réserve de nourriture[13]. Denise Holstein fut évacuée d’Auschwitz le 30 décembre 1944. Les laissa-t-on partir à pied, sans rien, dans le froid ? Nullement :

C’est vraiment le départ. Nous avons le droit à une douche et à des vêtements. De vrais vêtements, pas des guenilles. Je me retrouve même, à ma grande surprise, vêtue d’un superbe manteau gris. Nous prenons le train. Des wagons à bestiaux, bien sûr, et soixante par wagon. Mais nous partons ! [14]

A son arrivée à Bergen-Belsen, le manteau gris et l’écharpe qu’elle portait sur la tête lui furent repris par un gardien. « En fait, il récupère ces vêtements pour d’autres “transports” », écrit-elle avec honnêteté (p. 79). Preuve que les Allemands faisaient leur possible pour humaniser les évacuations…

Certains convois comportaient même un wagon transformé en infirmerie afin d’accueillir ceux qui tomberaient malades pendant le transfert, ce que l’on ne dit jamais[15].

Mais l’endommagement rapide des voies de communication suite aux bombardements alliés gêna ces transferts. Les trains de déportés s’arrêtaient souvent, se voyaient déroutés et, parfois, étaient contraints de s’arrêter définitivement suite aux bombardements. C’est ainsi, par exemple, qu’en février 1945, des évacués de Dora furent tout d’abord chargés dans des wagons mais durent terminer le voyage à pied suite à une attaque aérienne[16].

D’autres convois parvenaient tout de même à destination, mais la vitesse réduite des convois et les longs arrêts observés à cause des bombardements rendaient le voyage très long. Un évacué de Dora raconte qu’il circula sept jours et précise : « Voyage épouvantable sans but précis. On nous a “promenés” ainsi à travers toute l’Allemagne. Partout où nous arrivions, les camps étaient archicombles »[17]. Il échoua finalement à Bergen-Belsen.

Lors de son procès, l’ancien commandant de ce camp, J. Kramer, confirma que certains déportés évacués de l’Est arrivaient après un voyage de huit à quatorze jours sur des wagons à plate-forme, d’où une mortalité très élevée parmi eux[18].

La vérité sur le « train de la mort » découvert à Dachau par les Alliés


Le cas le plus connu reste celui du convoi parti de Buchenwald le 7 avril 1945 avec plus de 5 000 détenus et dirigé sur Dachau. Il confirme les affirmations du juge Morgen à propos des « camps surpeuplés » et des transports d’ « une durée très longue, et qui n’avait pas été prévue, […] provoquée par les attaques aériennes ». En temps normal, en effet, ce voyage d’un peu plus de 300 km aurait dû s’achever en une journée. Mais dans les conditions d’apocalypse qui régnaient en Allemagne à cette époque, le train arriva à destination… 21 jours plus tard, dans la nuit du 27 au 28 avril 1945. Sans surprise, la mortalité était effroyable : seuls un peu plus de 800 déportés étaient encore en vie[19]. Comble de malchance, à cette époque, Dachau était surpeuplé : l’effectif était passé de 5 044 le 24 novembre 1944 à 65 613 le 22 avril 1945[20]. Par conséquent, les autorités étaient totalement débordées, et ne pouvaient faire grand chose. En outre, depuis le 27 avril dans la soirée, le camp était en pleine procédure d’évacuation, une procédure qui s’acheva le lendemain dans la matinée[21]. Telles sont les raisons pour lesquelles le train et une partie des cadavres furent abandonnés là.

L’affaire du train de Buchenwald était donc une conséquence directe des conditions apocalyptiques qui régnaient en Allemagne dans les dernières semaines du conflit. Suite à la désorganisation générale, il était arrivé trop tard et dans un état lamentable. Mais tout comme à Bergen-Belsen, cette vérité n’intéressait pas le vainqueur. Lorsque, le 29 avril, les Américains arrivèrent sur les lieux et découvrirent le convoi, ils saisirent l’occasion pour alimenter leur propagande à base « d’atrocités nazies ». Un fonctionnaire du CICR, présent sur les lieux, raconte :

Bientôt, nous fûmes entourés par diverses automobiles militaires américaines. Je me présentai. Le général me pria tout d’abord d’aller prendre quelques photos de presse en compagnie de l’officier allemand et en particulier celle d’un train tout rempli de cadavres. Ainsi que je l’ai appris par la suite, c’était un train de prisonniers de Buchenwald ; il y avait là 500 cadavres [Ibid., p. 151].

Sans surprise, les clichés du « train » firent le tour du monde. Mais rien ne fut dit sur le contexte de l’époque : l’Allemagne épuisée, les problèmes de ravitaillement, les attaques aériennes massives, un système de communication effondré… Dans le Magazine de France, ainsi, un cliché du train fut publié avec la légende suivante (p. 38) :

Il arrivait quelquefois que la belle « organisation allemande » se trouvât en défaut. Ce train, chargé de déportés, au moment de l’évacuation du camp de Buchenwald, fut « oublié » sur une voie : c’est là que les troupes alliées en retrouvèrent les restes ! (voir le cliché)

Cette légende cachait le fait que le train avait voyagé pendant trois semaines (ce qui aurait suffi pour s’apercevoir que le système de communication était brisé) et qu’en 1945, on ne pouvait absolument plus parler de « belle organisation allemande » !

Himmler donne l’ordre de ne plus évacuer les camps…


Quoi qu’il en soit — et même s’il ignora le cas du « train » de Buchenwald — Himmler donna finalement l’ordre de ne plus évacuer les camps. A Nuremberg, R. Höss déclara qu’au moment de vider totalement Buchenwald :

le Reichsfürer donna l’ordre de ne plus faire aucune évacuation. Seuls les détenus de marque ne devaient en aucun cas tomber aux mains des Alliés et devaient être transférés ailleurs. C’est ce qui se produisit pour Buchenwald [TMI, XI, 418-9].

Son témoignage corroborait celui de Walter Schellenberg, l’ancien chef de l’Amt VI du RSHA (un bureau secret d’information qui travaillait à l’étranger), selon lequel H. Himmler avait promis aux autorités officielles alliées « que les camps de concentration ne seraient pas évacués en raison de la situation désastreuse » (TMI, IV, 390). Bien qu’aucune date ne soit donnée, on peut penser que cette promesse fut faite au début avril 1945.

… mais un ordre contraire est donné après les incidents de Weimar


Mais soudainement, tout changea : dans la deuxième moitié du mois d’avril, des ordres d’évacuation immédiate furent émis. De grands camps comme Oranienburg, Sachsenhausen ou Ravensbrück furent partiellement ou totalement vidés. Que s’était-il passé ? A Nuremberg, R. Höss donna l’explication : « Lorsqu[e Buchenwald] fut occupé [par les Alliés], le Führer reçut un rapport disant que des détenus s’étaient emparés d’armes et avaient exécuté des pillages dans la ville de Weimar » (TMI, XI, 419).

En vérité, les anciens détenus ne s’étaient pas contentés de piller : ils avaient violemment battu 80 gardiens, dont certains à mort, et assassiné des civils allemands dans la ville de Weimar[22].

Le comportement des détenus libérés à Buchenwald ne saurait étonner. Un fonctionnaire du CICR qui assista à la libération de Mauthausen[23] et qui vit le camp sombrer dans le chaos (anciens gardiens battus, cuisines et dépôts pillés par une meute hurlante, bagarres pour le butin) conclut : « Subitement libérés, ces détenus se comportaient comme une horde de sauvages »[24]. Dans un rapport sur la libération de Dachau, un autre fonctionnaire de la Croix-Rouge raconte :

[Le commandant du camp] avait l’intention, lui et ses soldats, d’abandonner le grand camp de 35 à 40 000 prisonniers et ce n’est qu’après de longs pourparlers que je réussis à lui faire changer d’avis, mais aux conditions suivantes :
[Jusqu’à l’arrivée des Américains :]
les sentinelles devaient rester sur les tours afin de tenir en échec les prisonniers et de les empêcher de s’enfuir ;
[…] ;
toute cette garnisons devait avoir la retraite assurée vers ses propres lignes de bataille.

Ces conditions furent heureusement observées, car autrement, il serait arrivé un grand malheur ; si des milliers de déportés avaient pu s’évader, aminés de sentiments de vengeance, la population de Dorten et toute la région avoisinante auraient eu à souffrir [Voy. Documents sur…, p. 151].

Plus loin, l’auteur déclare qu’après l’arrivée des Américains :

La joie des déportés ne connut plus de bornes, beaucoup se présentèrent en armes et prêts, semblait-il, à exercer une vengeance immédiate contre les Allemands. Ceux qui portaient des armes furent immédiatement désarmés[25].

Pour qui connaît ces faits, les événements survenus à Weimar ne surprennent nullement ; je dirai même qu’ils sont compréhensibles. Quoi qu’il en soit, la réaction d’Hitler qui fut immédiate. R. Höss se souvient :

Le Führer donna alors à Himmler l’ordre d’empêcher qu’à l’avenir les camps ne tombent aux mains de l’ennemi et de transférer au préalable les détenus dans d’autres camps. Ceci se passait très peu de temps avant la fin de la guerre, peu avant que le nord de l’Allemagne fût séparé du sud [TMI, XI, 419].

Telle est donc l’origine des dernières évacuations. Il ne faut pas y voir une prétendue volonté allemande d’exterminer les détenus (sans quoi, il aurait été plus facile de les fusiller dans les camps…), mais une réaction d’Hitler suit aux débordements survenus à Weimar.

Des crimes qu’il faut replacer dans le contexte

L’effondrement du réseau ferré cause de nombreux drames


Sans surprise, la plupart de ces évacuations furent terribles. Dans une atmosphère d’apocalypse, des trains partirent bondés de prisonniers. Mais avec l’effondrement définitif du système de communication, de nombreux convois, sans cesse arrêtés et/ou déroutés, errèrent pendant plusieurs semaines, avec les dramatiques conséquences qu’on imagine.

Dans un rapport rédigé le 22 mai 1945, un fonctionnaire du CICR écrivit :

[…] j’ai signalé dans mon rapport du 23 avril l’existence de trains de déportés errant dans les parages de Theresienstadt. Le 4 mai, je les ai trouvés dans les gares avoisinantes et les ai dirigés sur Theresienstadt. Trois trains y sont arrivés le 6. Ils « tournaient en rond » depuis plusieurs semaines et sur 2 500 hommes et 600 enfants au départ, nous avons dénombré 1 800 homme et 180 enfants ; les autres étaient morts au cours du voyage [Documents sur…, op. cit., p. 132].

Le cas des « marches de la mort »


Pendant ce temps, des dizaines de milliers de déportés déjà affaiblis partaient sur les routes, presque sans ravitaillement, le pouvoir en place n’ayant même plus suffisamment à donner à son peuple. Dans certains cas, les autorités allemandes avaient fait le nécessaire pour que la Croix-Rouge puisse intervenir. A Oranienburg, par exemple, le CICR avait été averti de l’imminence de l’évacuation et avait été prié « d’apporter des vivres aux évacués »[26]. Un adjoint du commandant du camp avait en outre révélé à la Croix-Rouge le chemin que devaient prendre les déportés afin que ceux-ci puissent être ravitaillés en route. Pendant quatre jours et quatre nuits, ainsi, des camions du CICR ne cessèrent de rouler, apportant aux colonnes des vivres pris à Wagenitz[27]. A Ravensbrück également, le commandant indiqua à la Croix-Rouge l’itinéraire que les évacuées issues des pays de l’Est — les « Oestliche » — prendraient[28]. Il assura qu’au départ, chaque déportée « aurait avec elle un colis Croix-Rouge » et invita le fonctionnaire du CICR « à venir voir les colonnes en marche et à visiter les lieux d’étape»[29]. Ces appels à la Croix-Rouge confirment que les évacuations n’avaient pas été décidées pour exterminer les derniers déportés.

La Croix-Rouge se démène pour ravitailler les déportés


Pendant des jours et des jours, le CICR sillonna les routes à la recherche d’évacués à ravitailler. Un délégué rencontra une colonne au sein de laquelle des hommes n’avaient reçu qu’une poignée de froment depuis trois jours ; les pauvres hères se jetèrent à genoux en pleurant et le supplièrent ne les pas les abandonner à la mort ; l’un d’entre eux raconta que la veille, la moitié de l’effectif avait reçu trois pommes de terre par personne mais que, durant la nuit, les déportés russes de la colonne « s’étaient livrés à une attaque […] sur leurs camarades et leur avaient tout pris » (Ibid., p. 118). A cette époque, de tels vols étaient courants dans les colonnes. A. Rogerie écrit :

J’ai toujours eu pour habitude, dans mes pérégrinations, de manger quand je le pouvais, jusqu’à satiété. Je veux dire par là que si l’on m’avait donné de la nourriture pour huit jours, je l’aurais consommée aussitôt sans m’occuper de division mes portions en huit parts égales, ceci pour deux raisons : […] la deuxième, c’est que j’ai rarement vu un prisonnier faire des réserves sans qu’elles lui soient volées[30].

Un autre délégué du CICR raconta qu’il avait ravitaillé une colonne en provenance de Buchenwald. Les déportés marchaient depuis 21 jours et n’avaient rien mangé depuis cinq jours. L’homme se souvient :

Dès que j’ai eu l’autorisation de distribuer les vivres, j’ai fait interdire l’accès au camion et laissé passer les hommes un par un pour toucher leur colis et entrer dans le pré voisin pour le manger. Les Russes les premiers se sont jetés sur cette nourriture. C’est à grand peine que les gardiens les contenaient, sans quoi le camion eût été mis en pièces […]. Le corps amaigri, fatigués et pouilleux, mais les yeux graves, enfoncés dans les orbites, tous manifestaient la joie de pouvoir enfin manger à leur faim.
Les Français et les Polonais restaient à l’écart, très dignes, et passèrent ensuite tranquillement, sans hâte […]. Nous leur avons distribué 807 colis [Voy. Documents sur…, p. 145].

Mais malgré ses efforts méritoires, le CICR se trouva rapidement dépassé devant la masse des évacués. En outre, de nombreux déportés ne virent jamais l’ombre d’un camion de la Croix-Rouge. C’est ainsi que pour survivre, certaines colonnes affamées « réquisitionnaient elles-mêmes les chevaux épuisés des réfugiés, les abattaient et se répartissaient la viande » (Id.).

Le cas des déportés épuisés achevés


Quant à ceux qui, exténués, ne pouvaient plus suivre, beaucoup furent, dans les premiers jours, achevés d’une balle dans la tête[31].

Aujourd’hui, naturellement, ces assassinats sont présentés comme des preuves supplémentaires de la « barbarie nazie », de la « cruauté des SS » et du fait que l’objectif des Allemands aurait été, jusqu’à la fin, d’éliminer tous les déportés.

Toutefois, il convient d’être prudent et de ne pas formuler hâtivement des jugements généraux.

Dans un premier temps, je souligne qu’on aurait tort de croire que toujours et partout, les épuisés étaient assassinés. Un fonctionnaire du CICR qui circulait en Allemagne écrit :

A la sortie de Neuruppin, à une quinzaine de kilomètres de Wittstock, les colonnes s’étaient passablement étirées. On rencontrait régulièrement de petits groupes de cinq à six détenus qui n’en pouvaient plus. La garde de ces groupes était confiée à un SS […].
J’ai transporté (et ravitaillé au moyen des colis que j’avais pris dans ma voiture) plusieurs de ces groupes dans ma voiture de Neuruppin à Wittstock. Rencontrant le chauffeur qui venait d’effectuer une distribution de colis dans la forêt de Below (emplacement du camp) je le chargeai d’aller recueillir avec son camion tous ces moribonds [Ibid., p. 119].

Un autre délégué vit « des gens à demi-morts de fatigue dans les haies avec un gardien fusil baissé » (Ibid., p. 147).

Si, comme on l’affirme trop souvent, les épuisés avaient immédiatement été tués d’une balle dans la nuque, jamais ces deux fonctionnaires du CICR n’auraient pu apporter de tels témoignages…

En vérité, dans cette période de complète anarchie, aucun ordre supérieur précis ne semblait émis, connu ou suivi. Les hommes réagissaient très différemment suivant leur caractère et les circonstances[32]. Ce fait ne saurait surprendre : n’oublions pas que dans les derniers temps, des uniformes SS avaient été donnés à des personnes d’origines très diverses, des personnes qui ne peuvent en aucun cas être comparés aux Allemands formés dans les écoles d’Himmler. Ainsi, lorsque le commandant d’Oranienburg, le Standartenführer Keindel, apprit les tueries commises lors des évacuations :

[Il] répondit qu’il était peut-être possible que les soldats SS eussent abrégé les souffrances de quelques détenus qui ne pouvaient plus avancer et qu’il s’agissait-là en somme que d’un acte humain […]. Il avoua que certains soldats SS allaient peut-être trop vite en besogne mais qu’il fallait tenir compte que la plupart d’entre eux étaient des « Volksdeutsche » (Hongrois, Roumains, Ukrainiens, Lettons, etc.), et que ces gens là avaient une autre mentalité [Ibid., p. 116].

Nous verrons d’ailleurs plus bas que, loin de se satisfaire de cette explication, Keindel donna l’ordre de faire cesser les tueries.
Un autre témoignage d’un délégué du CICR est encore plus important. Après avoir constaté que, lors des évacuations, la garde des retardataires était confiée « à un SS », il explique :

Souvent, c’étaient des condamnés de droit commun qui surveillaient ces groupes. Lors de l’évacuation du camp, ils avaient été revêtus de l’uniforme des SS, ils avaient reçu des fusils et avaient pour mission de renforcer la garde des SS. Ces personnages étaient craints des déportés autant que les véritables SS [Ibid., p. 119].

Une confirmation partielle de ce témoignage peut être trouvée dans un autre rapport de la Croix-Rouge. Son auteur, qui assista à l’évacuation d’Oranienburg, écrit :

Cinq cents détenus formaient un « Pulk » ou un « Trek » et étaient soumis à l’autorité d’un commandant SS. Une garde très serrée fut exercée par les SS qui, peu de temps auparavant, avaient vêtu un grand nombre de détenus de droit commun allemand de l’uniforme de la Wehrmacht pour les utiliser comme personnel auxiliaire de garde [Ibid., p. 120].

Sur la fin, donc, l’Allemagne aux abois, l’Allemagne qui n’avait plus d’hommes à sa disposition, cette Allemagne, enrôla tous les individus plus ou moins « germaniques » qui pouvaient encore lui servir. Elle alla même jusqu’à utiliser d’anciens déportés allemands en les revêtant d’uniformes de la Wehrmacht ou de la Waffen-SS ! Certes, on ne peut que condamner cette façon d’agir, car on ne donne pas la garde de prisonniers à des individus souvent peu fréquentables. Mais il ne faut pas oublier les conditions qui régnaient alors. En outre, quand on sait cela, il convient de se méfier des généralisations abusives (du genre : tous les exténués étaient assassinés sans exception) et des accusations hâtives lancées pour les crimes commis lors des évacuations (du genre : tous les crimes ont été commis par des SS formés dans les écoles d’Himmler).

Des Allemands que rien n’encourageait à la clémence


Mais j’entends déjà l’exterminationniste lancer : « Je vois ! Lorsque vous ne pouvez pas contester les crimes commis sous le commandement SS des camps, vous les imputez à d’autres (prisonniers, Roumains, Lettons…). C’est trop facile ! »

Je lui répondrai qu’il se trompe : je n’innocente pas les SS, car je n’ai pas la naïveté de croire qu’en ce bas monde, un groupe idéal puisse exister. Mais une fois encore, je mets en garde contre les jugements formulés hâtivement et trop facilement. Aujourd’hui, il est aisé, lorsqu’on est bien au chaud chez soi, dans un pays en paix, avec la certitude de revoir le soir sa famille, de juger le comportement d’un Allemand — SS ou pas — en 1945. Je rappelle qu’à cette époque, le Reich était à l’Ouest bombardé tous les jours par les avions anglo-américains et à l’Est envahi par les hordes soviétiques. Chaque jour parvenaient des nouvelles horrifiantes : villes écrasées sous les bombes ; femmes, enfants et vieillards gisant sous les décombres ; viols et saccages en Silésie etc.

Pour les atrocités soviétiques, bien que Hitler ait demandé « une certaine retenue » dans la diffusion des informations[33], le peuple ne les ignoraient pas. J. Geobbels écrit :

Les atrocités sont tellement épouvantables qu’on ne doit pas les cacher au peuple. Le cœur se fige dans la poitrine quand on lit les rapports à ce sujet [Id.].

On pouvait d’autant moins les cacher que le 28 mars 1945, les médecins allemands reçurent un arrêté autorisant les interruptions volontaires de grossesse pour les femmes qui avaient été violées par des Soviétiques (Ibid., p. 279). C’est dire l’ampleur du mal…

Quant aux bombardements de terreur, les résultats étaient si visibles que toute la population les connaissait. De très nombreux Allemands, d’ailleurs, y avaient perdu au moins un membre de leur famille.

Maintenant, je pose ces questions : quels pouvaient être les sentiments d’un gardien de camp de concentration qui, en 1945, voyait plusieurs fois par semaine les images des villes rasées, des femmes et des enfants gisant sous les décombres ? Quels pouvaient être ses sentiments lorsqu’il apprenait la destruction de Dresde, une ville bondée de réfugiés, et lorsqu’il voyait les images des cadavres entassés sur les bûcher en plein air ? Quels pouvaient être ses sentiments lorsqu’il apprenait que les femmes et les filles de son peuple subissaient les pires outrages à l’Est, qu’on en retrouvait clouées nues sur des roues de chariots ou pendues par les pieds et éventrées ?

Dans son journal, J. Goebbels écrit : « Les atrocités soviétiques qui ont été publiées ont soulevé partout de la fureur et le désir de vengeance » (Ibid., p. 249). C’est sans doute vrai. Certains, d’ailleurs, assouvirent ce désir dans des discours. S’adressant la veille de Nöel 1944 aux déportés du commando de Blumenthal, le régisseur du camp leur lança :

Quand vous regardez, malgré ma défense, passer les avions criminels de nos ennemis, avec une joie visible, nous nous réjouissons aussi de penser que nos escadrilles exercent leurs représailles chez vous.
Nous avons beaucoup de maisons et de foyers détruits, nos femmes et nos enfants innocents meurent chaque jour. Chez vous aussi il en est ainsi et j’espère que, si vous retournez un jour, vous aurez à contempler des ruines et à pleurer vos morts
[34].

Mais surtout, ces bombardements et ces atrocités qui touchaient des civils firent que de nombreux allemands relativisèrent à leur tour la mort chez les civils ennemis. Ainsi, neuf jours après le drame d’Oradour-sur-Glane, où plus de 500 femmes et enfants avaient perdu la vie, le représentant de J. Goebbels à Limoges, M. Sahm déclara :

En ce qui concerne ce qui s’est passé à l’église, où les femmes et les enfants avaient été envoyés pour y être mis en sécurité, nous ne comprenons pas ce qui est arrivé, nous essayons de le savoir !…
Après tout, Messieurs, il y a davantage de femmes et d’enfants victimes des bombes anglaises qu’à Oradour
[35].

Il en alla de même lors de l’évacuation des camps : lorsque le commandant d’Oranienburg reçut les protestations d’un délégué de la Croix-Rouge suite aux assassinats constatés les premiers jours, il évoqua, lui aussi, les morts beaucoup plus nombreux causés par les bombardement alliés. Dans un rapport, un délégué du CICR écrit :

Keindel ne comprenait pas que l’on fasse tant de bruit pour quelques morts, alors qu’on ne disait rien des « Terrorangriffen » dont était victime l’Allemagne et il parla encore du bombardement de Dresde[36].

De façon évidente, le gardien SS, lors des évacuations, avait à l’esprit les images des bombardements de terreur et des atrocités soviétiques. Par conséquent, il était peu enclin à éprouver des sentiments de charité. Et lorsqu’il frappait un détenu trop lent à son goût ou qu’il achevait un déporté exténué, il pouvait facilement justifier son acte en se disant : « Ils font bien pire, ceux de son camp ; ils massacrent nos femmes et nos enfants innocents par dizaines de milliers. Alors… ».

La paille et la poutre


Certes, je sais que d’un point de vue moral, cette réaction est injustifiable. Mais elle est —hélas — humaine. Je rappelle que, pendant l’Épuration en France, des maquisards justifièrent les sévices dont ils se rendirent coupables en alléguant que les « boches » et les « milicos » avaient fait pire[37]. Je rappelle également qu’à partir d’avril 1945, ceux qui lancèrent des appels à la haine et au meurtre des Allemands se justifièrent en arguant que les « boches » étaient d’immondes criminels. C’est Bernard Lecache qui, le 27 avril 1945, écrivit :

Les trucs philosophiques ou les doctrines de charité, tout l’édifice puéril de l’incrédulité systématique et du pardon à tout prix, s’écroulent devant une photo de reporter ou le rapport sans détour d’un « rapatrié » d’Allemagne […].

Et l’auteur de lancer : « Épurez l’Europe […] avec des bombardiers lourds et des tanks »[38].
C’est également Albert Missoul qui publia une brochure truffée de clichés pris à la libération des camps et dans laquelle on lisait :

L’agence Reuter annonce que les opérateurs de cinéma du monde entier sont sur place, pour filmer dans leurs moindres détails les horreurs des camps de concentration nazis. Il faut, est-il ajouté, que le monde sache, que le monde se rende compte de la barbarie hitlérienne […].
Oui, il faut. [En publiant cette brochure] Nous obéissons à une impulsion, à un devoir : celui de faire haïr l’Allemagne sur toute la surface du globe. Voilà pourquoi nous avons dévoilé les tortures, pourquoi nous avons montré ces photos hallucinantes […].
Terminons sur une parole d’un des soldats britanniques — un entre mille ! — interrogé par Joe Illingworth, correspondant de guerre du Yorkshire Post : « Ceci n’a plus rien d’humain. Chaque soldat britannique devrait voir ce spectacle. Et alors, il saurait ce qu’est la “non-fraternisation”. Je n’ai jamais aimé les Allemands, mais maintenant ma colère est brutale et sans pardon. Non, je ne les ai jamais aimés, mais je n’ai jamais eu pour eux de haine particulière. Aujourd’hui, je dis et je crie : “Tuez-les tous !” »
[39].

Certains me répondront que tous les Allemands n’ont pas été tués. C’est vrai. Mais tous les déportés n’ont pas non plus été tués, loin s’en faut. Et on ne saurait prétendre que les survivants durent la vie au fait que les SS n’auraient pas eu le temps de les éliminer. Car l’explication est ailleurs : lorsqu’ils furent mis au courant des tueries commises au début des évacuations, le commandant d’Oranienburg, le Standartenführer Keindel, et le chef de l’administration interne du camp principal, Höhn, donnèrent l’ordre de cesser ces assassinats[40]. Dans un rapport sur « le ravitaillement des évacués d’Oranienburg et de Ravensbrück », un délégué du CICR écrit :

Grâce aux efforts des délégués, les fusillades cessèrent en effet presque complètement au cours des derniers jours [Ibid., p. 124].

Conclusion


Par conséquent, seul l’homme de mauvaise foi peut prétendre trouver dans les assassinats de déportés commis lors des évacuations la preuve que le national-socialisme et les Waffen-SS auraient été intrinsèquement criminels et que l’objectif des Allemands serait resté, jusqu’à la fin, l’élimination totale des détenus. En avril 1945 :

- les gardiens des camps ne formaient plus un corps homogène de SS, ils formaient un groupe très disparate dans lequel, par la force des choses, se trouvaient des individus douteux ;

- l’Allemagne n’était plus nationale-socialiste, elle était dans le chaos et survivait au jour le jour, loin de tout considération doctrinale ;

- face aux atrocités soviétiques et aux bombardements de terreur qui tuaient des centaines de milliers de civils allemands innocents, beaucoup de SS n’étaient plus enclins à éprouver des sentiments de charité. Ils commirent donc individuellement des crimes. Toutefois, ces crimes ne sauraient être reliés à un prétendu ordre supérieur pour une extermination ; ils étaient la conséquence regrettable de la situation du moment.



[1] Voy., par exemple, Les Izvestia, 8 mai 1945. On y déclarait que les Soviétiques avaient interrogé et examiné « 2 819 prisonniers sauvés par l’Armée Rouge » (voy. la traduction de l’article publié dans Le Choc. 1945. La presse révèle l’enfer des camps nazis [éd. de la FNDIRP, 1985], pp. 63, col. A et 71, col. B).

[2] Voy. CICR, Documents sur…, pp. 120 et 125.

[3] Voy. The Belsen trial…, p. 200.

Voy. le Catalogue alphabétique…, op. cit., p. 334.

[4] voy. L’impossible oubli. La déportation dans les camps nazis [éd. de la FNDIRP, 1989], pp. 80 et 81. Voy. également Les horreurs des camps…, p. 10. Dans ce document, il n’est question que de « 150 déportés »

[5] Voy. Mémoire des camps. Photographies des camps de concentration et d’extermination nazis (1933-1999) [éd. Marval, 2001], pp. 134-5.

[6] Voy. Mémoire des camps…, p. 139. D’après les auteurs, le cliché montre des « survivants de Thekla se retrouvant et se consolant mutuellement devant les corps carbonisés de leurs camarades ».

[7] Voy. C’était il y a 20 ans. La libération des camps de la mort, (éd. de la FNDIRP, janvier 1965), p. 87.

[8] Voy., par exemple, Le Magazine de France, numéro spécial consacré aux « crimes nazis » (1945), p. 38.

[9] Voy. C’était il y a 20 ans…, p. 86.

[10] On peut aisément constituer une liste des commandos évacués avant l’arrivé des Alliés en consultant le Catalogue alphabétique… En voici quelques-uns, avec leur fonction et leur date d’évacuation :
Frankfurt/Main (travaux d’armement, déblaiement de ruines : évacuations à partir du 22 octobre 1944) ;
Eisenberz (travail pour l’usine « Alpine Montanewerke AG » : décembre 1944) ;
Blechhammer (chantiers divers : 21 janvier 1945) ;
Baubrigade 13 (pose de lignes de chemin de fer : 26 mars 1945) ;
Allendorf (fabrique de munitions ; 27 mars 1945) ;
Ahiem (fabrique de masques à gaz : 10 avril 1945) ;
Belzig (usines de munitions : 24 avril 1945)…

[11] Voy. L’impossible oubli…, pp. 80-1.

[12] Voy. A. Rogerie, op. cit., p. 86.

[13] Voy., par exemple, le témoignage d’H. Désirotte qui fut évacué de Blumenthal (un commando de Neuengamme) début 1945 : « Nous sommes mis en rangs par cinq et partagés par groupes de cent hommes. Nos bagages consistent en deux couvertures, une gamelle et une cuiller » (H. Désirotte, op. cit., p. 67. Voy. également le témoignage d’A. Rogerie qui fut évacué d’Auschwitz en janvier 1945. Il écrit : « En travers le corps, j’ai attaché deux couvertures. Je n’ai pas de sac et je le regrette bientôt car on liquide le stock de vivres et je reçois deux pains d’un kilo et demi, une boîte de conserve et un tiers de pain de margarine ». (A. Rogerie, op. cit., p. 86). De son côté, un autre déporté à Auschwitz, Guy Kohen, évoque au moment de l’évacuation la « mise à sac des stocks du camp qui ne représentaient pour ainsi dire plus rien, [la] distribution des quelques vêtements qui se trouvaient encore au magasin, [la] répartition des couvertures etc. » (G. Kohen, op. cit., p. 100. Voy. enfin le témoignage de Josef Klippel, qui gardait un convoi parti de Dora début février 1945. A son procès il déclara : « Je devais surveiller deux wagons qui contenaient de la nourriture » (I had to look after two wagons wilth food ; voy. The Belsen trial…, op. cit., p. 280). Lorsque le train dut s’arrêter (j’y reviendrai plus loin) il distribua « autant de nourriture que les déportés pouvaient en emporter » ([i] distributed as much food among the prisoners as they could carry before they left ; Id.).

[14] Voy. D. Holstein, Je ne vous oublierai jamais, mes enfants d’Auschwitz (Éditions n° 1, 1995), p. 76.

[15] Voy., par exemple, le témoignage de Franz Hoessler. A propos du transport parti de Dora, il déclara : « Oui, le dernier wagon du train était un wagon de ravitaillement dans lequel un docteur ou des auxiliaires médicaux voyageaient avec des médicaments. Si une personne tombait malade pendant le voyage, nous devions la mettre dans ce wagon » (voy. The Belsen trial…, op. cit., p. 205).

[16] Voy. The Belsen trial, op. cit., p. 280, interrogatoire de Josef Klippel : « At Osterode we found that the rails had been damaged by bombs so the train could not go on, and the prisoners had to march off under a guard » (A Osterode, nous découvrîmes que les rails avaient été endommagés par des bombes, donc que le train ne pouvait continuer, et les prisonniers durent marcher surveillés par un garde »). Voy. aussi p. 200, interrogatoire de Franz Hoessler : « I told [Kramer] that I had met prisoners on the road because their train have been dive-bombed » (J’ai dit à [Kramer] que j’avais rencontré les prisonniers sur la route parce que leur train avait été bombardé en piqué).

[17] Voy. Joseph Wilkens, Dans l’enfer de Dora (éd. Seine et Meuse, s. d. [1945]), p. 75.

[18] « The number of sick has greatly increased, particulary on account of the transports of detainees, wich have arrived from the East in recent times — these transports have sometimes spent eight to fourteen days in open trucks. […] on one occasion, out of a transport of 1 900 detainees over 500 arrived dead. » (Le nombre de malades augmenta grandement, particulièrement à cause des transports de détenus venus récemment de l’Est — ces [transportés] avaient parfois passé de huit à quatorze jours dans des camions ouverts. […] une fois, sur un transport de 1 900 détenus, plus de 500 arrivèrent morts ; Ibid., p. 165.)

[19] Voy. Mémoire des camps…, p. 150.

[20] Voy. le Catalogue alphabétique…, op. cit., p. 85.

[21] Voy. Documents sur…, op. cit., rapport d’un membre du CICR qui avait été envoyé à Dachau, pp. 146-7.

[22] Voy. Mark Weber, « Buchenwald : légende et réalité », paru dans Akribeia, n° 4, mars 1999, pp. 17-18.

[23] E. Kaltenbrunner avait donné des ordres pour qu’il ne soit pas évacué : voy. TMI, XI, 293 : « je pense à Mauthausen, où j’avais donné l’ordre de remettre le camp entier à l’ennemi ». Voy. également le doc. Kr-2, interrogatoire de Wilhelm Höttl : « Question n° 12. — Savez-vous si Kaltenbrunner a ordonné au commandant du camp de concentration de Mauthausen de remettre ce camp aux troupes qui approchaient ? Réponse. — Il est exact qu’il a donné un tel ordre […] » (Ibid., p. 239).

[24] « Des détenus armés gardent leurs bourreaux [comprenez : gardiens] désarmés. Les coups de crosse pleuvent sur les anciens maîtres du camp. Les détenus sortent des baraques en criant, en hurlant […]. Le chaos régnait dans le camp. Les détenus envahissaient les cuisines, pillaient la Kommandantur. Les hommes s’affublaient de plusieurs paires de pantalons, se disputaient une boîte de conserves. C’était un va-et-vient inimaginable. Subitement libérés, ces détenus se comportaient comme une horde de sauvage (Voy. Documents sur…, p. 142).

[25] Ibid., pp. 151-2. Notons que le rapport tel qu’il est publié dans l’ouvrage de la Croix-Rouge ment : il cache le fait que, malgré les promesses faites, les soldats allemands ne purent regagner leurs lignes de bataille ; ils furent sommairement assassinés par les détenus et les Américains (sur ce massacre, voy. le témoignage d’un témoin, le colonel américain Howard A. Buechner, paru sous le titre : Dachau, The Hour of the Avenger [Thunderbird Press, Inc., Metairie, 1992]).

[26] Voy. le rapport d’un délégué du CICR sur les évacués d’Oranienburg. On lit : « En date du 19 avril 1945 […], l’Obersturmbannführer Höss, faisait savoir au chef de la délégation du CICR à Berlin, que le camp de concentration d’Oranienburg allait être évacué d’un moment à l’autre. et priait la délégation du CICR d’apporter des vivres aux évacués » (Documents sur…, p. 111).

[27] Voy. le rapport d’un délégué du CICR sur l’évacuation du camp d’Oranienburg : « Ces indications [itinéraire des évacués] m’ont été données par un adjudant du Commandant du camp. Ma tâche consistait à ramener des colis de vivres par des camions de la Croix-Rouge vers les colonnes de détenus qui, la plupart du temps, n’étaient pas ravitaillées par les SS. J’ai procédé à ce ravitaillement au moyen des réserves constituées à Wagenitz. Pendant quatre jours et quatre nuits, les camions roulèrent […] » (Documents sur…, p. 121).

[28] Les « Westliche » quant, à elles, devaient être évacuées soit par train, soit par les cars de la Croix-Rouge suédoise (Ibid., p. 113).

[29] Voy. le « Rapport d’un délégué du CICR sur sa visite au camp de concentration de Ravensbrück pour tenter d’en empêcher l’évacuation » : « [Le commandant] avait déjà établi son plan d’évacuation, qu’il me tendit. Sur une carte murale, il désignait les différentes étapes que devaient suivre les colonnes de détenues […]. Les étapes étaient de 25 à 40 km par jour […]. Suhrens m’assura que des cantonnements et des cuisines étaient déjà installées aux différents endroits. Chaque femme aurait avec elle un colis Croix-Rouge […]. J’étais autorisé à revenir quand je voulais, j’étais même invité à venir voir les colonnes en marche et à visiter les lieux d’étape» (Ibid., pp. 113 et 117).

[30] Voy. A. Rogerie, op. cit., p. 90.

[31] Voy. les rapports des fonctionnaires du CICR. On lit : « Jusqu’au troisième jour de l’évacuation, les corps des détenus fusillés restèrent sur le bord de la route et dans les forêts […]. L’examen d’un grand nombre de cadavres a révélé que toutes les victimes avaient été liquidées d’une balle dans la tête » (Ibid., p. 122). « En même temps, nous reçûmes des informations sur les fusillades en masse des détenus incapables de marcher, malades etc. Le délégué et deux de ses collaborateurs ont eux-mêmes vu les cadavres et ont pu constater incontestablement que les victimes étaient décédées par suite de coups de feu tirés dans la nuque ou dans la bouche» (Ibid., p. 124).

[32] Anecdote révélatrice de cet état de fait : près de Neuruppin, 500 évacués d’Oranienburg s’étaient arrêtés quelques heures dans une grange. Au moment de partir, 14 d’entre eux, trop épuisés, ne purent continuer. Loin de les achever, les gardiens les laissèrent là, endormis. Mais lorsque, par la suite, une autre colonne arriva, les 14 malheureux furent traînés hors de la grange et fusillés pour « désertion » (Ibid., p. 121).

[33] « Il [Hitler] trouve bon que les nationaux-socialistes authentiques marquent une certaine réserve dans la publication des atrocités soviétiques » (Voy. J. Goebbels, op. cit., p. 66.

[34] Voy. H. Désirotte, op. cit., pp. 65-6.

[35] Voy. Pierre Poitevin, Dans l’Enfer d’Oradour (Imprimerie de la S.A. des Journaux et Publications du Centre, Limoges, 1945), p. 119.

[36] Voy. Documents sur…, p. 116.

[37] Voy., par exemple, le témoignage de Nicole Gauthier-Turotoski, qui, sous prétexte qu’elle avait fréquenté un soldat allemand pendant l’occupation, se retrouva au camp de Tronçais. Elle raconte les atrocités qui y furent commises jusqu’à ce que des Résistants plus humains ne les fassent cesser. Afin de se justifier, l’un des tortionnaires déclara : « Évidemment, on les a un peu arrangés [les prisonniers], mais nos camarades du maquis, les communistes, quand ils tombaient dans les pattes des boches et des miliciens, on ne leur faisait pas de cadeaux ! » (Voy. N. Gauthier-Turotoski, Un été 1944 [auto-édité, août 1988], p. 128).

[38] Voy. Les Lettres Françaises, 27 avril 1945, article intitulé : « Sortis de l’ombre ». L’appel complet était : « Épurez l’Europe, non seulement avec des bombardiers lourds et des tanks, mais en empêchant les politiciens de nous fabriquer des Allemagnes arrangeantes et les hommes d’affaires de refiler leurs stocks de mitrailleuses aux agents de la Werwolf».

[39] Voy. Les horreurs des camps…, op. cit., pp. 13 et 15.

[40] « […] je l’adjurai de faire cesser ces tueries immédiatement […]. [Keindel] me promit de donner des ordres en conséquence et je pris congé de lui» (voy. le rapport d’un délégué du CICR sur les évacués d’Oranienburg, Documents sur…, pp. 116-7). « Le 22 avril je me suis rendu deux fois auprès du chef de camp Höhn […] pour protester très énergiquement au nom du CICR contre les excès perpétrés par les SS. Celui-ci me promit de donner immédiatement l’ordre à tous les commandants de groupe de cesser les exécutions » (Ibid., p. 122).
 
Old January 20th, 2013 #35
Julie Couronne
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Françaises et Français incrédules, réjouissez-vous : vous n'aurez plus à passer par proxy pour voir les vidéos de Vincent Reynouard sur youtube! En effet, lassé de les voir censurées par un hébergeur à la solde du Grand Capital apatride et immigrationniste, Vincent Reynouard nous a fait l'honneur de nous en confier quelques-unes afin que nous leur assurions la diffusion qu'elles méritent. Ainsi, grâce à la Sororité Aryenne, la France va renouer avec la tradition de liberté d'expression dont elle s'enorgueillit depuis des siècles, et dont les suppôts de la ploutocratie consumériste et décadente voudraient priver ses citoyens.


 
Old January 22nd, 2013 #36
alex revision
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La lettre de Göring en date du 31 juillet 1941 est-elle une preuve documentaire de la Shoah?




Attention, tromperie facile !


Le 10 octobre 2001, un grand quotidien belge, La Dernière Heure, titra en première page : « Objectif : 1 000 morts ». Au-dessous, on voyait une photo montrant des voitures sur la route. Sans autre explication, on pouvait tout imaginer, même les choses les plus sinistres. Par exemple que l’État belge souhaitait tuer chaque année au moins 1000 automobilistes sur les routes afin de faire baisser le trafic. L’État belge aurait donc été un horrible assassin.

Or, la légende sous le cliché permettait de comprendre que les autorités belges ne souhaitaient tuer personne, bien au contraire. On lisait :

Le gouvernement belge est bien décidé à mettre un terme à l’hécatombe sur nos routes. Le nombre de tués tourne actuellement autour des 1 500 chaque année. C’est beaucoup trop. Le but est de diminuer ce total d’un tiers pour 2006 et de moitié pour 2010, ce qui ne laisserait plus à terme que 750 morts.


Cet exemple prouve qu’il est facile de tromper le lecteur en ne lui montrant qu’une partie — bien choisie — d’un document.

La lettre du Göring à Heydrich en date du 31 juillet 1939

Un document présenté comme une preuve supplémentaire de l’ « Holocauste »


Cela dit, prenons l’ouvrage de S. Bruchfeld et P. A. Levine « Dites-le à vos enfants ». Histoire de la Shoah en Europe. 1933-1945. A la page 73 où on lit que, le 31 juillet 1941, H. Göring signa « une directive donnant tout pouvoir aux SS pour mettre au point une “solution totale à la question juive”»[1]. Présenté ainsi, en ne citant que ce petit boute de phrase, ce document est très sinistre. A Nuremberg, d’ailleurs :

1°) L’Accusation qualifia ce document de « couronnement adéquat » de l’exposé des charges contre H. Göring[2].

2°) Ce document permit d’asseoir la thèse selon laquelle l’extermination planifiée des Juifs aurait été préparée « au cours de l’été de 1941 »[3].

3°) Ce document permit d’alléguer que H. Göring n’était pas resté « indifférent ou inactif » lorsque les juifs étaient (prétendument) massacrés. Dans leur jugement, au chapitre des « responsabilités individuelles », les juges écrivirent : « Bien que Himmler fût chargé de l’extermination des Juifs, Göring […] était loin, en cette matière, d’être indifférent ou inactif. Par décret du 31 juillet 1941, il ordonna à Himmler et à Heydrich d’aboutir à une “solution totale de la question juive dans la sphère d’influence allemande en Europe” » (TMI, I, p. 299).

On ne sera donc pas surpris qu’un manuel d’Histoire pour les classes de terminales présente cette lettre du 31 juillet 1941 comme une preuve documentaire de l’ « Holocauste ». Les auteurs écrivent : « 30 [sic] juillet 1941 : proclamation de la “solution définitive” (ou “solution finale”) par Göring dans une lettre à Himmler : extermination totale et planifiée »[4].

Mais quand on lit entièrement la lettre et qu’on la replace dans le contexte, tout s’éclaire sous un jour nouveau.

Le contexte


Depuis 1938, les Allemands souhaitaient ardemment se débarrasser des juifs. A l’époque, il s’agissait de les envoyer soit en Pologne — et dans ce cas, il serait plus exact de parler de renvoi, car étaient concernés les ressortissants polonais établis dans le Reich[5] — soit dans d’autres pays susceptibles de les accueillir[6]. Afin de coordonner cette action, le 24 janvier 1939, H. Göring créa le Centre d’émigration juive dont le chef serait R. Heydrich[7].

Sans surprise, le déclenchement de la guerre vint tout bouleverser. Mais si, un moment, la question juive fut reléguée à l’arrière-plan, elle ne fut jamais oubliée. Après la défaite de la France, un service du ministère des Affaires étrangères allemand proposa que, lors du futur traité de paix, l’île de Madagascar soit cédée aux Allemands qui pourraient alors y envoyer « des millions de juifs ». Ce projet enthousiasma Heydrich[8], preuve qu’en 1940/1941, les dirigeants nationaux-socialistes envisageaient toujours l’évacuation des juifs. Mais il fut abandonné au début de 1941, car il ne pouvait être question de transporter tous les juifs par bateau en pleine guerre[9].

Une période d’attente suivit, où rien d’important ne se passa. Les juifs étaient concentrés dans des ghettos. Le 24 juin 1941, R. Heydrich informa le ministre des Affaires étrangères du Reich que la solution d’ensemble de la question juive concernait 3,25 millions de juifs disséminés dans toute la sphère d’influence allemande, donc qu’on ne pouvait plus espérer la résoudre par la voie de l’émigration ; une solution territoriale s’imposait[10].

Quelques semaines plus tard, les victoires fulgurantes sur l’Armée rouge et la certitude que l’URSS serait écrasée vers la fin du mois d’août[11] firent germer dans l’esprit de certains un nouveau plan : l’évacuation des juifs à l’Est, au-delà du Gouvernement général, dans les territoires devenus accessibles suite au recul de l’armée soviétique (Ukraine, Biélorussie, Lituanie, Lettonie, voire même de l’Estonie).

La lettre de Göring à Himmler


Voilà pourquoi, le 31 juillet 1939, H. Göring écrivit à R. Heydrich une lettre qui commençait ainsi (je souligne) :

En complément de la tâche qui vous a déjà été assignée par décret du 24.1.39, à savoir d’obtenir pour la question juive, par la voie de l’émigration ou de l’évacuation, la solution la plus avantageuse possible eu égard aux circonstances, je vous charge par la présente de procéder à tous les préparatifs nécessaires, sur le plan de l’organisation et des questions concrètes et matérielles pour aboutir à une solution totale [ou « solution d’ensemble »] de la question juive dans la zone d’influence allemande en Europe [TMI, XXVI, p. 267].

Cette première phrase démontre que la lettre ne trahit aucune intention criminelle. H. Göring évoquait le refoulement des juifs hors de la sphère d’influence allemande, c’est-à-dire dans les territoires soviétiques qui avaient été conquis depuis le 21 juin 1941 et qui allaient être conquis très prochainement. Dans sa lettre, il n’était pas question d’exterminer qui que ce fut…

Jusqu’au bout d’ailleurs, les dirigeants allemands (dont Himmler) démentirent les allégations selon lesquelles les juifs auraient été méthodiquement massacrés.

A une exception près (pour A. Seyss-Inquart), je ne perdrai toutefois pas mon temps à les citer, car il est toujours aisé de répondre qu’ils mentaient pour tenter de sauver leur tête. Je préfère donc mentionner des faits ou des documents qui l’attestent. Ils sont nombreux. En voici quelques-uns dans l’ordre chronologique :

- 10 octobre 1941 : « lors d’une conférence sur la “Solution finale” du RSHA, Heydrich déclara que Hitler désirait vider le Reich de ses juifs, dans toute la mesure du possible, d’ici à la fin de l’année. Après quoi le chef du RSHA évoqua les déportations imminentes en direction de Lodz et mentionna Riga et Minsk »[12]. ). Je rappelle que Minsk se trouve en Biélorussie (un ghetto y avait été édifié le 12 juillet 1941[13]), Riga en Lettonie ;

- 13 novembre 1941 : « la communauté juive de Cologne adressa une lettre à tous les juifs de sa juridiction pour leur annoncer “un autre transport de 1 000 personnes, à destination de Minsk” le 8 décembre »[14]. Dès l’automne 1941, donc, des juifs étaient envoyés là-bas ;

- Dans une publication du Service international de recherches de la Croix-Rouge, on apprend qu’« à partir de novembre 1941 », « un grand nombre de “juifs du Reich” […] furent envoyés dans des ghettos, tels ceux de Kovno et Riga »[15]. Kovno s’appelle aujourd’hui Kaunas et se trouve en Lituanie ; un ghetto y avait été établi le 9 juillet 1941 (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 169) ;

- Jusqu’au 6 février 1942 « 25 103 juifs ont été évacués en 25 convois vers Riga et installés dans des camps ou plus exactement dans des ghettos »[16] ;

- 9 janvier 1942 : « Début de la déportation vers l’est des internés du ghetto de Theresienstadt. 1 000 hommes, femmes et enfants sont déportés à Riga (Lettonie) et 400 juifs environ au camp de concentration voisin de Salaspils, où ils sont assassinés [pourquoi les avoir emmenés si loin rien que pour ça ?] » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 45) ;

- 11 janvier 1942 : « 1 000 juifs de Vienne sont déportés vers le ghetto de Riga (Lettonie) » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 46) ;

- 15 janvier 1942 : « 1 000 juifs sont déportés du camp de concentration de Theresienstadt au ghetto de Riga (RSS de Lettonie). » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 49) ;

- En 1942, un témoin oculaire, I. Hertz, signala dans un témoignage présenté au Comité antifasciste d’Union soviétique la présence de juifs français et belges en Ukraine : « Des convois de juifs sont arrivés dans la station de chemin de fer de Lvov depuis Tarnopol, Sambor et Brzeziny, et le chargement humain est arrivé à Belzec. En outre, des trains contenant des juifs de Bruxelles, d’Amsterdam et de Paris ont traversé Lvov ; ils ont été envoyés dans le même centre d’extermination [sic] »[17]. Sachant que jamais Belzec n’a été un « centre d’extermination », je ne m’attarderai pas sur les allégations des témoins à ce propos. Je retiendrai juste qu’en 1942, des juifs de l’Ouest se trouvaient en Ukraine et passaient par Lvov ;

- 6 mai 1942 : un train de 1 000 juifs partit de Vienne et arriva deux jours plus tard à Volkovysk, une ville frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Là, les juifs furent transbordés et emmenés dans un autre train jusqu’à Minsk où il arrivèrent le 11 mai (Voy. R. Hilberg, op. cit., pp. 400-1 ; S. Wiesenthal, op. cit., p. 122) ;

- 9 mai 1942 : « Un transport de 1 000 juifs quitte le camp de concentration de Theresiendstadt […] pour le ghetto d’Ossovo (RSS d’Ukraine)» (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 123) ;

- 20 mai 1942 : « 986 juifs sont déportés de Vienne (Autriche) à Minsk (capitale de la RSS de Biélorussie)» (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 129) ;

- 14 juillet 1942 : « Un convoi de 1 000 hommes, femmes et enfants juifs quitte le ghetto de Theresienstadt en direction de Minsk. » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 174) ;

- 13 août 1942 : alors que, depuis la fin juillet, 5 000 juifs partaient quotidiennement en train de Varsovie vers Treblinka, l’Obergruppenführer Wolff, chef de l’état-major de Himmler, écrivit à M. Ganzenmülller, du ministère des Transports : « C’est avec une joie toute particulière que j’ai lu que depuis deux semaines aujourd’hui, un train acheminait, chaque jour, 5 000 membres du peuple élu à Treblinka, de sorte que nous sommes maintenant en mesure de procéder à ce mouvement de population (Bevölkerungsbewegung) [souligné par moi] à un rythme accéléré » (Cité par R. Hilberg, op. cit., p. 422). Preuve que les déportations vers Treblinka s’inscrivaient dans le cadre d’une vaste opération d’expulsions (à moins de prétendre que les Allemands auraient employé un langage codé, « mouvement de population » signifiant « extermination » ; mais cette thèse est inepte; * (voir plus bas)

- 28 août 1942 : une conférence sur les « questions juives » (Judenfragen) eut lieu à Berlin. De façon extrêmement révélatrice, on y parla du « problème actuel de l’évacuation » (Evakuierungsproblem) et il y fut convenu d’acheter immédiatement (sofort) des baraquements pour l’installation d’un camp… en Russie. Dans un compte rendu rédigé quatre jours plus tard, on lit : « Le SS-Oberstrumbannführer Eichmann fit savoir, au cours de la réunion, que le problème actuel de l’évacuation (déportation des juifs apatrides) doit être réglé avant la fin de l’année civile. Pour la déportation des autres juifs étrangers restants, le terme est prévu fin juin 1943 […]. e) Achat de baraquement. Le SS Obersturmbannführer Eichmann a demandé que l’on procède immédiatement à l’achat de baraquements commandés par le chef de la police de sécurité de La Haye. Le camp doit être installé en Russie. L’envoi des baraquements peut se faire de manière à ce que chaque train emporte 3 à 5 baraquement»[18]. C’est la preuve que des juifs étaient évacués très loin vers l’Est ;

- 1er septembre 1942 : « Un convoi de 1 000 hommes, femmes et enfants juifs quitte le ghetto de Theresienstadt pour Rasika (Estonie)» (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 215) ;

- 19 septembre 1942 : « Un convoi de 1 000 juifs du camp de concentration de Theresienstadt est envoyé à Minsk-Trostinets (RSS de Biélorussie) » (voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 232) ;

- 2 octobre 1942 : un message envoyé de Berlin à Auschwitz autorisa un camion de cinq tonnes à effectuer un voyage aller-retour à Dessau « dans le but d’aller chercher des matériaux pour le transfert de la population juive »[19]. Sachant que la thèse du langage codé est une aberration, on en déduit qu’à Auschwitz se trouvaient des juifs en transit ;

- 16 octobre 1942 : comme s’il voulait confirmer le compte rendu du 1er septembre 1942, l’Israelitisches Wochenblatt, organe suisse d’information, écrivit : « Depuis quelque temps, la tendance est à la dissolution des ghettos en Pologne. Ce fut le cas de Lublin, puis ce fut le tour de Varsovie. On ne connaît pas l’ampleur qu’a déjà pris l’exécution de ce plan. Les anciens habitants du ghetto vont plus à l’Est dans les territoires russes occupés [souligné par moi], ils sont partiellement remplacés par des juifs d’Allemagne. […] Un témoin, qui était à Riga il y a peu de temps et qui est parvenu à s’enfuir, rapporte qu’il y aurait encore, actuellement, 32 000 juifs dans le ghetto de Riga. Depuis l’occupation, des milliers de juifs seraient morts. Maintenant, les juifs doivent, le matin, partir en rangs, pour le travail forcé à l’extérieur de la ville. […] Dans les derniers temps, on a remarqué à Riga des convois de juifs de Belgique et d’autres pays d’Europe de l’Ouest qui continuaient cependant leur voyage vers une destination inconnue[souligné par moi] » (Voy. J. Graf, art. cit., pp. 210-1) ;

- 5 décembre 1942 : Himmler fut avisé qu’en raison d’une interruption des transports « toute possibilité de transport destiné à la réinstallation des juifs [serait] suspendue du 15 décembre 1942 au 15 janvier 1943 » (Cité par R. Hilberg, op. cit., p. 422). Là encore, c’est clair : il n’est pas question d’extermination, mais de « réinstallation ».

- Dans le courant de l’année 1943, A. Seyss-Inquart eut des conversations avec Hitler au sujet des juifs. A Nuremberg, cet accusé qui ne recula pas devant ses responsabilités déclara : « [Hitler] m’a assuré de la manière si persuasive qui était la sienne et il a tout de même admis en même temps qu’il songeait à une évacuation définitive des juifs, si possible, de tous les pays de l’Europe avec lesquels l’Allemagne voulait rester en relation amicale. Il avait l’intention de veiller à ce qu les juifs fussent établis à la frontière orientale des zones d’intérêt allemandes, dans la mesure où l’on ne pourrait pas les faire émigrer dans d’autres parties du monde » (TMI, XVI, 8)[20] ;

- Août-septembre 1943 : le ghetto de Vilnius (au sud de la Lituanie) fut dissout. Où les juifs furent-ils envoyés ? A Auschwitz ? A Treblinka ? Non : « Les Allemands envoyèrent la plupart des habitants [plus haut encore] en Estonie ou en Lituanie» (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 33 ; voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 236).

- 19 mars 1944 : en Russie blanche, les troupes de l’Armée rouge découvrirent, près de Ozaritschi, « trois camps de concentration où se trouvaient plus de 33 000 enfants, femmes, malades et vieillards » : « 15 960 enfants de moins de 13 ans, 13 072 femmes malades et 4 448 vieillards » (Doc. URSS-004 ; TMI, VII, 579) ;

- Avril 1944 : un journal communiste clandestin, Notre Voix, annonça que, d’après Radio-Moscou, « huit mille juifs de Paris [venaient] d’être sauvés par la glorieuse Armée rouge. Ils se trouvaient tous en Ukraine au moment de la dernière offensive soviétique et les bandits SS devaient les fusiller avant de quitter le pays »[21]. Là encore, passons sur les prétendus plans sinistres de SS pour ne retenir que le fait brut : en avril 1944, des milliers de juifs français se trouvaient encore en Ukraine ;

- 15 mai 1944 : un convoi partit de Drancy avec environ 900 juifs. Une partie des prisonniers descendit à Kaunas, en Lituanie, l’autre fut acheminée jusqu’à Reval (Tallin) en Estonie[22] ;

- 1er octobre 1944 : le quotidien Libres parle du camp de Kloga, près de Reval, où, juste avant de partir, les All auraient massacré 3 000 détenus « parmi lesquels se trouvaient de nombreuses femmes et enfants » (p. 1).

- 8 février 1946 : à Nuremberg, le procureur général soviétique, le général R. A. Rudenko, confirma que les Allemands avaient créé un vaste complexe de camps à l’Est. Dans son exposé introductif, il déclara :

Les enquêtes menées par la Commission extraordinaire d’État de l’Union soviétique ont établi qu’au front, derrière leurs premières lignes de défense, les hitlériens créaient systématiquement des camps de concentration spéciaux, dans lesquels se trouvaient internés des dizaines de milliers d’enfants, de femmes et de vieillards inaptes au travail. Les abords de ces camps étaient minés […]. Dans ces camps, on a découvert des milliers de malades atteints de typhus […].

On a déjà cité les camps de Majdanek et d’Auschwitz, avec leurs chambres à gaz [sic] où furent exécutés plus de 5 500 000 citoyens [sic] totalement innocents […]. Je dois citer les camps de concentration de Smolensk, de Stavropol, de Kharkov, de Kiev, de Lvov, de Poltava, de Novgorod, d’Orel, de Rovno, de Dniepropetrovsk, d’Odessa, de Kamenetz-Podolsk, de Gomel, de Kertch, de la région de Stalingrad, de Kaunas, de Riga, de Mariampos (RSS de Lituanie), de Klooga (RSS d’Estonie) ainsi que de nombreux autres camps […] [TMI, VII, 180-1].

Certains pourront répondre qu’aucune carte publiée dans les ouvrages sur la déportation ne mentionne ces camps. Outre que ce n’est pas une preuve de leur inexistence, je souligne qu’une carte en mentionne bien quelques-uns. On la trouve dans l’ouvrage déjà cité de S. Wiesenthal : Le livre de la mémoire juive, à la page 40. Quatre camps de concentration sont mentionnés : deux en Estonie (Klooga et Vaivara), un en Lettonie (Kaiserwald) et un en Lituanie (Pravieniskis). Au fil des pages, on en trouve d’autres : « camp de concentration […] de Salaspils » en Lettonie (p. 45) ; « le camp de concentration de Domanevka (RSS d’Ukraine) » (p. 56) ; « camps de Narva, Tallin» (p. 212).

Tous ces faits démontrent que la déportation à l’Est fut bel et bien une réalité. Ils viennent ainsi confirmer que la « solution totale » (ou « solution d’ensemble ») de la question juive ne fut pas une vaste entreprise d’extermination, mais une vaste entreprise d’expulsion. Dès lors,




présenter la lettre de Göring à Heydrich en date du 31 juillet 1941 comme une « preuve documentaire » de l’ « Holocauste » est très malhonnête.





[1] Voy. S. Bruchfeld et P. A. Levine, « Dites-le à vos enfants ». Histoire de la Shoah en Europe. 1933-1945, (éd. Ramsay, 2000), p. 73.

[2] « Le 31 juillet 1941, [Göring] écrivit une lettre au conspirateur Heydrich ; c’est le dernier document sur lequel je désire attirer l’attention du Tribunal. Il constitue un couronnement adéquat de notre exposé sur cet accusé » (TMI, IV, p. 577, déclaration du procureur adjoint américain Ralph G. Albrecht).

[3] « Cependant, au cours de l’été de 1941, des plans furent établis pour la “solution finale” de la question juive en Europe. Cette “solution finale” signifiait l’extermination des Juifs » (extrait du jugement rendu le 1er octobre 1946 à Nuremberg, voy. TMI, I, 263).

[4] Voy. Histoire, terminales (éd. Scodel, 1983), p. 34.

[5]En octobre 1938, le ministère des Affaires étrangères se pencha sur les statistiques relatives à la population juive et s’aperçut qu’environ 10 % des Juifs placés sous juridiction allemande étaient des ressortissants polonais. Mais le gouvernement polonais ne manifestait guère d’empressement à récupérer ses citoyens » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 339).

[6] « Tandis que la Pologne refusait d’accepter ses ressortissants juifs, quelques pays occidentaux ouvraient généreusement leurs portes à des juifs de nationalité allemande » (Ibid., p. 340).

[7] R. Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe (éd. Fayard, 1988, pour la version française), p. 341.

[8] « Ce dernier [Heydrich] fut enthousiasmé par l’idée » (R. Hilberg, op. cit., p. 342).

[9] Sur ce projet, sa vie et sa mort, voy. R. Hilberg, op. cit., pp. 342-343.

[10] Voy. le mémoire de Martin Luther en date du 21 août 1942 ; doc. NG-2586-J, cité intégralement par Arthur R. Butz dans son ouvrage The Hoax…, p. 206.

[11] Dans le compte rendu d’un entretien qui eut lieu le 14 juillet 1941 entre le Führer et le comte Oshima, on lit : « Il [Hitler] ne croit pas que la résistance, en Russie d’Europe, puisse encore se prolonger au-delà de six semaines. Où les Russes iraient, il l’ignorait. Peut-être dans l’Oural ou au-delà de l’Oural. mais nous les poursuivrons et lui, le Führer, ne reculerait pas devant la perspective de pousser au-delà de l’Oural» (voy. A. Hillgruber, pp. 607-8

[12] voy. R. Hilberg, op. cit., p. 757.

[13] voy. S. Wiesenthal, op. cit., p. 171.

[14] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 391

[15] Voy. Répertoire des lieux de détention SS (1933-1945) (S.I.R., Arolsen, 1977), p. CXCV.

[16] Voy. le rapport n° 10 des territoires occupés de l’Est, cité dans le Répertoire des lieux…, p. CXCV.

[17] Cité par E. Aynat, art. cit., p. 36.

[18] Doc. CDJC XXVI-59, 1er septembre 1942 ; reproduit par Jean-Marie Boisdefeu, La Controverse…, t. II, op. cit., pp. 78-9.

[19] Voy. J.-C. Pressac, Auschwitz. Technique ans Operation of the Gas Chambers (Beate Klarsfelf Foundation, New York, 1989), p. 567. Voy. également E. Aynat, art. cit., pp. 45-6.

[20] Dans son ouvrage, R. Hilberg prétend que les juifs étaient exterminés, qu’ils connaissaient leur inexorable destin (même s’ils tentaient d’éviter la mort) mais que les aptes au travail se montrèrent dociles jusqu’à la fin. Il écrit : « Leur soumission ne laissait pas d’étonner le Reichsminister Syess-Inquart, ancien adjoint de Frank. “Je ne pouvais pas m’imaginer, disait-il, que, d’une part, les juifs capables de travailler travaillent et que, d’autre part, leurs parents fussent exterminés. Je croyais que dans un pareil cas, on ne pouvait qu’imaginer que chaque juif sauterait à la gorge d’un allemand pour l’étrangler » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 463). Présentée ainsi, cette citation laisse croire qu’A. Seyss-Inquart aurait été au courant de l’extermination. En vérité, l’ancien administrateur des Pays-Bas a tenu ces propos très peu de temps après avoir rappelé ce que lui avait dit Hitler en 1943 et immédiatement après avoir expliqué qu’au début 1944, Himmler lui-même lui avait certifié : « Ce sont là [comprenez : les juifs qui travaillent] mes meilleurs ouvriers » (TMI, XVI, 9). Replacés ainsi dans leur contexte, les propos d’A. Seyss-Inquart s’éclairent : l’accusé voulait dire : « Comment aurais-je pu croire que les juifs inaptes étaient exterminés puisque leurs parents travaillaient correctement pour l’Allemagne ? » R. Hilberg se révèle donc une fois de plus être un tricheur…

[21] Document reproduit par Jean-Marie Boisdefeu dans La controverse sur l’extermination des juifs par les Allemands, tome II, déjà cité, pp. 86.

[22] Voy. le Doc. F-274 : « […] le 15 mai 1944 est parti de Drancy un convoi de 900 israélites auxquels on avait promis qu’ils allaient travailler à Bordeaux pour l’organisation Todt […]. En réalité, le convoi fut acheminé en deux tronçons ; nul ne sait ce que sont devenus les 600 déportés laissés à Kaunas. Des 300 laissés à Revel, 40 au plus sont revenus ». Voy. également J. Graf, art. cit., p. 213 : l’auteur s’appuie sur le Mémorial de la déportation des Juifs de France de Serge Klarsfeld.



* Le mythe du « langage codé »


Les exterminationnistes prétendent qu’à partir de 1942, les SS auraient utilisé un « langage codé » et que des expressions comme « traitement spécial », « réinstallation des juifs », « évacuation des juifs » ou « mouvement de population » auraient désigné l’extermination des juifs. Or, sachant que, depuis la fin 1941, des milliers et des milliers de juifs étaient envoyés en Ukraine, en Biélorussie, en Lituanie et en Lettonie, on ne voit pas pourquoi ces expressions auraient eu un sens caché. Elles désignaient une réalité, point final.

J’ajoute que l’expression « réinstallation des juifs » peut même être trouvée dans une lettre adressée à… H. Himmler. Datée du 5 décembre 1942, elle l’avertissait qu’en raison d’une interruption des transports « toute possibilité de transport destiné à la réinstallation des juifs [serait] suspendue du 15 décembre 1942 au 15 janvier 1943 » (cité par R. Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, p. 422). Or, si l’on est prêt à admettre qu’un massacre de masse des juifs aurait été caché au public, il est absurde de croire qu’un « langage codé » aurait été utilisé jusque dans l’entourage le plus direct d’Himmler, le plus compromis, dit-on, dans la « Solution finale ».

Pour tenter de s’en sortir, R. Hilberg prétend que le « langage codé » aurait permis, chez ceux qui perpétraient le génocide, « le refoulement psychologique » : « Ces termes [« évacués », « réinstallés »…], écrit-il, n’étaient pas le fait de la naïveté, mais des instruments qui permettaient le refoulement psychologique » (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 349). Cette thèse est très pratique, car elle permet de pallier l’absence totale de documents qui parlent explicitement d’une « extermination ». Mais elle aboutit à des conclusions folles : en effet, puisque rien, chez Hitler, chez Himmler ou chez Göring, n’aurait été exprimé clairement, il faut en déduire que tout le monde se comprenait depuis le début par transmission de pensée.

J’exagère ? Nullement. En février 1983, R. Hilberg parla d’une « incroyable rencontre des esprits », de « consensus dans la divination télépathique».

Lors d’une conférence, il déclara :

Mais ce qui commença en 1941, ce fut un processus de destruction sans planification préalable, sans organisation centrale par aucune agence. Il n’y eut pas de projet et il n’y eut pas de budget pour ces mesures de destruction. Celles-ci furent prises étape par étape, une étape à chaque fois. Ainsi fit son apparition non tout un plan qui fut exécuté, mais une incroyable rencontre des esprits (an incredible meeting of minds), un consensus dans la divination télépathique au sein d’un vaste appareil bureaucratique (an consensus-mind reading by a far-flung bureaucracy) [1].

Cinq ans plus tard, Christopher Browning écrivit le plus sérieusement du monde :

[…] il ne fallait pas plus d’une inclination de tête venant de Hitler pour donner « le feu vert » indiquant que le meurtre de masse pouvait maintenant s’étendre au juifs européens. Il ne s’agit là pas tant d’un ordre explicite que d’un acte d’incitation […]. Comment se fit la communication, nous ne le savons pas et ne le saurons jamais[2].

Poussée à son terme, la thèse du langage codé demande donc de croire que six millions de personnes — représentant un pays comme la Suisse — auraient été massacrées suite à une simple inclination de la tête et grâce à un « consensus dans la divination télépathique » ! Nous sommes en plein délire, preuve que cette thèse est inepte.


[1] Voy. Newsday (Long Island, N.Y.), 23 février 1983, p. II/3. Cité par R. Faurisson dans les Annales d’Histoire Révisionniste, n° 8, printemps 1990, pp. 31-2.

[2] Cité dans les Annales d’Histoire Révisionniste, n° 8, printemps 1990, p. 81, note 7.
 
Old January 22nd, 2013 #37
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Des « témoins » sans aucune valeur


Un exemple flagrant : Denise Holstein


Vincent REYNOUARD


De nos jours, des dizaines de « témoins de la Shoah » viennent raconter leur déportation dans les établissements scolaires. L’un d’entre eux est une femme : Denise Holstein. Quelle est la valeur de son récit ? Le texte qui suit permet de se faire une idée…

Ils se sont mis à parler très tard

Tout d’abord, soulignons le fait que la plupart des « survivants » appelés dans les lycées ont commencé à parler très tardivement. Eux-mêmes l’avouent d’ailleurs :

Pendant des années, nous avons gardé le silence [C. Gottlieb, ancien déporté à Auschwitz][1].

J’ai attendu quarante-huit ans pour raconter, aujourd’hui personne ne m’empêchera de continuer [Benjamin Orenstein, président de l’Amicale des déportés d’Auschwitz-Birkenau du Rhône][2].

Aujourd’hui octogénaire, Robert Coigneau a décidé de rompre le silence. Depuis 1994, le rescapé raconte son histoire aux jeunes générations[3].

Après s’être enfermée cinquante ans dans un mutisme absolu […] cette rescapée de Birkenau […] s’est un jour mise à parler [Il s’agit de D. Holstein][4].

Pendant un demi-siècle, j’ai gardé le silence. Maintenant je parle. Je veux témoigner tant que je le pourrai[5].

Charlotte Shapira admet sans fard qu’il lui a fallu « plus de 40 ans » avant de se décider à témoigner[6].

Des raisons données qui ne sont guère convaincantes

Or, les raisons données du temps ne sont guère convaincantes, voire totalement irrecevables. C. Gottlieb, par exemple, prétend que les déportés ont gardé le silence « [p]arce que le sujet était tabou » ; puis il ajoute : « Aujourd’hui, il faut que la terre entière sache la cruauté et la bestialité des nazis »[7]. C’est vraiment se moquer du monde, car tout le matraquage de l’opinion mondiale orchestré à partir de 1945 avait pour principal objectif de convaincre que les « nazis » étaient d’innommables monstres. En outre, l’un des piliers de cette propagande était la prétendue extermination des juifs, dont il fut souvent question au premier procès de Nuremberg, notamment avec le témoignage de l’ancien commandant d’Auschwitz R. Höss, en avril 1946.

De son côté, C. Schapira prétend qu’elle n’ « arrivait pas » à témoigner car : « Comment dire l’indicible ? » (Or, comment croire que ce qui a été indicible pendant cinquante ans soit soudainement devenu exprimable après soixante ans ?

Un témoignage capital : Denise Holstein

Toutes ces raisons fallacieuses invoquées doivent nous convaincre que la vérité est ailleurs. Où ? Le témoignage de D. Holstein permet d’apporter une réponse à cette question : on y découvre comment une ancienne juive qui n’a rien vu et vécu d’extraordinaire pour l’époque a pu devenir un pilier de la Mémoire de la Shoah.

L’histoire de D. Holstein pendant la guerre

Sous l’occupation, D. Holstein était adolescente et vivait en zone occupée, à Rouen plus exactement, avec ses parents. Elle note :

Bien sûr, on a peur des arrestations, des coups de sonnette mais, jusqu’en 1942, on ne peut pas dire qu’on ressente la terreur[8].

En fait, jusqu’en 1942, nous menons une vie à peu près normale [Ibid., p. 21].

Deux pages plus loin, d’ailleurs, elle déclare que quelques jours avant une rafle d’hommes juifs âgés entre 18 et 45 ans, elle avait dansé avec l’un d’eux « un swing effréné » (p. 23). Preuve qu’elle participait à des soirées festives, voire à des bals interdits.

Ajoutons que malgré ces rafles, et bien que son père ait été arrêté une première fois avant d’être relâché au motif qu’il était un ancien combattant, ils ne cherchèrent pas à fuir :

[Mon père] sait que, du jour au lendemain, il peut être de nouveau arrêté. Pourtant il ne perd pas confiance, il ne peut pas croire au pire. Nous restons à Rouen, en zone occupée. Il ne cherche pas à passer en zone libre, ni même à nous y faire passer [p. 25].

Et lorsque, au moment de porter l’étoile jaune, ils redouteront la réaction des Français non-juifs, surtout des « collabos », leur peur se révélera sans aucun fondement :

Très vite nous nous apercevons que c’est le contraire de ce qu’on pouvait craindre : les gens nous plaignent, certains même traversent la rue pour dire que c’est une honte de nous obliger à cela. Nous rencontrons sur le chemin un dentiste dont nous savons qu’il est un collaborateur actif et cet homme, ce collabo, embrasse Maman en lui disant que c’est horrible, qu’il ne peut pas accepter une chose pareille. Nous nous sentons soulagées, nous nous disons qu’au fond ce n’est pas si grave [pp. 25-26].

D. Holstein a l’honnêteté d’admettre ce que tout historien objectif devrait admettre, à savoir que sous l’occupation, la question juive intéressait peu les Français ; ceux-ci avaient des problèmes bien plus urgents. Elle écrit :

Mais la plupart des Français ne réagissent pas [à la propagande anti-juive], ne se sentent pas concernés par ce qui arrive aux juifs. C’est qu’il y a beaucoup d’autres problèmes en France et que chacun doit faire face à des tas de difficultés : deux millions de Français sont prisonniers en Allemagne, de très nombreuses familles sont privées d’hommes, les femmes sont devenues les chefs de famille, la plupart du temps dans une situation financière très difficile. La France a faim. La France a froid. Alors, le problème des juifs…

C’est exactement ce qu j’écrivais au moment de l’affaire Touvier, et je suis heureux qu’une ancienne déportée juive vienne le confirmer quelques années après.

D. Holstein est arrêtée, internée, soignée puis relâchée une première fois

La vie à Drancy

Quoi qu’il en soit, les Holstein furent finalement raflés et envoyés à Drancy, où ils conservèrent leurs affaires et purent recevoir des colis et des lettres[9]. Concernant la vie au camp, l’auteur rappelle que les internés eux-mêmes assuraient la plupart des services, notamment la cuisine, le nettoyage, l’infirmerie et… l’établissement des listes des déportés[10]. Elle précise également que des « écoles improvisées » furent créées pour occuper les enfants et soulager leurs parents (p. 34).

Un détail révélateur

Petite remarque en passant : D. Holstein raconte qu’au début, les responsables protégeaient les jeunes en désignant en priorité « des personnes âgées, malades » (p. 35). Mais les Allemands s’en aperçurent et, « furieux », ils dressèrent eux-mêmes une liste de 1 500 jeunes qui partirent en février 1943 : « Ils [les responsables juifs du camp] essayent le plus possible de protéger les jeunes, de faire partir des personnes âgées, malades. Les Allemands s’en aperçoivent. Furieux, ils décident qu’il faut faire un convoi de mille cinq cents personnes jeunes » (p. 35). A supposer que les Allemands aient déporté les juifs sans autre objectif que de les exterminer jusqu’au dernier, ils auraient accepté de commencer par les vieillards. Le fait qu’ils aient voulu en priorité des jeunes confirme que les grandes déportations commencées en 1942 avaient un lien étroit avec le recrutement de la main-d’œuvre.

D. Holstein est soignée de la diphtérie

Mais le plus intéressant reste à venir. D. Holstein raconte qu’un jour, elle tomba malade : mal de gorge et fièvre. Le médecin appelé diagnostiqua la diphtérie (p. 37). Puisque, nous dit-on, les juifs étaient tous voués à l’extermination, il n’y avait qu’à l’isoler et la laisser mourir, ou la tuer tout de suite d’une injection mortelle. Mais ce n’est pas ce qui arriva, bien au contraire. D. Holstein écrit :

[…] je suis emmenée aussitôt, en ambulance, à Paris, à l’hôpital Claude-Bernard, sans pouvoir embrasser mes parents. On ne les laisse pas s’approcher de moi à cause des risque de contagion et je les vois pleurer tous les deux […].

A l’hôpital je suis soignée normalement [pp. 37-38.].

Après quelques semaines de soins attentionnés, D. Holstein ressortit guérie. Je note qu’elle a eu plus de chance que le petit Singbartl, un Allemand des Sudètes âgé de trois ans et interné en 1945 par les Tchèques au camp de Moravka-Ostrava. Atteint de diphtérie, l’accès à l’hôpital lui fut refusé, si bien qu’il mourut devant sa mère impuissante, Margarete Singbartl[11].

D. Holstein reprend ses études et est soignée de l’appendicite

Mais revenons à notre propos. Non seulement D. Holstein fut guérie, mais aussi, elle ne revint pas à Drancy. L’UGIF la plaça dans un établissement qui recueillait des enfants juifs dont les parents avaient été déportés (p. 39). Après la fermeture de celui-ci, elle alla dans un autre, bien plus grand, rue Lamarck. Elle se souvient :

Je suis relativement libre, je peux reprendre mes études au lycée Lamartine et je peux sortir, aller voir ma grand-mère, à condition d’être rentrée tous les soirs à six heures [p. 39].

Durant l’été 1943, elle tomba une nouvelle fois malade : appendicite. Elle fut opérée à l’hôpital Saint-Germain où sa grand-mère et une amie purent la voir chaque jour (p. 40).

D. Holstein est déportée à son tour

Ses parents sont déportés

En novembre 1943, elle apprit que ses parents avaient finalement été déportés de Drancy vers Auschwitz. Dans une dernière lettre, son père lui écrivait :

Ma chère petite cocotte, chérie, nous attendons impatiemment de tes nouvelles, mais nous sommes sûrs que tu es bien raisonnable et que tu supportes ta nouvelle villégiature avec beaucoup de patience… et bientôt nous nous retrouverons tous réunis [p. 41].

Malgré cette lettre encourageante, la déportation de ses parents fut ressentie — on le comprend aisément — comme « un choc terrible » (Id.).

D. Holstein s’occupe d’enfants dont les parents ont été déportés

Agée alors de 17 ans, Holstein se retrouva en charge de neuf petits enfants juifs dont les parents avaient été déportés. C’est la partie la plus émouvante de son témoignage : elle décrit avec affection ces enfants de moins de dix ans désorientés par cette vie d’orphelins. Parmi eux figurait Estelle Jakubowicz :

Elle a six ans. Elle fronce le nez, l’air sombre. C’est la plus désorientée, toujours accrochée à moi et je dois lui dire de ne pas m’appeler « Maman », que je ne suis pas sa maman et que celle-ci va bientôt revenir [p. 43].

La nuit, je me lève pour consoler ceux qui font des cauchemars. Le matin, je les aide à s’habiller et nous descendons prendre le petit déjeuner. Là, des surveillantes les prennent en charge. Puis ils vont à l’école de Louveciennes. Les jours sans classe, nous les emmenons au bois de Marly [p. 45].

La déportation vers Auschwitz

Bref, la vie banale des orphelinats. Puis un jour, la catastrophe survint : les pensionnaires de l’établissement furent à leur tour raflés, emmenés à Drancy, puis déportés. Notons que certains d’entre eux, qui avaient retrouvé leur mère à Drancy, n’allèrent pas à Auschwitz, mais directement à Bergen-Belsen, « où il n’y a pas d’extermination systématique » (pp. 47-48) ; fait qui contredit la thèse officielle.

Quoi qu’il en soit, D. Holstein, elle, embarqua pour Auschwitz avec des petits enfants. Elle raconte :

Nous sommes soixante dans notre wagon, dont une cinquantaine d’enfants et je suis la seule monitrice. Bien sûr, je suis un peu débordée. Heureusement, Beila et des garçons que j’ai connus au centre Lamarck m’apportent leur aide. Quant aux adultes, il sont odieux et ne supportent pas d’être dérangés par les enfants qui, vu le manque de place, les bousculent, font du bruit et se plaignent de la chaleur, de la soif, du manque d’air. Je porte un brassard qui me permet de descendre, quand le train s’arrête, pour aller chercher toute l’eau que je peux emporter dans des récipients de fortune et vider les sceaux hygiéniques qui, d’ailleurs, ont déjà débordé dans les wagons [p. 50].

Au terme de ce terrible voyage, elle arriva à Auschwitz où elle fut séparée de ses petits protégés. Il n’y a là rien d’anormal si l’on considère qu’à 17 ans, elle était apte au travail, alors que les petits enfants ne l’étaient pas.

Des conditions d’existence pénibles mais pas d’extermination

Désinfection, pas de solidarité, violence des kapos

Dans la suite de son témoignage, elle décrit les conditions de vie pénibles au camp : la désinfection et la tonte (p. 53), les appels, l’absence de solidarité entre certaines catégories de détenues[12], le froid (p. 59), la violence des kapos[13]…

Des anecdotes qui contredisent la thèse officielle

Mais certaines anecdotes méritent d’être relevées. D. Holstein raconte par exemple qu’en 1944, les autorités d’Auschwitz ont respecté le jeûne juif du Kippour, apportant la nourriture seulement le soir, après le lever de la première étoile (p. 68). Plus loin, on apprend qu’elle a été admise à l’infirmerie pour cause de scarlatine (p. 69) et qu’elle y est restée sept semaines dans un lit particulier (p. 70). A sa sortie, suite à des évacuations, le camp s’était dépeuplé, si bien que les prisonniers avaient « nettement plus à manger », ce qui lui permit de « reprend[re] quelques kilos » (pp. 72-73). Peu après, elle attrapa la grippe, ce qui lui permit de retrouver l’infirmerie pour une durée de trois semaines (p. 74).

Une évacuation par train

Le 30 décembre 1944 enfin, elle fut évacuée à son tour pour Bergen-Belsen. Les laissa-t-on partir sans rien dans le froid ? Nullement :

C’est vraiment le départ. Nous avons le droit à une douche et à des vêtements. De vrais vêtements, pas des guenilles. Je me retrouve même, à ma grande surprise, vêtue d’un superbe manteau gris. Nous prenons le train. Des wagons à bestiaux, bien sûr, et soixante par wagon. Mais nous partons ! [p. 76]

A son arrivée à Bergen-Belsen, le manteau gris et l’écharpe qu’elle portait sur la tête lui furent repris par un gardien. « En fait, il récupère ces vêtements pour d’autres “transports” », écrit-elle avec honnêteté (p. 79). Preuve que les Allemands faisaient leur possible pour humaniser les évacuations…

Libérée, D. Holstein passe une nuit à danser

D. Holstein connut ses derniers mois de déportation à Bergen-Belsen, dans un camp surpeuplé (p. 79), touché par le typhus, sans eau depuis que les canalisations avaient sauté et avec une nourriture de plus en plus rare (p. 81). A la libération du camp par les Anglais, elle ne pesait plus que 35 kg. Mais grâce aux soins reçus, elle reprit des forces, si bien que lors de son rapatriement, elle passa une nuit à danser avec ses camarades :

Un soir, nous dormons dans une porcherie, mais rien n’a d’importance pourvu qu’on rentre le plus vite possible. Une autre fois, nous passons la nuit à danser, sans que je puisse aujourd’hui comprendre comment j’ai pu en trouver la force [p. 90].

D. Holstein avoue qu’elle n’a « pas connu le pire »

Telle est donc l’histoire de D. Holstein, une jeune juive déportée en 1944 à Auschwitz. Elle a connu la douleur de la séparation, un voyage exécrable vers Auschwitz, l’humiliation de la tonte, les appels, la promiscuité, la violence des kapos, la nourriture insuffisante (surtout à la fin) et la perte de ses deux parents morts en déportation. Un destin certes peu enviable, mais— hélas — banal dans ces périodes de grande violence. Elle-même, d’ailleurs, avoue n’avoir « pas connu le pire » :

Je suis revenue et je n’ai pas connu le pire […]. J’ai été déportée tard, j’étais jeune et solide, je n’ai pas été sélectionnée pour la chambre à gaz, je n’ai pas subi d’expérience, je n’ai pas été violée et j’ai pu, de justesse, à Bergen-Belsen, attendre l’arrivée des Alliés. Je m’en suis sortie, en mauvais état comme tous les rescapés [pp. 107-108].

Sur l’extermination, D. Holstein rapporte de vagues ouï-dire et des bobards reconnus comme tels

En particulier, elle n’a vu ni chambre à gaz, ni file d’attente devant les crématoires, ni fosse de crémation en plein air… Certes, dans son témoignage paru en 1995, elle mentionne à plusieurs reprises une extermination planifiée ; mais toujours comme une chose dont elle entend vaguement parler.

Plusieurs millions de personnes à Auschwitz et savon humain

La première mention se trouve à la page 50, quand elle évoque son arrivée à Auschwitz, sa descente du train et l’intervention d’un détenu qui s’occupe de réceptionner les nouveaux arrivants :

Il me dit aussi : « Surtout, ne prends pas de gosse dans les bras ». Je ne comprends pas, je lui demande pourquoi. « Tu comprendras d’ici quelques jours. » Puis, me montrant les petits : « Tu vois, ça va faire du savon ». Drôles de propos qui, apparemment, ne veulent rien dire. Je pense qu’il est fou. Je lui demande quand même s’il connaît des Holstein dans ce camp. Ça le fait sourire : « Nous sommes peut-être plusieurs millions dans ce camp et je te conseille de ne plus demander des nouvelles de ta famille, de ne plus y penser. » [pp. 50-51]

Cette scène, si elle est véridique (et je n’ai aucune raison d’en douter), confirme que dans les camps, les bobards les plus incroyables circulaient. En effet :

1°) A Auschwitz-Birkenau, il n’y a jamais eu plus de 100 000 à 120 000 personnes ;

2°) L’histoire de savon prétendument fabriqué avec de la graisse humaine est depuis longtemps reconnue fausse. Dès les années 60, R. Hilberg en parlait comme d’une rumeur qui n’a jamais pu être confirmée. Dans son imposant ouvrage, on lit :

Les rumeurs concernant l’utilisation de la graisse humaine pour la fabrication de savon n’ont pu être confirmées par aucun document probant ni déclaration de témoin oculaire[14].

De façon évidente, le déporté qui accueillit D. Holstein était une victime de ces bobards qui circulaient, à moins qu’ils ne les aient volontairement véhiculés…

Les révélations d’une… kapo hystérique

Une deuxième mention d’une extermination planifiée se trouve à la page 63, où D. Holstein parle d’une kapo dont la violence peut être excusée :

La kapo qui vient nous chercher est une petite femme qui a l’air assez gentil et qui nous dit qu’elle ne fera pas de différence entre les Françaises et les autres, que nous sommes toutes des juives. Mais dix-huit membres de sa famille, dit-elle, sont passés par la chambre à gaz et ça l’a rendue hystérique, alors il ne faut pas lui en vouloir si elle nous bat ! [p. 63]

Bien que, là aussi, je n’aie aucune raison de douter de cette histoire, je note que D. Holstein se contente de rapporter un « on dit… »

Comment D. Holstein reçoit l’illumination

Plus loin, elle évoque une visite du docteur Mengele à l’infirmerie où elle se trouve suite à sa scarlatine. Elle écrit :

C’est un nom qui ne me dit rien, mais quelqu’un m’affirme qu’il a au moins un million de juifs sur la conscience ! C’est un grand pourvoyeur de chambres à gaz, mais il a aussi une autre spécialité : il choisit des internés sur lesquels il procède à des expériences médicales en les traitant comme de simples animaux de laboratoire [pp. 69-70].

Là encore, D. Holstein rapporte un « on dit… ». Mais le plus intéressant arrive. Une fois le docteur dans l’infirmerie :

Nous devons descendre de notre lit pour nous présenter nues devant lui. Il nous regarde et inscrit un petit signe devant chaque nom. Puis il part sans rien dire. Les infirmières, elles, savent ce que ça signifie : une partie d’entre nous est condamnée à la chambre à gaz [p. 70].

Conséquence de cette rumeur : après le départ du docteur Mengele, et bien que la liste des sélectionnées n’ait même pas été connue (p. 71), un vent de panique parcourut l’infirmerie :

Les mères, qui serrent dans leurs bras les enfants qu’on va leur prendre, sanglotent sans arrêt. Des femmes deviennent folles, s’arrachent les cheveux, hurlent de terreur dans l’obscurité [p. 70].

Il fallut attendre le lendemain pour que la liste soit donnée. Celles qui avaient été choisies furent alors mises à part, laissées 24 heures sans nourriture au milieu de leurs hurlements, puis finalement emportées dans un camion (Id.). Pour D. Holstein, ce fut, dit-elle, l’illumination :

Tout d’un coup, je réalise vraiment qu’il y a des chambres à gaz, des fours crématoires et que nous sommes dans un camp d’extermination. Auschwitz-Birkenau est un camp immense et je ne les ai pas vus. Cette fois. Cette fois, je comprends que tout ce que j’ai entendu dire est vrai, que toutes les personnes que je n’ai plus revues depuis notre arrivée ont été assassinées, que mes petits enfants de Louveciennes ont été supprimés dès leur arrivée [p. 71].

Or, il faut savoir qu’à Auschwitz, de nombreux blocks servaient d’infirmerie, qui accueillaient certaines catégories de malades bien précises, d’où ces nombreux transferts de patients.

Dans son témoignage, ainsi, un autre déporté à Auschwitz, André Rogerie, explique qu’arrivé malade de Dora, il fut d’abord en quarantaine. Puis, après une première sélection, il fut admis dans un block du camp F, le camp hôpital. Là, le médecin diagnostiqua une gale mal soignée, si bien qu’il fut transféré « dans un block spécial, le block 15, réservé aux maladies de la peau »[15]. Dans le même temps, son compagnon d’infortune, Gouaslard, atteint de dysenterie, était « dirigé sur un autre block spécial pour sa maladie » (Id.).

Par conséquent, la scène dont a été témoin D. Holstein ne prouve absolument rien, et je suis persuadé que sans les rumeurs sur le docteur Mengele, les chambres à gaz, les expériences médicales, le savon humain… la sélection se serait passée dans le plus grand calme et jamais l’auteur n’aurait eu son « illumination ».

D. Holstein avoue que dans les camps circulaient des rumeurs infondées

Plus loin, D. Holstein parle des Allemands qui détruisent les chambres à gaz. Mais là encore, elle ne fait que rapporter un bruit parmi beaucoup d’autres et elle a l’honnêteté de souligner que les sources étaient loin d’être fiables. On lit :

Les fausses nouvelles circulent, nourries de tout notre espoir et de toute notre angoisse. Nous ne savons pas où en est la guerre […]. Certaines qui travaillent près des Allemands entendent des bribes de conversations à partir desquelles elles construisent bien des histoires. Il paraît qu’ils détruisent les chambres à gaz et les crématoires. Il paraît que les Russes s’approchent[16].

D. Holstein sera finalement évacuée sans avoir rien vu.

Comment D. Holstein acquiert la « preuve » du sadisme allemand

Mais par la suite, elle aura une confirmation de ce qu’elle avait découvert par illumination intérieure et même plus ; elle aura « la meilleure preuve du sadisme allemand ». Laquelle ? Ouvrons son livre à la page 106. Elle écrit :
Pour terminer ce récit, je voudrais écrire ce qui m’a été raconté à mon retour par un camarade revenu d’Auschwitz. Je crois que c’est ici la meilleure preuve du sadisme allemand.

« A l’arrivée, les personnes qui montaient dans les camions entraient dans une pièce pour se déshabiller. Il y avait là de grands écriteaux demandant aux gens de bien ranger leurs affaires pour les retrouver à la sortie. Ils descendaient dans une chambre de douche où ils étaient asphyxiés au Zyklon B. le plancher s’écartait et les corps tombaient sur une espèce de tapis roulant et, un peu plus loin, on coupait les cheveux pour en faire des bas de soie. On retirait les dents en or à coups de marteau et on découpait les tatouages car la femme du commandant avait la manie de faire des abat-jour avec la peau tatouée des suppliciés. Ensuite les corps étaient brûlés et on récupérait la graisse pour en faire du savon »
[p. 106].

On trouve là un aperçu des principaux bobards qui circulaient dans les camps après la guerre : l’extermination parfaitement automatisée avec des chambres à gaz munies de tous les appareillages adéquats (planchers escamotables, tapis roulants…), les abat-jour en peau humaine (rumeur qui concernait Buchenwald, pas Auschwitz) et le savon en graisse de juif. D. Holstein y a cru (et y croit encore, voy. plus bas), non parce qu’elle a vu, mais parce qu’on le lui a dit.

D. Holstein a vécu une « déportation banale »

Voilà pourquoi, comme beaucoup d’autres, elle s’est tue pendant plus de quarante ans. Tout simplement parce que, ayant vécu une déportation banale, elle n’avait rien à dire d’extraordinaire sur son propre cas. Tout ce qu’elle aurait pu faire pour rendre son récit intéressant, c’était répéter ce qu’on lui avait rapporté sur les (prétendue) atrocités allemandes.

D. Holstein : créature de Serge Klarsfeld

1990 : S. Klarsfeld contacte D. Holstein

Dès lors, pourquoi a-t-elle changé ? Dans son livre, elle l’explique clairement. Elle raconte qu’en 1990, Serge Klarsfeld lui téléphona personnellement. Il l’invitait à participer à une cérémonie au cours de laquelle une plaque commémorant le souvenir des enfants de Louveciennes déportés serait apposée. Sa présence était souhaitée au motif qu’elle était la seule rescapée (connue) du groupe. D. Holstein accepta. Elle écrit :

Le 10 décembre 1990, j’ai donc accompagné Serge Klarsfeld à Louveciennes pour inaugurer la plaque apposée place de Dreux, à l’emplacement du Séjour de Voisins où j’avais passé un mois avant que nous ne nous installions rue de la Paix. Serge Klarsfeld a fait un discours. Le rabbin a dit une prière. Ensuite, nous nous sommes retrouvés à la mairie pour une petite réception organisée par le député-maire de Louveciennes, Pierre Lequiller [pp. 8-9].

S. Klarsfeld pousse D. Holstein à témoigner

Tout aurait pu en rester là. Mais S. Klarsfeld avait d’autres plans. D. Holstein poursuit :

Serge Klarsfeld, très amical parce qu’il savait bien ce que pouvait être mon émotion, m'a demandé ce que je faisais. Je lui ai répondu que j’étais retraitée, que je jouais au bridge. La réponse l'a surpris. « Ce n’est pas ce que je vous demande. Est-ce que vous faites quelque chose pour la Mémoire ? » Non, je ne faisais rien pour la Mémoire. Je ne pouvais rien faire, rien dire. J’étais complètement bloquée, comme il avait pu lui-même s’en rendre compte.

Très gentiment, sans me faire de reproche, il m’a dit : « Vous savez, il y a beaucoup à faire. Il faut que tout le monde sache ce qui s'est passé. » Mais j’étais sûre de ne rien pouvoir faire. Je ne le lui ai pas dit. « Vous devriez parler, a-t-il ajouté. Il faut que la mémoire vive. Il faut tout faire pour qu’on n’oublie pas, pour que les enfants d'aujourd’hui sachent ce qui s’est passé. Tel est le devoir des survivants. » Je ne savais pas qu’à ce moment-là commençait pour moi une autre histoire. Durant les mois qui suivirent, je ne pensais pas trop a ce que m’avait dit Serge Klarsfeld. De toute façon, depuis quarante-cinq ans je me taisais, je ne pouvais pas parler. Et que pouvais-je faire d’autres ?
[pp. 9-10]

Un détonateur : l’affaire Brunner

Un an plus tard, D. Holstein fut contactée par un journaliste de France Soir qui travaillait en collaboration avec… Beate Klarsfeld. A l’époque, celle-ci voulait obtenir de la Syrie l’extradition d’Aloïs Brunner. Bien que D. Holstein ne l’écrive pas explicitement, il paraît évident que l’objectif était d’orchestrer une campagne de presse à partir de la France pour faire pression sur la Syrie. D. Holstein fut d’ailleurs interrogé et un premier article parut dans France Soir le 18 décembre 1991. Puis la survivante rencontra d’autres journalistes (« D’autres journalistes sont aussi venus me voir, me photographier » ; p. 11). Sans surprise, elle entra dans le jeu des Klarsfeld :

Il me paraissait alors important de témoigner contre Aloïs Brunner, de m’associer à ceux qui réclamaient son extradition de Syrie (une demande officielle avait été faite par notre ministre des Affaires étrangères, Roland Dumas). […] si Aloïs Brunner était extradé, s’il y avait procès en France, je serais un des témoins [p. 11].

D. Holstein se lance

Tout s’écroula cependant lorsque la Syrie repoussa la demande d’extradition. Mais D. Holstein était lancée. Dans le club de bridge qu’elle fréquentait, venait également un professeur d’Histoire en activité. Elle lui montra un récit de déportation qu’elle avait écrit en 1945. L’enseignante le lit à ses élèves et l’invita à venir dans sa classe pour parler à ses élèves. Elle accepta et cette première expérience fut concluante. Alors une envie d’agir germa dans son esprit :

Je me souvenais de ce que m’avait dit Serge Klarsfeld : je devais faire quelque chose pour la mémoire. Mais quoi ? Pendant des semaines et des semaines, je me suis posé la question. En fait, j’avais envie de recommencer, de parler encore à des jeunes. J’ai fini par ne plus penser qu’à ça [p. 13].

D. Holstein contacta alors le rectorat ; un inspecteur de l’enseignement lui promit de « donner un avis favorable aux enseignants » (Id.). La survivante enregistra son récit sur une cassette, puis elle appela « tous les lycées et collèges » (p. 14). Après bien des réponses évasives (« Envoyez votre cassette et de la documentation. On verra » ; p. 14), la directrice d’un collège de Rouen fut enthousiasmée : « Mais c’est merveilleux ce que vous faites ! lui dit-elle, Venez, on vous attend. Je veux absolument que tous mes élèves vous écoutent » (p. 15). D. Holstein se rendit à Rouen. Son intervention fut un succès encore plus éclatant que le précédent. Cette fois, la machine était vraiment lancée : « C’était il y a trois ans, écrit-elle en 1995. Depuis, j’ai visité plus d’une centaine d’établissements et j’ai parlé, je pense, devant plus de vingt mille élèves » (Id.).

D. Holstein a trouvé une raison d’être

Bien plus que l’impression de remplir une mission, D. Holstein affirme qu’en témoignant, elle a trouvé une « raison d’être ». L’avant-dernier chapitre de son livre s’intitule : « J’ai trouvé une raison d’être » (p. 105). Elle écrit :

Depuis que je parle, mes amis disent que je suis transformée. Quand je rentre d’une journée passée dans un ou plusieurs collèges à discuter avec les adolescents, je suis épuisée, mais heureuse. Et ça se voit, paraît-il [p. 109].

[…] j’ai trouvé, en sortant du silence, une raison d’être : aider à garder vive la Mémoire [p. 116].

Comment se fabrique un « témoin de l’Holocauste »

L’histoire de D. Holstein est donc intéressante à plus d’un titre : bien que son destin soit peu enviable, elle a vécu une déportation que l’on pourrait qualifier d’ordinaire. Elle fait partie de tous ces juifs dont l’expulsion et la vie dans les camps démontrent que s’il y a bien eu persécution, il n’y a pas eu, en revanche, de tentative d’extermination. Sinon, pourquoi l’avoir soignée pendant dix semaines à Auschwitz alors qu’il aurait été si simple de la laisser mourir ? Certes, elle croit en l’ « Holocauste ». Mais son témoignage sincère en bien des points démontre qu’elle n’a rien vu ; elle croit uniquement sur la base de vagues ouï-dire... Voilà pourquoi, pendant des années, elle s’est tue. Elle s’est tue parce qu’elle n’avait rien à apporter, bien au contraire.

Si, aujourd’hui, elle parle comme « témoin » et « rescapée » de la Shoah, c’est parce qu’elle y a été poussée par le fanatique de la Mémoire Serge Klarsfeld et que, par la suite, elle y a trouvé une « raison de vivre ». On la comprend : il est plus intéressant d’être un centre d’attention permanent (voir photo) que de vivre une petite vie de retraitée, même si elle se déroule confortablement, au soleil à jouer au bridge.

Mais sachant que son expérience personnelle n’a rien d’extraordinaire, et qu’elle pourrait même apporter de l’eau au moulin révisionniste, D. Holstein est contrainte d’y inclure, en les présentant comme des vérités certaines, tous les bobards terrifiants qu’elle a entendus à Auschwitz (savon humain, abat-jour en peau humaine…). Dans le dernier chapitre de son témoignage, au moment de conclure, elle assène :

Oui, dans les camps d’extermination, le pire fut vrai, chambres à gaz et crématoire, assassinats et tortures diverses, savon fait à partir de graisse humaine et abat-jour en peau humaine tatouée… [p. 127]

Un peu auparavant, elle cite élogieusement le film tiré du livre de Martin Gray, Au nom de tous les miens[17] alors que dès 1983, l’auteur avait été dénoncé comme un vulgaire faussaire par Pierre Vidal-Naquet lui-même[18]. Elle déclare également que la série télévisée Holocauste lui a parue « très juste »[19], alors qu’en 1989, François Bédarida l’a qualifiée de « construction mélodramatique et artificielle »[20].

Voilà donc comment, grâce à — ou, plus exactement, à cause de — S. Klarsfeld, une ancienne déportée qui n’avait rien à dire et qui avait eu l’honnêteté de se taire pendant près de cinquante ans est soudainement devenue — au prix du mensonge — un « témoin » clé de l’ « Holocauste ».

C. Shapira et J. Wajsblatt

C. Shapira : la « miraculée » de la chambre à gaz

Son récit

Elle n’est pas la seule. C. Shapira en est un autre exemple. Devant les élèves, cette femme va beaucoup plus loin que D. Holstein. Elle utilise les bobards qui ont circulé dans les camps pour bâtir une histoire personnelle. Ainsi se présente-t-elle comme une miraculée qui aurait de justesse évité la chambre à gaz après avoir été sélectionnée par… le docteur Mengele (toujours lui !). Elle raconte :

Quand je suis passé devant lui, il m’a attrapée par le bras et m’a jetée dans une petite pièce avec huit autres. C’était sa conception de la sélection. La première nuit fut horrible. Nous savions ce qui nous attendait : l’expérimentation médicale ou la chambre à gaz. Puis des hommes en quête de « main-d’œuvre » sont venus chercher leurs « esclaves ». Alors, dans un réflexe de survie, je me suis frotté les joues pour éviter ma pâleur, tout en bombant le torse pour paraître beaucoup plus costaud que je n’étais. Voilà comment j’ai échappé à la mort promise en chambre à gaz [Id.].

Un « témoignage » qui s’inspire de récits antérieurs totalement oubliés (parce que mensongers)

Passons rapidement sur le fait que les Allemands auraient été dupes d’un stratagème aussi grossier (se frotter les joues et bomber le torse pour paraître costaud). Ce récit n’est pas crédible pour deux raisons :

1°) On prétend que des déportés aptes au travail affluaient de toute l’Europe au point que les Allemands ne se souciaient nullement de les nourrir et de les soigner. Dès que les « esclaves » donnaient des signes de faiblesse, ils étaient envoyés aux gaz et remplacés par d’autres. Par conséquent, on ne voit pas pourquoi les administrateurs d’Auschwitz auraient été chercher des travailleurs parmi huit personnes malingres sélectionnées la veille pour la chambre à gaz.

2°) A supposer ce récit vrai, on en déduit que dans les camps régnait la plus grande confusion : la veille, le docteur Mengele sélectionnait huit personnes pour la mort. Mais le lendemain, il en manquait car entre-temps, d’autres responsables avaient, quant à eux, estimé que certaines pouvaient encore travailler. Cela ne ressemble pas du tout aux méthodes allemandes !

De façon évidente, C. Shapira ment pour se présenter comme une « miraculée ». J’ajoute qu’elle le fait sans imagination, car son récit est semblable à bien d’autres qui ont circulé après la guerre et qui parlent de sauvetage in extremis grâce à une intervention providentielle. Il y a quelques mois, j’en ai cité deux : un paru dans le quotidien français Ce Soir le 13 juin 1945 ; il évoquait le cas d’un petit juif qui aurait été mis dans une chambre à gaz avec mille autres enfants mais qui en aurait été sorti juste avant que les gaz ne fussent introduits, un Allemand étant intervenu pour que l’on sauva tous ceux qui étaient encore capables de travailler (voir document). Le deuxième était celui de Régina Bialek, qui aurait été retirée de justesse de la chambre d’asphyxie — alors que les gaz avaient déjà été introduits ! — grâce à l’intervention du… docteur Mengele.

Aujourd’hui, cependant, plus aucun historien n’ose mentionner ces récits, tant ils sont incroyables. Voilà sans doute pourquoi C. Shapira n’a pas osé prétendre qu’elle avait été sauvée dans la chambre à gaz même… Mais cela ne sauve en rien son témoignage qui reste irrecevable pour les deux raisons exposées plus haut.

A ceux qui refusent de croire qu’un faussaire puisse s’inspirer de récits antérieurs, je rappellerai qu’en 2004, dans une affaire sans rapport avec la déportation, un Italien a reçu 75 000 euros d’indemnité. Il avait purgé à tort quinze mois de prison après que sa propre fille l’eut accusé de viol.

Mais ses avocats avaient finalement pu démontrer que la plaignante avait tout inventé. Comment ? En montrant au tribunal deux minutes du film américain, Harcèlement, dans lequel une dirigeante d’entreprise, jouée par Demi Moore, accuse à tort de harcèlement sexuel l’un de ses subordonnés, incarné par Michael Douglas. « Le juge avait ainsi pu noter les ressemblances frappantes entre le scénario du film et les accusations de la jeune fille »[21].

C. Shapira a certainement connu une « déportation ordinaire »

Personnellement, je pense que, tout comme D. Holstein, l’ancienne déportée a connu la douleur, de la séparation, un voyage exécrable vers Auschwitz, l’humiliation de la tonte, les appels, la violence des kapos, la nourriture insuffisante (surtout à la fin), les atroces évacuations… Un destin certes terrible, mais — hélas — banal dans les camps. Voilà pourquoi, comme beaucoup d’autres, elle s’est tue pendant plus de quarante ans. Parce qu’elle n’avait rien à dire d’extraordinaire. Puis un jour, sans doute poussée par des fanatiques de la Mémoire, elle s’est inventée un personnage « historiquement correct » : celui d’une miraculée victime de Mengele. Et aujourd’hui, elle intervient dans les milieux scolaires.

Un menteur éhonté, Jo Wajsblat

Un comportement suspect

Chez d’autres, le mensonge est encore plus aisé à découvrir. Citons par exemple Jo Wajsblat, ancien déporté à l’âge 16 ans à Auschwitz. Aujourd’hui septuagénaire, ce juif d’origine polonaise accompagne des enfants lors des « pèlerinages ». Lui qui aurait vécu l’enfer en déportation et qui aurait failli être gazé, il se promène les mains dans les poches dans la prétendue chambre à gaz d’Auschwitz I. C’est déjà très suspect.

Un récit qui sonne faux

En outre, son récit sonne faux. Car avec une audace incroyable, cet homme se présente comme un double « miraculé ». Une première fois, en effet, il aurait « échappé à une sélection pour la chambre à gaz en fuyant par le toit du baraquement »[22]. Puis vint une deuxième sélection. Il raconte :

Et je n’ai pas pu m’échapper. Nous étions plus de 500 enfermés ici, dans cette chambre à gaz. Je pleurais, je criais, c’était la fin. Des juifs hongrois ont commencé à réciter le Shema. Soudain, la porte s’est ouverte et le nazi en charge de la sélection nous a fait sortir. Un subordonné avait voulu faire du zèle et le chef n’avait pas été mis au courant. Pour affirmer son autorité, il nous a libérés. Une cinquantaine de personne est sortie. Il a refermé la porte sur les 450 autres, qui ont été gazées [Id.].

A quelques détails près, nous retrouvons le même récit que celui paru dans Ce Soir en juin 1945.

J. Wajsblatt montre aux élèves un morceau de… savon humain

Mais ce qu’on lit dans le Journal du Dimanche suffit à lever les derniers doutes sur le crédit à accorder à ce J. Wajsblat. Dans un article intitulé : « Des lycées découvrent les camps de la mort », un journaliste raconte.

Jo, lui, se contente d’exhiber les objets qu’il conserve précieusement « pour témoigner » : son pantalon rayé et un morceau de savon fabriqué avec de la « graisse de juif ». Pendant la minute de silence, quelques lycéens ne peuvent retenir leurs larmes[23].

Ailleurs, l’inscription devient : « bonne graisse juive » :

Jo brandit son pyjama rayé de détenu qu’il garde toujours sur lui. Dans son autre main, il brandit un savon fait de graisse humaine avec l’inscription allemande « bonne graisse juive »[24].

J. Wajsblat est donc un menteur effronté qui s’est construit un personnage en reprenant à son compte les bobards véhiculés en 1945 (j’ai été sauvé de justesse de la chambre à gaz ; j’ai un savon en graisse de juif) et en ayant même pris la précaution de se procurer un petit bout de savon.

Tous ces faux témoins doivent être dénoncés dès que l’occasion se présente, afin de prouver aux élèves qu’on se moque d’eux.



[1] Voy. Nice-Matin, 20 décembre 2003, p. 2.

[2] Voy. Actualité juive, n° 787, 6 mars 2003, article intitulé : « Parce que la Shoah est une réalité ».

[3] Voy. Le Perche, 22 octobre 2003, p. 47.

[4] Voy. Nice-Matin, 14 février 2004, p. « Antibes F2 B3 ».

[5] Voy. D. Holstein, Je ne vous oublierai jamais, mes enfants d’Auschwitz (Éditions n° 1, 1995), p. 15.

[6] Voy. La Nouvelle République, cliquez ici pour voir l’article.

[7] Voy. Nice-Matin, 20 décembre 2003, p. 2.

[8] Voy. D. Holstein, Je ne vous oublierai jamais…, p. 20.

[9] « Nous avons nos affaires. Nous recevons des colis, des lettres » (p. 33).

[10] « […] ce sont les internés eux-mêmes qui assurent la plupart des services, que ce soit la cuisine, le nettoyage ou l’infirmerie » (p. 34) ; « Ce ne sont pas les Allemands qui établissent ces listes [de déportés]. Ils se contentent de fixer un nombre, de dire qu’il faut tant de personnes, pour le prochain convoi. Ce sont les internés qui ont la difficile, douloureuse, tâche de désigner les futurs déportés » (p. 35).

[11] Voy. Documents 3. Revue mensuelle des questions allemandes, numéro de mars 1950, intitulé : « Terreurs sur l’Allemagne », p. 280.

[12] « Dans notre groupe de Françaises […] nous sommes vraiment solidaires. D’autant plus que nous sentons que les autres déportées ne nous acceptent qu’à contrecœur. A Auschwitz, la grande majorité des détenues vient d’Europe centrale » (p. 57).

[13] « Polonaises ou ukrainiennes le plus souvent, ce ne sont plus des femmes, ce sont des monstres » (p. 60).

[14] Voy. R. Hilberg, La destruction des juifs d’Europe (éd. Fayard, 1988), p. 826, n. 26.

[15] Voy. A. Rogerie, Vivre, c’est vaincre (Hérault-Éditions, 1990), p. 70.

[16] Voy. D. Holstein, Je ne vous oublierai jamais…, p. 73.

[17] « Le film tiré du livre de Martin Gray, Au nom de tous les miens m’a aussi bouleversée et j’ai eu la chance de rencontrer cet homme extraordinaire […] » (p. 111).

[18] Voy. Le Monde, 27 novembre 1983, p. 9. P. Vidal-Naquet parle d’un M. Gray « qui, exploitant un drame familial, a inventé de toutes pièces un séjour dans un camp d’extermination où il n’a jamais mis les pieds ».

[19] « Côté fiction, la série télévisée Holocauste et le film de Sven [sic] Spielberg La liste de Schindler m’ont paru aussi très justes » (p. 112).

[20] « on se défiera du film à succès Holocauste, de Marvin Chaomsky (1978), construction mélodramatique et artificielle » (voy. F. Bédarida, op. cit., p. 64).

[21] Voy. La Dernière Heure, 20 octobre 2004, p. 12.

[22] Voy. Tribune juive, n° 1549, 14 mars 2003, p. 19.

[23] Voy. Le Journal du Dimanche, 7 décembre 2003.

[24] http://www.larepublique.com/news/archiv ... _pour_la_mémoire.html
 
Old January 26th, 2013 #38
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Non, les « Collaborateurs » n’étaient pas des « traîtres »



Vincent REYNOUARD



Les « Collabos » sont aujourd’hui décrits comme des traîtres mus par l’opportunisme (servir le plus fort est source d’avantages), des instincts criminels (traquer les résistants et les juifs), l’anticommunisme primaire ou la haine viscérale de la « vraie » France (comprenez : la République).

Certes, personne ne songe à contester la présence, dans les milieux collaborationnistes, d’individus dont les motivations profondes étaient peu morales. Mais il serait injuste d’en profiter pour jeter le discrédit sur tous les Collaborateurs. De très nombreux, parmi eux, agissaient pour des cause qu’ils estimaient noble, parmi lesquelles figuraient le patriotisme le plus pur.

Le texte qui suit défend leur mémoire…

Les raisons profondes de la Collaboration

Changement d’état d’esprit


L’arrivée des troupes allemandes dans les pays étrangers, dont la France, fut l’occasion pour beaucoup de citoyens non complètement aveuglés par leurs préjugés de découvrir le vrai visage du national-socialisme.

1940 : les Allemands aident les réfugiés


Ailleurs, j’ai déjà rappelé comment, en mai-juillet 1940, un grand nombre de civils Français et Belges qui erraient sur les routes durent la vie à la National Sozialistiche Volkswohlfahrt (NSV), c’est-à-dire à l’Organisation nationale-socialiste pour le Bien public. Celle-ci mit à leur disposition le « Hilfzug Bayern », « Train se secours bavarois », qui, de Lille et à Reims « distribua 100 000 repas par jour, tandis que la partie stationnaire se fixait à Pantin et y servait au total 200 000 repas chauds et froids par jour »[1. L’ampleur de l’activité le la NSV en Belgique et en France occupée peut se résumer en quelques chiffres :

En 3 mois, elle distribua 27 millions de repas froids et 15 millions de repas chauds sans compter ceux distribués par la Wehrmacht, la Croix-Rouge allemande et le Hilfzug Bayern. Elle distribua aux mamans et aux enfants plus de 3 millions de pains et 8,5 millions de rations de lait ; 103 000 malades furent soignés, 700 enfants furent mis au monde et 2,6 millions de réfugiés furent hébergés de nuit dans les locaux des la NSV [Id.].

A l’époque, certains se demandèrent si l’action de la NSV n’avait pas été réalisée dans un but de propagande. Car c’est bien connu : un « nazi » qui se rend coupable d’une mauvaise action agit conformément à sa doctrine ; un « nazi » qui fait une bonne action agit hypocritement dans un souci de propagande. Soucieuse de se faire une opinion, une Française demanda à l’officier qui commandait le camp de réfugiés pourquoi l’Allemagne était venue au secours des civils belges et des français : « Il m’a regardé avec étonnement. “Pourquoi ? Mais… par humanité” »[2]. C’était si évident qu’à Nuremberg, l’Accusation française, pourtant si prompte à déceler dans tous les actes des Allemands les intentions les plus mauvaises, ne put que jeter un voile pudique sur l’action de la NSV en mai-juillet 1940.

Rappel d’une vérité en 1942


Dans un discours prononcé en novembre 1942, Xavier de Magallon répondit aux hérauts de la propagande anti-boche selon laquelle l’Allemagne voulait détruire la France : « Les Français ont la mémoire courte et ils ont oublié qu’au temps de l’exode il était facile aux armées allemandes d’anéantir la France à tout jamais »[3]. C’était indéniable. Si, en juin 1940, l’Allemagne avait voulu détruire la France, elle n’aurait pas envoyé l’ « Hilfzug Bayern », mais son aviation pour tout bombarder, tout détruire, tout massacrer.

Le cas d Georges Claude

Un grand inventeur


Sans doute, cher contradicteur, ne connaissez-vous par Georges Claude. Cet ingénieur chimiste né le 24 septembre 1870 est une gloire intellectuelle de la France. Il est à l’origine de nombreuses inventions qui révolutionnèrent la technique. En voici quelques-unes : 1900, liquéfaction de l’air ; 1917, fabrication synthétique de l’ammoniac, 1926-1928, mise en évidence de l’énergie thermique des mers due à la différence de température des courants marins ; 1941, découverte d’un succédané de l’essence pour automobile, l’ammoniac acétyléné… En 1921, il obtint le prix Lecomte qui récompensait les grands inventeurs. Cet homme devrait aujourd’hui avoir ses rues en France.

1940 : G. Claude constate de lui-même le comportement allemand


S’il ne les a pas, si son nom même est effacé des mémoires, c’est qu’à partir de 1940, « l’anti-boche » qu’il était a opéré un revirement et a milité pour une franche collaboration franco-allemande. Pourquoi ? Il l’a lui-même expliqué dans plusieurs séries de conférences faites à travers la France.

En juin 1940, trop vieux pour le front, il avait été chargé de rapatrier une usine sur l’arrière. Aussi avait-il, pendant dix jours, parcouru les routes de France au milieu des masses qui fuyaient sur les routes. A cette époque, le ciel était rempli d’appareils allemands. « Eh bien, dira-t-il plus tard, je n’y ai pas vu une seule attaque d’avion, pas même les restes d’une attaque récente »[4] Ce constat l’amena à réfléchir. Dans l’une de ses conférences intitulée : « De l’hostilité à la collaboration », il a expliqué ainsi l’origine de son changement :

Or, dès la fin de l’avancée ennemie [en juin 1940], un fait bouleversant ; les Allemands se comportent tout autrement que ce que l’on attendait !
Car nous voilà loin, tout de même, de ces coupeurs de mains d’enfants, de cet anéantissement des biens et des personnes qu’ont redouté, sans doute possible, les dix millions de Français de l’exode en abandonnant tout ce qui leur était cher ! Très peu de ceux qui sont restés ont été molestés, et on sait si les autres regrettent d’être partis ; peu de dégâts là où il y a eu combat ; Paris eût pu être détruit […] ; quant à ces pauvres gens qui, des semaines, ont encombré les routes, leurs files indéfinies eussent pu être fauchées à satiété par les avions ennemis : ce ne sont pas les nôtres, hélas !, qui eussent pu l’empêcher : sauf de tristes exceptions, dont je vais reparler, elles ne l’ont pas été […].

Il est pourtant certain que plusieurs milliers de civils de l’exode, en dehors des bombardements des villes, ont été tués ou blessés ; c’est surtout vers la Loire que le cas s’est produit, alors que ces colonnes de femmes, d’enfants, de vieillards se trouvaient tragiquement prises dans la bataille.

C’est une profonde tristesse, certes, mais il résulte de ce qui vient d’être dit que ç’a été le fait, soit de ces éléments mauvais qu’aucune armée ne saurait éviter, soit des nécessités militaires ; non seulement on ne peut pas parler de mesures générales, d’ordres inhumains du haut commandement, mais il est évident que des ordres contraires ont été donnés, car, sans cela, ce n’eussent pas été 10 ou 15 000 lamentables victimes, mais des centaines de mille, que l’on aurait eu à déplorer
[5].

Dans une autre causerie, l’auteur reprenait le même argument, en modifiant toutefois les estimations qui, à l’époque, n’étaient pas encore définitives :

il y a eu sur nos routes beaucoup de malheureuses victimes, 20 000 disent les uns, 50 000 soutiennent les autres, non compris les victimes civiles dans les villes attaquées. Pourtant, et quelle que soit ma peine de heurter le sentiment des proches des malheureuses victimes, qu’on songe que pendant des semaines, seuls dans notre ciel, hélas !, les avions ennemis ont eu, sur toutes nos routes, dix millions de fuyards à leur pleine discrétion. Que de centaines et de centaines de mille eussent été sacrifiés, si un ordre de massacre avait été donné[6].

Lorsque, en 1943, les statistiques définitives furent publiées, G. Claude insista :

Elles chiffrent à 17 500 le total des victimes civiles de la guerre en 1940. Or, songez que, seuls dans notre ciel, hélas !, les avions ennemis ont eu sur toutes les routes, pendant des semaines, en enfilades indéfinies, dix millions du fuyards sans défense à leur pleine discrétion : croyez-vous que c’est de 17 000 morts qu’il se fût agi si un ordre de carnage avait été donné ? [Ibid., p. 13.]

L’ « anti-boche » change d’opinion


G. Claude concluait :

Je sais, il est vrai, comment les malintentionnés s’en tirent : « Ils ont assez de soucis pour ne pas nous anéantir tout de suite : ce sera pour plus tard ! » C’est vraiment trop commode.

Quant à moi, quelles qu’aient pu être mes opinions passées, ce respect des vies françaises, constaté par moi-même et si prodigieusement contraire aux menaces de Mein Kampf, a été l’un des grands facteurs de mon évolution
[Voy. La Seule Route…, pp. 34-38.].

Il ajoutait :

Je veux encore rappeler un autre fait, qui m’a aussi grandement impressionné.

Je veux parler de l’hommage rendu par le Führer à la valeur de nos troupes quand il a dit, le jour de l’armistice, en quelques mots très simples, que l’Allemagne ne voulait pas infliger des conditions ignominieuses à de si braves adversaires.

Je suis peut-être une drôle de bête, mais, même si ces paroles comportaient moins de mansuétude qu’on ne peut l’espérer, on ne m’empêchera pas de lui savoir un gré immense pour les avoir dites […].
[Ibid., pp. 40-41.].

Dans une lettre du 26 novembre 1942 adressée au Maréchal, Hitler rappela avec raison :

Malgré une victoire unique dans l’Histoire, je n’ai rien fait qui pût porter atteinte à l’honneur français. Et je n’ai exigé dans la convention d’armistice que les seules sécurités par lesquelles une reprise de la lutte pût être empêchée en toutes circonstances. Je n’ai jamais formulé par la suite aucune revendication qui fût en contradiction avec ce principe[7].

Le traitement des prisonniers de guerre français


N’avez-vous jamais été frappé par le relatif silence qui règne autour des conditions de vie dans les camps de prisonniers de guerre en Allemagne entre 1940 et 1945 ? La raison est évidente : passé les durs premiers mois où le défaut d’organisation a provoqué certains désagréments[8], ces conditions ont été relativement clémentes. De très nombreux « Oflag » possédaient leurs bibliothèques, leurs équipes de sport, leurs orchestres…

Le Stalag IX-A possédait une bibliothèque de plus de 3 000 volumes dont la liste avait été fournie aux autorités du camp par les prisonniers eux-mêmes[9]. Il possédait également son université qui comptait vingt-quatre professeurs enseignant l’économie politique, le latin, le grec, l’allemand, les littératures anciennes et étrangères, l’histoire, la géographie, la comptabilité, l’orientation professionnelle, la philosophie, le droit civil et commercial, l’art moderne… Non seulement les captifs, mais également des Allemands venaient s’y instruire[10]. L’Oflag XVII-A possédait lui aussi son université organisée par des professeurs prisonniers. Un ancien du camp, Louis Papierre, raconte :

Des cours ont lieu régulièrement suivant un programme établi à l’avance après entente entre professeurs et affiché chaque semaine. Et l’on assiste tous les jours, à 8 h 30, au spectacle pittoresque de longues théories d’étudiants, parfois quatre ou cinq galons, se rendant, tabouret sous le bras, à leur cours ou à leur conférence préféré[11].

En avril 1941, dans ce camp, décision fut prise d’organiser au mois d’août une « Semaine de France » avec exposition, compétitions sportives, théâtre, stands etc. :

A cet effet, il fut décidé de créer à l’intérieur du camp : un stade (stade Pétain) ; un théâtre de verdure ; une exposition destinée à faire connaître les œuvres d’art faites au camp, ainsi que la France et son empire, sous leurs multiples aspects : spirituel, industriel, agricole, provinces, etc.

La construction du stade demanda deux mois et demi, pendant lesquels les officiers, devenus terrassiers bénévoles, ne cessèrent de s’acharner à la besogne. Le stade occupe la prairie d’un bataillon et comprend : terrain de basket-ball, piste cendrée (mille mètres), piste de cent mètres, piste de 400 mètres haies, sautoir, agrès, emplacement de lancement de poids. De gros terrassements furent nécessaires par la suite de la pente du terrain.

L’inauguration eut lieu à la date prévue en présence du colonel commandant le camp et des autorités allemandes. Et, ce jour-là, on vit monter au sommet du mât le pavillon des jeux olympiques portant les cinq anneaux et nos trois couleurs
[Id.].

A la même époque, dans un autre Oflag, eut lieu une « foire-kermesse » avec « un défilé des provinces françaises, l’Alsace et la Lorraine comprises »[12]. Les figurants avaient confectionné les costumes locaux en papier.

Les prisonniers avaient également organisé une exposition ayant pour thème : « ce que le monde doit à la France ». On y montrait les travaux de Pasteur, l’invention des super-sustentateurs en aéronautique, le viaduc en ciment armé de Plougastel-Daoulas (le plus grand du monde à l’époque), le banc d’essai de locomotives d’Issy-les-Moulineaux (le plus puissant du monde à l’époque)… Loin d’être blessés dans leur orgueil national, les Allemands qui visitèrent l’exposition furent enchantés.

L’auteur d’un compte rendu écrivit :

L’impression ressentie par les Allemands a été extrêmement forte, à telle enseigne que le colonel allemand a déclaré « qu’il était pénétré d’admiration devant cette réalisation et qu’il regrettait vivement que les règlements du camp ne permissent pas aux civils et aux familles de venir contempler cette exposition. » Le général allemand a invité les officiers français à la reconstituer à Hambourg dans les locaux accessibles au public [Id.].

Une doctrine nullement méprisante

Des déclarations claires


Loin d’être en contradiction avec la doctrine nationale-socialiste, ces comportements étaient au contraire en parfait accord avec ce qui avait été dit et pratiqué au sein du IIIe Reich depuis des années. Le 26 mars 1935, Hitler avait déclaré :

En tant que nationaux-socialistes, nous sommes remplis d’admiration et d’estime pour ces grandes réalisations du passé que nous retrouvons au sein de notre peuple comme au-delà de [nos] frontières. Nous sommes heureux d’appartenir à une communauté de culture européenne qui a marqué, dans une si large mesure, le monde de l’empreinte de son esprit[13].

Etaient-ce là les propos d’un tyran imbu de son propre pays et méprisant les autres ? Evidemment non. En 1941, les Cahiers franco-allemands consacrèrent une étude à la manière dont la jeunesse allemande, une jeunesse qui venait de remporter d’éclatantes victoires militaires, considérait l’étranger :

[…] cette nouvelle jeunesse a prouvé dès maintenant sur les champs de bataille qu’elle estime avant tout la vaillance, le courage et la plus rigoureuse discipline de soi-même […]. Cet idéal implique bien entendu aussi le respect des exploits et de l’héroïsme des soldats ennemis, jeunes et vieux. La jeunesse allemande n’est pas de celles qui, follement présomptueuse et ne connaissant pas l’adversaire, méconnaissent une situation politique ou militaire et qui, pour cette raison, ne lui font pas justice. La formation méthodique et l’éducation de toute la jeunesse hitlérienne ont toujours veillé — en commençant par le plus jeune « Pimpf » — à ce que l’esprit du jeune allemand fût « ouvert au monde », à ce que, dès son enfance, il apprît à considérer les relations normales et amicales de l’Allemagne avec d’autres pays comme la forme naturelle et souhaitable pour les rapports entre deux pays — à la condition, toutefois, que l’injustice de Versailles soit réparée ; car dans les années d’après-guerre chaque enfant allemand avait éprouvé combien Versailles avait influencé le sort de chaque famille allemande[14].

Des faits qui confirment

L’auteur rappelait :

- qu’en marge des Olympiades de 1936, l’Allemagne avait organisé « le premier camp pour la jeunesse où 1 000 jeunes gens de 24 pays se rencontrèrent sur l’invitation du chef de la jeunesse du Reich et du comité olympique tandis que les étudiants de 32 nations se réunissaient dans le camp des étudiants de sports » (Ibid., p. 82).

- que tous les chefs futurs de la Hitler Jugend devaient, à la fin de leurs études, effectuer « un séjour de six mois à l’étranger pour y faire la connaissance directe du pays et de ses habitants ainsi que l’acquisition d’un diplôme prouvant une connaissance parfaite de la langue étrangère » (Ibid., p. 83) ;

- qu’en 1937, le chef de la jeunesse du Reich avait invité « 1 000 fils d’anciens combattants français » « dans le vœu que les jeunesses des deux générations d’anciens combattants puissent se tendre la main en vue d’une collaboration et d’une compréhension réciproques » (Ibid., p. 84). A l’époque, le chef de la Jeunesse allemande, Baldur von Schirach, avait écrit au Français Jean Weiland, un ardent partisan de la réconciliation entre les deux pays :

Mon séjour en France m’a donné l’espérance que c’est par l’action des anciens combattants et des jeunesses des deux pays que l’on peut préparer le rapprochement entre l’Allemagne et la France, et aussitôt revenu dans votre beau pays, j’ai parlé en public dans ce sens. Puisse la visite imminente des mille jeunes camarades Français devenir le symbole de la paix européenne[15].

Soucieuse de mener à bien le projet, l’Allemagne prépara tout « depuis le pain blanc jusqu’au pinard » (Ibid., p. 12). Mais au dernier moment, M. Paul-Boncourt déclina l’invitation, ce qui fit capoter le projet et empêcha le départ des mille jeunes Français (Ibid., p. 13).

En juin 1938 encore, malgré les graves tensions internationales, l’Allemagne organisa le grand congrès franco-allemand de Baden-Baden. Du côté français firent le déplacement Fernand de Brinon, Scapini (président des Aveugles de guerre), Pierre Benoît, de l’Académie française, Auguste Perret, architecte, créateur du Théâtre des Champs Elysées, Melchior de Polignac, collaborateur de Pierre de Coubertin, le professeur Fourneau, de l’Académie des sciences…. Au terme de ce congrès, le colonel von Arnim, président de la Société Allemagne-France, avait lancé :

Ainsi nous avons pu constater partout dans le cours de nos travaux, la même parenté spirituelle de nos deux peuples. Tantôt c’est l’un, tantôt c’est l’autre qui est à la tête, mais toujours ils se suivent, plus étroitement liés qu’avec d’autres membres de la même famille des peuples.

Parfois, il est vrai, il semble que nous marchons dans le même sens. Oui, mais sans nous regarder, sans nous donner la main. Comme deux lignes parallèles qui ne se joignent qu’à l’infini, nos deux voix paraissent ne pas se rencontrer.

Nous autres, Allemands, le peuple comme le gouvernement, nous sentons la nécessité impérieuse de faire rencontrer ces deux voies.

[…]

Nous n’abandonnerons pas l’espoir de voir un jour le terrible cauchemar d’une nouvelle guerre entre nos deux peuples banni de tous les esprits […].

Nous avons été tous dominés, pendant ce Congrès, par une seule pensée et par un seul sentiment : l’admiration pour les grandes créations de l’esprit de nos deux peuples. Deux peuples ayant reçu du Créateur de tels dons ne doivent pas faire une politique qui risque de conduire à la pire des catastrophes, mais doivent toujours se souvenir des obligations qu’ils ont envers eux-mêmes, qu’ils ont l’un envers l’autre et envers l’Europe entière[16].

Un témoignage capital


Propagande ? Le témoignage tardif d’un diplomate français, Girard de Charbonnières, permet de répondre par la négative. Durant l’été 1939, ce secrétaire d’ambassade à Londres voyagea avec un ami, M. Pignier, en Allemagne. Arrivé dans le pays, il s’arrêta dans une station service pour prendre de l’essence. On lit :

[Le pompiste allemand] nous servit sans dire un mot. J’échangeai pendant ce temps avec Pignier quelques propos qu’il entendit. Quand le plein fut fait, il vint à ma portière : « Vous êtes Français ? » demanda-t-il. « Oui ». Il eut un grand sourire. « Je vous avais pris pour des Anglais, dit-il comme en s’excusant. J’aime mieux que vous soyez Français. Puis-je faire quelque chose pour vous ? Je vais en tout cas nettoyer votre pare-brise, vérifier vos niveaux d’huile et d’eau. Êtes-vous sûrs de la pression de vos pneus ? ». « Voilà qui est curieux, dit Pignier, mais c’est sans doute un cas isolé. Il parlait un peu français et a donc dû avoir des rapports avec la France… »[17].

La suite du séjour infirma qu’il se soit agi d’un cas isolé. Ayant appris qu’il allait y avoir une fête à Munich en présence d’Adolf Hitler, les deux amis s’y rendirent. Mais venus trop tard, ils ne purent trouver ni place ni hôtel. G. de Charbonnière rencontra alors un organisateur de la manifestation et lui présenta son passeport diplomatique français :

Il me regarda. « Diplomate français et vous venez passer vos vacances en Allemagne. Nous ferons certainement tout ce que nous pourrons pour un diplomate français. Vous voulez deux places ? Je vais vous donner deux bonnes places dans une tribune officielle. Quant aux chambres, nous n’avons pas d’hôtel à nous mais je vais parler tout de suite au directeur de cet hôtel-ci. Je suis sûr qu’il vous trouvera quelque chose. Deux chambres aussi ? »

« A la rigueur un chambre à deux lits ».

« Bien, attendez une minute ». Il se leva, alla à une autre table où je le vis donner des ordres et revint s’asseoir en face de moi. Il me souriait : « Ça va aller. Vous verrez qu’en Allemagne tout va toujours pour un Français ».

Un instant plus tard un SA arrivait en claquant les talons et lui tendit une enveloppe. Il la prit, en vérifia le contenu et me la tendit à son tout : « Voilà deux billets. Veuillez aller maintenant à la réception de l’hôtel, là en face. On est prévenu et on vous montrera une chambre ou peut-être deux. J’espère que vous aimerez notre fête […]. Je vous souhaite de bonnes vacances en Allemagne, Monsieur le secrétaire d’ambassade. Heil Hitler !
» [Ibid., p. 200-201]

Au soir de la fête, l’auteur et son ami rencontrèrent un ancien officier de la Kriegsmarine, qui, « des larmes dans les yeux », leur demanda s’il était vrai qu’une nouvelle guerre franco-allemande allait éclater et lança :

Nous ne voulons pas détruire la paix […]. Nous n’aimons pas la guerre, personne ici n’aime la guerre mais surtout pas la guerre contre la France. Je vous le répète, Monsieur, il faut que vous le sachiez et que vous le disiez bien autour de vous : nous ne voulons pas faire la guerre à la France[18].

Le lendemain, les deux compagnons se rendirent à Nuremberg. A court d’argent, et ne pouvant aller en chercher qu’à Berlin, G. De Charbonnières demanda au chef de réception une chambre pour la nuit, sachant qu’il ne le payerait qu’après son arrivée à Berlin et qu’en attendant, il pouvait laisser en gage sa montre, ses boutons de manchettes, son étui à cigarettes, etc. On lit :

[Le réceptionniste] regarda mon passeport et se récria : « Un diplomate français ! Vous êtes le bienvenu, Monsieur, ainsi que le Monsieur qui vous accompagne. Ne me parlez pas de gage. Je vous fais naturellement pleine confiance. Un diplomate français ! Je vais vous donner deux belles chambres. Vous vous ferez servir à dîner tout ce que vous voudrez. Vous êtes ici chez vous. Vous me ferez livrer l’argent de Berlin. Cela ne pose aucun problème. Un diplomate français… » [Ibid., p. 204]

D’autres témoignages


L’été précédent, un autre Français, Henry Jamet, avait voyagé en Allemagne avec plusieurs compagnons. Le bon accueil dont ils avaient bénéficié partout avait fait écrire à l’auteur d’un compte rendu de leur périple :

On peut donc tenir pour assuré, jusqu’à preuve du contraire, que la population allemande ne partage aucunement l’acharnement de Mein Kampf contre la France. Et cela est tellement humain que nous aurions tort de nous en étonner. Hitler lui-même n’a-t-il pas changé à notre égard ?[19]

Dans l’une de ses conférences, G. Claude s’adressa à ceux qui ne cessaient de brandir les passages violemment anti-français publiés dans Mein Kampf pour affirmer qu’en dépit de ses paroles, Hitler voulait écraser la France (voir document). Les appelant à considérer les faits, il déclara :

Livre redoutable, certes, mais qui, outre qu’il n’est connu chez nous que par des traductions tronquées et tendancieuses [Voir Eclaircissements sur « Mein Kampf », par Benoist-Méchin], fut écrit en prison, pendant l’occupation de la Ruhr, alors que la France était vraiment l’ennemie, et dont le texte doit être « reconsidéré », maintenant qu’Hitler n’a plus à craindre, hélas !, l’hégémonie française.

Lui-même en a convenu d’ailleurs, quand, dans une interview fameuse, rappelant ses invites répétées à l’amitié française sur la base de la reconnaissance du statu quo, invites presque cachées au pays par nos gouvernants, et toutes tombées dans leur dédain (sauf l’accord de décembre 38, rompu par notre déclaration de guerre), il s’exprimait solennellement ainsi :

« Ma rectification, je l’apporte tous les jours par ma politique extérieure ! Jamais un dirigeant allemand ne vous a fait de telles ouvertures, ni de si répétées. Vous avez devant vous une Allemagne dont les neuf dixièmes font confiance à leur chef, et ce chef vous dit : “Soyons amis !” Si je réussissais le rapprochement franco-allemand comme je le veux, ce sera une rectification digne de moi, c’est au Grand Livre de l’Histoire que je l’inscrirai. »

— Des mots ! , dites-vous.

— Possible, tant qu’il ne s’agissait que du chef d’une nation incertaine de sa force ; mais, depuis que le chef a vaincu, et pouvait massacrer, voici des faits. Car ce respect des vies françaises pendant l’exode, cette aide aux réfugiés sur le chemin du retour, l’hommage à nos soldats vaincus, le retour, en pleine guerre, de 900 000 des nôtres, 250 000 autres devenus travailleurs libres, ne sont-ce pas d’émouvantes rectifications ?

— N’importe ! Insistez-vous ; ça ne nous suffit pas ! Hitler a prouvé trop souvent qu’avec lui, les actes et la parole, ça fait deux !

— Eh bien, soit !

Car je veux, moi aussi, insister sur cet aspect d’un homme si mal connu chez nous par les bons soins de Londres, cet homme qui est d’abord, et certes, passionnément allemand — comme nous aurions voulu que nos ministres fussent passionnément Français ! — mais qui a par-dessus tout voulu sauver son peuple de ses souffrances, qui l’a relevé par la famille, par le travail et par ces lois sociales dont tous nos travailleurs reviennent émerveillés. Peut-on lui en vouloir ?

Certes, quand il s’est agi pour lui de rompre les chaînes forgées par les stupidités du traité de Versailles, il ne s’est pas embarrassé, devant son peuple qui en mourait, de scrupules juridiques, et son peuple n’est pas mort.

Poincaré les eût embrassés, ces scrupules — et son peuple serait mort.

Eh bien, n’est-ce pas Hitler que notre esprit juridique lui-même approuverait, lui qui proclame que le salut de la Patrie, c’est la loi suprême
?[20]

Cette amitié allemande pour la France — amitié qui démontrait que, sur ce plan, Mein Kampf avait été depuis longtemps rectifié — les prisonniers du Stalag IX-A en firent l’expérience lors de leur libération en 1941. J. Mariat se souvient :

Toute la population [du village voisin] se penchait aux fenêtres en agitant la main ! « Bon voyage ! Bonne chance ! Il faudra venir nous voir avec votre famille après la guerre. » Quant aux enfants, ils suivaient notre troupe au pas exactement comme les gosses de nos villages lorsque passe un régiment [Voy. J. Mariat, op. cit., p. 79].

Quelques mois plus tard, Jacques Doriot fit le même constat lorsqu’il accompagna un contingent de la LVF. Dans un entretien accordé à Pierre-Antoine Cousteau, il raconta :

Quel accueil chaleureux ! Je ne parle pas seulement des réceptions officielles. Je parle des contacts avec la foule anonyme, avec l’homme de la rue. Chaque fois que l’on signale quelque part en Allemagne le passage des légionnaires français, aussitôt s’organisent spontanément des manifestations de sympathie, on nous apporte des vivres, des cigarettes, des fleurs, on acclame les ennemis de la veille transformés en pionniers de la réconciliation européenne[21].

Mentionnons également ce travailleur français en Allemagne qui, interrogé à son retour, au début 1943, déclara :

Leur moral [aux Allemands] est épatant. Nous pouvions le voir et le comprendre d’autant plus facilement que nombre d’entre eux parlent français, c’est ce qui nous a le plus frappés, mes camarades et moi ; de petits Allemands de douze ans connaissent mieux l’histoire de France que nous autres, et malheureusement ce n’est pas à notre honneur […].

En tout cas, c’est très aimablement que l’on reçoit et accueille les Français. J’ai même — vous connaissez le goût des Allemands pour la musique — été reçu dans une famille grâce à ma connaissance du piano. Le samedi après-midi nous réunissait dans un goûter familial bien agréable à mon cœur d’exilé[22].

De son côté, Jean Damase avait parcouru la région de Francfort et y avait rencontré « des centaines et des centaines de prisonniers » français qui travaillaient aux champs et se déplaçaient le long des routes sans « qu’aucune sentinelle ne [les] surveille »[23]. Comme « cas typique » de la confiance accordée par les Allemands aux prisonniers français, un officier récemment libéré racontait l’anecdote suivante :
un sous-officier escorte cinq officiers français se rendant à Lubeck. Il oublie un pli dans le train. Il demande conseil à un officier français qui dit qu’on l’attendra. Les cinq officiers s’installent à un café et le sous-officier n’hésite pas à les laisser[24].

En novembre 1942, un autre prisonnier libéré grâce à la « Relève » raconta que dans la ferme de Prusse orientale où il avait été affecté, il était presque devenu un membre de la famille :

Tous les dimanches, l’hiver, j’allais à la ville en traîneau et j’emmenais les deux jeunes filles et le garçon de la maison. Je peux dire que j’en faisais partie, de la maison, moi aussi… Il était « chic » mon patron. Quand il a su que j’allais rentrer en France, il ne voulait pas que je parte…[25].

J. Damase citait même le cas de trois prisonniers français « qui, libérés à la suite d’actes de courage, rentrés en France [étaient] revenus travailler à l’usine qui les avait connus captifs »[26]. En aurait-il été ainsi si ces trois prisonniers avaient été réduits à l’état d’esclaves ?

L’Allemagne veut une Europe unie

Des prisonniers qui deviendront des ambassadeurs



Loin de molester les prisonniers, l’Allemagne les traitait au mieux car elle souhaitait qu’après la victoire, les hommes rendus à leurs foyers soient les premiers piliers de l’Ordre nouveau voulu par Hitler. Au mois d’août 1942, Rudolf Schleier, ministre de l’ambassade d’Allemagne à Paris, déclara que les prisonniers français travaillant en Allemagne avec des civils allemands contribueraient à la « reconstruction d’une Europe heureuse » . Dans un article publié par le Pariser Zeitung, il écrivit :

Cette vie commune portera ses fruits certains, car demain ces prisonniers vont rentrer dans leurs foyers et retrouver les êtres qui leurs sont chers, leurs amis, leur travail et leur place au milieu de leur peuple.

Il est dès maintenant certain qu’ils considéreront l’Allemagne d’une manière différente qu’ils ne l’ont fait et qu’ils n’ont pu le faire jusqu’à présent. Ils raconteront au peuple français ce qu’ils ont vu, comment on vit en Allemagne, ce qu’on y pense et comment on y a traité les prisonniers français.

Et c’est ainsi que les prisonniers français auront plus que quiconque la possibilité de déterminer et de façonner l’avenir de leur peuple et de faire en sorte que, dans l’avenir, la France s’écarte résolument d’une ligne de conduite qui s’est révélée néfaste, et qui demeurait hostile à l’égard de l’Allemagne. Les prisonniers libérés contribueront ainsi à la reconstruction d’une Europe heureuse où les générations à venir connaîtront pendant des siècles le travail, l’ordre et la paix
[27].

Une étude qui confirme…


Ce discours prononcé en France évoquait les prisonniers français. Mais ces derniers ne bénéficiaient d’aucun traitement de faveur ; ils étaient traités comme les autres. Une étude réalisée fin 1942 démontra d’ailleurs que les travailleurs étrangers en Allemagne (libres ou prisonniers) donnaient entière satisfaction, ce qui n’aurait pas été s’ils avaient subi de mauvais traitements. Dans un compte rendu publié début 1943, on lisait :

après une année d’expérience et une enquête à laquelle il s’est livré avec les services du Front du Travail du Dr Ley et ceux du ministère de l’Armement du ministre Speer, [Fritz Sauckel, le plénipotentiaire à la main d’œuvre étrangère] est en mesure d’affirmer que les actes de sabotages constatés sont en nombre si infime qu’il est impossible de les exprimer par un pourcentage spécial et que les chiffres de rendement sont très satisfaisants.

C’est ainsi que, dès le premier trimestre de 1942, ce rendement était, en moyenne, de 60 à 80 % de celui d’un bon spécialiste allemand. Après quelques mois d’acclimatation des ouvriers, tant du point de vue technique que du point de vue de la nourriture, le rendement est passé de 80 à 100 %. Certaines femmes russes, travaillant à la chaîne, atteignent même 100 %.

Il est remarquable de noter que ces travailleurs étrangers ne sont pas soumis à un contrôle étroit et qu’ils ne travaillent pas non plus groupés par nationalités. Au contraire, Russes, Polonais, Français, Allemands, travaillent côte à côte, et entre ces derniers se sont développées des relations cordiales et même une camaraderie qui fait honneur à la conception supérieure que le national-socialisme a de l’homme, et à la façon dont il traite le facteur humain dans la production.

Le peuple allemand a fait confiance aux ouvriers étrangers et ceux-ci s’en sont montrés dignes.

Le gauleiter Sauckel a constaté que certains d’entre eux travaillent même dans des usines à fabrications secrètes où il n’avait pu lui-même pénétrer au début de la guerre, en dépit de sa qualité de gauleiter
[28].

Voilà pourquoi il est complètement sot de prétendre que l’Allemagne nationale-socialiste aurait été un pays imbu de lui-même, soucieux d’écraser les autres et que le bon comportement de l’occupant, en France et ailleurs, aurait été dicté par des soucis hypocrites. Les preuves abondent qui démontrent l’amitié sincère que l’immense majorité des Allemands, et en premier lieu Hitler, vouaient à leurs voisins.

Preuves fournies pendant l’Occupation


Pour la France, une nouvelle confirmation vint au mois de septembre 1942 lorsque, dans une sorte de lettre ouverte — que j’ai déjà citée ailleurs —, une jeune fille allemande issue d’une grande famille invita très poliment la jeunesse française à multiplier les contacts avec la jeunesse allemande. On lisait :

Déjà souvent on a fait l’essai de mettre en contact, par correspondance, les jeunes de France et ceux d’Allemagne. Le tempérament allemand, plutôt sérieux et pondéré, aimerait entrer en relations avec les jeunes, vivants et ardents, du pays de France ensoleillé.

Nous autres, les jeunes d’Allemagne, aimons, chez les jeunes Français, le sang ardent ; nous aimons la mélodieuse langue française ; les riches contrées françaises nous incitent à faire des voyages pour visiter les belles villes françaises, le beau Midi lumineux de notre voisin de l’Ouest.

Moi, ainsi que beaucoup de nos jeunes filles et jeunes gens, désirons cordialement une amitié étroite entre l’Allemagne et la France et les jeunesses allemande et française, afin de faciliter un échange de pensées et d’idées, ce qui servirait à la compréhension réciproque.

[Signé] Hilde Schulte-Terboven[29].

Si, vraiment, les autorités nationale-socialistes avaient élevé la jeunesse allemande dans la haine de la France, jamais une telle lettre ouverte n’aurait été écrite et, si elle l’avait été, jamais elle n’aurait connu le bénéfice d’une publication…

Deux mois plus tard eut lieu le débarquement allié en Afrique du Nord. Les armées allemandes franchirent alors la Ligne de démarcation. A cette occasion, Hitler rédigea à l’adresse du peuple français un message dans lequel il déclarait :

Les troupes allemandes ont reçu l’ordre de veiller à ce que, par leur attitude, elles importunent le moins possible le peuple français. Puisse cependant le peuple français considérer que par l’attitude de son gouvernement en 1939, le peuple allemand a été précipité dans une guerre pénible qui a plongé des centaines de milliers de familles dans la douleur et la tristesse.

[…]

D’autre part, de nombreux Français manifesteront certainement le désir compréhensible d’être délivrés de l’occupation, mais qu’ils aient tous la ferme conviction que le soldat allemand, lui aussi, préférerait pouvoir vivre et travailler paisiblement dans son pays auprès de sa femme, de ses enfants ou dans sa maison paternelle.

Plus vite cette puissance qui depuis trois siècles dresse Etat contre Etat et qui, dans le passé, a si souvent également dépouillé la France et attend, en ce moment, à nouveau de la dépouiller, sera anéantie, plus tôt les vœux des pays français occupés et des troupes allemandes d’occupation trouveront ensemble leur réalisation
[30].

Ce message est en totale contradiction avec la thèse qui décrit les « nazis » comme des monstres fiers de la terreur qu’ils inspiraient. Car dans un tel cas, Hitler aurait rédigé un tout autre message, lançant par exemple : « Nous arrivons, et toute action contre un seul de nos soldats sera suivie d’une répression terrible… »

Plein de « petits faits vrais »


Pour finir sur ce chapitre, je cite un entrefilet publié dans le 21 juin 1943 dans Les Nouveaux Temps. J’en ai déjà publié d’autres à propos de soldats allemands qui, dans des circonstances diverses, avaient sauvé la vie de citoyens français, honnêtement rapporté une grosse somme d’argent perdue ou fait un don en faveur de victimes des bombardements anglo-américains. Cette fois, il est question de trois soldats allemands qui, dans une petite ville de Normandie, « ont sauvé, d’une église incendiée par un bombardement, des objets de culte et des reliquaires vénérés pas les fidèles ». Pour les remercier, le curé organisa une quête en leur faveur ; mais refusant tout don, les trois sauveteurs mirent la somme recueillie « à la disposition de la ville pour les sinistrés du bombardement »[31]. Certes, il s’agit d’une petite anecdote. Cependant, j’en ai déjà recueilli un certain nombre et je suis persuadé qu’une étude systématique de la presse en ferait découvrir beaucoup d’autres. Tous ces « petits faits vrais » contredisent la thèse officielle qui présente les nationaux-socialistes comme des Huns modernes…

L’intérêt de l’Allemagne…


Naturellement, un G. Claude n’était pas naïf au point de croire qu’en pleine guerre, l’Allemagne proposait une collaboration par pure philanthropie. Dans une conférence donnée après l’entrevue de Montoire et l’appel lancé pour une collaboration bilatérale, il précisa nettement :

Mais il faudrait pour cela, me direz-vous, que cette collaboration ne soit pas l’esclavage et, pour cela, être sûr de la sincérité allemande, de cette sincérité que vous vous refusiez vous-même à admettre avant la guerre !
Que j’aie changé, certes : qui donc n’a pas changé devant des événements pareils ! […]

Certes, sa façon [à Hitler] de poursuivre ses desseins a de quoi terrifier. Que, dans l’ivresse de sa victoire, il pense plutôt à nous humilier qu’à nous relever, voilà ce qu’il faut craindre. Or, c’est lui qui domine sa victoire, lui qui nous demande de l’aider dans une œuvre grandiose, lui qui nous tend la main — et nous refuserions !

— Oui ! , répondent les Français, parce que l’Allemagne n’est pas sincère.

Pour moi, je suis bien persuadé qu’elle ne fait pas de sentiments, que, quand elle nous fait des avances, c’est dans son intérêt, mais dans le sentiment élevé de cet intérêt[32]. Et je suis convaincu aussi que cet intérêt-là est compatible avec le nôtre […].

On me dit qu’on ne croit pas que la collaboration se fera sur un pied d’égalité. Soit. Le tout est de savoir quelle sera la différence de niveau ; or je pense que son intérêt veut que cette différence de niveau ne soit pas très grande, pour que notre aide, n’étant pas humiliée, étant dès lors confiante et effective, lui soit réellement utile
[…] [pp. 48-49.].

Et si l’on me demandait comment j’entends la collaboration, je rappellerais que les génies de nos deux peuples sont à peu près complémentaires, comme aussi leurs produits (p. 50).

… était l’intérêt de la France et de l’Europe


De tels propos n’étaient pas lancés au hasard ; la main allemande plusieurs fois tendue depuis 1933 leur donnait une force indéniable. Certes, je suis convaincu qu’Hitler lui-même ignorait comment, en cas de victoire, la paix s’organiserait en Europe. Sachant qu’il n’avait voulu ni l’extension ni la mondialisation de la guerre, il était pris au dépourvu. Toutefois, si aucun plan n’était arrêté, des idées générales circulaient. De façon évidente, en cas de victoire, l’Allemagne souhaitait fonder les Etats-Unis d’Europe, sans maîtres ni esclaves, sur la base d’un socialisme communautaire.

Dès 1941, un Allemand souligna que l’Europe d’après-guerre ne serait pas soumise à l’hégémonie allemande et que la France ne serait pas germanisée. Faisant référence à l’armistice signé en juin 1940 et à l’entrevue de Montoire au mois d’octobre suivant, il écrivit (je souligne) :

Après la défaite de la France en juin 1940, l’Allemagne, ayant en vue un ordre européen reposant sur des bases saines, a évité toutes conditions déshonorantes, soit dans le traité d’armistice, soit dans les méthodes politiques qui étaient jusqu’ici communément employées par les vainqueurs envers les vaincus. Cette attitude révèle la nouvelle conception de l’Europe selon laquelle toute collaboration doit reposer sur une contribution volontaire des nations. L’Allemagne ne veut pas imposer à l’Europe de schéma issu d’un cerveau bureaucratique ; elle s’efforce même avec une certaine jalousie de préserver le National-Socialisme allemand contre des imitations superficielles par d’autres pays.

Cette non-immixtion dans les formes de gouvernement d’autres pays signifie-t-elle que, dans l’Europe nouvelle, le problème de la structure politique ne se pose pas du tout ? Certainement pas
[33].

L’auteur expliquait que l’aménagement économique et social de la nouvelle Europe aurait des répercussions sensibles sur le politique, mais que les particularités nationales n’en souffriraient pas (je souligne) :

Car l’économie dont il est question maintenant ne peut plus être l’économie libérale d’autrefois — même si elle était parfaitement organisée en soi — mais elle doit être au contraire partie et fonction de la vie politique de la nation. Si l’on pense donc à unifier dans la nouvelle Europe la structure économique des divers Etats, ces efforts ont une signification éminemment politique, parce qu’ils ne peuvent s’accomplir que dans le cadre de l’Etat socialiste. Le socialisme moderne […] comporte aujourd’hui la participation politique des communautés naturelles d’un peuple à l’organisation de l’Etat. Il sera la caractéristique commune de tous les Etats de l’ordre nouveau.

Ainsi, tout en sauvegardant parfaitement le caractère national, on pourra bientôt parler, dans un certain sens, d’un socialisme européen, grâce auquel notre continent confirmera à nouveau sa position prépondérante dans le monde
[Ibid., pp. 266-7].

Dans uns autre étude plus ancienne, le Dr Karl Heinz Bremer insistait déjà sur le fait que, dans la nouvelle Europe, les valeurs traditionnelles et les nations subsisteraient :

Nous ne voulons pas laisser périr les vieilles valeurs qui ont fait la grandeur de l’Occident — mais en même temps nous savons que, pour les maintenir vivantes, il faut toujours les repenser, les revivre et leur inculquer une nouvelle vitalité. Nous ne croyons nullement avoir trouvé la pierre philosophale, nous ne nous croyons pas le « sel de la terre », mais nous sommes convaincus de contribuer par notre travail philosophique et pratique à l’évolution d’une civilisation saine, durable et juste des peuples occidentaux.

D’autre part, nous sommes trop conscients des entités irréductibles des peuples auxquelles personne ne toucherait impunément, pour ne pas nous élever contre une unification systématique et totale des nations.
Respectant leur originalité propre, nous espérons et nous désirons garder à tous les peuples les richesses qu’ils apporteront, tôt ou tard, à l’élaboration du superbe édifice culturel qui a été et qui sera une Europe unie et heureuse.

Nous sommes persuadés que dans l’élaboration de cette Europe spirituelle, la France aura des mots décisifs à dire. Elle fera d’autant mieux entendre sa voix, que cette fois-ci, débarrassée des légendes éculées [contre l’Allemagne], des littérateurs politicards, elle s’appliquera, au contact des réalités, à la reconstruction.

[…]

Souhaitons que demain la conception française de l’Allemagne soit plus réaliste, plus complexe, moins remplie de slogans et qu’elle renferme en elle les germes d’une rénovation intellectuelle, prélude indispensable à la collaboration franche et totale et à une Europe récoltant les fruits de sa grandeur et de son labeur [Ibid., p. 31].

Les appels de l’Allemagne à la France


Forts de ces projets positifs, les Allemands ne cessèrent de tendre la main à la France pour une collaboration loyale afin de tourner le dos au passé et de construire l’Europe de demain. Le 4 avril 1941, lors d’une allocution prononcée à la Maison de la Chimie, un Allemand, le Dr Gerstner, lança au peuple de France :

Écoutez l’appel de la raison, comprenez la leçon des faits, ne vous raidissez ni dans la rancune ni dans le malheur. Votre place est là, sur le plan de la dignité et du travail. Ni au dessus ni en dessous. A nos côtés[34].

A ceux qui disaient l’Allemagne victorieuse prête à piller la France, en commençant par voler ses usines, il répondait :

Il n’est cependant pas question que la France agricole soit privée de son industrie pour un prétendu profit allemand. Rien ne sera rigide, tout doit être harmonisé. Chaque machine, chaque terre cultivable peuvent et doivent servir au bien-être de l’Europe [Id.].

Début janvier 1942, dans une allocution prononcée à la Maison de la Chimie, un jeune Allemand lança :

j’ai confiance en la formation de la Jeune France. Elle revêtira son caractère français, le national-socialisme allemand n’étant pas, comme vous le savez, un article d’exportation. C’est précisément pour cela que beaucoup de Français se sont étonnés que nous ne voulions pas laisser utiliser notre expérience par d’autres peuples. Nous ne sommes naturellement point réfractaires à donner des conseils à ceux qui nous les demandent, et c’est ce que nous faisons depuis une dizaine d’années, car il y a tout de même des principes sur lesquels l’Europe doit se mettre d’accord. C’est encore pourquoi je me permettrai de vous rapporter à ce sujet les paroles que Baldur von Schirach, Reichsleiter pour l’éducation de la jeunesse allemande, a prononcées l’an dernier à Brelau, à l’occasion des championnats d’été de la Jeunesse hitlérienne, championnats auxquels prirent part en outre, sur invitations, quatorze nations : « Nous, mes camarades, déclara B. von Schirach, nous nous comprenons. Notre langue est peut-être différente, mais nos cœurs battent à l’unisson. Des idéaux nous unissent : c’est l’idéal d’une auto-direction de la jeunesse, l’idéal de la justice sociale et de l’idée de la communauté de destin de la jeune génération d’Europe. Nous sommes frères et sœurs dans la lutte pour la liberté de l’esprit européen contre la terreur du bolchevisme et contre la puissance de l’or. C’est pour ces idéaux que nous marchons et que nous combattons. Ici, à Breslau, nous comprenons aussi que les querelles qui divisent les peuples européens s’effaceront un jour devant la communauté, l’unité et la solidarité de cette Europe qui vient et que nous affirmons dès aujourd’hui dans la jeunesse »[35].

De nos jours peu de Français savent que le 18 avril 1942, le drapeau français flottait sur l’Hôtel de ville de… Francfort. Pourquoi ? Tout simplement parce que les autorités avaient organisé une rencontre entre la presse française et la presse allemande. A cette occasion, une délégation de journalistes français fut solennellement reçue dans le Kaisersaal, cette fameuse salle gothique qui avait vu le couronnement de tous les empereurs d’Allemagne. Dans un compte rendu, un observateur présent sur les lieux écrivit :

Il s’agissait depuis le grand désastre pour deux peuples de se comprendre, de se connaître, et de savoir ce que l’un devait penser de l’autre, de savoir ce que chacun pouvait espérer de l’autre pour tenter de mettre au monde cet esprit de réconciliation qui essaie vainement de naître[36].

En 1944, encore, un journaliste allemand, le Dr. Friedrich, lança cet appel au peuple français :

Français, que nous ne voudrions pas considérer comme ennemis, mais comme partenaires de la révolution européenne, ne gâchez pas cette révolution qui sera la vôtre comme elle est la nôtre.

Un économiste allemand a souligné, au début de 1941, la seule chose qui importe pour tous : l’Allemagne révolutionnaire veut dominer sa victoire si vous êtes prêts à dominer votre défaite. Il ne s’agit pas, a-t-il ajouté, pour nous, Allemands, de vaincre. Il ne s’agit pas, non plus, pour vous de perdre la guerre. Il importe seulement que l’Europe gagne
[37].

L’Europe nouvelle sera un ensemble ne connaissant ni vainqueurs ni vaincus, ni maîtres ni serfs… L’Europe nouvelle sera un ensemble d’Etats, une grande communauté européenne, où, dans une égalité absolue, chaque état aura son rôle à remplir et occupera la place à laquelle il a droit [Ibid., p. 69.].

Les « collaborateurs » défendaient la vraie France dans l’Europe unie


Depuis plus de soixante ans aujourd’hui, tous ces textes et tous ces appels sont soigneusement occultés, ce qui permet de décrire la collaboration comme une escroquerie à laquelle auraient souscrit des « vendus » prêts, au nom de leurs intérêts personnels, à voir la France réduite en esclavage. Or, il est indéniable que tous les collaborateurs sincères (j’écarte ceux qui collaboraient pour des motifs plus troubles, comme l’appât du gain facile et immédiat), c’est-à-dire des gens comme Philippe Henriot, Marcel Déat, Jean Boissel, Pierre Costantini…, étaient des patriotes convaincus, persuadés que l’Europe nouvelle issue de la victoire allemande rendrait à la France sa vraie grandeur dans une fraternité transnationale.

Un patriote indéniable


Au procès de G. Claude, par exemple, un professeur à l’Institut Pasteur, Gabriel Bertrand, qui connaissait l’accusé depuis 1924, fut appelé à témoigner. Voici ce que l’on put entendre :

Me RIBET. — […] Monsieur, vous avez constaté que si M. Claude a fait des erreurs, et des erreurs lourdes, on ne peut tout de même pas incriminer le mobile qui l’a fait agir, c’est-à-dire le patriotisme ?

M. BERTRAND. — Je ne le crois pas.

[…]

Me RIBET. — Vous dites : erreur, erreur grave, erreur lourde, mais le mobile qui, évidemment, est erroné, est, malgré tout, le patriotisme ?

M. BERTRAND. — Je le crois absolument, profondément
[38].

L’appel de X. de Magallon pour une Europe unie


En novembre 1942, X. de Magallon lança :

Si un drapeau étranger, mais qui deviendra, je l’espère, un drapeau ami, flotte aujourd’hui sur notre pays, la faute en est à qui ? A nous et pas à eux… C’est nous qui les avons appelés ! Mais un jour, quand l’azur de notre patrie sera rendu aux trois couleurs, nous verrons ce drapeau flotter à côté du nôtre, sur nos régiments fraternellement unis[39].

Le témoignage d’engagés dans la LVF


Ce raisonnement fut celui d’un grand nombre d’engagés dans la LVF partis combattre sous l’uniforme allemand. Aujourd’hui, on les décrit comme des traîtres évidents. C’est une erreur. L’immense majorité de ces engagés savaient qu’en luttant pour une nouvelle Europe, ils luttaient pour la France.

Dans une lettre écrite peu après son engagement, Léonard Pellerin déclara :

Ma fierté a eu du mal à accepter l’idée de porter l’uniforme d’anciens adversaires, mais ne faut-il pas faire d’abord passer les intérêts réels de la Patrie avant nos petites rancunes personnelles ? Et devant le péril commun, pourquoi les Français virils n’accepteraient-ils pas de lutter aux côtés de voisins également menacés ?[40]

Peu après, un ancien prisonnier de guerre devenu, lui aussi, combattant de la LVF, Henry Bossut, raconta :

Prisonnier de guerre en 1941, travaillant en kommando dans une petite ville industrielle de Brandebourg, j’y rencontrais un soldat allemand permissionnaire venant de Nancy. Croyant me faire plaisir, il me montra quelques petites photographies prises par lui dans la ville aux portes d’or.

C’est ainsi que je vis sur la place Stanislas défiler un détachement de la Wehrmacht.

Je lui rendis vivement ses épreuves et détournai la tête pour qu’il n’y vît point mes larmes.

De cela il y a deux ans presque jour pour jour, et je traverse l’adorable place, vêtu de cet uniforme autrefois honni. Cet uniforme, je l’ai endossé tristement, la gorge serrée […].

Aurais-je donc trahi ? Fouler les trottoirs de ma ville aimée comme « l’envahisseur », « l’oppresseur », n’est-ce point une provocation, une intolérable insulte ? Non, cet uniforme est devenu européen et m’est aujourd’hui cher. Je suis aussi fier, sinon plus, de ma modeste « Ostmédaille » que de mes rubans français et je n’ai jamais aimé aussi furieusement mon pays
[41].

Oui, s’il y a eu des « traîtres » dans la collaboration (c’est-à-dire des individus faisant passer leurs intérêts personnels avant tout), ils n’ont été qu’une minorité. Les autres, tous les autres, avaient entendu le message de cet allemand qui, en mars 1942, avait écrit :

si l’Europe ne se rendait pas maîtresse de ses ennemis de l’extérieur et de ses querelles intestines dans la présente guerre, l’avenir des peuples de ce continent, le plus important pour le développement de toute l’humanité, serait pour toujours remis en question[42].

Ils savaient donc qu’en luttant aux côtés de l’Allemagne nationale-socialiste pour l’Europe nouvelle, ils luttaient également pour la France, pour la vraie France, pas pour la grotesque utopie républicaine reprise par C. De Gaulle. Près de 70 ans plus tard, on s’aperçoit à quel point leur calcul était juste :

l’Europe n’a pas su se rendre maîtresse de ses ennemis extérieurs. Aujourd’hui, elle ne compte guère au niveau mondial et, plus grave, elle est en passe de mourir par perte d’identité, dans une morosité générale que ne peuvent combattre des politiciens incompétents.


[1] Voy. Les Hommes au Travail, 8 octobre 1942, p. 10.
[2] Voy. La Gerbe, 23 janvier 1941, p. 1.
[3] Voy. l’Appel, 19 novembre 1942, p. 4.
[4] Voy. G. Claude, Français, il faut comprendre ! (Publications du Centre d’Etudes de l’Agence Inter-France, 1943), p. 13.
[5] Voy. La Seule Route…, pp. 34-38.
[6] Extrait de la conférence intitulée : « Dans l’Europe nouvelle, pourrons-nous être fiers d’être Français ? », publiée dans le recueil ayant pour titre La seule route (Publications du Centre d’Etudes de l’Agence Inter-France, 1942), p. 89.
[7] Voy. le texte intégral de la lettre publié dans l’Appel, 3 décembre 1942, p. 2.
[8] En novembre 1941, un officier français libéré écrivit : « Les mois de juillet, août, septembre 1940 auront laissé à tous un souvenir pénible. Du point de vue matériel, un changement brutal de conditions de vie : par suite des difficultés du ravitaillement et du brusque apport de plus d’un million de prisonniers en Allemagne, les quantités de nourriture par tête sont très faibles […]. Cependant, à partir de novembre, la vie collective s’organise, grâce à la bonne volonté de tous et à l’autorisation accordée par le commandant du camp d’utiliser une baraque comme salle de spectacle, une autre comme salle de conférence et une troisième comme chapelle » (voy. Les Amitiés, organe régional paraissant à Saint-Étienne, 22 novembre 1941, pp. 1 et 3). En 1942, un autre officier libéré raconta : « Conditions de vie : matérielles, très dures au début, très acceptables maintenant, grâce à l’organisation des colis » (voy. Gringoire, 16 janvier 1942, p. 3).
[9] Voy. J. Mariat, op. cit., p. 64.
[10] Ibid., pp. 71-72. « Au début, ils [les Allemands] venaient là un peu en service commandé et puis, un jour, nous eûmes l’orgueil de les voir, à leur tour, prendre des notes… ».
[11] Voy. Les Amitiés, 22 novembre 1941, pp. 1 et 3.
[12] Voy. Gringoire, 16 janvier 1942, p. 3.
[13] Cité par le Dr Friedrich dans L’Allemagne et la France devant l’Europe (Les Documents Contemporains, janvier 1944), pp. 69-70.
[14] Voy. les Cahiers franco-allemands, année 1941, pp. 82-3.
[15] Voy. Jean Weiland, Pourquoi nous croyons en la collaboration (Les conférences du groupe « Collaboration », Paris, décembre 1940), p. 12.
[16] Voy. Jean Weiland, op. cit., pp. 19-20.
[17] Voy. G. de Charbonnières, La plus évitable de toutes les guerres (éd. Albatros, 1985), p. 199.
[18] Ibid., p. 204. Loin d’être des revanchards, de très nombreux anciens combattants allemands souhaitaient sincèrement une réconciliation avec les ennemis d’hier. Une anecdote parmi tant d’autres : le 23 août 1939, quelques jours, donc, avant l’éclatement du conflit, un aviateur allemand de la première guerre, le lieutenant Jakobs, donna l’accolade à Pierre Costantini qu’il avait « descendu » au cours d’un combat le 9 novembre 1917 (voy. l’Appel, 28 août 1941, p. 1).
[19] Voy. l’Ami du Clergé, 27 octobre 1938, p. 644, col. A.
[20] Voy. G. Claude, Français, il faut comprendre ! déjà cité, pp. 15-16.
[21] Voy. Gringoire, 13 février 1942, p. 1.
[22] Voy. l’Appel, 18 mars 1943, p. 6.
[23] Voy. Gringoire, 5 juin 1942, p. 2.
[24] Voy. Gringoire, 16 janvier 1942, p. 3.
[25] Voy. l’Appel, 15 novembre 1942, p. 5.
[26] Voy. Gringoire, 5 juin 1942, p. 2.
[27] Cité par l’Appel, 21 août 1941, p. 4.
[28] Voy. l’Appel, 21 janvier 1943, art. intitulé : « Le travail européen ».
[29] Voy. Le Lien, 18 mars 1943.
[30] Voy. les Cahiers franco-allemands, année 1942, pp. 302-3.
[31] Voy. Les Nouveaux Temps, 23 juin 1943, p. 1.
[32] Plus loin, l’auteur écrivait : « le geste de Montoire, quoiqu’il soit sage d’y voir non une générosité, mais l’intérêt de l’Allemagne… » (p. 61).
[33] Voy. les Cahiers franco-allemands, 1941, pp. 265-6.
[34] Voy. l’Appel, 10 avril 1941, p. 8.
[35] Voy. Fritz Bran, La jeunesse allemande et l’avenir de l’Europe, déjà cité, pp. 29-30.
[36] Voy. Gringoire, 5 juin 1942, p. 2.
[37] Voy. Dr. Friedrich, L’Allemagne et la France devant l’Europe (Les Documents Contemporains, janvier 1944), p. 42.
[38] Voy. le compte rendu sténographique du procès G. Claude, fascicule 1, p. 124.
[39] Voy. l’Appel, 19 novembre 1942, p. 4.
[40] Cité par Le Lien, n° 6, mars 1943, p. 2.
[41] Cité par Le Lien, n° 9, juin 1943, pp. 5-6.
[42] Voy. les Cahiers franco-allemands, année 1942, p. 77.
 
Old January 28th, 2013 #39
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Sans Concession, n° 80, 30 janvier 2013


Numéro spécial : 80ème anniversaire de l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir.

Au sommaire :


- Editorial : "Une offensive prometteuse"


- Les raisons d'une croisade d'extermination par Vincent Reynouard (lire ici)


- Je connais ces dictateurs : le témoignage véridique d'un journaliste britannique sur Hitler (paru en 1938)


- Une économie sans crise par Wilhelm Utermann (paru en 1941). L'auteur explique l'origine profonde du "miracle économique" allemand survenu sous Hitler. On comprend pourquoi aujourd'hui encore l'ombre de Hitler effraye nos démocrates autoproclamés


Prix (port compris) : 13 €


http://www.phdnm.org/boutique.html
 
Old February 1st, 2013 #40
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L’éternel « deux-poids-deux-mesures » appliqué par les « bons » à la solde de Big Brother




ou




Les conséquences logiques du procès de Nuremberg



Le Tribunal de Nuremberg ne s’intéressait qu’aux crimes des vaincus


La Justice internationale a toujours été créée sur mesure pour combattre ceux que Big Brother considère comme ses ennemis et eux seuls. L’exemple du grand procès de Nuremberg (1945-1946) est flagrant. Dans son article 1er, le Statut du Tribunal militaire international annexé à l’Accord de Londres du 8 août 1945 prévoyait la création d’une juridiction « pour juger et punir […] sans délai, les grands criminels de guerre des pays européens de l’Axe» et eux seuls (TMI, I, 11). Cette précision était d’ailleurs rappelée dans l’article 6, qui définissait les différents crimes à juger et qui débutait ainsi : « Le Tribunal […] sera compétent pour juger et punir toute personne qui, agissant pour le compte des pays européens de l’Axe, aura commis, individuellement ou à titre de membre d’organisations, l’un quelconque des crimes suivants : […]. » (TMI, I, 12). On le voit, il n’était pas question de juger les Alliés ; seuls ceux qui avaient œuvré « pour le compte des pays européens de l’Axe » étaient susceptibles d’être poursuivis. Cette façon d’agir fut dénoncée à Nuremberg par l’avocat d’Hermann Göring. Le 4 juillet 1946, il déclara que le Statut du TMI était « en lui même une loi d’exception, par le fait qu’il a[vait] été créé uniquement à l’intention des membres des puissances de l’Axe » (TMI, XVII, 515). Quelques minutes plus tard, il alla plus loin, lançant : « […] la justice exige la modération et l’appréciation des arguments et des contre-arguments. Et c’est déjà ici que le procédé unilatéral employé uniquement contre les ressortissants des puissances de l’Axe viole l’idée de justice » (TMI, XVII, 517).

Un cas flagrant d’injustice


Certains naïfs pourront répondre que seuls les vaincus avaient commis des crimes de guerre. Un simple exemple démontrera qu’ils se trompent : prenons le cas du respect des ambulances lors des batailles. Pour le soixantième anniversaire du « Débarquement » (comprenez : l’invasion anglo-américaine), un ancien parachutiste allemand, August Goenninger, qui avait combattu contre les Américains dans la région de Carentan (Manche), est revenu sur les lieux. A Sainte-Marie-du-Mont, son bataillon, pris dans un étau, avait été décimé. Lui était parvenu à fuir, mais une image s’est gravé dans sa tête : « Devant l’église, les corps des occupants d’une ambulance allemande gisaient, la gorge tranchée »[1].
Crime isolé ? Nullement : dans sa livraison de juin 2004, le magazine Avions a publié une intéressante lettre de lecteur. L’auteur, rappelle le comportement des Anglais contre les avions « sanitaires » allemands lors de la bataille d’Angleterre. On lit :

[…] la Luftwaffe disposait d’hydravions « sanitaires » chargés de repêcher les naufragés et arborant des marques civiles semblables [avion entièrement peint en blanc et arborant de grandes croix écarlates]. Cependant, dès le 1er juillet 1940, le He 59 D-ASAM de Seenot Kdo 3 fut abattu sur la Manche par la RAF. Les quatre aviateurs (un blessé grave) seront sauvés par un des navires du convoi. Dans son excellent ouvrage sur la Battle of Britain, Francis Mason signale en note : « Lors de son interrogatoire l’équipage allemand se plaignit amèrement du non respect de la Croix Rouge. L’action de Graham (le pilote victorieux) fut ultérieurement justifiée par un ordre interdisant aux hydravions ennemis de voler près des convois si ce n’est à leur propre risque ». Le 9 juillet, le D-ASUO du Seenot Kdo 1 fut attaqué à son tour par le 54 Sq. et contraint de se poser (équipage capturé). Le 11 juillet, un troisième Heinkel aurait été abattu par le 217 Sq. (équipage récupéré). Le 20 juillet, coup double ! Le D-AKAR du Seenot Kdo 1 fut victime du 601 Sq. (quatre tués) tandis qu’un autre He 59 de Seenot Kdo 4 était détruit (équipage également tué) par le 238 Sq. à environ 5 km de Cherbourg, sans que l’on invoque ici l’alibi d’un quelconque convoi. Rajoutons, en date du 27, le He 59 de Seenot Kdo 3 revendiqué par les 615 Sq. à dix miles au nord-est de Douvres.

L’accumulation de ces victoires faciles contre des appareils désarmés poussera à une législation tardive. Ainsi, l’ordre de l’Air Ministry n° 1254 daté du 29 juillet constate que « des avions ennemis portant des marques civiles et arborant la croix rouge ont récemment survolé des navires en mer près de la côte britannique et sont employés dans des buts que le gouvernement de Sa Majesté ne peut considérer comme assimilables aux privilèges généralement accordés à la Croix Rouge.» C’est sur la base de cette accusation unilatérale (cf. les actuelles « weapons of mass destruction » !) que le Ministère emploiera une formule hypocrite : « Le gouvernement de Sa Majesté désire accorder aux appareils sanitaires des facilités raisonnables pour le transport des blessés ou des malades (…). Il est cependant incapable de les garantir pour des appareils de ce type survolant des secteurs d’opération (…) ou proches des territoires britanniques ou alliés (…) ». En clair, tant que les appareils sanitaires ou de sauvetage survolent des lieux où leur présence n’est nullement requise, tout va bien…[2]

L’auteur termine son développement sur ce sujet en écrivant :

[…] si l’adversaire avait promulgué un pareil ordre, il aurait été taxé automatiquement de « barbare ». Les Britanniques étant en 1945 dans le camp des vainqueurs, on s’empressa de jeter le manteau de Noé sur ces agissements…

Naturellement ! A Nuremberg, seuls les vaincus étaient au banc des accusés...

La situation perdure depuis Nuremberg…


Depuis 1945, la situation n’a pas changé. Aucun dirigeant ou militaire américain n’a été traduit devant la Justice internationale pour, entre autres, les crimes commis au Vietnam, le déchaînement de la guerre au Nicaragua ou le blocus criminel de l’Irak. Deux exemples récents viennent en outre renforcer notre point de vue :

-dans l’affaire du Kosovo, des plaintes ont été déposées contre le président des USA. Aujourd’hui encore, elles semblent être totalement ignorées ; seul S. Milosevic — l’ultra nationaliste, le mauvais, le vaincu — a été traduit devant le Tribunal pénal international pour la Yougoslavie (avant de mourir dans des circonstances suspectes) ;

-en juin 2001, le sénateur belge libéral Alain Destexhe s’est fait le porte-parole de ceux qui demandaient une révision de la loi belge de « compétence universelle ». Dans un article publié par Le Soir, on apprit qu’il avait notamment demandé la mise en place de « garde-fous relatifs à la poursuite de chefs d’État en exercice protégés par une immunité » (voy. Le Soir, 21 juin 2001, p. 5). Quels en étaient les motifs ? Quelques lignes plus bas, le quotidien révélait que le sénateur « redout[ait] d’éventuelles poursuites contre le président George W. Bush ». Tel était donc la raison réelle de son initiative : modifier la loi pour empêcher qu’elle puisse servir contre les « bons ».

L’argument suprême qui premet le cynisme de Big Brother : « Moi, c’est différent… »


Le 21 novembre 1945, dans son exposé préliminaire, le procureur général américain à Nuremberg, Robert H. Jackson, lança :

[…] il était et il est illégal de faire la guerre, quelle que soit l’importance de l’enjeu [TMI, II, p. 118].

Verra-t-on George W. Bush traîné devant un tribunal international pour avoir déchaîné la guerre en Irak ? Verra-t-on la « démocratie américaine » mise au pilori pour avoir mené depuis plus de 150 ans de très nombreuses guerres offensives (1846 : Mexique, 1855 : Panama, 1898 : Possessions espagnoles ; 1909 et 1912 : Nicaragua, 1911 : Honduras, 1914 : Mexique, 1915 : Haïti, 1916 : Saint-Domingue, 1916-1917 : Mexique, 1917 : Allemagne, 1926 : Nicaragua…) ? Naturellement non. Car c’est bien connu, le plus fort dispose d’un joker ; il a le droit de dire : « Moi, c’est différent ». Ainsi, n’allez pas accuser l’actuel président américain d’avoir mené une guerre offensive contre l’Irak. Il vous répondra : « Je n’ai pas mené de guerre, je n’ai pas agressé l’Irak. J’ai juste usé de mon “droit d’ingérence politique” pour abattre le régime de Saddam Hussein ». Certains m’accuseront d’exagérer. Ils se trompent. Dans Le Monde du 18 avril 2003, on lit sous la plume de Patrick Jarreau :

« Par une combinaison de stratégies imaginatives et de technologies avancées, nous redéfinissons la guerre sur nos bases », a déclaré M. Bush en tirant les enseignements des deux engagements militaires américains, en Afghanistan et en Irak, depuis les attentats du 11 septembre 2001. Il a insisté sur la possibilité dont disposent les forces américaines « de s’en prendre à un régime et non à une nation ». L’affirmation de ce nouveau droit d’ingérence, non pas humanitaire mais politique, est un avertissement adressé à toute la région[3].

Ce qui, en clair, signifie : « Avec nos armes modernes, nous pouvons frapper un pays au cœur afin de détruire ses structures gouvernementales. Agir ainsi, ce n’est pas faire la guerre, mais c’est — selon nos nouvelles définitions — user d’un droit d’ingérence pour renverser les régimes dictatoriaux ».

Toute la propagande des « bons » est là : elle consiste à modifier le sens des mots au gré des circonstances, afin de pouvoir dire, la main sur le cœur : « Nous, c’est différent, ce n’est pas condamnable ».

Quatre exemples flagrants


Afin d’illustrer d’avantage mon propos, je prendrai quatre exemples flagrants donnés par l’Histoire récente : le « revanchisme allemand », les expériences sur des cobayes humains, les bombardements et la lutte contre le « terrorisme ».

Le « revanchisme allemand »

Baldur von Shirach accusé d’avoir corrompu la jeunesse allemande


A Nuremberg, les vainqueurs reprochèrent aux vaincus d’avoir voulu « effacer la “honte” de l’Armistice », c’est-à-dire la défaite de 1918, et d’avoir, par là même, voulu une nouvelle guerre dont l’issue serait plus heureuse[4]. Cet esprit, inhérent à l’idéologie nationale-socialiste, ils l’auraient inculqué très tôt à la jeunesse[5], en la pénétrant de militarisme, de l’esprit de revanche et en lui apprenant des chants bellicistes violents. Le 15 février 1946, le substitut du procureur général américain, le colonel Drexel A. Sprecher, accusa Baldur von Schirach d’avoir entrepris « activement la militarisation de la jeunesse allemande » (TMI, VI, p. 299) et d’avoir créé « chez les jeunes enfants un terrain favorable aux guerres d’agression » (Ibid., p. 292). Pour l’un des procureurs généraux français, le peuple allemand, qui était « venu à la civilisation assez tard, au VIIIe siècle seulement », avait « régress[é] […] de plus de douze siècles » ; de « mauvais maîtres étaient venus, qui [avaient] réveillé ses passions primitives et rendu possible les atrocités […] »[6] Quelques semaines plus tard, l’avocat général américain, Thomas J. Dodd, mentionna quelques chants de la Jeunesse hitlérienne tels que, « Les tambours résonnent à travers le pays » et « Déployez les bannières trempées dans le sang » (TMI, XIV, p. 486). Il cita également le chant intitulé « Drapeau de la jeunesse » dont une parole était : « Nous sommes les soldats de l’avenir et tout ce qui est contre nous tombera devant nos poings… ». Dans son réquisitoire, enfin, le Ministère public anglais déclara : « Schirach a corrompu des millions d’enfants afin qu’ils deviennent ce qu’ils sont devenus réellement aujourd’hui, les instruments aveugles de cette politique meurtrière et dominatrice que [les nationaux-socialistes] ont menée » (TMI, XXII, p. 420).

B. von Shirach se défend


L’ancien responsable des Jeunesses hitlériennes se défendit avec vigueur contre toutes ces accusations. En certaines occurrences, même, il contre-attaqua. Ainsi rétorqua-t-il à l’accusateur soviétique : « Permettez-moi de faire remarquer que l’entraînement militaire de la jeunesse allemande est bien inférieure à celui de la jeunesse soviétique» (TMI., XIV, p. 546). Visiblement décontenancé, celui-ci se contenta de répondre : « C’est là une comparaison hors de propos » ; puis il passa à autre chose. De même répondit-il à l’avocat général américain qui l’accusait d’avoir promu les exercices de tir au sein de la jeunesse : « Je sais que la Suisse enseignait le tir de manière bien plus intensive que nous ; bien d’autres pays aussi » (Ibid., p. 495), ce que son contradicteur fut obligé de reconnaître[7]. Dans sa déclaration finale, l’accusé tint à réaffirmer son innocence :

Les principes et les buts de la communauté que notre jeunesse, par ses propres forces, a bâtis sous ma direction ont été l’amour de la patrie, allant jusqu’au sacrifice, la suppression des préjugés sociaux et de la haine de classe, l’hygiène rationnelle, l’entraînement par la marche, le sport et le jeu, l’encouragement de la formation professionnelle et en particulier le rapprochement de camaraderie avec la jeunesse des pays étrangers[8].

B. von Shirach aurait pu rappeler l’état d’esprit français de 1870 à 1914


B. von Schirach aurait cependant pu contre-attaquer bien plus efficacement s’il avait eu accès à une documentation plus large et notamment à une documentation française. En effet, les vainqueurs de 1945, parmi lesquels figurait la France, étaient bien mal placés pour accuser les dignitaires allemands d’avoir voulu effacer la défaite de 1918 et d’avoir baigné la jeunesse dans une ambiance de revanche. Car qu’avait donc fait la France de 1871 à 1914 ? La carte postale jointe à cet article apporte un premier élément de réponse. Elle montre trois personnages. Un ramasse pieusement des os qu’il dépose dans un boite tapissée d’un drap blanc pendant qu’une femme éplorée baisse la tête. Elle est soutenue par un militaire qui regarde d’un air sévère. La légende porte : « Les Morts de 1870. “Une postérité vengeresse sortira de nos os” ».

C’est un appel caractérisé à la jeune génération pour qu’elle obtienne une revanche militaire afin d’effacer la défaite de 1870… Or, je rappelle que dès 1871, la France vota une loi qui instituait le service militaire pour tous les Français de vingt à quarante ans[9]. En 1919, dans son discours à l’Académie française pour la réception de Louis Barthou, Maurice Donnay lança :

Cette loi donnait à la France une armée égale à l’armée allemande. […] ayant versé son sang, elle était toute prête à le répandre encore.
[…] quelques années encore après l’Année terrible [1871], toute la jeunesse croyait fermement que c’était elle qui reprendrait les chères provinces perdues […]. Ce fut alors l’étonnement et la déception de plus d’un jeune Français d’avoir traversé le service actif et fait l’apprentissage de la guerre sans que l’occasion se présentât pour lui d’en devenir l’ouvrier [Id.].

On le voit, dès les années 1880, la France préparait activement sa revanche, qu’elle concevait au prix d’une nouvelle guerre, et inculquait ce sentiment à sa jeunesse.

Poursuivons cependant : les trois cartes postales reproduites ci-après sont également révélatrices. Toutes datent de cette période. Sur la première, on lit :

J’y chanterai notre revanche,
J’y chanterai la délivrance,
De deux pauvres sœurs oppressées
Par le vainqueur maltraitées.

La deuxième est plus nette encore. L’empereur Guillaume II est présenté comme « barbare » et « parjure », deux Alsaciennes lancent un appel : « France, viens nous délivrer de ce Monstre détesté » et des soldats français en armes clament : « Nous sommes prêts ! ! ! ».

De façon évidente, ces cartes étaient des appels à la « revanche », c’est-à-dire à l’effacement de la défaite de 1871 par la reconquête de l’Alsace et de la Lorraine, ces « deux pauvres sœurs oppressées ». Or, cette reconquête ne pouvait se réaliser que par une nouvelle guerre plus heureuse, guerre à laquelle la jeunesse était prête.

Certains pourront me répondre que ces cartes postales ne reflétaient pas l’état d’esprit des autorités françaises. C’est faux. Le 11 novembre 1918, le président de la république française, Paul Deschanel, lança du haut de la tribune : « La voilà donc enfin, l’heure bénie pour laquelle nous vivions depuis quarante-sept ans ! »[10].

La quatrième carte postale a été dessinée par le célèbre Hansi. On y voit une jeune mère alsacienne qui tend à son petit garçon encore au berceau une poupée-soldat. La légende porte : « Son premier jouet ».

Mieux encore que les « nazis » qui, eux, auraient inculqué le militarisme aux enfants à partir de 9 ans !

Enfin, pour répondre à l’accusation selon laquelle les paroles des chants de la Jeunesse hitlérienne étaient parfois violentes, parlant d’adversaires roués coups de poing et de « bannières trempées dans le sang », B. von Schirach aurait pu rappeler les poèmes et les chansons de Paul Déroulède, chantre français de la « revanche », dont voici un exemple :

Pour ravager comme une trombe
A gauche, à droite, en large, en long,
Sans qu’on puisse voir d’où ça tombe
Pour tout bousculer nom de nom,
Vive la bombe !
Vive la bombe !
Pour tout bousculer nom de nom !
Vivent la bombe et le canon[11].

« Nous, c’était différent… »


On le voit, la volonté d’effacer une défaite militaire et de reconquérir les territoires perdus même au prix de la violence n’a pas attendu Hitler pour naître. Mais là comme ailleurs, les vainqueurs de 1945 nous avertissent qu’il ne faut pas confondre. Lorsque la France parlait de « revanche », lorsqu’elle établissait le service militaire obligatoire, lorsqu’elle apprenait à ses jeunes générations qu’il fallait fixer le regard sur la « ligne bleue des Vosges », on nous explique que tout cela était légitime, puisque la guerre qu’elle préparait était une « guerre de droit »[12]. Mais lorsque, vingt ans plus tard, l’Allemagne voulut, à son tour, récupérer ses territoires perdus, qu’elle rétablit le service militaire, qu’elle réarma afin de redevenir une puissance enfin écoutée, qu’elle éduqua ses jeunes garçons pour qu’ils deviennent de bons soldats, les vainqueurs y virent la preuve que dès 1933, les comploteurs « nazis » se proposaient « de détruire ou d’affaiblir d’une façon permanente tous les autres pays voisins afin de s’assurer, en pratique, la domination de l’Europe et probablement du monde» (TMI, II, p. 118, réquisitoire de R. H. Jackson).

Les expériences sur des cobayes humains

Invoquées pour condamner universellement le national-socialisme


En 1945-46 à Nuremberg, les vainqueurs reprochèrent aux vaincus d’avoir mené des expériences sur des cobayes humains .

Des accusations similaires furent lancées dans des procès postérieurs, comme celui des « médecins d’Auschwitz ». Dans le jugement prononcé solennellement le 1er octobre 1946 au nom de l’humanité, les Allemands furent reconnus coupables d’avoir, dans les camps, soumis les détenus à des « expériences cruelles » :

On effectuait […] différentes expériences concernant les hautes altitudes, la durée pendant laquelle des êtres humains peuvent vivre dans l’eau glacée, l’effet des balles empoisonnées et de certaines maladies contagieuses. Enfin, on expérimenta la stérilisation d’hommes et de femmes par les rayons X et par d’autres méthodes [TMI, I, p. 265].

A l’époque, dans certains milieux, ces expériences étaient jugées plus graves encore que les (prétendues) chambres à gaz homicides. Le 15 juin 1945, ainsi, le professeur Christian Champy écrivit, à propos des « cobayes humains du Struthof » :

De toutes les ignominies dont les Allemands se sont rendus coupables contre les déportés, et qui montrent quelle sauvagerie profonde le nazisme a pu faire reparaître, la pire est peut être celle […] provenant du camp du Struthof, près de Schirmeck[13].

Dans les années qui suivirent, toutefois, la chambre à gaz homicide prit une place prépondérante. Mais les « cobayes humains des nazis » restèrent largement utilisés afin de présenter le national-socialisme comme l’idéologie monstrueuse des temps modernes. Dans son édition de 1973, ainsi, le livre mémorial du Struthof parla :

[des] expériences sur l’homme, en violation de toutes les lois de l’humanité, en violation du serment d’Hippocrate, expériences tentées à Dachau […], inoculation de maladies à Buchenwald (typhus) […], expériences de résistance au gaz (notamment au gaz moutarde) pratiquées au Struthof, expériences alimentaires, mais aussi expériences pour « l’amélioration » de la race (castration, stérilisation, etc.) pratiquées à Auschwitz, expériences sur les os, les muscles, sur les « lapins » (1) [note (1) : On désignait ainsi les Polonaises qui servirent de cobayes] de Ravensbrück. En résumé, expériences où se manifestaient surtout le mépris de l’homme et le sadisme[14].

En 1979, Dino de Regeriis publia une photographie du Dr Mengele en l’accompagnant de la légende suivante : « Le docteur Joseph Mengele, médecin à Auschwitz où il fit de terribles expériences sur les Juifs »[15]. Dix ans plus tard, la FNDIRP publia un cliché qui montrait trois petits enfants amaigris ; la légende portait : « Enfants déportés qui servaient de cobayes aux médecins SS»[16].

Les révélations des années 1990-2000 sur les expériences humaines pratiquées par les « bons »


Dès 1946, pourtant, l’avocat de la SS à Nuremberg, Maître Pelckmann, avait rappelé que les Américains recourraient eux aussi aux cobayes humains et que ces cobayes mourraient parfois lors des expériences[17]. Mais sa voix avait été rapidement couverte.

Puis vint 1993. Cette année-là — stupeur ! — il apparut que Maître Pelckmann n’avait même pas entrevu le haut de l’iceberg. Les médias révélèrent que dans les années 40 et après, des scientifiques russes et américains avaient conduit des expériences à grande échelle sur des cobayes humains. Le 25 mars 1993, l’hebdomadaire VSD informa ses lecteurs que, pendant la seconde guerre mondiale, le Pentagone avait exposé « entre 8 000 et 10 000 soldats américains de 17-18 ans au gaz moutarde, pour tester l’efficacité des vêtements protecteurs et des masques à gaz» (p. 49). « Ceux qui refusaient l’expérience étaient menacés de quarante ans de prison et de haute trahison s’ils parlaient » (Id.). Il n’y avait donc pas eu que les Allemands au Struthof !

Dans les mois qui suivirent, des révélations en cascade survinrent. Le 29 décembre 1993, la presse française indiqua que, dans les années 50, les expériences sur les cobayes humains s’étaient multipliées :

- des adolescents handicapés mentaux du Massachusetts avaient reçu des repas radioactifs ;

- 751 femmes enceintes du Tennessee avaient reçu, sans le savoir, des pilules radioactives qui leur administrait une dose trente fois supérieure à la moyenne. Bien que les enfants n’aient pas tous été suivis par la suite, les autorités savaient que trois d’entre eux étaient morts jeunes de cancer : deux à l’âge de 11 ans, un à l’âge de cinq ans.

- près de 200 nouveaux-nés de cinq États américains avaient reçu des doses d’iode 131, un isotope radioactif.

Pire : un rapport révéla qu’entre 1948 et 1952 au Nouveau Mexique, dans le Tennessee et dans l’Utah, lors d’essais tenus secrets, des contaminations radioactives de l’atmosphère avaient été délibérément provoquées afin d’observer les effets sur les populations.

Dans les années 60, ce genre d’expériences continua :

- des patients hospitalisés reçurent de petites doses de plutonium afin d’en suivre le devenir dans l’organisme. Il s’agissait souvent de grands malades déjà condamnés. Mais tous ne pouvaient être classés dans cette catégorie. Ainsi cet ouvrier qui s’était blessé à la jambe et qui y reçut une dose de plutonium 239. Trois jours plus tard, sa jambe fut coupée et emportée par les chercheurs. L’homme survécut 44 ans.

- en 1963, 131 détenus de l’Oregon et de Washington reçurent une forte dose de rayons X aux testicules afin d’observer les effets sur la spermatogenèse. Par la suite, les détenus de L’Oregon furent vasectomisés[18].

On aurait pu croire que les révélations allaient cesser. Erreur. Le 11 octobre 2002, Libération publia un article intitulé : « Quand Washington testait ses bacilles ». On y apprenait qu’entre « 1962 et 1973, le gouvernement américain [avait] testé des armes chimiques sur sa propre population et sur d’autres civils au Canada et en Grande-Bretagne». A Hawaii, ainsi, des avions avaient pulvérisé le bacille globigii, très proche du charbon et capable d’engendrer des inflammations aiguës, telles des otites et des méningites. L’objectif était d’ « évaluer l’efficacité des systèmes de réponse et de détection ». D’après William Winkenwerder, du ministère de la Défense pour les affaires de santé, « des milliers de personnes ont pu être exposées », sans qu’on n’ait toutefois pu prouver un seul décès.

Les « bons » sont excusés car « c’était différent »


En toute logique, les autorités américaines auraient dû être sévèrement condamnées pour ces faits, de la même façon que certains Allemands l’avaient été un demi-siècle auparavant. Mais non ! En 1993-1994 puis en 2002, la presse qui rapporta ces révélations s’abstint de tout jugement et de toute condamnation. Ainsi, bien que Science & Vie ait intitulé son article : « Le scandale des cobayes humains », l’étude se terminait brutalement, après l’évocation des essais nucléaires français à Tahiti et le secret entretenu autour des effets sur les populations polynésiennes. A l’époque, le directeur de l’INSERM, Axel Kahn, justifia cette absence de condamnation. Interrogé par la télévision, il expliqua qu’« un conflit existait entre ce qui a été fait dans les camps de la mort [allemands] et qu’on ne veut plus jamais revoir et ce qui a toujours été fait : pour soigner, il faut expérimenter sur des prisonniers ou sur des fous »[19]. A. Khan ressortait donc le sempiternel argument, le joker des « bons » lorsque leurs propres crimes en viennent à être découverts : « Ce n’est pas pareil. On ne peut pas comparer. » Dans le cas présent, la dialectique est la suivante : lorsque les « nazis » expérimentaient sur des cobayes humains, il s’agissait d’ « expériences pseudo-scientifiques »[20], preuve de « mépris de l’homme et de sadisme », « fruit de la pensée des dirigeants de la conspiration nazie »[21] donc hautement condamnables ; lorsque les « bons » expérimentaient sur des cobayes humains, il s’agissait d’une démarche scientifique traditionnelle (« ce qui a toujours été fait ») élaborée « pour soigner », donc nullement condamnable.

Les bombardements

A Nuremberg, on reproche aux accusés les bombardements de Leningrad


Venons-en maintenant aux bombardements. Pendant le siège de Leningrad qui dura plus de deux ans, les Allemands pilonnèrent la ville à de multiples reprises. D’après les Soviétiques, 20 000 personnes seraient mortes sous les bombes. A Nuremberg l’accusation parla de « bombardements sauvages », de « forfaits » et « d’atrocités »[22].

Les bombardements massifs des Alliés qualifiés de simples « mesures militaires »


Soixante ans plus tard, lors d’une conférence en Italie, V . Reynouard dénonça les bombardements massifs sur l’Allemagne, l’engloutissement de dizaines de villes et la mort de centaines de milliers de civils. Dans les semaines qui suivirent, la revue « antifasciste » Searchlight qualifia son exposé d’« apologie du fascisme nazi à travers la dénonciation des mesures militaires grâce auxquelles les Alliés ont mis de Troisième Reich à genoux »[23].

Les morts ne sont pas tous égaux


Aujourd’hui, ainsi, il ne faut pas confondre : les bombardements alliés des villes allemandes qui ont causé des centaines de milliers de victimes sont de simples « mesures militaires» non susceptibles d’être jugées ; en revanche, les bombardements allemands sur Leningrad qui ont causé 20 000 victimes ( ?) sont autant de « bombardements sauvages », à ranger dans la catégorie des « forfaits », et des « atrocités » jugés au tribunal de l’humanité.

Toujours à propos des bombardements, rappelons qu’en décembre 2002, l’historien allemand Jörg Friedrich a publié un ouvrage, Der Brand, qui évoque l’engloutissement des villes allemandes par les Alliés pendant la seconde guerre mondiale[24]. A cette occasion, Les Dernières Nouvelles d’Alsace ont publié un article qui vaut la peine d’être lu. L’auteur, Céline Le Prioux, écrit :

Jörg Friedrich jouissait d’une certaine renommée grâce à ses recherches sur les crimes de guerre et les crimes d’État du national-socialisme. Il s’est cette fois attiré de vives critiques, notamment de la part de la presse britannique.

C’est clair : lorsqu’on évoque les « crimes nazis », on fait un travail estimable (qui apporte la « une certaine renommée ») ; en revanche, lorsqu’on évoque les « crimes alliés », on fait un travail critiquable.
L’auteur cite ensuite Der Spiegel d’après lequel, jusqu’ici :

le culte de la mémoire [des morts allemands] restait entre les mains des extrémistes de droite et des revanchards.

Là encore, c’est clair : ceux qui entretiennent le culte des « martyrs de la Résistance » ou des « Juifs victimes des nazis » sont des gens qui, dans un esprit de strict neutralité politique et religieuse, luttent pour un monde meilleur ; en revanche, ceux qui entretiennent le culte des « victimes des Alliés » sont des « extrémistes de droite » dont l’objectif final est d’obtenir une revanche, donc de perpétuer la violence.
C. Le Prioux termine en citant un historien allemand, Hans-Ulrich Wehler, qui déclare :

Le débat [sur les bombardements alliés], pour nécessaire qu’il soit, ne doit pas mener à un culte des victimes.

Cette simple phrase résonne comme un aveu :

1°) Les « crimes nazis » ne sauraient donner lieu à des « débats » ; même si les preuves de leur existence font défaut, tout est acquis, jugé, condamné. Point final. En revanche, dès qu’il est question des « crimes alliés », même si leur réalité ne fait aucun doute, même si la volonté criminelle est établie[25], rien n’est acquis, ni jugé et encore moins condamné. Tout doit se limiter dans la sphère du « débat », autrement dit : tout doit rester à jamais impuni…

2°) En acceptant que les victimes des « crimes nazis » reçoivent un culte, on les reconnaît de fait comme des martyrs. En refusant que les victimes des « crimes alliés » en reçoivent un, on les considère comme de simples scories à oublier. Tous les morts ne sont donc pas égaux : suivant qu’ils ont été tués par les « méchants » ou par les « bons », ils sont soit des martyrs, soit des scories.

Israël bénéficie de ce « deux-poids-deux-mesures »

Le précédent de la « Résistance » sous l’Occupation


L’Allemagne effectue des représailles


Sans surprise, les autorités Israël utilisent largement cette dialectique afin de justifier les actions menées contre les Palestiniens. Pour bien le comprendre, il faut une nouvelle fois s’intéresser au cas du Troisième Reich et à la façon dont les hauts dignitaires nationaux-socialistes ont été jugés. En septembre 1939 , la France déclara la guerre à l’Allemagne. En juin 1940, elle dut solliciter un armistice. Malgré tout ce que put alléguer Charles De Gaulle, celui-ci fut signé par deux gouvernements légaux ; il avait donc force de loi. L’article 10, alinéa 3, stipulait :

Le gouvernement français interdira aux ressortissants français de combattre contre l’Allemagne au service d’États avec lesquels l’Allemagne se trouve encore en guerre. Les ressortissants français qui ne se conformeraient pas à cette prescription seront traités comme des francs-tireurs.

Ce texte ne laissait nulle place au doute : un ressortissant français qui prenait les armes contre l’Allemagne devenait hors la loi. Et s’il perpétrait des attentats, il devenait un « terroriste ».

A partir de 1941, les autorités d’occupation se heurtèrent à des groupes de maquisards toujours plus nombreux et structurés. Non seulement des soldats, mais aussi des membres du personnel administratif et médical étaient tués dans des embuscades ou dans des attentats. Que fit l’Allemagne ? Elle traqua les « terroristes » — tout comme les autorités françaises avaient traqué les membres des corps francs allemands responsables d’attentats lors de l’occupation de la Ruhr en 1923[26] — et exerça par endroits des représailles (exécution d’otages…).

A Nuremberg, l’Accusation fustige les représailles allemandes


Puis vint la défaite de l’occupant et le jugement de ses chefs. Avec aplomb, le vainqueur allégua faussement que les représailles violaient le droit international, et plus particulièrement à l’article 50 de la Convention de la Haye sur la guerre sur terre[27]. Aussi l’accusé Keitel fut-il condamné à mort et pendu notamment pour sa responsabilité dans la lutte contre les réseaux de maquisards[28].

Avec plus d’aplomb encore, le vainqueur prétendit que la lutte contre les « patriotes » avait servi de simple prétexte pour instaurer partout un régime de terreur et d’extermination conforme à la « doctrine nazie ». Le 15 mars, ainsi, le procureur général américain Robert H. Jackson lança : « Rien ne peut justifier l’instauration d’un régime de terreur sous le prétexte de représailles »[29]. De son côté, le procureur général adjoint français Charles Dubost s’appuya sur une liste des principales « atrocités nazies » commises en France et ailleurs (villages investis — afin de détruire des centres de Résistance —, sanctuaires profanés, civils abattus sans jugement, déportations, tortures, viols[30]…) pour déclarer que les nationaux-socialistes avaient mis en place dans les territoires sous leur contrôle une politique générale de « terrorisme » et d’ « extermination »[31]. Deux semaines auparavant, le procureur général François de Menthon avait lancé :

Ces crimes [« emprisonnements arbitraires, mauvais traitements, déportations, meurtres, assassinats commis par les Allemands dans les pays occupés »] découlent directement de la doctrine nazie en ce qu’ils témoignent chez les dirigeants du Reich d’un mépris absolu de la personne humaine, de l’abolition de tout sentiment de justice et même de pitié […]. Tous ces crimes se rattachent à une politique de terrorisme […]. Beaucoup de ces crimes se rattachent en outre à une volonté d’extermination [TMI, V, p. 402].

Charles Dubost alla même jusqu’à accuser l’Allemagne d’avoir « tenté de tuer jusqu’à l’âme et à l’esprit de la France et des autres nations occupées de l’Ouest » (TMI, VI, pp. 439-440). Ainsi, la lutte contre la « Résistance » était-elle présentée au monde comme une preuve du « mépris absolu de la personne humaine », d’une politique de « terreur » et d’une « volonté d’extermination ».

Quand Israël combat, « ce n’est pas pareil… »


Soixante ans après ces condamnations lancées au nom de l’humanité, Israël continue à occuper des territoires au mépris des résolutions de l’ONU. Début 2003, Ariel Sharon a été reconduit par une majorité des électeurs israéliens. Ariel Sharon est le symbole de la fermeté absolue en politique. Dans sa lutte contre le « terrorisme », il a choisi de répondre aux coups par les coups, même s’il faut pour cela violer le droit international. Ses soldats franchissent les lignes de démarcation, investissent les villes et les villages susceptibles d’abriter des « terroristes », détruisent les maisons, emprisonnent des civils, tuent les suspects sans autre forme de procès, quand il ne s’agit pas d’innocents touchés par erreur…
Comment ses partisans décrivent-ils son action ? Ouvrons la revue Contact J de février 2003. Dans un éditorial intitulé : « Sharon : le deuxième acte », on lit :

Avec une détermination qui ne s’est émoussée à aucun moment de son mandat [précédent], il [A. Sharon] a tracé les grandes lignes d’une politique qui seule convenait à la situation. Montrer sa volonté irrésolue face à la violence sur le terrain. Montrer qu’on ne cède rien par la force. Montrer qu’on peut résister à toutes les pressions américaines ou internationales : il suffit de croire avec une profonde conviction à la vertu suprême du droit d’un état à se défendre.
On a eu beau critiquer ses choix, sa dureté, ses répliques sans pitié, il n’a nullement dévié de son obligation d’assurer la sécurité de ses citoyens.
Pour y arriver, il fallait prendre des initiatives audacieuses qui mettaient le droit international à mal. Il a revendiqué le droit de poursuite, ne pas s’arrêter aux lignes de démarcation, ne pas accepter les sanctuaires, identifier et abattre les responsables des tueries. Il fallait investir les villes palestiniennes car elles étaient les foyers du terrorisme, il fallait réduire le chef des palestiniens à un non-interlocuteur.
Il fallait aussi donner aux citoyens israéliens la revanche des innocentes victimes des bombes humaines palestiniennes, sinon c’était toute la notion d’état de droit qui allait en Israël être compromise, avec ses dangereuses conséquences[32].

On le voit, dès qu’il s’agit d’Israël, tout devient radicalement différent. Violer le droit international, franchir des lignes de démarcation, investir des villes, ne pas accepter les sanctuaires, abattre sans jugement n’est plus la preuve ni d’un mépris de la personne humaine, ni d’une politique de terreur et d’extermination. Non, c’est la simple mise en pratique de « la vertu suprême du droit d’un état à se défendre ». Quant à venger les innocentes victimes, c’est préserver « la notion d’état de droit ».

On me dira que cette dialectique est celle d’un partisan d’A. Sharon. C’est vrai, mais la passivité (voire la complicité) de la communauté internationale démontre qu’elle est généralement acceptée, notamment par les Etats-Unis, le France et l’Angleterre, ces trois pays qui ont si sévèrement condamné la doctrine nationale-socialiste en matière de répression du terrorisme.

Conclusion


Dans sa déclaration finale au procès de Nuremberg H. Göring, dénonça le deux-poids-deux-mesures adopté tout au long des audiences :

Dans son réquisitoire, M. Jakson indique que les États signataires se trouvent encore en état de guerre avec l’Allemagne et qu’il n’y a qu’un simple armistice, par capitulation sans condition. Mais le Droit international est unique. La même chose doit être valable pour les deux côtés. Si donc tout ce qui se passe actuellement chez les autorités d’occupation en Allemagne est admissible du point de vue du Droit international, auparavant l’Allemagne était tout au moins dans la même situation à l’égard de la France, de la Hollande, de la Belgique, de la Norvège, de la Yougoslavie et de la Grèce. Si aujourd’hui la Convention de Genève n’a plus de valeur vis-à-vis des Allemands, si actuellement, dans toutes les parties de l’Allemagne, l’industrie est démontée et si d’autres valeurs, dans d’autres domaines, peuvent être envoyées dans des États victorieux, si aujourd’hui la fortune de millions d’Allemands peut être saisie, si l’on peut agir contre la liberté et la propriété des Allemands, de telles mesures de la part de l’Allemagne dans les pays cités plus haut ne peuvent avoir été prises à l’encontre du Droit international et ne peuvent pas avoir été criminelles [TMI, XXII, p. 394].

H. Göring oubliait cependant que les vainqueurs avaient adopté une dialectique qui leur permettait de contourner cette difficulté. Elle consiste à qualifier les mêmes actes et les mêmes pensées de façon très différente suivant qu’ils sont repérés chez les « bons » ou chez les « mauvais ».

L’important n’est donc pas le mot utilisé pour décrire l’acte, mais l’explication qui suit et qui diffère radicalement suivant le camp qui est visé. Chez les « bons », tout est justifié ou déclaré excusable. Les cas les plus difficiles sont tout au plus sujets à « débats ». Chez les « mauvais », en revanche, tout est injustifiable, inexcusable. Depuis 1945, ainsi, un lexique existe, imprimé nulle part mais présent dans toutes les têtes, qui permet de décrypter suivant le contexte. L’exposé ci-dessus permet d’en découvrir une partie que voici :

Bombardements.

1°) S’ils sont perpétrés par les « nazis » : actions « sauvages » à ranger dans la catégorie des « forfaits » et des « atrocités » jugés au tribunal de l’humanité. N’ont-ils pas causé la mort de 20 000 personnes à Leningrad ?

2°) S’ils sont perpétrés par les Alliés : simples « mesures militaires grâce auxquelles les Alliés ont mis de Troisième Reich à genoux » (Searchlight). Ils ont certes causé plusieurs centaines de milliers de morts, mais tout cela est sans importance, car les victimes ne se valent pas (voy. « Victimes », Voy. aussi « Crimes de guerre et contre l’humanité ».

Crimes de guerre et contre l’humanité.

1°) S’il s’agit de crimes « nazis » : actes définitivement établis, incontestables (si les preuves manquent, des lois pallient ce vide) et jugés. Doivent être sans cesse rappelés pour une condamnation définitive du « nazisme ». Les travaux qui le permettent sont estimables ; ils apportent une certaine renommée à ceux qui les publient.

2°) S’il s’agit de crimes alliés : actes très peu connus et jamais jugés à propos desquels on ne peut que débattre. Le mieux est toutefois de jeter sur eux un voile pudique, sachant que les victimes devront tomber dans l’oubli (voy. « Victimes », 2°). Ceux qui les révèlent sont l’objet de vives critiques.

Expériences sur des cobayes humains.

1°) Si elles sont effectuées par les « nazis » : « expériences pseudo-scientifiques » qui prouvent le « mépris de l’homme » et de« sadisme » des « nazis ». Doivent être sans cesse rappelées au grand public afin de condamner radicalement le « nazisme ».

2°) Si elles sont effectuées par des chercheurs américains : démarche scientifique traditionnelle dont l’objectif est de faire avancer la science médicale. Ne sont donc nullement condamnables, même s’il vaut mieux les cacher au grand public.

Lutte contre le terrorisme et représailles.

1°) Si elles est sont organisées par les « nazis » : les « représailles » sont un simple prétexte qui sert à couvrir « une politique de terreur à l’égard de l’ensemble des nations subjuguées » ainsi qu’une « politique d’extermination à l’encontre de catégories entières de citoyens inoffensifs » (Charles Dubost). Elles sont donc la preuve du « mépris absolu de la personne humaine » affichée par les « nazis ».

2°) Si elles sont organisées par les « bons », comme Israël : mise en pratique de « la vertu suprême du droit d’un état à se défendre » ; actions pour préserver « la notion d’état de droit ».

Victimes.

1°) Victimes des « nazis » : martyrs auxquels il faut vouer un culte « pour ne jamais oublier ».

2°) Victimes des « bons » : scories à oublier. Car elles n’ont aucune valeur pédagogique, puisqu’il s’agit de victimes collatérales d’un combat pour la défense de la civilisation contre un peuple qui avait « régressé de plus de douze siècles » (Charles Dubost). Ceux qui leur vouent un culte sont des « extrémistes » et des « revanchards » (Der Spiegel).

Volonté d’effacer une défaite militaire et de reconquérir des territoires perdus.

1°) Si cette volonté est affichée par la France (ou par une démocratie quelconque) : souci légitime de faire triompher le droit momentanément éclipsé par la victoire des barbares (voy. le cas de l’Alsace-Lorraine en 1871).

2°) Si cette volonté est affichée par l’Allemagne : symptôme manifeste d’un désir « de détruire ou d’affaiblir d’une façon permanente tous les autres pays voisins afin de s’assurer, en pratique, la domination de l’Europe et probablement du monde » (R. H. Jackson).

Depuis l’Afghanistan et l’Irak, ce lexique immatériel s’est encore étoffé. La notion de « guerre d’agression » y est maintenant incluse :

Guerre d’agression.

1°) Si elle est menée par les « nazis » : violation manifeste du Droit international qui démontre une volonté diabolique d’hégémonie.

2°) Si elle est menée par les USA ou par une coalition ayant à sa tête les USA : simple usage du « droit d’ingérence politique » destiné à libérer des pays du régime tyrannique qui les oppresse.

J’ajoute qu’en revendiquant le droit « de s’en prendre à un régime et non à une nation », G. W. Bush n’a guère innové ; il s’est directement appuyé sur… le Statut du Tribunal de Nuremberg. Jusqu’en 1945, en effet, il était admis que chaque État était souverain, ce qui impliquait son droit traiter librement ses nationaux, sans avoir de comptes à rendre à l’étranger. Quelques exceptions furent faites au XIXème siècle. En 1827, ainsi, la France, l’Angleterre et la Russie intervinrent contre l’Empire ottoman, afin de faire cesser les exactions contre la minorité grecque qui souhaitait l’autonomie. En 1876, la Russie déclara la guerre à la Turquie suite à la répression sanglante par les Ottomans de la grande révolte bulgare de mai 1876 (15 000 morts). Citons également les interventions en Arménie puis en Crète dans les années 1891 et 1896 pour faire cesser les atrocités commises dans ces régions. Jamais, cependant, ces interventions n’avaient entraîné la chute du pouvoir en place ou la mise en procès d’un quelconque haut dignitaire vaincu. Par exemple, le traité signé en 1878 après la victoire russe sur les Turcs avait démantelé l’Empire ottoman d’Europe, la Bessarabie revenant à la Russie, la Roumanie, la Serbie et le Monténégro accédant à l’indépendance et la Bulgarie devenant une principauté autonome. Mais ni le sultan Abdûl-Amid II, ni ses ministres, ni ses militaires n’avaient été traduits en justice pour les « atrocités » commises en Bulgarie.

La Convention de La Haye du 18 octobre 1907 n’apporta aucun changement fondamental. Bien qu’elle édictât des « lois » qui régissaient la guerre sur terre, elle ne prévoyait aucune sanction contre les dignitaires d’une Puissance qui les auraient violées. Seul l’État pouvait, le cas échéant, être condamné à verser une « indemnité ». L’article 3 stipulait :

La partie belligérante qui violerait les dispositions du dit Règlement sera tenue à l’indemnité, s’il y a lieu. Elle sera responsable de tous les actes commis par les personnes faisant partie de sa force armée.

En 1919, les vainqueurs innovèrent et voulurent aller plus loin. L’article 227 du Traité de Versailles (partie VII, « Sanctions ») mit Guillaume II de Hohenzollern « en accusation publique » « pour offense suprême contre la morale internationale et l’autorité sacrée des traités ». Il prévoyait :

Un tribunal spécial sera constitué pour juger l’accusé en lui assurant les garanties essentielles du droit de la défense. Il sera composé de cinq juges, nommés par chacune des cinq Puissances suivantes, savoir : les Etats-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et le Japon.
Le Tribunal jugera sur motifs inspirés des principes les plus élevés de la politique entre les nations avec le souci d’assurer le respect des obligations solennelles et des engagements internationaux ainsi que de la morale internationale. Il lui appartiendra de déterminer la peine qu’il estimera devoir être appliquée.
Les Puissances alliées et associées adresseront au gouvernement des Pays-Bas [où Guillaume II s’était réfugié après son abdication] un requête le priant de livrer l’ancien empereur entre leurs mains pour qu’il soit jugé.

Allant plus loin, et violant ainsi l’article 3 de la Convention de La Haye, le vainqueur affirmait son droit « de traduire devant des tribunaux militaires les personnes accusées d’avoir commis des actes contraires aux lois et coutumes de la guerre » (art. 228 du Traité de Versailles). L’Allemagne, quant à elle, devait :

livrer aux Puissances alliées et associées, ou à celle d’entre elles qui lui en adresser[ait] la requête, toutes personnes qui, étant accusées d’avoir commis un acte contraire aux lois et coutumes de la guerre, lui seraient désignées […] [Id.].

Ces innovations restèrent toutefois sans effet pratique. En particulier, Guillaume II ne fut ni extradé, ni jugé. Il mourut aux Pays-Bas en 1941.
Mais tout changea en 1945. Soucieux d’éviter les ratés de 1919[33], le 8 août, l’Accord de Londres signé par les USA, la France, l’Angleterre et l’URSS donna naissance à un Tribunal Militaire International qui serait chargé de « juger et punir de façon appropriée et sans délai, les grands criminels de guerre des pays européens de l’Axe » (art. 1er du Statut du TMI). Trois genres de crimes nouveaux étaient visés : les crimes contre la Paix, les crimes de guerre et les crimes contre l’Humanité (art. 6). En vertu , donc, d’un nouveau droit international, les vainqueurs s’apprêtaient à juger des personnes physiques, sans distinction de rang ou grade[34].

Mais le caractère exorbitant du Statut apparaissait plus particulièrement à l’article 6. Le paragraphe c prévoyait en effet que les « crimes contre l’Humanité » commis « avant ou pendant la guerre» seraient reconnus comme tels « qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés ». Pour la première fois, donc, un droit criminel international venait supplanter le droit interne des pays.
Enfin, le dernier aliéna de l’article 6 stipulait :

Les dirigeants, organisateurs, provocateurs ou complices qui ont pris part à l’élaboration […] d’un plan concerté pour commettre l’un quelconque des crimes ci-dessus définis sont responsables de tous les actes accomplis par toutes personnes, en exécution de ce plan.

En conséquence, un dirigeant et ses ministres pouvaient désormais être traduits en justice — ce qui impliquait leur renversement préalable — s’ils mettaient en pratique une politique non conforme une prétendue morale de l’Humanité codifiée dans un nouveau droit international.
Les artisans du procès de Nuremberg l’affirmèrent d’ailleurs sans ambages. Dans son réquisitoire prononcé le 26 juillet 1946, ainsi, le procureur général britannique Sir Hartley Shawcross déclara :

Le Statut du Tribunal […] donne un avertissement pour l’avenir. Je dis et je répète qu’il donne un avertissement aux dictateurs et aux tyrans qui apparaissent sous le masque de l’État : si, pour multiplier ou favoriser leurs crimes contre la communauté des nations, ils avilissent la valeur sacrée de l’homme dans leur propre pays, ils agissent à leurs risques et périls car ils violent le Droit international de l’Humanité [TMI, XIX, p. 495].

Ces précisions effectuées, on comprend pourquoi, en 2003, G. W. Bush a tranquillement pu revendiquer le droit de renverser les régimes qualifiés de tyranniques. Il n’a rien inventé ; les expéditions en Serbie, en Afghanistan et en Irak sont des conséquences logiques du procès de Nuremberg. Depuis Nuremberg, toutes les lois traditionnelles qui régissaient le monde ont été balayées : il n’y a plus de souveraineté, il n’y a plus de morale fixée. Les frontières sont évanescentes, les mots n’ont plus de sens défini, les actes ne sont plus jugés en eux-mêmes. Tout est apprécié au gré des circonstances, afin — naturellement — d’obéir à la seule loi qui reste : « Big Brother a raison, Big Brother ne peut être ni poursuivi ni condamné ».
Voilà pourquoi depuis plusieurs années maintenant, nous ne cessons, Carlos Porter et moi-même, de dénoncer le procès de Nuremberg. Il ne s’agit pas d’une monomanie ; il s’agit de détruire ce qui est le fondement du pouvoir mondialiste. Tant que cette œuvre primordiale ne sera pas réalisée, Big Brother étendra son empire…




[1] Voy. Le Quotidien de la Réunion, 6 juin 2004.

[2] Voy. Avions, n° 135, juin 2004, pp. 4-5.

[3] Voy. Le Monde, 18 avril 2003, p. 5, col. F.

[4] Voy. TMI, I, p. 185 (jugement) : « Celui des buts que le parti nazi semble avoir considéré comme le plus important, et dont presque tous les discours publics faisaient mention, était d’effacer la “honte” de l’Armistice » et TMI, II, p. 118 (exposé du procureur américain Robert H. Jackson) : « La politique nazie comportait des buts qui, on l’a toujours reconnu, ne pouvaient être atteints en Europe, que par une nouvelle guerre plus heureuse ».

[5] Voy. TMI, XIV, p. 542 (contre-interrogatoire de l’accusé Baldur von Schirach par le substitut du procureur général soviétique, le général Alexandrov) : « GÉNÉRAL ALEXANDROV. — Reconnaissez-vous que la jeunesse hitlérienne avait pour mission d’inculquer aux jeunes Allemands, dès l’âge de neuf ans, l’idéologie fasciste ? »

[6] Voy. TMI, VI, p. 439, exposé du procureur général adjoint français Charles Dubost. De son côté, le procureur général américain Robert H. Jackson déclara : « Le cauchemar nazi a marqué le nom allemand d’un sens nouveau et sinistre dans le monde, ce qui fera piétiner l’Allemagne pendant un siècle» (TMI, II, p. 112).

[7] Il ne put que répondre : « Oui, je le sais », avant d’ajouter ironiquement : « J’espère que vous ne vous comparez pas à la Suisse, pourtant ? »

[8] TMI, XXII, p. 420. On notera que B. von Shirach fut finalement acquitté du chef d’accusation n° 1, « crimes contre la Paix ». Les juges estimèrent : « Malgré le caractère militaire de l’activité de la “Hitler Jugend”, il ne semble pas que von Schirach ait joué un rôle quelconque dans la réalisation des projets de Hitler visant à une expansion territoriale par le moyen de guerres d’agression, ou qu’il ait participé en quoi que ce soit à l’élaboration des plans ou à la préparation de l’une de ces guerres » (TMI, I, p. 341). L’accusé fut reconnu coupable de « crimes contre l’Humanité » en tant que Gauleiter de Vienne, place qu’il avait occupée à partir de juillet 1940. Il fut condamné à vingt ans de prison.

[9] Voy. La Documentation catholique, n° 4, 1er mars 1919, col. 111.

[10] Voy. L’Image, n° 206, janvier 1919.

[11] Voy. Serge Zeyons, Le roman-photo de la Grande Guerre (éd. Hier & Demain, 1976), p. 11.

[12] « Il faut s’entendre, déclara G. Delory en 1918 après la libération de Lille, guerre, oui, mais pas guerre de conquête, guerre de droit » (Voy. L’Image, n° 200, novembre 1918). De son côté, le 17 septembre 1918, Georges Clémenceau parla du « redressement historique qui nous était dû », d’une « attente silencieuse [de 1871 à 1918] du jour inévitable qui nous était dû » (Id.).

[13] Voy. Point de Vue, 15 juin 1945, article intitulé : « Les cobayes humains du Struthof ».

[14] Voy. Camp de concentration. Natzwiller Struthof (Imprimerie A. Humblot & Cie, Nancy, 1973), p. 26.

[15] Voy. L’Enfer Nazi (éd. du Bois de Boulogne, 1979), p. 137.

[16] Voy. L’Impossible oubli. La déportation dans les camps nazis. (éd. de la FNDIRP, 1989), p. 60.

[17] Voy. TMI, XIX, pp. 98-100. L’avocat citait en particulier la revue Times du 24 juin 1946. On y apprenait que des savants américains avaient expérimenté sur 3 000 Indiens des injections contre la tuberculose. 38 décès avaient été enregistrés. Le substitut du procureur général britannique, M. Elwyn Jones, ne put contester les faits. Il se contenta de déclarer que le Times n’était pas une « revue scientifique » et qu’on ignorait si les Indiens s’étaient, ou non, portés volontaires.

[18] Pour tous ces faits, voy. La Haute-Marne Libérée, 29 décembre 1993, article intitulé : « Tests nucléaires sur des humains : les USA aussi ». Le soir, à 20 heures, la chaîne de télévision française TF1 consacra un reportage à cette affaire. Voy. également Science & Vie, n° 917, février 1994, pp. 53 et suivantes, article intitulé : « Le scandale des cobayes humains ».

[19] 29 décembre 1993, Journal de 20 h. diffusé sur TF1. Les propos d’A. Khan sont rapportés en substance.

[20] Voy. L’Impossible oubli. La déportation dans les camps nazis (éd. de la FNDIRP, 1989), p. 41 : « Il faut également noter, parmi les causes de mortalité, les expériences pseudo-scientifiques auxquelles se livrèrent les médecins SS sur les détenus cobayes : effet du froid, de la pression, de la dénutrition, du typhus etc., recherches racistes sur l’eugénisme, la fécondité… ».

[21] TMI, II, p. 139 : exposé du procureur général américain Robert H. Jackson.

[22] « […] plus de 20 000 personnes [furent] tuées dans la ville de Leningrad par les barrages d’artillerie et les bombardements sauvages » (TMI, I, p. 51, acte d’accusation) ; « Pendant les 900 jours du siège ininterrompu de Leningrad et l’occupation de ses faubourgs, les envahisseurs germano-fascistes ont commis des forfaits innombrables et des atrocités à l’égard de la population civile. Les Allemands ont jeté sur Leningrad 107 000 bombes explosives et incendiaires, 150 000 obus de gros calibre […]. Les bombardements aériens et les bombardement d’artillerie ont fait 16 747 morts et 33 782 blessés » (TMI, VII, 572). On notera que les 16 747 morts avancés par l’accusation soviétiques sont devenus « plus de 20 000 » victimes dans l’acte d’accusation.

[23] Souligné par moi. Voy. Searchlight, février 2003, p. 25 : « He [Vincent Reynouard] conveyed his apologia of nazi fascism through denunciation of the military measures by which the allies brought the Third Reich to its knees».

[24] J. Friedrich, Der Brand, éditions Propylaen, 2002.

[25] Le 21 novembre 1945 à Nuremberg, R. Jackson fit l’aveu suivant : « Il est vrai que les Allemands nous ont appris les horreurs de la guerre moderne, mais les ruines qui s’étendent du Rhin au Danube démontrent que nous-mêmes, ainsi que nos Alliés, n’avons pas été de mauvais élèves » (TMI, II, p. 111). A propos du livre de J. Friedrich, La Libre Belgique a écrit : « Il faut avoir les nerfs solides pour suivre ce récit révulsif sur l’extraordinaire cruauté des stratèges alliés » (Voy. La Libre Belgique, 24-25 décembre 2002, p. 39, col. A).

[26] Un des plus actifs saboteurs s’appelait Schlageter. Appréhendé par les autorités françaises, il sera fusillé le 23 mai 1923 à Golsheimer-Heide. Notons qu’à la différence des Résistants français, les membres des corps francs allemands ne tuèrent aucun ressortissant français lors d’attentats ; ils déboulonnaient les rails, coupaient les voies ferrées, endommageaient les foyers des locomotives, sabotaient les signaux, décrochaient les câbles des puits de mine (voy. Albert Rivaud, Le Relèvement de l’Allemagne. 1918-1938 [Librairie Armand Colin, 1939], pp. 90-1).

[27] Voy. TMI, XV, p. 517, contre-interrogatoire du général Jodl par l’avocat général britannique G.D. Roberts : « M. ROBERTS. — […] j’estime que le Droit international n’a jamais légalisé l’exécution d’otages. ». Voy. également TMI, V, p. 402, exposé du procureur général français François de Menthon : « Ces pratiques [exécution d’otages] contraires à l’article 50 de la Convention de La Haye qui prohibe les sanctions collective, soulèvent partout un sentiment d’horreur […] ». Il est vrai que l’article 50 stipule : « Aucune peine collective, pécuniaire ou autre, ne pourra être édictée contre les populations à raison de faits individuels dont elles ne pourraient être considérées comme solidairement responsables ». Toutefois, l’application à la lettre de cet article aurait laissé les armées d’occupation sans défense face à l’action de maquisards qui, le plus souvent, restaient insaisissables. Voilà pourquoi très rapidement, la question des représailles, donc de l’exécution d’otages, fut discutée au-delà du cadre de l’article 50. Elle l’était encore en 1939, sans que les débatteurs ne soient arrivés à une conclusion. A Nuremberg, ainsi, Alfred Jodl rappela que si le Droit international n’avait pas légalisé l’exécution d’otages, « la prohibition n’en a jamais été expressément stipulée » (TMI, XV, p. 517]. Son avocat, Maître Exner, avait professé pendant dix ans le Droit international à la Faculté. Il déclara qu’en matière de représailles, un seul point était admis : « on ne doit pas exercer de représailles contre les prisonniers de guerre » (TMI, IX, p. 348). « Tout le reste, poursuivit-il, est matière à discussion et n’intéresse pas le Droit international» (Id.). En particulier, il n’était pas exact « d’affirmer la nécessité d’un rapport supposé raisonnable entre la mesure de représailles et l’acte à sanctionner » (Ibid., p. 349).

[28] Voy. notamment TMI, I, p. 308. Comme ultime moyen de défense, Keitel déclara qu’il avait obéi à des « ordres supérieurs », ce que l’accusation ne put contester. Mais l’article 8 du statut du Tribunal stipulait : « Le fait que l’accusé a agi conformément aux instructions de son gouvernement ou d’un ordre supérieur hiérarchique ne le dégagera pas de sa responsabilité […]». Dans leur arrêt, les juges se contentèrent donc d’écrire : « Il [Keitel] invoque, pour sa défense, sa qualité de soldat et l’argument de l’ “ordre supérieur”, que l’article 8 du Statut rejette comme moyen de défense » (TMI, I, p. 309). Et le tour était joué…

[29] TMI, IX, p. 347. Voy. aussi TMI, VII, p. 119, exposé du substitut du général français M. Quatre : « Sous le prétexte d’investigations ou de représailles contre des éléments locaux de la résistance, officiers et soldats allemands observèrent scrupuleusement ces consignes [de prendre « des mesures collectives contre la population de villages entiers »], données par le chef de l’État-major d’opérations ».

[30] Voy. TMI, VI, pp. 417-430. A propos des viols, j’entends souvent des personnes de nos milieux prétendre que les armées allemandes ne sont pas rendues coupables de tels forfaits. C’est une erreur. A Nuremberg, H. Göring lui même déclara : « Dans beaucoup de cas, j’ai annulé des condamnations trop douces, spécialement s’il s’agissait de viol » (TMI, IX, p. 385). C’est la preuve que des soldats du Reich avaient violé.

[31] « Terrorisme et extermination sont intimement mêlés dans tous les pays de l’Ouest » (TMI, VI, p. 412).

[32] Voy. Contact J, n° 162, février 2003, p. 3, col. A.

[33] « Ou bien les vainqueurs doivent juger les vaincus, ou bien nous devons laisser aux vaincus le soin de se juger eux-mêmes. Après la première guerre mondiale, nous avons appris combien il était futile de se fier à cette dernière solution » (exposé préliminaire de R. H. Jackson le 21 novembre 1945 à Nuremberg ; voy. TMI, II, p. 109.

[34] L’article 7, en effet, stipulait : « La situation officielle des accusés, soit comme chefs d’État, soit comme hauts fonctionnaires, ne sera considérée ni comme une excuse absolutoire, ni comme un motif à diminution de la peine ».
 
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